16. Sujets sensibles.
Novembre 2013
Antoine.
Je sortis du vestiaire et entendis le rire lourd de Thomas. Je ne savais pas de quoi il parlait, mais cela m'avait l'air inintéressant. Comme tout ce qu'il disait à longueur de journée d'ailleurs.
Léopold n'était pas là aujourd'hui, il était en voyage scolaire. Je n'avais donc aucun partenaire de critique. Je m'avançai vers les bancs qui longeaient la piscine et m'assis parmi notre petit groupe. Les filles piaillaient entre elles. Quant aux gars, ils étaient tous pendus aux lèvres de Thomas, attendant patiemment la suite de son histoire qui m'avait l'air nulle à chier. J'étais de très mauvaise humeur aujourd'hui, et il était préférable que ce connard ne m'adresse pas la parole.
Je roulai des yeux et fixai l'eau. Je n'avais pas vu April depuis hier matin et cela m'inquiétait. Elle avait maintenant beaucoup d'importance à mes yeux et je tenais réellement à elle. Et les sentiments, que j'éprouvais pour elle, étaient de plus en plus fort, ce qui me faisait légèrement peur.
— Antoine ? T'es frustré parce que t'as pas encore sauté ta jolie petite demie-sœur ? Se moqua lourdement Thomas.
Je tournai la tête vers lui et ma mâchoire de contracta. Quel petit con. Mes poings se serrèrent et je lui lançai un regard noir. Tellement noir que si j'avais eu des lasers à la place des yeux, il serait déjà mort.
— Parce que, on ne va pas se le cacher, elle est plutôt bonne !
C'était la phrase de trop. C'était un sujet sensible et il l'avait deviné. Depuis le temps que j'avais envie de casser sa petite gueule de couillon. Je me levai d'un coup, bondis sur lui et le chopai par le cou. Je lui assénai des tas de coups, déversant ma rage et mon stress. Il me frappa au niveau de l'œil. Je le frappai au niveau de la mâchoire et sa lèvre s'ouvrit. Il grimaçai de douleur et j'entendais les filles crier. Je dominai largement et j'étais fier de moi. Il ne méritait que ça.
Des mains m'attrapèrent violemment et me poussèrent sur un banc. Thomas se releva difficilement, la bouche en sang, et je prédis un bel œil au beurre-noir. Je rigolai intérieurement, sa belle petite gueule faisait maintenant peur à voir.
Eleonora, mon "ex", se posta devant moi. Elle me regardait avec un air joueur. Elle soupira puis s'assit à mes côtés.
C'était louche. Pourquoi était-elle là ? Elle, qui adorait son petit Thomas. Pauvre fille. Mais elle restera un bon coup, on ne va pas se le cacher, sous ses airs de petite sainte nitouche, elle est plutôt douée.
— C'est pas très beau à voir, grimaça-t-elle en pointant Thomas.
Je ris jaune. C'était magnifique, oui !
— T'es dans la merde, souffla-t-elle en me fixant de ses yeux bleus impassibles.
— Qu'est-ce que ça peut te foutre, pestai-je en lui lançant un regard hargneux.
— Eh bah c'est étonnant, je trouve que tu le mérites, dit-elle avec un sourire hypocrite.
Je me tournai vers elle, en serrant les poings. Je ne frappe pas les filles mais elle mériterait une jolie mandale.
Elle me fixait, toujours avec son éternel sourire hypocrite. Comment j'ai pu m'intéresser à elle. Pardon, je rectifie, à son corps. Cette fille est insupportable.
— J'imagine que le fait que je me sois foutu de ta gueule, n'a toujours pas été digéré ? La provoquai-je.
Je savais que c'était un sujet sensible et j'ai toujours adorer m'attaquer aux sujets sensibles.
Son petit rictus s'effaça et elle déglutit aussitôt. Bingo. Elle me foudroya du regard.
— Depuis quand cela t'intéresse ? Me demanda-t-elle en riant jaune.
— Justement je m'en fous.
Elle roula des yeux.
— Tu m'étonnes que ta magnifique demie-sœur ne veuille pas de toi, rit-elle.
Quelle peste !
— Et moi je me demande comment j'ai pu vouloir de toi, dis-je en la regardant et en riant.
— Petit con !
— Petite conne !
Elle rit et je me souvins que c'était ce qui m'avait plut chez elle. Elle avait un rire franc et mignon.
— On sèche ? Me proposa-t-elle soudainement.
J'hochai la tête sans réfléchir. Je n'avais pas envie de nager, ni de devoir des explications à mon père. Je voulais juste éviter de réfléchir à ma relation que j'avais avec April. Je la sentais distante et ça me faisait du mal.
On sortit après s'être rhabillé. On marchait sans trop savoir où on allait et l'ambiance était agréable.
— Pourquoi t'es venu me voir ? Demandai-je en me tournant vers elle.
C'était étrange et je ne comprenais pas pourquoi Eleonora était venue vers moi. D'habitude elle se serait jetée sur Thomas pour le soigner, alors que là, c'était tout le contraire.
— Je sais pas, j'en avais envie, je trouvais ça dommage qu'on ne se parle plus même si tu as été le pire des connards avec moi.
Je souris minablement et fixai mes baskets.
*
Novembre 2013,
April.
Je sortis de mon club de boxe, accompagnée de Benjamin. Taper dans un punching-ball m'avait vraiment fait le plus grand bien. Je n'avais pas dormi de la nuit, j'étais trop occupée à penser à Luc.
Mon frère m'avait appelé la veille pour m'expliquer ce qu'il était arrivé à Luc. Il avait conduit une moto, bourré, et avait eu un accident. Il s'était seulement réveillé ce matin. Il avait le poignet droit cassé, une entorse à la cheville et une bosse sur le front.
Sauf que tout cela m'étonnait. Luc était bien trop responsable pour boire autant, s'il savait qu'après il devait conduire. Mais en plus de ça, il détestait les motos, il trouvait cela trop dangereux et préférait le confort de sa belle voiture.
J'avais donc passé ma nuit à réfléchir. Benjamin me tenait dans ses bras et n'avait pas arrêté de me dire qu'il était entre de bonnes mains. J'avais très envie de l'appeler, de prendre de ses nouvelles, mais je n'y arrivais pas. Je ne pouvais pas. Je serais la pire des salopes si je prenais de ses nouvelles juste pour ça.
— Ça t'a changé les idées ? Me demanda Benjamin en me sortant de mes pensées.
Je tournai la tête vers lui et souris minablement.
— Si tu veux prendre de ses nouvelles fais-le au lieu de te faire du mal, dit-il après avoir lu dans mes pensées.
J'haussai les épaules et mon regard se reporta sur le sol.
— C'est une mauvaise idée.
— Et si, tu demandais à son frère ?
Je relevai la tête vers Benjamin en souriant. C'était une excellente idée. Nate était très bien placé dans cette histoire. Il avait toujours vu que je dévorais secrètement son frère des yeux et qu'il était compliqué pour moi de m'ouvrir. On était très complice, il m'écoutait et me conseillait. C'était grâce à lui que j'avais décidé de faire entrer Luc dans ma vie. Et j'étais persuadée, qu'il savait pourquoi j'étais partie sans rien dire et que j'aimais toujours son frère comme une folle.
— T'es le meilleur Ben !
Il me sourit et passa son bras sur mes épaules. Il me fit un bisou sur ma tempe. Je sortis mon téléphone et envoyai un message à Nate.
À Nate :
Salut, c'est April.
Je suis désolée de refaire surface ainsi, je ne sais pas comment m'y prendre et pour être totalement franche, j'ai passé la nuit à réfléchir à comment j'allais faire pour prendre des nouvelles de Luc et lui faire comprendre que je l'aimais toujours comme avant sans pour autant paraître pour une revenante.
Je t'embrasse, et fais passé ce message à ton frère. Je pense à vous, et je vais tout faire pour revenir dans pas longtemps. -A.
J'appuyai sur envoyer et soufflai un bon coup.
— Il est parfait ton message, t'en fais pas April, je suis sûre qu'il va bien.
— Peut-être mais ce n'est pas ça qui m'inquiète le plus. C'est de savoir pourquoi. Ce n'est pas son genre.
— T'en fais pas poulette, il va arrêter ses conneries.
J'haussai les épaules et décidai de changer de sujet pour me forcer à penser à autre chose.
— Tu fais quoi ce week-end ?
— Je vois des potes, et toi ?
— Rien, soupirai-je.
— Ça te dirait de venir ? Ça te changerait les idées ! Et puis tu pourrais ramener Ethel.
— Avec plaisir.
— Je passe te prendre chez toi vers quatorze heures, d'accord ?
— C'est parfait !
On s'arrêta devant mon immeuble et il me prit dans ses bras. Sa main caressa longuement mon dos comme pour me rassurer.
— T'inquiète pas poulette, et passe une bonne soirée.
Il me fit un bisou sur le haut de mon crâne et s'éloigna après m'avoir fait un clin d'œil.
Je montai jusqu'à mon appartement et entrai chez moi. Charles et Noémie étaient dans le salon, en train de discuter autour d'un verre de coca. Ils étaient vraiment mignons. Ils représentaient pour moi le couple idéal. Ils ne se disaient pas "je t'aime" à longueur de journée, pourtant ils savaient que les sentiments étaient bien là. Ils pouvaient passer des soirées autour d'un verre sans rien faire et ils étaient heureux. Et ceci rendait leur couple, parfait. Ils étaient heureux même quand ils ne faisaient pas grand chose.
— Je vais monter, dis-je en passant rapidement devant eux.
— Mais non, reste avec nous ! Tu ne vas pas rester seule dans ta chambre alors qu'on est juste en dessous de toi quand même, s'écria Noémie.
Je souris et la remerciai. Je les rejoignai et Charles me sourit gentiment. Il avait une copine géniale et il le savait. Noémie me servit un verre de coca, toujours souriante. La voir autant sourire était très agréable.
— Tu n'es pas rentrée hier soir ? T'étais où ? Me demanda Charles.
— Oh mais arrête de faire ton grand frère protecteur Charles ! Laisse-la tranquille ! Le coupa Noémie.
— Bah quoi ? C'est pas toi qui supporte l'interrogatoire de ton frère jumeau, ni de ta mère que tu ne supportes pas, et de voir que le père se contre fout de sa fille.
Avec Charles, on avait déjà eu une discution sur nos parents. Je lui avait dit que je détestais mon père sans lui expliquer pourquoi, que j'adorais ma mère et que j'aurais pu faire n'importe quoi pour elle. Je savais que lui, il adorait son père et que c'était son pilier, qu'il n'appréciait pas réellement sa mère. J'avais aimé parler de ça avec lui car c'était quelqu'un qui ne cherchait pas à savoir plus quand il voyait qu'on ne voulait pas en parler.
Noémie roula des yeux et soupira.
— J'ai dormi chez Ben.
— Ah ! J'en connais un qui ne va pas être très content, pouffa Charles.
— Et alors ! On s'en fout ! Je l'ai vu moi à votre soirée, la dernière fois, il draguait des gonzesses et après il joue le mec jaloux ! Non mais je rêve ! C'est bien April, c'est toi qui doit dominer !
Je rigolai et j'entendis Charles baragouiner quelques choses.
— J'ai une copine féministe.
— Rajoute une demie-sœur, lançai-je.
— Ah ! April t'es parfaite ! Enfin une qui réfléchit !
Charles roula des yeux et j'éclatai de rire. Ma mère me répétait à longueur de journée que toutes les femmes et tous les hommes devraient être féministe.
— Tu manges avec nous ? Me proposa Charles. On va manger au japonais.
Je souris, il est adorable.
— Nan, mais je ne vais pas vous embêter.
— Mais tu n'embêtes personne ! Renchérit Noémie.
J'acceptais alors, contente de manger japonais avec eux.
*
On rentra tous les trois à la maison. C'était calme et tout le monde avait l'air de dormir. J'avais passé une superbe soirée. Noémie était adorable. J'avais beaucoup rigolé et ils m'avaient changé les idées.
Je montai en haut et regagnai ma chambre après les avoir tous les deux saluer. Je mis mon téléphone à charger car il n'avait plus du tout de batterie. Je me mis rapidement en pyjama et décidai d'aller dormir dans la chambre d'Antoine. Sa présence me manquait.
J'ouvris doucement la porte de sa chambre et me faufilai à l'intérieur. J'avançai vers son lit sur la pointe des pieds et m'allongeai sous ses draps. Je lui fis un bisou sur le front et inspirai son odeur. Je posai ma tête sur l'oreiller et fermai les yeux.
Ses deux gros bras vinrent m'encercler et me rapprochèrent de lui. Il déposa sauvagement ses lèvres sur les miennes, et sa langue vint retrouver la mienne pour danser une danse endiablée. Ce contact m'avait manqué. Il gémit contre ma bouche et sa main brûlante se faufila sous le tissu fin de mon débardeur.
Je posai ma tête sur son torse et fermai les yeux.
— Bonne nuit, minette.
— Bonne nuit, toinou.
______________________
NDA :
Coucou tout le monde ! Vous allez bien ? Pour ceux qui ont passé des examens, j'espère que ça c'est bien passé !
Et puis, pour ceux qui sont en vacances, passez de bonnes vacances !
Alors ce chapitre ? Eleonora ?
Qui est votre personnage préféré ? Pourquoi ?
Je vous aime fort, Laura❤️
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