9. Encore lui.

Septembre 2013
April

Je gravis les marches de l'escalier de mon immeuble accompagnée de ma jolie rousse, jusqu'à mon appartement. Je cherchai mes clés dans mes poches et quand je mis enfin la main dessus, j'ouvris la porte de mon nouveau chez-moi. Ce mot qui désignait l'appartement où je vivais, sonnait encore très faux. Ethel me suivit et je refermai la porte derrière nous. Je lui avais proposé de venir dormir à la maison ce soir.

-  C'est moi ! M'écriai-je en accrochant mon manteau au support sur pied.

On déboula dans le salon et je m'arrêtai nette quand je vis Antoine avec une fille. Je déglutis et mon cœur se resserra. Il se retourna rapidement après m'avoir entendu et arrêta de rire. Il rougit et me regarda comme un enfant qui venait de faire une grosse bêtise. La fille se retourna également et j'eus un haut-le-cœur. Elle était hideuse. Affreusement laide. Une pure mocheté, et je pesais mes mots. Un gros nez, des petits yeux et un front décoré de jolis petits boutons plein de pus.

Cela me rassura. Sa mocheté me rassura plutôt. Mais que pouvait-il bien faire avec elle ? Mis à part le fait qu'elle avait une poitrine imposante, je ne comprenais pas. Je n'était même pas jalouse.

Ethel me donna un coup de coude et me chuchota dans l'oreille.

-  C'est une caméra cachée ?

J'haussai les épaules et roulai des yeux.

-  Y'a mieux pour rendre jalouse, je pense.

Elle ricana et secoua la tête, fatigué de mes allusions débiles. Après tout, on n'était pas non plus en couple, on s'était seulement embrassé rien de plus.

-  T'as intérêt à te venger pripril, dit-elle en souriant.

Je roulai des yeux et me tournai vers mon demi-frère qui fuyait mon regard. Je m'approchai de la fille et lui dis bonjour.

-  Enchanté, April la sexfriend d'Antoine, dis-je de manière provocante.

Quelle peste je pouvais être quand je le voulais. La pauvre, son visage s'était décomposé, elle ne souriait même plus. J'observai Antoine du coin de l'œil, il avait l'air extrêmement déçu. S'il croyait encore une fois que j'allais ramper à ses pieds, c'était mal me connaître !

-  Je crois que je vais y aller, dit la fille les larmes aux yeux.

Elle me fit de la peine mais quand j'entendis Ethel ricaner derrière moi, je restai de marbre. Elle attrapa son sac et s'enfuit de l'appartement sans même dire au revoir à Antoine.

-  T'es génial ! s'écria Ethel, pliée de rire.

Je lui fis un clin d'œil et me retournai vers Antoine. Il me regarda tristement en avalant difficilement sa salive.

-  Alors comme ça, je suis ton sexfriend ? me demanda-t-il mi-énervée mi-déçu.

-  C'est ce que je suis pour toi aussi apparement, rétorquai-je amère.

Il souffla et ne préféra pas me répondre tant il savait que je trouverais encore quelque chose à lui reprocher. Il monta les escaliers sans oublier de nous foudroyer du regard. Tant pis pour lui, ce n'était pas comme si j'allais lui courir après pour m'excuser.

-  La tension est palpable, lança Ethel en imitant la voix d'un commentateur de télé.

Je lâchai un petit rire et roulai des yeux. Cette fille était un cas, mais qu'est-ce qu'elle me faisait rire. Je décidai d'aller chercher des choses à grignoter ainsi que des boissons et on s'installa sur les canapés de la terrasse. Elle sortit un paquet de clopes ainsi que son joli briquet. Ethel faisait partie de ces personnes qui fumaient rarement. Elle pouvait garder le même paquet de clopes pendant au moins deux semaines, voire même ne pas y toucher pendant deux semaines.

-  T'en veux une ? me proposa-t-elle gentiment.

Je déclinai son offre, et la remerciai. Je n'avais jamais touché à une seule cigarette de ma vie et je n'étais pas prête de le faire. Je n'avais pas besoin de ça, ça n'avait aucun intérêt. Certes j'aimais me bourrer la gueule mais les clopes étaient mon ennemis numéro un.

-  Antoine fait vraiment la gueule ? me demanda-t-elle subitement en recrachant une bouffée de fumer.

J'allumai mon enceinte et mis un peu de musique. Je la regardai sans trop rien dire. Moi-même, je ne le savais pas, après tout il pouvait faire la gueule autant de temps qu'il voulait, je ne viendrais certainement pas le chercher. Que cela lui ait fait de la peine ou non.

-  J'en sais rien, finis-je par dire en haussant les épaules.

-  Tu ne veux pas aller le voir ? C'est dommage quand même, en plus elle était vraiment moche.

-  Il n'attend que ça, que je lui cours après, il a l'habitude de ça. Mais je n'irai pas le chercher, tranchai-je impassible.

Elle rit et secoua la tête.

-  T'es génial ma pripril.

-  Sinon, toi avec Stan ? Ça va ?

Elle réfléchit et son visage devint plus dur. Le fait que j'aborde ce sujet n'avait pas l'air de la réjouir.

-  Eh, Ethel, t'es sûre que ça va ? m'inquiétai-je en la prenant dans mes bras.

Elle secoua la tête de droite à gauche et je vis qu'elle avait les larmes aux yeux. Elle avait l'air si mal.

-  Ça ne va plus du tout. Hier on s'est violemment engueulé, et on ne s'est plus reparlé.

Des larmes perlèrent sur ses jolies joues de poupée et je m'empressai de les essuyer.

-  Raconte moi tout sweaty, fis-je.

-  Bah... J'ai dormi chez lui, ça se passait très bien, puis j'ai trouvé une culotte dans sa chambre et elle n'était pas à moi. Il m'a affirmé qu'elle était à sa sœur, qu'elle l'avait oublié chez lui. Mais je ne le croyais pas, j'étais tellement énervée que je lui ai foutu une claque et puis il s'est énervé lui aussi. Je me suis cassée de chez lui parce que ça dégénérait.

Et merde. Cette culotte n'était clairement pas à sa soeur. Surtout s'il réagissait comme ça. Constatant qu'Ethel n'allait vraiment pas bien, je la serrai dans mes bras et lui fit un bisou sur le front.

-  Sweaty tu ne penses pas à lui, il va revenir et on verra bien d'accord ?

Elle acquiesça, moyennement convaincu. Après tout, elle était peut être à sa sœur. Mais le fait qu'il ne lui reparle pas était suspect. Elle sortit une deuxième clope et la fuma jusqu'au bout. Elle voulut en reprendre une autre mais je lui retirai le paquet des mains. Mauvaise idée mon cœur.

-  Je garde ce paquet avec moi, décidai-je.

-  Bonne idée, dit-elle tristement.

*

On s'apprêtait à se coucher quand je me rendis compte que j'avais oublié mon chargeur de téléphone dans le salon. Je descendis en bas dans le noir complet et commençai à le chercher. Quand j'eus enfin mis la main dessus, je me dirigeai vers les escaliers mais je me retrouvai subitement plaqué contre le mur. Je reconnus son odeur et ne pus m'empêcher de sourire. Ses doigts glissèrent sur le long de mes joues pour attraper mon cou. Il posa ses lèvres brûlantes de désir sur les miennes, sa langue demanda accès à la mienne et je la laissai faire tant j'en avais envie. L'entendre gémir contre ma bouche me fit d'avantage sourire.

Il détacha ses lèvres des miennes, à mon plus grand désespoir, et les posa dans mon cou.

-  Excuse moi April, mais je te promets qu'on ne faisait que travailler.

Cela me fit plaisir qu'il vienne s'excuser.

-  Je te crois, dis-je contente.

-  Alors t'es toujours ma sexfriend ? s'empressa-t-il de me demander.

-  Tu en penses quoi ?

-  Je veux que tu sois mon April et que je sois ton Antoine.

Il était si mignon quand il était comme ça. J'avais l'impression de retourner en maternelle, quand j'avais un amoureux et que nous faisions tout ensemble. Antoine avait encore cette part d'innocence et de naïveté en lui, et je souhaitais qu'il la garde pour toujours. Je lui fis un bisou sur la joue et me serrai contre lui.

-  C'est d'accord, répondis-je sans réfléchir.

Je le sentis sourire et il me serra fort contre lui. On remonta les escaliers, les yeux pleins d'étoiles. Ethel et Charles nous avaient observé d'en haut et n'arrêtaient pas de sourire.

-  Alors les amoureux on se retrouve en cachette ? lança Charles mort de rire.

-  Antoine, je m'excuse mais je dors avec April ce soir, rit Ethel.

Il me fit un bisou sur la joue après m'avoir fait un clin d'œil complice.

-  Au fait, April demain après ton cours de volley, je t'emmène à mon entraînement.

Sa proposition me toucha énormément. J'avais vraiment envie de voir à quoi cela ressemblait. J'estimais cela important de vivre les passions des personnes que l'on considérait importantes. Par vivre je n'entendais pas les pratiquer, mais y assister ou bien observer le lieu où elles ce déroulaient. Cela nous rapprocher encore plus de ces personnes.

J'hochai la tête et après avoir souhaité une bonne nuit à mes demi-frères, je partis me coucher aux côtés de ma rousse préférée.

*

Nous arrivâmes dans le gymnase, et on commença à s'échauffer. Ce n'était pas pour me jeter des fleurs, mais j'étais très douée au volley. En Caroline du Sud, j'avais même été là capitaine de mon équipe.

Ethel se débrouillait vraiment bien et nous formions un duo de choc. Elle arrêtait la balle, me la passait puis je smashais. Nous n'arrêtions pas de marquer. Nous étions complètement dans le jeu, l'équipe adverse n'en pouvait plus : les filles se disputaient et se hurlaient dessus. Quant à notre équipe, elle était fière de nous étant donner que nous étions les deux nouvelles. La capitaine de l'équipe était mon adversaire et je voyais bien qu'elle avait peur de perdre sa place. Je ne lui ferais pas de cadeaux.

À la fin du cours, le coach nous arrêta pour nous parler. Il était impressionné par notre niveau de jeu, notre duo, ainsi que notre technique.

— Il faut que vous passiez dans le groupe qu'on a créé en début d'année : il y a deux équipes et chacune sera capitaine de son équipe. Lors des compétitions vous ne formerez plus qu'une équipe et vous prendrez les décisions à deux.

Je sautai de joie et Ethel me serra dans ses bras. J'étais vraiment heureuse de pouvoir redevenir capitaine. J'aimais tellement le volley.

-  À la semaine prochaine les filles, nous salua notre coach.

Nous le remerciâmes et nous quittâmes le stade. Antoine était adossé à un poteau et bizarrement il y a avait également Stan. Que faisait-il là lui aussi ?

-  Ethel ? l'appelai-je.

-  Je ne sais pas ce qu'il fout ici. Mais ne t'inquiète pas je te raconterai demain, profite d'accord, dit-elle en me serrant dans ses bras.

-  Si y'a un souci n'hésite pas à m'appeler.

Elle acquiesça et alla rejoindre Stanislas. Je me demandai bien ce qu'il allait se passer. J'avais peur pour Ethel, elle tenait trop à lui pour qu'il lui brise le cœur.

Je rejoignis mon Antoine, qui avait l'air extrêmement heureux de me voir. Il me saisit par la taille et posa délicatement ses lèvres sur les miennes. Ce fut un simple bisou, mais  tellement mignon qu'il en valait vraiment la peine.

-  Alors minette, ça c'est bien passé ?

-  Tu as devant toi la nouvelle capitaine du niveau +3 ! m'écriai-je en souriant.

-  Oh, je suis fière de toi ! Tu as augmenté de niveau en plus !

J'hochai la tête et il me fit un petit bisou sur la tempe. Il glissa son bras sur mes épaules et nous nous dirigeâmes vers son centre de natation qui n'était qu'à 20 minutes de marche de mon gymnase.

Nous arrivâmes devant son club, il m'arrêta et passa sa main dans ses cheveux : signe qu'il était spécialement stressé.

-  Dis moi tout, le devançai-je.

-  Bon, mon père est mon entraîneur et je voulais vraiment que tu le vois. Après je ne t'utilise pas pour que mon père se remette avec ma mère, rien à voir...

-  Eh calme toi, tout va bien. Il n'y a pas de problèmes. Cela me fait tellement plaisir que tu me le présentes, je ne savais pas ! Et puis si ta mère devait se remettre avec ton père ça ne me dérangerait pas du tout, je hais mon père, je lui souhaite que de la merde. Il n'a jamais pris soin de ma mère, c'est à cause de lui qu'elle n'a pas tenu le choc....

Il m'embrassa pour me faire taire et j'appréciais secrètement son geste. Je commençais à m'énerver et dans ce genre de situation, cela pouvait vite dégénérer puisque je ne contrôlais plus ce que je disais.

Maman, tu me manques tellement, si tu savais...


-  Puis, il y a un autre truc aussi. L'année dernière, j'ai couché avec une fille qui est dans mon cours. Ça c'est mal finit parce que je jouais avec elle, m'avoua-t-il. Tu sais j'ai déconné avec  énormément de filles ces dernières années...

J'appréciai son honnêteté et le rassurai. Je respectai son passé, qu'importe les conneries qu'il avait fait avant, tant qu'il ne recommencerait pas je m'en fichais.

Nous entrâmes tous les deux à l'intérieur de la piscine. Il m'emmena dans les vestiaires et se changea rapidement puis me présenta à son meilleur ami.

-  J'avais extrêmement envie de voir qui était la fille qui retournait la tête de ce con, rit Léopold en faisant un signe de tête vers Antoine.

Je rigolai et observai Antoine qui s'étirait. Il était tellement musclé que c'en était assez intimidant.

Il m'attrapa la main et m'emmena dans le bureau de son père, tout heureux. Il était craquant lorsqu'il était comme ça. Même si j'aimais tout particulièrement son côté insupportable, je devais dire que lorsqu'il était attentionné comme dans ce cas précis, cela me plaisait et je trouvais ça mignon.

Son père était très grand, très musclé et avait une mine sévère. Il me faisait penser à ma mère, ce genre de cœur dur et au fond, un pur amour. Il se serait bien entendu avec elle. Il sourit quand il me vit et cela me rassura de suite. J'avais eu peur qu'il ne m'aime pas, mais finalement à première vue j'avais l'air de faire bonne impression.

-  Alors, c'est toi la fameuse demi-sœur de mon fils, ou plutôt devrais-je dire copine ? dit-il en fixant nos doigts entrelacés.

Je ris alors qu'Antoine devint cramoisi. A-DO-RA-BLE.

-  Copine-soeur ? plaisantai-je.

Je réussis à le faire rire et il vint me dire bonjour.

-  Ravi de faire ta connaissance. Bon j'aurais préféré que ton père ne me vole pas ma femme mais soit.

-  Je hais mon père, c'est un homme qui ne devrait pas vivre, commençai-je, si vous saviez comme je m'en veux, et puis ma mère qui crève sans savoir que son mari la trompait, sans même savoir qu'il ne pouvait pas blairer ses enfants.

-  April, calme toi, me coupa Antoine.

Son père ne parlait plus et me regarda avec des grands yeux. Et voilà que je recommençais...

-  Tu pourras venir autant de fois que tu veux si tu as le moindre souci.

Je le remerciai et nous descendîmes pour nous assoir sur les bancs à côté de Léopold. Plusieurs fille me fixaient mais une me regardait méchamment. C'était elle. Je souris hypocritement, quant à elle, elle fit une drôle de tête et détourna le regard. Je rigolais intérieurement, pauvre jalouse.

Je relevai la tête quand un garçon arriva en courant. Je restai bloquée quand je croisai ses pupilles. Il s'arrêta et me fixa de son regard océan. C'était lui, le mec qui m'avait regardé quand j'étais allée chercher Antoine. Il s'avança sans pour autant arrêter de me regarder, sans comprendre qui j'étais. Il me sourit et s'assit sans dire bonjour ni à Antoine, ni à Léopold.

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