3ème folie

Il y a un moment où seule la fuite, bien qu'éternelle et infinie, est la seule option.

La jeune femme se leva, déposa quelques pièces sur le comptoir, et s'en fut d'un pas rapide. Son instinct la poussait à fuir, encore. Sans regarder derrière elle, elle s'enfonça dans la foule, suivie peut-être de l'agent, elle ne se retourna pas. Il lui semblait que le temps passait au ralenti et à toutes vitesses, elle en avait perdu la mesure. Un instant, Marie s'arrêta, immobile tandis que la foule valsait autour d'elle. Tout allait trop vite et elle ne connaissait pas la danse : elle tomba. Puis, sans plus comprendre se qui l'animait, elle se redressa. Craintive, elle recommença à courir, les seules valses dont elle avait connaissance étant la solitude et la folie. Elle courut trois rues puis s'effondra sur une poubelle, dans un endroit tellement insipide que le ramassage avait dut l'oublier plusieurs fois. Elle se mit alors à chuchoter, à qui voulait l'entendre, personne. Elle continua cependant pour elle même, à part :

« Si ils me trouvent ! Et si ils m'enferment ! Avec... Elle ! Éloignez moi cette folle ! »

Elle ne connaissait plus qu'une chose, Némésis. À cet instant, dans une panique inconsidérée, elle ne savait plus ce qu'elle fuyait, ne savait même plus son propre nom. Mais il y avait une chose dont elle était certaine, Némésis, bien qu'elle ne savait plus qui elle était, devait être évitée.

La jeune femme, toujours dans un tas d'ordures, leva un instant le visage vers un homme, homme qui la contemplait depuis environ une heure, sans avoir bougé un seul membre. Attiré par ce qu'elle ne connaissait pas en cet instant où elle ne connaissait rien, toujours en parlant à voix basse, elle s'approcha de l'homme. Grêle et filiforme, c'était un de ces mal rasés qui parcourent les rues, un de ceux camés jusqu'aux os, abrutis par les produits illicites, un accro à la petite fumette et aux substances fortes, un rat des rues. Les yeux injectés de sang, on devinait facilement sa démarche, il se traînait. Il se traînait, rassemblant son corps abîmé à chaque pas, de bars en poubelles, de poubelles en coins sombres, de coins sombres en bars. Debout, à moitié courbé sur sa bouteille, il la reluquait dans sa folie -pauvre créature- et dans sa perdition. Elle s'approchait, découvrant de nouveau les pas, malhabile et instable sur des appuis qu'elle devait ré-apprivoiser. Au fur en à mesure du chemin vers l'immobile, Marie retrouvait peu à peu conscience. Un pas et elle s'appelait Marie, un pas et elle possédait l'équilibre. Un autre pas, plus proche de lui, où elle se rappelait. Un encore, toujours plus proche, elle retrouvait raison, un suivant et elle stressait. Un dernier, Némésis prenait les rênes et lui soufflait :

« Avoue-le. Ce regard, tu as voulu le faire taire de ce silence, je ne fais qu'exécuter tes ordres silencieux. Si je te laissais faire ? Il t'aurait violé. C'est un déchet. Un déchet. Il le mérite. Il ne manquera à personne. Tu te penses supérieure à lui pas vrai ? Alors, il mourra. C'est de ta faute. »

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