Chapitre 6: Nostalgie infusée
Au matin suivant, je m'éveillai avec une étrange sensation voletant au-dessus de moi, un sentiment indéfini niché dans les replis de mon esprit. Ce n'était ni la tristesse ni la joie, mais plutôt cette lourde présence d'une anxiété naissante. Cependant, je m'obstinai à rejeter cette émotion indésirable, refusant catégoriquement de laisser la noirceur ternir ma nouvelle journée. Je m'encourageai à faire fi de ces pensées oppressantes, m'efforçant de brandir une fois de plus ce sourire feint, l'un de ces masques que j'avais appris à porter avec une aisance inégalée.
Je chassai les vestiges d'une nuit agitée et m'enveloppai dans une routine matinale bien rodée, m'efforçant de maintenir la normalité en dépit du tumulte intérieur. Je m'octroyai un moment de méditation silencieuse, tentant de calmer mon esprit errant, de l'ancrer dans le présent.
Ce matin-là, alors que la lumière matinale filtrait à travers les fenêtres de la cuisine, Eonjin fit une entrée remarquée. Son regard se posa sur moi, occupée à préparer une tasse de thé.
—Tu te fais quoi? m'aborda-t-elle, un brin curieuse, son pas léger résonnant dans la pièce.
—Du thé, confessai-je, consciente de m'être aventurée dans ses placards sans permission.
Un silence s'installa brusquement. Ses yeux me parcoururent, évaluant ma présence dans sa cuisine.
—Tu prends du thé? Sa surprise s'accompagnait d'une touche d'amusement perceptible dans sa voix.
Je m'apprêtais à verser l'eau bouillante dans ma tasse, mais sa remarque m'arrêta net.
—Un... Problème... ? tentai-je, l'intonation légèrement taquine.
—Non, non, du tout! assura-t-elle vivement, se rapprochant pour se servir un bol. C'est juste que je ne t'imaginais pas adepte du thé dès le matin!
Mes épaules se décontractèrent alors que l'eau chaude coulait lentement dans la tasse.
—Ah bon? Pourquoi? demandai-je, faisant attention à ne pas me brûler avec des gouttelettes d'eau rebelle.
—Comment dire ça... Le matin, je te voyais plutôt allongée devant la télévision, une cannette de Sprite à la main, et non à prendre ton petit thé? osa-t-elle, déposant le bol devant elle.
—Eh non! Le matin aussi, c'est thé! répliquai-je, relevant légèrement les sourcils. Je marquai une pause, la laissant s'octroyer un jus de fruit dans le réfrigérateur. Mon amour pour le thé et les tisanes ne date pas d'hier, tu sais?
—Tu as piqué ma curiosité, c'est malin ! Raconte-moi tout ! me pressa-t-elle, déjà confortablement installée dans la salle à manger.
Je la rejoignis promptement, tenant ma tasse de thé d'une main et un pot de Nutella de l'autre. Après avoir posé mon butin sur la table, je relevai les yeux vers l'insistante.
—Avant ça, aurais-tu des bananes ? demandai-je.
—Oui, dans le panier à fruits près de la fenêtre, m'indiqua-t-elle.
Je m'y précipitai et constatai qu'un des fruits virait au brun. Instantanément, un souvenir déplaisant me frappa. Je grimaçai en repensant à la scène embarrassante.
—Un problème ? s'enquit Eonjin en me voyant revenir, mon visage trahissant mon agacement pendant que j'épluchais ma banane d'un air consterné.
—Oof, pas vraiment...
Je m'assis lourdement sur ma chaise.
—Ça aussi, je veux tout savoir ! insista-t-elle, les yeux rivés sur moi, flairant le scoop de l'année.
Je pris une grosse cuillère de Nutella, mordis méchamment dans mon fruit, mélangeant les saveurs pour me remonter le moral.
—La dernière fois, en sortant de mon audition, j'ai croisé les BTS...
Le son métallique d'une cuillère heurtant le sol résonna dans la pièce silencieuse.
—Oui, je sais... Déjà ça, c'est dingue... Mais le pire a été de me ridiculiser devant eux !
Eonjin récupéra rapidement sa cuillère et mastiqua ses céréales, telle une fouine, attendant avec impatience le récit de ma mésaventure.
—Il faut que je te raconte tout depuis le début pour que tu comprennes ! m'exclamai-je.
—Je suis toute ouïe ! répondit-elle en glissant sa chaise plus près de la table, captivée par mon récit.
—En gros, à l'aéroport, à Paris, j'ai croisé V de BTS et je l'ai aidé.
—Naaaaan.... Tu l'as aidé à quoi ?!! s'impatienta Eonjin, suspendue à mes paroles.
—Oof... Il avait un problème avec ses fans... Je l'ai juste aidé à rejoindre son avion en sécurité... D'ailleurs, nous avons pris le même avion ! Mais bon, je m'égare. Arrivée à Séoul, son manager a voulu me récompenser, mais j'ai refusé...
—Ah ? Pourquoi donc ? s'étonna mon amie.
—J'ai aidé parce que je le voulais, c'est tout. Pourquoi devrais-je être récompensée ? Je ne comprends pas... Mais bon ! Alors, après mon audition, le manager a remis le sujet sur la table... Et la première chose qui m'est venue à l'esprit a été : "je voudrais une banane pourrie dans ce cas". Oui, c'est ça, ris autant que tu veux ! m'exclamai-je en observant Eonjin se tordre de rire sur sa chaise.
—Et eux, ils ont réagi comment ? demanda-t-elle en s'essuyant une larme.
—Les garçons ont eu la même réaction que toi et le manager m'a demandé si c'était une blague...
—Et tu as répondu... ?
—Que oui, il avait raison, et que je préférais une boîte de flageolets.
Je me dépêchai de glisser ma main entre la table et la tête d'Eonjin quand je la vis se frapper le front sur la surface plane, secouée par un rire incontrôlable.
—Mais quel génie, dis-moi ! s'exclama-t-elle, appréciant la tournure de la conversation.
—Mouais... Je n'en suis pas si sûr... Tu voulais savoir la raison derrière ma passion pour le thé, c'est ça, hein... ? relançai-je, espérant rapidement laisser derrière moi l'épisode honteux de ma vie.
—J'ai compris, changeons de sujet ! rit-elle. Donc, tu disais que ta passion remonte à loin ?
Soulagée que la conversation retrouve un ton plus léger, je me calai contre le dossier de ma chaise et étirai mes jambes.
—Oui, voilà... Cela vient encore de Jade, une grande amie, tout ça... Je me souviens de ces réveils, souvent difficiles, où nous nous retrouvions autour d'une tasse de thé noir à la bergamote...
Alors que je me remémorais ces moments, je portai ma tasse à mes lèvres.
—On se racontait tout ce qui nous passait par la tête, petits et gros soucis. Je me rappelle de Jade beurrant mes tartines alors que je maudissais une mouche passagère. C'était notre moment à nous, où le temps semblait suspendu et où je me sentais en sécurité...
—"Était"... ? Ce n'est plus le cas ? questionna-t-elle doucement.
—Pas vraiment, nous avons perdu cette habitude, même si nous prenons toujours autant de thé et de tisanes dans la journée ! Nos horaires du matin ont fini par diverger, et ces moments semblent destinés à s'estomper... Il reste bien les goûters et les discussions nocturnes, mais ce n'est plus le même souvenir. Je ressens une certaine nostalgie, oui, pour ces petits déjeuners !
—Je suppose que depuis, tu retrouves une certaine paix intérieure et un certain réconfort à chaque fois que tu en bois ?
—En effet !
—Cette Jade a l'air d'être une personne formidable ! Si un jour elle décide de venir à Séoul, elle est la bienvenue ici ! J'ai de la place !
—C'est très gentil à toi, mais pour l'instant, nous n'en sommes pas encore là ! m'exclamai-je en finissant ma banane. Je note tout de même ! Je ne sais pas quand elle décidera de venir...
—Cela va de soi...
—Bon allez, j'ai fini mon petit déjeuner personnellement... Je peux allumer la télé ?
—Oui, bien sûr, je t'en prie !
Une fois l'autorisation donnée, je me levai pour chercher la télécommande.
—Au fait, la dernière fois tu m'as dit que tu étais passionnée de photographie, mais tu ne m'as pas montré une seule photo ! fit remarquer Eonjin en s'approchant à son tour, son bol de céréales à la main.
—C'est vrai ! Je t'autorise à fouiller dans ma galerie si tu as le courage d'éplucher ce zouk... Je lui tendis mon téléphone et la laissai parcourir mes clichés, profitant de cette pause pour me préparer un nouveau thé.
Je revins au salon quelques temps plus tard, ma tasse fumante à la main.
—J'ai eu le temps de regarder une trentaine de photos, et je dois dire que tu as du talent !
Eonjin, les yeux brillants, leva la tête de l'écran et me lança un regard plein d'enthousiasme.
—Vraiment, tu devrais montrer ces photos au monde, tu sais. Elles sont authentiques et captivent l'essence même de chaque instant, s'exclama-t-elle avec un sourire encourageant.
Je rougis légèrement, touchée par son compliment.
—Merci, c'est gentil de ta part. Peut-être que je pourrais les partager sur mon compte Instagram un jour, mais je n'ai pas vraiment l'ambition d'en faire une carrière à part entière.
Elle hocha la tête, satisfaite de ma réponse.
—Absolument ! C'est une excellente idée. Partager ton talent sans pression professionnelle, simplement pour le plaisir de capturer et de partager de beaux moments.
Je m'installai à côté d'elle, prenant une gorgée de mon thé tout en examinant les clichés avec elle. Les souvenirs se mêlaient aux images, faisant naître un sentiment de chaleur et de nostalgie en moi.
—Tu vois, cette photo, c'était à l'occasion d'un festival en France, l'année dernière. Il y avait quelques cerisiers fleuris et j'avais passé des heures à essayer de capturer la magie de ces fleurs délicates sous la lumière dorée du matin, expliquai-je, montrant une image en particulier où les pétales rosés semblaient briller de leur propre éclat.
Eonjin sourit.
—On peut presque sentir la fraîcheur du matin et l'odeur des fleurs à travers cette photo. Tu as vraiment un don pour capturer l'instant présent de manière si vivante.
En entendant ces mots, je jetai un coup d'œil à l'horloge.
—Oh ! Je n'avais pas vu l'heure, mais je dois me dépêcher ! Ce serait idiot d'arriver en retard au travail !
Eonjin arbora un large sourire.
—Allez, file ! On se voit plus tard dans la journée !
—Oui, probablement en fin d'après-midi ! Salut !
—Salut !
Je la vis me faire signe à travers la vitre alors que je passais déjà le portique d'entrée. Je lui rendis son geste avant de m'engager dans la rue, un sourire radieux aux lèvres et mes écouteurs en place. Une envie irrésistible de danser m'envahit sur le chemin menant à SM, et je me permis quelques modestes pas de danse. L'air matinal frais emplissait mes poumons de la délicieuse odeur de la pluie sur le sol. Bien qu'elle se soit arrêtée à présent, Séoul portait encore les traces de son passage la veille...
Connaissiez-vous le nom de cette odeur ? Le pétrichor. Un terme inventé par deux scientifiques tentant de décrire l'odeur de la pluie... De mes souvenirs flous, ce mot dérivait du grec ancien "sang de pierre". Je l'avais lu dans l'un des magazines que le père de Jade aimait lire, posé négligemment sur une commode. Cette information m'avait marqué, car je ne savais pas vraiment quoi penser de cette appellation "sang de pierre"... Est-ce une référence à la pluie qui, au fil du temps, épuise et érode les pierres, sculptant les paysages selon son bon vouloir ? La roche se détériore pour ensuite renaître sous de nouvelles formes de montagnes, de rivières, s'offrant au regard du monde dans toute sa splendeur.
"Tu as du talent."
Les mots d'Eonjin continuaient de tourner dans ma tête, semblables à un refrain persistant. Mis à part Jade, je n'étais pas habituée à de tels compliments... C'est pourquoi j'étais toujours un peu décontenancée lorsque j'en recevais. Je ne savais jamais vraiment comment réagir...
—Hé, il y a quelqu'un là-dedans ? m'interpella soudainement quelqu'un.
Les notes de ma playlist s'estompèrent brusquement dans mes oreilles, et je me concentrai pour comprendre ce que me disait ma collègue. Ji-Hye, que j'avais rencontrée lors de la soirée animée en l'honneur du travail accompli pour le clip.
—Ah oui, pardon Ji-Hye unnie, j'étais dans mes pensées... Répondis-je en rangeant mes écouteurs, un soupçon de regret dans le cœur de ne pas avoir pu terminer la chanson.
Elle était tellement entraînante que je n'avais pas réalisé être arrivée à SM...
—Je l'ai remarqué ! Je t'attendais pour rejoindre les autres au studio !
Je m'inclinai légèrement pour la remercier, reconnaissante qu'elle ne m'ait pas laissée seule. J'étais nouvelle ici, et il était facile de se perdre dans les méandres de l'agence. Ne vous méprenez pas, nous nous tutoyons ici, mais seulement parce que je vous traduis cela en français, chers curieux qui souhaitez en apprendre davantage sur ma vie. Dans la langue coréenne et dans la société, notre relation à Ji-Hye et moi était un peu plus complexe...
Nous nous entendions bien, donc nous n'utilisions pas le vouvoiement, mais plutôt une relation entre une personne expérimentée et une novice... La société coréenne aurait voulu que j'appelle Ji-Hye "sunbae", ce qui désigne une personne plus expérimentée dans la même entreprise, à qui l'on doit respect et obéissance. Le terme devrait être suivi de "nim" pour une forme plus honorifique. Cependant, j'avais choisi de l'appeler "unnie", un terme plus chaleureux à mon sens. Sa traduction française est simplement "grande sœur", mais utilisé ici, il témoigne également d'un certain respect approprié à la situation.
Ji-Hye avait rejoint SM il y a trois ans et rêvait de commencer sa carrière en tant qu'idole. Le problème, c'était qu'elle se heurtait sans cesse aux normes du monde de la K-pop... Selon l'agence, elle était considérée comme trop âgée pour correspondre aux critères de beauté. Ji-Hye n'avait pourtant que trois ans de plus que moi, ce qui la plaçait dans la trentaine. Pourtant, je connaissais de nombreuses idoles qui avaient cet âge, bien qu'elles aient commencé leur carrière beaucoup plus jeunes, c'était vrai...
Je me posai alors la question : devient-on une idole de K-pop uniquement en raison de notre apparence ? Pas pour nos compétences en chant ou en danse ? Quelle était donc cette logique ? Les fans n'achetaient-ils des CD que si la personne était belle ? La musique n'était-elle pas la langue du cœur plutôt que celle des stéréotypes ?
—Tu étais encore perdue dans tes pensées, vilaine fille ! chuchota Ji-Hye en me tendant une feuille. Voici la chorégraphie à apprendre. On vient de nous l'expliquer, mais tu n'écoutais pas.
En raison de son âge, l'agence avait donné de faux espoirs à Ji-Hye pendant trois ans, la laissant en tant que stagiaire tout ce temps, sans groupe, sans de véritables mentors pour l'aider à progresser. Il va sans dire qu'ils la considéraient comme un obstacle dans leurs plans bien huilés !
—Donc, lorsque Irene et Yeri arriveront au point central, il faudra que nous nous déplacions sur le côté pour laisser le reste du groupe et les caméras intervenir, d'accord ?
Je hochai la tête, me reconnectant peu à peu avec la réalité qui m'entourait.
—Tout le monde ! Ce soir, on vous invite encore une fois ! annonça haut et fort le producteur en chef.
Je me tournai immédiatement vers Ji-Hye alors que les acclamations résonnaient déjà parmi nous.
—Dis-moi, c'est toujours comme ça en Corée, d'inviter les collègues boire un verre après chaque dur labeur ?
—Toujours, mais ne nous laissons pas emporter ! Mais très souvent, oui !
—Euh... Personnellement, je n'ai pas envie d'être ivre chaque soir, tu vois !
—Alors, ne bois pas !
—Mais j'essayais juste d'être polie en acceptant les verres des supérieurs !
Ji-Hye me fixa, un sourire espiègle dans les yeux. Puis, elle se pencha à mon oreille.
—C'est parce que tu ne maitrises pas encore la technique ! Fais comme moi et laisse toujours un fond dans ton verre si tu ne veux pas boire plus ! lâcha-t-elle sur le ton de la confidence. Tu verras que plus personne ne te proposera de verre !
—Je prends note ! soufflai-je avec un sourire complice.
C'était ce soir-là, après trois verres de soju, que Jade m'appela. Je m'éloignai de mes collègues pour prendre son appel. Mon amie me raconta avec enthousiasme comment s'était déroulé son examen : de bons résultats et une candidature fraîchement envoyée à une entreprise.
—Et toi ? Quoi de neuf ? me demanda-t-elle.
—J'ai enfin trouvé un logement. La propriétaire est vraiment gentille, et figure-toi que je la connaissais déjà, quelle coïncidence ! Elle est aussi douce que sa tante ! D'ailleurs, j'avais l'intention de lui rendre visite avant de rentrer chez sa nièce, si son restaurant est encore ouvert à cette heure...
—Tu ne devrais pas tarder, il se fait tard là où tu es !
—Je ne peux pas encore, mes supérieurs ne me lâchent pas... Au fait ! La nouvelle du jour est plutôt intéressante ! Ma "colocataire" est photographe, et elle m'a dit que j'avais du talent !
—Ce n'est pas vraiment une nouveauté ! Alors ? Elle t'a proposé un boulot en prime ? Tu as vraiment une chance incroyable ! Ça n'arrive à personne d'autre ! Croiser par hasard V puis tous les membres des BTS et en plus, avoir un logement gratuit !? Dis-moi dans quel univers parallèle cela se produit, et je m'y téléporte direct ! s'exclama Jade.
—Non, je ne prévois pas de faire de la photographie mon métier ! Quant au reste, cela semble se produire étrangement dans mon monde, ma chère, lui répondis-je en plaisantant.
—J'aurais dû te suivre en Corée pour profiter un peu de ta chance folle.
—Viens me voir, je t'en prie ! Je n'attends que ça !
—Chiche. Je viens !
—Attends... Sérieusement ?
—Oui ! Attends juste deux semaines, le temps que je reçoive mon premier salaire et je te rejoins !
—Deal !
Ji-Hye me fit un signe de la main.
—Je dois te laisser, on a besoin de moi ! m'exclamai-je.
—Pas de problème, et moi, j'ai du travail qui m'attend ! À plus, ma belle !
—Bises ! ajoutai-je avant de raccrocher pour retourner auprès de Ji-Hye.
Je rejoignis mon joyeux groupe qui commençait à ressembler étrangement à une version moderne de Rudolph le renne. Deux heures plus tard, je fus enfin libérée de mes obligations. Il était vingt-deux heures selon ma montre, et il y avait de fortes chances que la tante d'Eonjin ait gardé son restaurant ouvert tout ce temps. Je décidai de prendre un bus en direction de SM, étant donné que le restaurant se trouvait à proximité. Et devinez quoi ? Lorsque j'arrivai enfin, la tante était en train de fermer. Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer de ma malchance évidente.
—Vous ne fermez pas plus tard, ajumma ? C'est pourtant la nuit que Séoul est la plus animée ! fis-je remarquer.
Pour votre information, ajumma est un terme utilisé pour s'adresser aux femmes, un peu comme "madame" en France. Mais en réalité, je ne l'entends généralement que pour les femmes un peu plus âgées.
—Non, rester éveillée aussi tard ne convient plus à mon âge !
—Eh bien, laissez-moi vous raccompagner chez vous dans ce cas !
—Oh, c'est très gentil de ta part !
Je l'aidai à porter son sac.
—Viens, laisse-moi te donner quelques plats maison à emporter ! me lança-t-elle alors que nous arrivions à son étage.
Cinq minutes plus tard, je me retrouvai dans la rue, une pile de boîtes dans les bras, dans un style digne de Gusgus et ses fromages dans Cendrillon.
Eh bien...
Comment diable allais-je rentrer chez moi avec tout ça ? Je ne voyais même plus où je posais les pieds !
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