Commissariat

Les mains sales, une nouvelle fois, Marie fixait le corps. Elle connaissait le terme exacte, mort par strangulation. Il avait d'abord paniqué, se débattant, mais sa poigne l'avait retenue. Il s'était évanouit, puis était mort par asphyxie. Mais cette fois-ci, Marie n'avait pas repris son corps après une période de sommeil, puisqu'elle avait assisté à la scène. Cette fois, les sentiments de Némésis étaient devenus les siens, elle s'était mélangée à elle. Le monstre avait peut-être raison, au fond d'elle, elle avait souhaitée sa mort. Et elle avait fini par l'abattre de ses propres mains. À tout moment elle aurait put tout faire arrêter. Et au final, si elle n'avait été que témoin, elle aurait put intervenir ! Mais elle n'en avait pas eu la volonté. Ou l'envie... Ce plaisir commun à son ennemie quand le cœur avait cessé de battre... Elle luttait, mais l'avait ressenti aussi, cette exaltation proche de l'orgasme au moment du dernier souffle, ce sentiment de plénitude du dernier râle... Cette fois c'était elle, Marie, qui avait tué.

Elle déglutit, ne voulant pas y penser. Il l'aurait violé ! Mais, qu'est-ce qui prouvait que le premier meurtre n'ai pas été de la légitime défense ? Encore, Némésis pouvait avoir caché ceci pour la protéger, le dernier flash-back ne résumant que le meurtre. Non, impossible. Elle était la gentille, n'avait voulu la mort de personne ! Oui, elle était Marie, la gentille, qui devait combattre Némésis, la méchante. Elle répéta la phrase tout haut, qui sonna faux. Trop manichéenne, ou tout simplement mensongère?

Il faisait désormais nuit. La nuit semblait avaler la terre de ses bras obscurs. Seule la lune rousse couleur sang se reflétait dans les flaques chargées de mauvaises nouvelles. Une belle rousse qui perçait la brume de minuit, imposante, effrayante, d'une rare beauté. Cette reine sombre annonçait une nuit décadente où tout acte irraisonné fut permis. Marie trembla sous ses vêtements, songea un instant à rentrer chez elle, y renonça aussitôt en se remémorant le massacre singulier qu'elle y avait mit. Alors, prise dans une torpeur de dépression vague, elle se laissa porter, passa près du commissariat. Là, elle prit une résolution. Pour se débarrasser de Némésis, il fallait l'enfermer. En se livrant et en avouant ses erreurs, peut-être allaient-ils l'aider ? Une affiche à l'entrée des bureaux policiers lui fit plisser les sourcils, sur fond du drapeau français, le slogan du moment trônait :

« Vous nous dites, nous agissons. »

Ce dernier mot lui fit froncer les sourcils. Pour elle, agir, était toujours signe de mauvaise foi. Combien de personnes lui avaient promises d'agir contre ses parents/bourreaux ? Combien de personnes l'avaient dénoncées par derrière, -votre enfant dit-, -elle aimerait une meilleure relation avec vous-... On l'avait toujours déçue. Les souvenirs ayant refait surface, elle esquissa une grimace et se mit à respirer plus rapidement.

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