24. Plus de peur, que de mal.
Janvier 2014,
April.
La porte de cette foutue chambre d'hôpital s'ouvrit et Benjamin et Ethel se précipitèrent sur moi. Ma rousse préférée n'arrêtait pas de sourire, quant à Benjamin, il ne laissait rien paraître mais je voyais qu'il était soulagé. Ses yeux parlaient pour lui.
— Fredson, je te jure que si tu n'étais pas dans cet hôpital... Me menaça-t-elle.
J'explosai de rire, je suis sûre qu'elle aurait été capable de me faire la tête rien que pour ça. Après tout, j'ai vraiment du lui faire peur. Je me suis écroulée par terre, même moi je ne l'avais pas vu venir.
— Ah nan, Ethel ! Tu laisses ma petite April tranquille !
Je regardai Benjamin en souriant et il me fit un clin d'œil. J'étais soulagée de les voir, leurs bouilles d'ange me rassuraient. J'ouvris mes bras en grand, ils ne se firent pas prier et vinrent se lover contre moi.
— Tu nous refais plus jamais ça, hein ? Tu me promets ? Me supplia Ethel.
— J'ai vraiment eu peur, April, rajouta Benjamin en me faisant un bisou sur la joue.
Je les regardai un à un, j'étais contente et à la fois rassurée de les voir. J'avais l'impression de ne pas les avoir vu depuis des mois.
— Promis, répondis-je en levant ma main droite en l'air.
Benjamin s'assit au bout de lit, quant à Ethel, elle resta assise à côté de moi. Elle me faisait des petites blagues, qui soi-disant passant, n'étaient pas très drôles. Mais, elles rendaient l'ambiance encore plus agréable.
— Antoine est venu, lâcha soudainement Benjamin en me fixant, la mine impassible.
J'haussai les épaules et fixai le vide. Je ne savais même pas si j'étais contente qu'il soit là. J'aurai préféré le voir assister à mon match plutôt que de le savoir dans une salle d'attente.
— Cool, fis-je sans enthousiasme.
Il secoua la tête et me sermonna du regard. Tiens, c'est nouveau ça.
— April, crois moi, il avait une bonne raison de ne pas venir te voir jouer.
J'haussai les épaules, ma réaction était peut-être débile, mais je m'en foutais. Et puis, depuis quand Benjamin était de son côté. Il souffla bruyamment puis roula des yeux.
— J'ai appelé ton frère toute à l'heure, me dit Benjamin pour changer de sujet.
Il n'aurait pas dû l'appeler. Connaissant Georges, il va en faire une montagne.
— Tu dois l'appeler dès que tu vas mieux, rajouta Ethel avec un petit sourire.
J'hochai la tête. Je ne sais pas quand est-ce que je vais l'appeler. Mais pour l'instant, je n'en ai pas envie. À chaque fois que je l'appelle, et que je raccroche, je me sens si seule, comme si j'étais une coquille vide. Je suis nostalgique et mon frère et ma ville natale me manquent encore plus qu'avant d'avoir pris des nouvelles de Georges.
— Mon père est là ? Demandais-je soudainement, avec plus de sérieux.
Ethel ne dit rien, et fuis mon regard. J'ai tout, sauf la tête à devoir affronter son petit sourire hypocrite. Je ne le supporte plus, déjà que je ne le portais pas dans mon cœur, mais là, c'est encore pire. Je portai mon attention sur Benjamin. Il inspira lentement puis ouvrit la bouche.
— Non. Il n'est pas là.
Je soufflai de soulagement, je n'avais pas du tout envie de le voir. Sa gueule de con n'était pas la bienvenue.
— Tant mieux, dis-je toute souriante.
Un silence prit place, je fixai Benjamin, il avait l'air perturbé par quelques choses. Cela m'inquiétait.
— Tu me fais une petite place à côté de toi ? Me demanda Ethel en me poussant légèrement sur la droite.
Je la laissai s'assoir à côté de moi. Le lit était tellement grand, que même Benjamin aurait pu s'assoir à côté moi.
— Oh, faut absolument que je te montre un truc ! S'exclama Ethel en allumant son téléphone, tout excitée.
Benjamin se leva doucement et s'approcha de moi. Il déposa ses lèvres sur mon front puis plongea son regard dans le mien. Je voyais bien qu'il voulait savoir comment j'allais, si je n'avais pas un problème. Il me fit un clin d'œil puis s'éloigna jusqu'à la porte.
— Je vais chercher Charles, Stan et Matteo, je reviens, d'accord.
J'hochai la tête, secouai ma main et mimai un bisou. Il sortit de la chambre puis je me concentrai sur Ethel.
— Tiens, regarde ! Me dit-elle en me tendant son téléphone.
J'attrapai son cellulaire et regardai le cliché de deux filles. Je me reconnus, et reconnus également Ethel. J'explosai de rire, nos têtes étaient vraiment à mourir de rire. En dessous, il y avait marqué "on est fière de vous". Je fronçai les sourcils quand je remarquai que cette photo provenait d'un compte Instagram d'une fille de notre classe. Je relevai la tête vers Ethel.
— J'hallucine, murmurais-je ahuri.
Elle hocha la tête pour me confirmer que c'était bien réel.
— Tout ça, parce que Matteo reste avec nous ! M'écriais-je.
Elle explosa de rire.
— Et attends, le pire, c'est que tout le monde l'a traitée d'hypocrite, sous sa photo.
Je fis défiler les commentaires et pouffai de rire après les avoir lu.
— Tu l'as montrée à Matteo ? Lui demandais-je en riant.
— Ouais, il m'a dit "C'est pas ma faute si je suis beau".
On explosa de rire en même temps, c'était bien son genre, de se vanter.
*
J'avais passé une superbe matinée, avec Ethel, Benjamin, Charles, Stan et Matteo. On avait bien rigolé, et je vous avoue que de les voir ici, avec moi, m'a touché. Ils font partis de ma famille maintenant, et je sais que quand je repartirai ils me manqueront. Ils n'arrêtait pas de me faire rire et de faire tout leur possible pour me changer les idées. De vrais amours. On a fait un jeu, où ils devaient mimer des choses et moi, je devais essayer de deviner. Lorsque Stan a mimé Ethel quand elle lui fait une grève de sexe, je vous assure que j'ai failli me pisser dessus tellement c'était drôle. Même Ethel a rigolé.
Puis Matteo a dû rentrer chez lui car ses parents voulaient qu'il aille au lycée l'après-midi, et Stan est allé travailler. Charles est retourné chez son père pour lui donner de mes nouvelles et se reposer un petit peu. Quant à Benjamin et Ethel, ils ont séché les cours de l'après-midi pour rester avec moi. Quelques fois, Benjamin allait voir Antoine, qui lui a voulu rester dans la salle d'attente. Je n'avais toujours pas envie de le voir.
— April, tu devrais laissé Antoine venir te voir, me dit Ethel quand Benjamin sortit de la chambre.
Je soufflai bruyamment.
— Je ne vois pas pourquoi, répondis-je butée sur mon choix.
Elle arqua un sourcil et pencha sa tête sur le côté.
— Sûrement parce que c'est ton copain et qu'il attend là depuis hier soir ?
Je roulai des yeux. À vrai dire, elle avait raison. C'était dégueulasse de ma part de le laisser mijoter dans cette salle d'attente.
— Bon, d'accord, capitulais-je.
Elle m'offrit son plus beau sourire et se leva si vite qu'elle faillit tomber.
— Je vais lui dire ! S'écria-t-elle en sortant de ma chambre.
Dix minutes plus tard, quelqu'un toqua à la porte, puis entra. Je le reconnus immédiatement, mais lorsque je vis son visage, ma bouche forma un "O" parfait. Que lui était-il arrivé ?
— Promis, je vais tout expliquer.
Il s'approcha de moi et m'enlaça. Il releva la tête vers moi et me regarda comme si j'étais la septième merveille du monde. Des cernes entouraient ses beaux yeux noisette. Son arcade sourcilière était recouverte par du sang séché, et sa mâchoire décorée par un joli bleu.
— T'es sublime, même avec cette chemise d'hôpital, me complimenta-t-il avec un sourire sincère.
Je lui rendis son sourire et je lui indiquai la place à côté de moi, où Ethel avait passé la matinée. Il ne se fit pas prier et s'assit à côté de moi, son bras autour de mes épaules me rapprocha de lui. Je posai ma tête sur son épaule.
— Tu m'as fait peur April, me dit-il avec une petite voix que je ne connaissais pas.
Je ne répondis pas, que voulait-il que je dise. Que je n'ai pas fait exprès ?
— Je suis désolé de ne pas être venu, mais crois moi, j'allais venir.
Je ne dis rien, après tout il n'y avait rien à dire, si c'était ça son explication, elle était clairement pitoyable. Mais je doute que ça soit cela.
— Je me suis battu avec ton père, lâcha-t-il soudain en fixant le mur blanc face à mon lit.
Je faillis m'étrangler avec ma propre salive. Je relevai la tête vers lui et le regardai avec de grands yeux.
— Tu as quoi ?! M'exclamais-je comme une hystérique.
— Il t'a traité de salope et je n'ai pas pu me retenir. Je suis désolé April, je n'aurai pas dû, il est dans un sale état maintenant. Du coup, ma mère l'a défendu, jamais je n'aurais cru qu'elle préférait prendre sa défense plutôt que la mienne.
Je ne sais même pas si je suis contente qu'il se soit défoulé sur mon père. D'un côté, oui je le suis, il ne méritait que cela. Mais de l'autre, pas du tout, je m'en veux. Antoine est dans un sale état maintenant mais en plus de ça, il est en froid avec sa mère, et tout ça c'est de ma faute.
— Putain, c'est de ma faute, dis-je en fermant les yeux. Maintenant ta mère va te faire la gueule, et ça, c'est à cause de moi.
Antoine fronça les sourcils et m'attrapa fermement le menton.
— Je t'interdis de dire ça April Fredson. Ce n'est pas de ta faute, il méritait que je lui pète la gueule. Et puis Charles a raison, ma mère est la plus grande des connasses.
Je soupirai bruyamment. Génial.
— Du coup, je vais aller vivre chez mon père. Je ne peux plus supporter ma mère. Et toi, j'aimerai que tu restes chez Benjamin. Je veux te savoir en sécurité.
J'écarquillai les yeux. Jamais je n'aurais cru l'entendre dire cela un jour. Le fait, qu'il me dise ça, me fait du bien. Cela me fait plaisir qu'il fasse confiance à Benjamin.
— Tu me promets que tu iras dormir chez Benjamin ?
J'hochai la tête. De toute façon, mon père s'en fout de moi. Que je sois là ou non, pour lui c'est pareil. Et puis petite, je rêvais de pouvoir vivre avec Benjamin. Je suis contente que ce rêve se réalise.
Il déposa ses lèvres sur le sommet de mon crâne et son pouce caressa mes lèvres.
— Je t'aime, me susurra-t-il comme si c'était interdit de le dire.
J'esquissai un petit sourire et attrapai sa grande main. J'entremêlai nos doigts puis relevai ma tête vers lui.
Je voyais qu'il attendait une réaction de ma part, un simple retour pour le rassurer que j'éprouve des sentiments pour lui.
— Moi aussi, Antoine Davy.
Son visage s'illumina et ses lèvres fondèrent sur les miennes. Sa langue vint retrouver la mienne, pour exécuter une danse intime.
Je décollai mes lèvres des siennes et lui fis un petit clin d'œil. Mes yeux se baladaient sur ses blessures, et je ne pus m'empêcher de culpabiliser.
— Je te vois venir, minette. Ce n'est pas de ta faute.
Je soupirai et secouai la tête.
— Tu t'es soigné ? Lui demandais-je.
— Oui, Ethel m'a désinfecté ma blessure quand on attendait dans la salle d'attente.
J'esquissai un petit sourire. J'attrapai la télécommande de ma petite télé et la lui montrai.
— Ça te dit de regarder un truc débile à la télé ?
Il laissa échapper un petit rire franc puis acquiesça vivement et déposa ses lèvres sur ma joue.
— Avec plaisir, me dit-il.
J'allumai la télé, toute contente.
C'est dingue qu'en quelques mois, il se soit passé autant de chose dans ma vie. Je me souviens, que je me plaignais de ma vie trop monotone avec Paola. Maintenant je suis servie. Il est vrai que je n'aime pas vivre à Paris, mais en venant ici j'ai rencontré de superbes personnes et j'ai surtout retrouvé mon meilleur ami. Et ça, c'est juste merveilleux.
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