Chapitre 4 : Une gérante délicieuse
Émergeant d'un sommeil trop bref, je fus accueillie par le grondement distant de la ville, encore étourdie par le voile persistant de la nuit. Les vestiges de ma virée nocturne avaient laissé un souvenir flou, avec un mal de tête persistant, témoin de mes explorations animées. Oh, la nuit précédente... Je me souviens que les rues étaient bordées de bâtiments modernes aux panneaux lumineux éblouissants, diffusant une lueur multicolore dans l'air encore embrumé. Des étals de nourriture de rue émettaient des arômes alléchants, tandis que les vendeurs passionnés criaient leurs offres spéciales, ajoutant une symphonie de saveurs à l'atmosphère animée. Des groupes de jeunes vêtus de la dernière mode locale s'égayaient bruyamment, discutant avec une énergie contagieuse, tandis que des passants affairés se hâtaient vers leurs destinations, les téléphones à la main, captivés par un univers numérique parallèle.
Le vent, par moments, transportait une légère brise parfumée de jasmin, mêlée à des notes fugaces de cuisine traditionnelle coréenne. L'ensemble formait un mélange harmonieux, oscillant entre le traditionnel et le contemporain, donnant vie à la ville d'une manière unique et vibrante. Cette soirée-là, l'atmosphère enfiévrée m'avait engloutie tout entière. Il y avait quelque chose dans l'obscurité nocturne qui conférait au monde une aura envoûtante, un charme mystérieux qui se dissipait avec la montée du soleil. Je me demandais si cette même sérénité aurait pu m'envelopper si j'avais participé aux mêmes escapades sous la lumière du jour...
Je m'étirai avec délice, enfouissant mon visage dans l'oreiller moelleux, goûtant chaque seconde passée dans le confort de mes draps propres. Quand j'eus finalement réussi à entrouvrir les paupières, j'attrapai mon téléphone d'un geste langoureux, laissant les premiers rayons du jour jouer avec les reflets de l'écran. Je lançai ma playlist secrète de détente : des sons exquis de K-pop qui m'enveloppaient d'une couverture sonore apaisante. Les notes envoûtantes de "4 o'clock" de V et RM, puis "Blue" de Taeyeon.... Mon réveil se transforma en une douce caresse musicale !
Assise sur le bord de mon lit, je me remémorai l'appel de SM, la veille, tandis que je m'apprêtais à plonger dans le sommeil. Les nouvelles qu'ils m'avaient apportées avaient allumé une étincelle en moi : j'avais été sélectionnée pour une période d'essai ! Mon cœur avait bondi de joie en apprenant que j'allais bientôt faire partie de l'équipe de danseurs de l'un des groupes de l'agence.
Et ce n'était pas tout. Une autre nouvelle, tout aussi palpitante, avait fait naître en moi une vague d'agitation : je devais désormais m'installer en Corée de façon permanente. Les jours qui suivirent avaient été remplis de recherches frénétiques sur des sites immobiliers, de prises de rendez-vous avec des agents immobiliers et de visites d'appartements potentiels. Cependant, une semaine plus tard, la perle rare semblait échapper à mon regard, se dissimulant dans les méandres complexes du marché immobilier coréen.
Je fermai mon ordinateur avec un soupir d'exaspération, en me pinçant doucement l'arête du nez. Ces heures passées à scruter des sites immobiliers commençaient à peser lourd sur mes épaules. Je décidai donc d'y mettre fin, pour la journée. Quoi qu'il en soit, j'avais un autre engagement qui m'attendait. Je devais me rendre sur le lieu de tournage du clip "Birthday" de Red Velvet. Une petite lueur d'excitation perça ma fatigue alors que je m'imaginais déjà sur les lieux.
Et moi qui croyais que j'allais danser... Devinez ce qui m'attendait ? Rien de moins qu'un déguisement de lapin bleu ridicule sur mon dos, le tout couronné par un masque étrange qui aurait fait peur à Bugs Bunny lui-même. Mes compagnons de misère avaient subi le même sort. Aucun de nous n'a osé ouvrir la bouche, conscients que notre unique mission était de poursuivre frénétiquement les filles du groupe pour les besoins du clip.
Frustration au rendez-vous dans les vestiaires. Heureusement, l'ambiance s'est adoucie lorsque les filles nous ont proposé de nous rejoindre pour un verre, afin de célébrer notre dur labeur. J'ai salué l'initiative, car il était clair que nous avions tous mis la patte à la pâte (ou plutôt la patte de lapin, dans notre cas). Entre les costumes qui nous faisaient suer comme des athlètes et les lumières du studio qui nous transformaient en boules de feu humanoïdes, il était grand temps pour une bonne douche avant de se retrouver autour d'un verre.
Alors que nous quittions le studio, l'air frais de la soirée nous enveloppa, chassant la chaleur étouffante des projecteurs. Nous nous dirigion vers le bar voisin d'un pas décontracté, formant une bande hétéroclite d'artistes fatigués mais heureux.
À l'intérieur du bar, nous trouvâmes refuge dans l'obscurité tamisée, savourant la délivrance de nous libérer de nos tenues de travail. Les histoires de la journée se répandirent dans l'atmosphère chaleureuse, les éclats de rire se mêlant aux bruits des verres s'entrechoquant. Nous avons partagé des anecdotes sur nos glissades maladroites sur le sol de danse et nos moments de lutte avec les masques obstinés. La soirée s'écoula dans une ambiance de camaraderie et de soulagement, transformant nos mésaventures du jour en une histoire amusante à raconter à nos proches et à nos futurs collègues.
Après avoir vidé quelques verres pour soulager le stress de la journée, je décidai finalement de mettre fin à la soirée et de me diriger vers l'hôtel. La nécessité pressante de trouver un logement commençait à peser lourd dans mon esprit. En guise de solution temporaire, j'avais pris les devants et demandé à l'agence si elle pouvait me fournir une chambre pour quelques semaines, voire un mois, en attendant que je déniche un véritable chez-moi dans la ville animée.
Conscient de la complexité de ma situation, le directeur avait finalement accepté de me dépanner, me permettant de respirer un peu plus facilement en me déchargeant de ce fardeau supplémentaire. C'était un soulagement bienvenu!
Je devais désormais annuler ma réservation à l'hôtel et transférer mes modestes affaires à l'agence. Étant donné l'espace limité, ils m'avaient généreusement proposé un lit dans un dortoir partagé avec d'autres stagiaires. J'avais accepté la réalité avec un mélange de résignation et de curiosité quant à ce qui m'attendait.
Après avoir réglé les formalités d'annulation à l'accueil de l'hôtel, j'empaquetai mes maigres possessions et me glissai dans un taxi en direction de SM Entertainment. Le rythme saccadé de la pluie sur les vitres était devenu le fond sonore du trajet, ajoutant une ambiance dramatique à la situation déjà délicate. À travers le brouillard de gouttes, j'aperçu un ciel sombre qui présageait une tempête imminente, comme si même la nature elle-même se préparait à mon arrivée dans ce nouveau chapitre de ma vie.
***
Ma valise émis un grognement étouffé en heurtant violemment le sol. Quel est donc ce désordre... Qui aurait cru que cette chambre pouvait ressembler à une zone de guerre post-apocalyptique ?! Oh, attendez, ce sont probablement les autres filles en plein entraînement intensif... mais bon, cela ne change rien au désordre qui m'entoure !
Je m'assis, prenant le temps de siroter mon bubble tea, tout en observant avec consternation le champ de bataille de chaussettes orphelines, de t-shirts en pagaille et de produits de beauté éparpillés. Avec une bravade mêlée d'appréhension, je m'aventurai dans cette jungle de vêtements, priant pour ne pas tomber sur quelque chose de trop suspect, comme une chaussette odorante en fuite. Ah, cette idée ridicule selon laquelle les filles sont naturellement plus organisées que les garçons... franchement, qui y croit encore ? Moi-même, je n'ai jamais eu foi en ce stéréotype, et cet amas de vêtements en est la preuve vivante !
Je repérai rapidement le lit le plus éloigné de ce chaos ambulant, mon sanctuaire de paix dans ce désert de vêtements. "Là, enfin, un endroit sûr", murmurais-je.
À présent, une mission : fuir le lieu et aller se rafraichir dehors. J'esquivai habilement un skate meurtrier et me dirigeai vers une place bondée de monde. Une meute de jeunes filles en plein rituel selfie attira mon attention sur l'affiche qu'elles observaient avec tant d'admiration. Celle-ci annonçait un concert très attendu des BTS. Une lueur d'inspiration éclaira alors mon esprit embrouillé : l'anniversaire de Jade approchait à grands pas... Eh bien, pourquoi pas offrir un tel cadeau ? Je plongeai aussitôt tête baissée dans l'océan tumultueux des billets de concert en ligne, envoyant une demande de pardon anticipée à mes économies bien-aimées.
Que le ciel me tombe sur la tête, saperlipopette ! Il ne restait plus aucune place pour le concert, comme si les billets s'étaient évaporés dans une galaxie parallèle réservée aux fans mieux préparés que moi. Mais bon sang, qu'est-ce que j'espérais, une invitation VIP de dernière minute, livrée avec un arc-en-ciel et un bouquet de tulipes ?
Zut, flûte et re-flûte!
Légèrement frustrée, je cédai à la tentation d'aller noyer mon chagrin dans un restaurant modeste au coin de la rue. La gérante, aussi charmante qu'une fée, m'accueillie avec un sourire chaleureux qui aurait pu faire fondre un iceberg. Son portait les traces du temps, strié de rides qui racontaient des histoires bien plus longues que les intrigues de tous les pièces de théâtre combinées. Elle devait frôler la cinquantaine. Pour la remercier de sa gentillesse, je lui prêtai main-forte pour débarrasser les tables une fois que mon estomac eut fait la paix avec son contenu. C'était un de ces moments tranquilles en fin de journée, quand le monde semble ralentir son rythme, et il n'y avait que trois clients, moi inclus.
Il se faisait tard, lorsque me vint l'idée téméraire de toucher un mot à propos de ma recherche d'appartement. J'expliquai à la dame ma situation avec moult gestes désespérés, lorsqu'elle souhaita connaitre la situation plus en détail. Épuisée, souffle coupé, j'attendais qu'elle réagisse à mon épopée. Après un temps de réflexion, elle prit son téléphone et appela un proche. La discussion dura, le temps que je vide une bouteille de soju, soufflant ma désolation au monde. Quelques minutes plus tard, la restauratrice me lâcha un pouce en l'air avant de dire au revoir à son interlocuteur et de raccrocher.
Je retenais mon souffle, les yeux fixés sur la gérante avec une anxiété grandissante. La réponse à ma question pouvait sceller mon destin dans cette ville inconnue, où les murs semblaient se refermer sur moi à chaque instant.
Elle prit une profonde inspiration avant de répondre, dissipant mes craintes d'un simple mouvement de main.
—Ma nièce est d'accord pour vous accueillir chez elle. Cependant, elle ne sera de retour que dans quelques semaines. Elle vous demande d'attendre patiemment jusqu'à ce qu'elle soit là pour vous remettre les clés.
Un flot de soulagement me submergea. La puissance inébranlable de la solidarité face aux vicissitudes de la vie était bien efficace! En un seul appel, j'avais trouvé un abri chaleureux, là où, pendant toute une semaine, je m'étais démenée en solitaire face à des écrans froids et des formulaires numériques inanimés.
Sautillant de joie, j'enlaçai la dame avec gratitude, avant de me lancer dans une danse improvisée.
—C'est vrai ? Vraiment ? Je ne vais pas être une gêne ? Et le loyer, à combien s'élèvera-t-il ? WOUAW ! C'est incroyable ! Comment s'appelle votre nièce, au fait ? ai-je enchaîné avec excitation, mes mots se bousculant les uns sur les autres.
La gérante m'adressa un sourire chaleureux, dissipant mes derniers soupçons de doute quant à la véracité de son offre salvatrice.
—Bien évidemment, je ne saurais jouer avec quelque chose d'aussi crucial. Je suis ravie d'avoir pu vous être utile. Ma nièce, Kim Eonjin, a spécifié que vous n'aurez rien à débourser, à l'exception de vos propres repas. Si cela vous dérange de ne pas contribuer, elle serait ravie si vous pouviez lui rendre service en prenant soin de quelques tâches ménagères. Cela lui éviterait de recourir à une femme de ménage pendant ses déplacements.
—Votre nièce est d'une générosité sans égale ! J'accepte avec reconnaissance cette offre. Le ménage ne me fait pas peur, je le ferai avec plaisir. C'est la moindre des choses pour témoigner ma gratitude envers elle.
La gérante me tendit un bout de papier avec les coordonnées de sa nièce et les siennes. "N'hésitez pas à nous contacter si vous avez le moindre besoin", a-t-elle ajouté avant de m'adresser un sourire bienveillant.
C'était une véritable bénédiction. Ce soir-là, Séoul me vis revenir dans le dortoir dans le même état que je l'avais quitté, mais cette fois-ci, j'étais dans un état euphorique indéniable. Mes camarades de dortoir furent témoins d'un spectacle mémorable, alors que j'avais célébré cette nouvelle avec un zèle légèrement exagéré, pour le moins que l'on puisse dire.
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