22. Une victoire, une blessée.

Janvier 2014,
April.

J'entrai dans le vestiaire, la tête haute. Quelques filles étaient déjà présentes et j'aperçus Ethel, assise sur un banc au fond du vestiaire, pianotant sur son téléphone. Je saluai Marie et Coraline et rejoignis Ethel.

—  Hello Sweaty, m'exclamai-je en posant mon sac de sport sur le banc. Comment ça va ?

—  Oh April ! Très bien et toi ?

Je souris, et levai mon pouce en l'air. J'allai bien, même si j'étais légèrement stressée.

J'attrapai ma tenue de capitaine et l'enfilai. J'adorais ma tenue de volley, je la trouvai simple, agréable et surtout digne de notre superbe équipe. Les filles étaient toutes -voir presque, très gentilles, et très compétitrices. On formait une équipe de choc, très soudée, parfois moins à cause de certaines connes mais ce n'était pas très grave.

—  T'as fait quoi cet aprèm, lui demandais-je en attachant mes longs cheveux ébène en une haute queue de cheval.

Nous avions une compétition de volley ce soir, et c'est pour ça que nous n'avions pas eu entraînement cet après-midi. J'avais vraiment envie de gagner cette compétition, elle était super importante pour nous. En plus de cela, nous nous sommes entraînées comme des malades, et les filles méritent vraiment de gagner.

La semaine dernière, avec Ethel, nous avons évalué le niveau des filles pour savoir qui sera sur le terrain et qui sera remplaçante. Et ça nous a valu les foudres de deux nanas, qui ne comprenaient pas pourquoi elles étaient remplaçantes. J'ai vraiment pris sur moi pour ne pas les encastrer dans le mur. Elles sont clairement insupportables.

—  Je suis allée tenir compagnie à Stan, au bar. J'avais sérieusement besoin de me détendre, rigola-t-elle.

—  Tu m'étonnes !

—  Et toi ma pripril ?

Je n'avais pas fait grand chose à vrai dire. J'avais appelé mon frère car pour être franche, y'a deux heures, j'étais vraiment stressée. On a beaucoup discuté. Il m'a parlé de sa copine, Lucy. Il m'a raconté qu'il allait la chercher tous les jours au lycée, car oui elle n'a que 17 ans, soit un an de moins que mon frère. Il m'a aussi dit qu'elle était extraordinaire et qu'il avait hâte de me la présenter. Je suis toute aussi excitée de rencontrer cette fameuse fille qui retourne la tête de mon frère. Car on ne va pas se le cacher, la façon qu'il a de me parler d'elle prouve qu'il est amoureux.

Ensuite, on a parlé de mon retour en Caroline du sud. Je lui ai dit que je ne pouvais plus rester ici de rentrer et que Ben allait venir avec moi. Il était super content mais m'a demandé comme je comptais m'y prendre sans que notre père s'en rende compte. À vrai dire, je ne sais pas. Mais je trouverai une solution.

Nous n'avons pas abordé le sujet Luc, et je suis plutôt contente. Je n'avais pas besoin de me poser encore plus de questions avant mon match.

—  J'ai appelé mon frère, dis-je simplement.

Elle me sourit et attacha ses cheveux roux.

Toutes les filles étaient présentes dans le vestiaire et j'en profitai pour faire un débriefing. Puis on s'échauffa toutes ensemble.

On s'assit ensuite sur des bancs et je sortis de quoi grignoter de mon sac. Je proposai des gâteaux à Ethel et elle piocha dans le paquet.

— Oh April, je voulais te parler d'un truc, me dit-elle plutôt souriante.

Je fronçai les sourcils et déglutis. Je n'aimais pas ce genre de phrases. Ça annonçait toujours des mauvaises nouvelles. Luc m'avait dit cela qu'une seule fois et pour tout vous dire cela m'avait fait du mal. Il m'avait dit que ça le rendait triste car il ne savait pas ce que je ressentais pour lui, qu'il ne croyait plus au fait que je pouvais l'aimer car je ne lui disais pas, que je ne me confiais pas, que j'étais comme un livre avec des pages vides. Et je peux vous assurer que d'entendre cela de la bouche de la personne dont vous êtes amoureuse, ça brisé le coeur et ça fait réfléchir.

— Tu sais, c'est bientôt l'anniversaire de Stan et je voulais lui organiser une fête surprise. Tu veux bien m'aider ? Me demanda-t-elle en me faisant des yeux de chat bottés.

Je soufflais de soulagement, contente que ce qu'elle est d'aussi important à me dire soit une fête surprise pour son copain. Je rigola et hochai vivement la tête.

— Avec plaisir, répondis-je souriante.

Cela me touchait qu'elle me demandé de l'aider.

— Trop bien ! Merci April ! S'écria-t-elle en tapant dans ses mains comme une petite fille de huit ans.

Je secouai la tête morte de rire. Cette fille est hilarante.

— Je me suis dit, que pour ses 19 ans je devais vraiment le faire un superbe truc !

J'hochai la tête, et attendis qu'elle continue ses explications. Je croisai mes jambes et l'incitai à poursuivre.

— J'aimerai louer une immense salle, avec un grand buffet, m'expliqua-t-elle toute contente. Avec un DJ aussi !

— Oh ouais, super idée !

— Oui, sauf que c'est trop cher et je n'ai pas l'argent, dit-elle en baissant la tête, triste. Du coup je voulais savoir si tu avais un plan B ? Un endroit qu'on pourrait louer et que je pourrais payer ?

J'explosai de rire et secouai la tête de droite à gauche.

— On garde le plan A et je m'occupe des frais. Mon père a tellement d'argent qu'il ne s'en rendra pas compte, lui dis-je avec un clin d'œil.

Son visage s'illumina et elle lâcha un petit cri. Elle m'enlaça et me fit un bisou sur le front.

— T'es la meilleure April ! Merci mille fois !

— T'inquiète, ça me fait plaisir. Ça va être la meilleure fête de l'année !

— Évidemment !

On se lança un petit regard complice et on explosa de rire.

— Mais du coup, tu veux faire ça quand ?

— Le jour de son anniversaire, c'est un vendredi, du coup c'est parfait ! Et puis je me suis dit qu'on pouvait se voir samedi, pour voir ce que l'on faisait ?

— Ouais, c'est une super idée.

Elle passa son bras autour de mon cou et me fit un bisou sur la joue.

*

On arriva sur le terrain en file indienne et on se plaça à nos places respectives.  Avec Ethel nous sommes attaquantes, elle sur l'avant droit et moi sur l'avant central. Je respirai un bon coup et fis un petit sourire à mes coéquipières pour les rassurer. À vrai dire, c'était plutôt moi qui devait être rassurer !

Je relevai la tête, les gradins étaient déjà plein à craquer et cela ne faisait qu'augmenter mon stress. Je croisai le regard de Benjamin et lui souris. Il me répondit d'un geste de la main et cela me fit chaud au cœur de voir qu'il avait pu se libérer pour venir me voir. Charles et son père étaient aussi là. Il y avait également Stan et puis Matteo. Pas d'Antoine en vu. Il m'avait pourtant promis qu'il viendrait.

Je tournai la tête vers Ethel et elle me fit un clin d'œil.

— Il va arriver, ne t'inquiète pas, me chuchota Ethel comme si elle avait lu dans mes pensées.

J'haussai les épaules et fixai la capitaine de l'équipe adverse. Elle me regardait de façon déterminée. Déterminée à nous abattre.

Notre coach nous réunit et nous encouragea. Elle me prit à part ainsi qu'Ethel et nous remercia. Elle ne cessait de nous répéter qu'elle était fière de nous et qu'elle croyait en nous.

— Amusez-vous c'est le plus important, nous dit-elle à la fin.

On se repositionna et le match commença. Les filles de l'équipe adverse avait un bon niveau et le match s'annonçait plus compliqué que prévu. Surtout lorsque l'une de nos joueuses du faire le geste technique le plus compliqué : le Corse. Ethel avait ensuite attaqué et avait marqué un joli but. Nous dominions pour le moment.

La passeuse me fit une passe, je sautai et frappai de toute mes forces. La balle s'écrasa par terre et l'arbitre annonça le point. Mes pieds touchèrent le sol et ma cheville droite fit un faux mouvement. Je grimaçai et fermai les yeux. Putain de merde. Pas encore ! Aux USA, lors d'un match je m'étais blessée à la cheville, j'avais fait perdre mon équipe. J'essayai de faire abstraction de la douleur et me concentrai sur le match.

L'arbitre annonça la mi-temps et je soupirai de soulagement. Je marchai en direction des bancs et m'assis à côté d'Ethel. Elle me fixai, sceptique.

—  April ?

Je relevai timidement la tête vers elle.

—  Oui ?

—  T'as mal à la cheville ? Me demanda-t-elle d'un air grave.

—  Non pourquoi ? Bafouillais-je en essayant de sourire.

Elle fronça les sourcils et me fixa.

—  Pour rien, répondit-t-elle. J'avais peur que tu te sois blessée et que tu ne veuilles pas t'arrêter. J'ai pas envie de te récupérer en mille morceaux !

J'esquissai un pauvre sourire, loin d'être convaincant. Elle me prit dans ses bras et m'embrassa le crâne.

—  On les explose, dis-je.

—  Ouais, mais ne parle pas trop vite, je n'aimerai pas perdre à la dernière minute !

Je laissai échapper un petit rire. C'est vrai que moi non plus.

—  Antoine n'est pas venu, dis-je amèrement.

—  T'inquiète April, il doit sûrement avoir une bonne excuse !

—  J'en sais rien, mais bon...

—  Tant pis pour lui ! Si il ne veut pas venir te voir c'est son problème ! Moi j'en connais un, même plusieurs, mais particulièrement un, qui sera fière de toi ! Dit-elle en me faisant un clin d'œil.

Oui, elle a raison. Benjamin sera fière de moi. De toute façon, quoique je fasse il est fière de moi. Nous deux ça a toujours été très fusionnel et très complice. À croire que nous étions plus que des amis. Notre relation était qualifiée de "bizarre" par ceux qui nous fréquentaient. Sauf que moi je la trouvais parfaite. On était tout le temps ensemble quand je venais à Paris, on a tout fait ensemble. Et j'avoue que sans lui, je ne serais certainement pas en train de raconter tout ça.

Je lui souris et hochai vivement la tête. L'arbitre annonça la fin de la mi-temps et je me levai d'un bond. Mais je grimaçai quand je ressentis une douleur insupportable au niveau de ma cheville, je l'avais oubliée celle-là ! Je fis mine de rien et regagnai ma place. Je devais à tout pris gagner ce match, quoiqu'il arrive.

*

La match était très serré, nous étions en train de jouer la balle décisive et je n'avais jamais été autant stressée de ma vie. Surtout que ma douleur à la cheville ne m'aidait pas. J'avais marqué beaucoup de but et celle-ci en faisait qu'à sa tête.

Ethel me fit la passe et je sautai. Je devais marquer. Je frappai de toutes mes forces et la balle s'écrasa par terre. Je retombai sur mes pieds, en grimaçant tellement la douleur devenait insupportable. L'arbitre annonça le point et la fin du match. On avait gagné.

Les filles crièrent comme des folles et sautèrent dans tous les sens. Je m'avançais pour sauter dans les bras d'Ethel. Mais je m'arrêtais en cours de route et ma cheville me lâcha. Je m'écroulai par terre en poussant un horrible cri. J'entendis Ethel s'agiter autour de moi mais je préférai fermer les yeux.

Des images me revinrent en tête, la tête de mon frère, celle de Luc, celle de ma mère, celle de mon père qui venait dans ma chambre, celle de Nate, celle de Paola. Je laissai échapper une larme et rabattus mes genoux contre ma poitrine. Puis je perdis connaissance.

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NDA :
Hello ! Merci pour les 2K !😍😍😍😍 vous êtes les meilleurs ! Merci pour tout !

Alors ce chapitre ? April ?
Benjamin?😏
Antoine qui ne vient pas voir notre belle minette ?

Je vous embrasse, Laura ❤️

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