25. Fly with me.
Février 2014,
April.
Je sortis de l'immeuble en trombe et sautai dans les bras d'Antoine. Son sourire illuminait son visage, et ses yeux pétillaient tellement qu'on aurait pu croire qu'il avait vu le père Noël. Ses mains agrippèrent ma taille et il déposa ses lèvres brûlantes sur les miennes. Sa langue me supplia de la laisser retrouver la mienne et je ne me fis pas prier.
Il décolla ses lèvres pour reprendre son souffle. Son pouce caressa la joue et il esquissa un sourire. Le sourire qu'il fait quand il est heureux, celui qu'il fait lorsque tout va bien. Il s'approcha doucement de mon oreille et je réussis à entendre sa respiration saccadée.
— Joyeux anniversaire, mon April, me chuchota-t-il d'une voix suave.
Je le remerciai d'un sourire et posai ma tête sur son épaule. J'ai seize ans, aujourd'hui, le 16 février 2014. Depuis que je suis petite, j'attends ce jour avec impatience. Je m'imaginais vivre une vie parfaite, vivre la vie dont j'ai toujours rêvé. Je rêvais d'être avec ma mère et mon frère dans une superbe maison, au bord d'une piscine, un joli maillot de bain sur mon corps, et en train d'appeler mon petit copain. J'avais un joli sourire qui reflétait mon bonheur, sur le visage.
Ce n'était que de simples rêves de gamine. Mais je suis contente d'avoir seize ans. Je me dois d'être contente, je l'avais promis à ma mère. Je lui avais promis que le jour de mes seize ans, je serai la fille la plus heureuse du monde. Je me dois de l'être pour elle.
— April ?
Je relevai la tête vers lui, et hochai la tête.
— Bon, je suis désolé, on ne va rien faire d'extraordinaire. Déjà parce que ta cheville est encore fragile et que je savais pas trop quoi faire, me dit-il honteux.
Je secouai la tête, accompagné d'un petit rire. Depuis que je suis sortie de l'hôpital, il ne pense qu'à ma sécurité.
— Ta présence me suffit amplement, dis-je.
Il me fit un bisou sur le front et attrapa ma main pour entremêler nos doigts.
— Du coup, je me suis dit que je pouvais te montrer mes endroits préférés, ceux où j'aime aller lorsque je ne me sens pas bien.
L'idée me plaisait. Le connaître un peu plus, m'enchantait.
— C'est une excellente idée, m'exclamais-je.
Il rigola et haussa les épaules.
— On y va ?
J'hochai vivement la tête et il m'entraîna dans les rues de Paris, à la recherche de ses endroits préférés.
On arriva devant des escaliers qui menaient à un pont. On monta les marches et on arriva sur le pont. Antoine lâcha ma main et s'approcha du garde corps.
— On est où ? Demandais-je timidement.
— Rue du rocher, je m'asseyais la avec mon frère, dit-il en pointant un banc, et on se racontait pleins de trucs.
Je souris, j'avais, moi aussi, un endroit où je racontais tout à mon frère. Il m'attrapa main et m'entraîna dans la petite rue. On s'arrêta devant un petit café et il me poussa à l'intérieur.
On s'assit à une table et je ne pus m'empêcher de scruter les moindres détails de ce petit café. Des photos étaient accrochées au mur, des guirlandes rendaient l'ambiance encore plus apaisante, les murs étaient habillés de jolies couleurs de peinture, un joli comptoir en bois dominait au milieu de la salle et la bonne odeur de chocolat chaud faisait appel à ma gourmandise.
Je posai ma main sur la table en bois et plongeai mes yeux dans ceux d'Antoine. Il m'offrit et un joli sourire et posa sa main sur la mienne.
— C'est super mignon, ici, dis-je d'une voix presque inaudible.
Il hocha faiblement la tête. Ses pouces formaient des cercles imaginaires sur ma main.
— Je venais ici, tous les vendredis soirs, avec ma meilleure amie. On parlait autour d'un bon chocolat chaud, et je t'avoue que c'était mon moment préféré de la semaine.
J'esquissai un petit sourire. Il était trop chou. C'est dingue, car on se ressemble beaucoup sur certaines choses. Je passai également des après-midis entières autour du meilleur latte de la ville avec Brad et Paola.
— Pourquoi tu ne te retrouves plus ici, avec elle ? Demandais-je assez curieuse.
Quand j'y pense, Antoine ne s'est jamais réellement ouvert à moi. Je ne connais pas grand chose de son passé. Juste son présent. Et je peux m'imaginer son futur. Mais rien de plus.
Sa main se resserra sur la mienne et sa mâchoire se crispa. Ses yeux s'assombrirent, et en l'espace d'un instant je crus qu'il allait pleurer.
— Elle est morte, murmura-t-il.
Je devins pâle et je regrettai immédiatement d'avoir posé cette question. Qu'est ce que je peux être idiote !
J'allais m'excuser et lui proposer de s'arrêter là, mais il m'en empêcha avec un simple regard.
— J'ai besoin d'en parler, je n'en parle jamais à personne, m'avoua-t-il.
J'hochai la tête et l'écoutai.
— Je connaissais Fanny depuis la primaire, le feeling est tout de suite passé. On était tout le temps ensemble, c'était ma meilleure amie et j'aurais pu faire n'importe quoi pour elle. Je la protégeai comme un grand frère et la faisait rire comme son meilleur ami. On avait une complicité unique et à vrai dire je pense que nous étions bien plus que des amis. Nos sentiments étaient beaucoup trop forts pour s'arrêter à de l'amitié. On a fait le collège ensemble, puis une partie de la seconde.
Il s'arrêta un instant, il semblait réfléchir. Comme si il cherchait les bons mots pour ne pas se blesser lui même.
— On était invité à une soirée, on avait beaucoup trop bu. On ne tenait même pas debout, je me souviens on hurlait comme des dingues. On est sorti dans la rue et on s'est fait renversé par une voiture. Quand je me suis réveillé à l'hôpital, on m'a annoncé qu'elle était morte. Elle n'avait pas tenu le coup. J'aurais dû mourir à sa place. C'est moi qui l'avais poussée à aller à cette soirée, pour qu'on s'amuse un peu. Et depuis ce jour là, je faisais le con, je baisais à droite à gauche, je me foutais de la gueule des filles. Mais tu sais pourquoi ? Parce que j'étais fou amoureux d'elle. J'étais raide dingue d'elle, et je savais que c'était réciproque. Mais elle est partie trop vite pour que je lui dise.
Une larme s'échappa de son œil et mon coeur de resserra. C'était la première foi qu'il s'ouvrait à moi, et son histoire me déchirait. Je me levai de ma chaise et m'assis sur ses genoux. Je passai mes mains derrières sa nuque et plongeai mes yeux dans son regard chocolaté.
— Antoine, je ne vais pas te dire que je suis désolée car je déteste que les gens me le disent pour ma mère. Mais je veux que tu saches une chose, elle a emporté une partie de ton coeur avec elle, et elle la protégera toujours. Elle t'aimais, elle t'aime toujours et elle t'aimeras encore.
J'essuyai les quelques larmes qui s'étaient échappées de ses yeux, avec mon pouce. Il m'offrit un sourire triste, vulnérable, que je n'avais jamais vu.
— Je t'aime, Antoine, lui soufflais-je.
Son visage s'illumina et je le sentis frissonner. Je l'aimais, il n'y avais aucun doute là dessus. Peut être pas autant que Luc mais je l'aimais différemment et c'est tout ce qui compte.
— Je t'aime aussi mon April.
Il grimaça une seconde fois, son pouce caressait doucement ma joue, j'adorais quand il faisait ça.
— Je sais qu'un jour ou l'autre tu vas repartir chez toi. Benjamin me l'a dit. Mais il m'a surtout dit que n'importe où tu irais, il prendra soin de toi pour moi. Et puis je viendrais te voir ? Tu es la fille que j'aime, celle qui me change et qui me rend heureux. Je te laisserai pas partir, pas comme elle.
Je souris, il est vraiment trop mignon. J'hochai vivement la tête, bien sûr que je veux le revoir.
— On sort ? Lui proposais-je. Je vais te montrer mon endroit préféré de Paris.
Il se leva et passa sa main autour de ma taille. On sortit du café, et je l'entraînai aux bords des quais de Seine. J'ai toujours adoré cet endroit, je trouvais ça tellement apaisant.
*
On arriva devant l'immeuble de chez Benjamin. Cela me faisait toujours bizarre de m'arrêter ici, j'ai croisé mon père deux, trois fois quand je suis allée chercher toutes mes affaires chez moi. Quant il m'a vu, il a rigolé, il m'a insulté puis il est sorti de l'appartement. Rien de bien extraordinaire.
— J'ai passé une excellente journée, j'ai profité de cette journée comme je l'avais toujours voulu, lui dis-je après l'avoir embrassé.
Il m'encercla de ses bras musclés et posa son menton sur ma tête.
— Moi aussi, j'ai passé une superbe journée avec toi.
Je souris et me décollai de lui. Je m'apprêtais à lui dire au revoir quand il me stoppa dans mon élan.
— Je t'accompagne jusqu'en haut !
Je laissai échapper un petit rire et haussait les épaules.
— Je vais pas mourir dans les escaliers, tu sais, lui taquinais-je.
Il arqua un sourcil et me regarda avec un air joueur.
— Je m'en fiche, finit-il par dire.
Il m'accompagna donc jusqu'à l'appartement de Benjamin. Je sortis mes clef de mon sac à main et me tournai vers lui.
— Tu veux t'assurer qu'un montre ne m'attend pas avec un couteau derrière la porte ? Me moquais-je.
Je ricana et ouvris ma porte.
— SURPRISE !
Je sursautai et me collai à Antoine. Je l'entendais rigoler et quand je vis mes amis débarquer dans le salon, je soupirai de soulagement.
— Nan, je voulais juste m'assurer que tu ne ferais pas une crise cardiaque et puis passer une soirée avec toi, me souffla Antoine.
J'explosai de rire et entrai toute contente. Ils étaient trop mignons. Ils avaient décoré l'appartement, des bouteilles d'alcool trônaient sur la table basse et puis ils étaient tous venus super bien habillé.
Ethel me sauta dessus et me fit un énorme câlin.
— Joyeux anniversaire ma pripril !
Je la remerciai et lui rendus son étreinte. J'enlaçai Matteo, puis Stan. Charles s'avança vers moi, tout sourire. Cela faisait vraiment longtemps que je ne l'avais pas vu.
— Joyeux anniversaire sœurette, me dit-il avec un petit clin d'œil.
Noémie nous rejoint, et m'enlaça, elle aussi. Cela me fit plaisir de la voir, elle est vraiment super gentille et je m'entends très bien avec elle.
Puis ce fut le tour de Benjamin. Il m'observai avec un regard moqueur puis il s'approcha de moi. Il me fit un câlin et déposa ses lèvres sur mon front.
— Je souhaite un excellent anniversaire à la fille la plus merveilleuse du monde.
Je souris et lui fis un bisou sur la joue.
— Je suis contente de fêter mes seize ans avec toi, lui dis-je.
Il me fit un clin d'œil.
— Bon, c'est pas tout, mais moi j'ai très soif, s'exclama Ethel. Antoine, tu veux boire quoi ?
Je le vis hésiter puis il posa son regard sur moi. Il hésitait car il avait peur de refaire une connerie. C'est drôle car en y réfléchissant bien, il avait toujours hésité voir même refusé de boire.
J'hochai la tête, et lui offris un sourire rassurant.
— Personne ne rentrera chez lui, bourré, d'accord, dis-je pour le convaincre.
Il me sourit et je sentis que Charles s'était détendu d'un coup.
— Bon, j'ouvre cette bouteille, dit Ethel en pointant une bouteille de vodka.
Je souris, je comptais bien profiter de mon anniversaire. Quitte à finir complètement torsher. Quitte à en vomir, je m'en fichais.
J'attrapai le verre que me tendis Ethel et on trinqua tous à mon anniversaire. Je bus mon verre d'une traîné et le reposai sur la table basse. Je souris quand je sentis l'alcool me brûler la gorge. J'adorais cette sensation.
Benjamin se posta juste à côté de moi et me força à prendre une petite enveloppe en papier. Je l'ouvris discrètement, et découvris deux billets. Je fronçai les sourcils, mes yeux galopaient sur les billets et s'arrêtèrent net quand je lus Greenville. Je relevai la tête vers Benjamin et je sentis une larme couler sur ma joue.
C'était le plus beau cadeau qu'il pouvait me faire.
FIN
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