XIV - Un rêve inavoué.

Les jours passaient. Vite. Bien trop vite à mon goût. La plupart du temps, mes lèvres étaient pincées, et je fixais mes cours sans grand intérêt. Je n'avais qu'une chose en tête. La fille dont j'étais amoureux, la fille qui m'aimait en retour, à sa façon, mais qui le faisait. Je revoyais sans cesse les cicatrices sur ses bras, et la première question qui passait dans mon esprit était 'Le fait-elle toujours ?'. Je ne connaissais pas ce genre de chose, je n'avais jamais voulu me faire du mal physiquement... Mais peut-être était-ce plus que physique ?

Toute la journée, les professeurs avaient cru bon de m'interpeller et de me sortir de mes pensées sans raisons. Je n'avais jamais été violent, mais j'avais répondu avec insolence, leur lançant une remarque tranchante sur leurs cours. Puis, lors de ma dernière heure, je m'étais levé avec rapidité pour sortir de la salle. Je me sentais compressé, je sentais mon ventre se contracter sans raison et mon corps suer.

J'étais sorti du lycée en courant, ignorant les cris des surveillants qui me couraient après pour que je retourne dans l'enceinte du bâtiment. Je n'avais que faire de leurs hurlements, mes pieds m'éloignant un peu plus de l'école avec rapidité. Respirer. J'avais juste besoin de respirer.

Assis sur le banc d'un parc, quelques heures plus tard, je reçue un sms de la part d'Aurilya, me demandant de la rejoindre sur le toit d'un immeuble en plein centre de Londres. Je savais que ma mère allait se faire un sang-d'encre. Mais mon cœur me hurlait d'aller voir la fille énigmatique que j'aimais, à l'instar de mon instinct...


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Miraculeusement, je me retrouvais sur le toit de l'un des immeubles les plus imposants de Londres, le vent frappant dans mon dos congelé alors que je fixais la silhouette en face de moi. Je l'aurais reconnu entre milles, mais je savais aussi très bien que ce corps avait changé. Qu'il avait maigri. Son dos était tassé, comme si un lourd poids s'abattait sur ses épaules. Je remarquais aussi le changement de couleur de ses cheveux. Il n'était plus d'un bruns doux et éclatant, mais d'un noir, sombre comme la mort.

« Je ne savais pas si tu allais venir... » murmura Aurilya en se retournant vers moi. Je fus frappé par l'intensité de ses cernes, une nouvelle fois. Ses lèvres étaient gercées et pâles.

« Je serais toujours venu, tu le sais aussi bien que moi. » j'avais avancé vers elle avec lenteur, tendant un bras vers elle comme si elle était fragile.

Elle avait alors rit finement, sans aucune joie, attrapant ma main pour me faire avancer un peu plus vite vers elle. Je savais qu'elle n'était pas une fille patiente, mais je sus, lorsqu'elle fourra son nez dans mon tee-shirt, inspirant mon odeur, que cela n'avait rien à voir avec son impatience.

Quelques minutes plus tard, la jeune femme avait fait un pas de recul, puis avait avancé vers la rambarde du toit. J'avais senti son désarroi, ses peurs, ses blessures. Et la seule chose que je voulais était la guérir. Nous étions au mois de janvier, et, la brise fraiche semblait ne pas nous importer. Un simple pull était sur le haut de son corps, tandis que ses maigres jambes étaient revêtues d'un jean.

Je me souviens m'être adossé au garde-corps, mes yeux balayant la ville endormie alors que je sentais une odeur de cigarette arrivée jusqu'à mes narines. Je savais d'où cela provenait, mais j'ignorais cela. L'odeur ne m'avait jamais dérangé, mais je ne me voyais pas tirer une taffe, pour tout dire.

« J'aimerais un jour savoir comment les gens se sentent là-haut. J'aimerais savoir à quel point nous sommes en paix, juste après la mort. » dit-elle. Je tournais alors la tête vers elle, observant ses lèvres pincer la cigarette, pour ensuite tirer dessus. « Je veux juste y aller. »

« Tu n'iras pas sans moi. » dis-je brusquement, irrité, le cœur serré. « Je ne te laisserais pas partir si jeune Aurilya. Tant de gens t'apprécie, tant de gens t'aiment... Et tu veux les abandonner ? »

Je l'entendis renifler, puis je vis son mégot tombé dans le vide alors qu'elle tournait la tête vers moi pour me faire face une bonne fois pour toute.

« Je les abandonnerais oui, parce qu'ils m'oublieraient en quelques jours. Je le ferais, parce que je n'aurais plus besoin de me blesser pour oublier tout ce que je ressens en trop. Bordel, je ne veux plus être là... Je veux juste me dire que tout est fini, que tout va bien... »

Je ne répondis pas, plaquant mes lèvres sur les siennes avec le plus de tendresse que je pouvais, avec le plus d'amour. Je voulais être là jusqu'à sa fin, je voulais la porter dans mon cœur pour toujours alors que je n'étais qu'un simple adolescent stupide. Ouai, un adolescent stupide.



Harry Edward Styles.


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