2ème folie

Depuis son retour, Némésis n'était plus qu'un handicap. À la moindre contrariété, sa bouche se tordait dans un de ces sourires pervers dont elle seule avait le secret et elle anéantissait tout, tout ce qui ne se conformait pas à son idéal de vie, à l'idéal que plus jeune, elle avait commencé à construire, en prenant les rênes. Un jour, elle avait même adressé un message à Marie, son supposé bourreau, pour avoir gâché SA vie. Et chaque matin, la jeune femme passait devant le message en lettres de sang, -meurs-.

Un instant, Marie frissonna et songea qu'il lui fallait passer par des rues plus sombres, encore plus sombres pour ne pas éveiller de soupçons sur elle, en débardeur et pantalon, si tôt, en ce début janvier. Assez vite, celle qui souffrait de la fragilité d'un enfant de Fukushima se retrouva devant sa porte, tourna la clé, et avec un soulagement non dissimulé, s'engouffra dans le studio, son seul repère. Une fois de plus, la respiration saccadée, elle se laissa glisser contre la porte d'entrée.

« Némésis a tué quelqu'un. Elle a tué, l'a fait consciemment... »

Sous le choc, la jeune femme fixa ses mains salies par meurtre, et laissa rouler quelques larmes sur ses joues. Elle partageait le corps d'une tueuse, d'un assassin sanglant, d'une meurtrière. Et maintenant, il lui fallait fuir. Tremblante, elle se releva avec crainte et s'appuyant sur le peu de meubles, entreprit de traverser la pièce pour rassembler ses affaires.

Mais arrivée à son matelas, elle s'effondra de nouveau, cette fois dans un sommeil agité dont elle émergea aux environs de midi. Paniquée par l'heure tardive, elle mit un instant pour se demander quoi faire. Sa décision de fuite était peut-être un peu précipité, mais elle ne pouvait attendre que la police frappe à sa porte. Ils retrouveraient sa trace, s'en était certain. Mais quand ?

Avec crainte, la jeune femme décida pourtant de faire comme d'habitude, commençant sa routine matinale plus que tardivement. Comme chaque jour, Marie passa alors devant le message, -meurs- encore. Seulement, cette fois-ci, l'écriture de sang résonna différemment.

« C'est toi, toi qui devrais mourir. Toi. C'est ce que tu es, tout ce que tu es. »

Elle retint un juron. Pour la première fois, Marie souhaitait SA mort. ELLE n'était plus une partie d'elle-même mais une personne à part entière ; Némésis était un monstre à part entière. Et cette fois, Marie avait l'intime conviction que son double n'avait pas agi pour son bien mais pour satisfaire un besoin de meurtre. Après tout, elle avait toujours été si mauvaise... Marie effleura de sa main l'écriture du monstre. Comparée à la sienne, si sage, celle-ci était horrible.

« Il faut que je l'efface. »

Les idées terriblement floues, la jeune femme se parlait désormais à voix haute, pour se conforter dans l'idée qu'elle était une personne normale, non un monstre. Tout en se dictant les ordres, une lueur de folie dans la voix, elle frottait de ses mains, elle devait l'effacer. Elle ne pensait plus à fuir, et quand l'idée lui traversa l'esprit, elle cessa de se parler et alla se rincer le visage. Les larmes montèrent de nouveau, que faisait-elle ? Soudain, elle vit son reflet dans le miroir, elle le regarda avec rage. Ce qu'elle voyait ici n'était plus son visage, mais celui de Némésis.


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