12. I follow you.
Septembre 2013,
Antoine.
Je me levai dans les bras de ma jolie petite April. Elle était si jolie. Sa frange cachait ses yeux et sa bouche pulpeuse rosée m'appelait . Elle respirait calmement. Les yeux fermés, elle dormait paisiblement. Il devait être six heures du matin, je ne savais pas pourquoi j'étais réveillé, étant donné que je ne devais me lever que dans une heure.
Je fixais le plafond, laissant mes pensées divaguer. Est-ce que c'était une histoire sûre ? Est-ce qu'elle ressentait de réels sentiments pour moi ? Ou bien, est-ce une simple attirance qu'elle aurait envers moi ?
Je soupirai bruyamment, toutes ces questions me faisaient mal au crâne, mais surtout elles m'inquiétaient. Allais-je réussir à la protéger ? À faire en sorte qu'elle soit toujours en sécurité ? Ce que je ressentais pour elle n'était pas une simple attirance, mais bien plus. Elle provoquait chez moi de nouvelles sensations. Comme lorsque l'on goûtait un nouveau fruit, on découvrait de nouvelles saveurs, de nouvelles odeurs.
April c'était exactement pareil. Elle arrivait à me changer, je n'étais plus la même personne avec elle. J'étais complètement différent. Elle me redonnait goût à la vie. Elle me redonnait cette envie de profiter de ma jeunesse malgré cette tristesse qui était gravée en moi pour toujours. Elle était la raison pour laquelle quand je me levais, j'étais de bonne humeur le matin. Je n'étais plus ce mec dur, sans pitié, égocentrique que j'étais depuis un an et demi. Dès que j'étais avec elle, c'était comme si je devenais intouchable, elle me procurait cette force mentale que j'avais perdu.
Je pourrais passer de longues heures à l'observer, je ne me lasserai jamais de son regard qui avait la couleur du ciel, ni de son sourire qui me retournait la tête, ni de ses jolies fossettes. Même si elle m'agaçait parfois, même si des fois j'avais envie de l'enterrer vivante, même si elle m'énervait quand elle faisait tout ce qu'elle voulait, elle était parfaitement imparfaite. C'était bien le therme qui la décrivait. Je n'aurai jamais cru ressentir une nouvelles fois de telles émotions pour quelqu'un, j'étais plutôt de nature depuis quelques temps à me lasser rapidement. Mais avec elle, c'était différent. Elle me redonnait l'envie d'aimer.
Je la sentis bouger à côté de moi. Je tournai la tête vers elle et la regardai ouvrir les yeux.
— Il est quelle heure ? me demanda-t-elle d'une petit voix.
Je souris et passai mon pouce sur sa joue.
— Trop tôt pour se lever, rendors toi encore une heure, minette.
Elle sourit et me fixa. Elle était beaucoup trop mignonne.
— Pourquoi tu ne dors pas ? finit-elle par me demander.
J'haussai les épaules.
— Je réfléchissais.
Elle reposa sa tête contre mon torse.
— D'accord toinou, répondit-t-elle.
Je rigolai intérieurement face au surnom qu'elle venait de me donner. C'était mignon, je n'avais pas l'habitude de ce genre de pseudonymes. On m'avait plutôt accoutumé aux surnoms vulgaires, passe-partout ou encore nul à chier. Celui-ci était peut-être niais, mais je l'aimais bien, cela reflétait bien notre relation.
*
Septembre 2013,
April.
J'arrivai devant ma salle d'espagnol, très en retard. Je n'avais pas vu le temps passé pendant que je me préparais dans ma salle de bain. En plus de ça, Antoine m'avait retardé, en me disant qu'on organisait une fête demain soir chez nous et il voulait que j'invite le plus de gens possible.
Je repris mon souffle et toquai à la porte. J'entrai et m'apprêtai à aller m'assoir à côté de ma jolie Ethel mais le professeur m'interpella.
— Mademoiselle Fredson, il serait préférable que vous vous installiez à côté de Monsieur Joutrait.
Je soupirai et regardai Ethel, complètement déprimé. Elle me fit un clin d'œil qui voulait tout dire : notre plan commençait dès maintenant. Il se trouvait que Matteo Joutrait était le beau gosse de notre classe. Il était vraiment très mignon et il faisait mouiller toutes les petites culottes en un regard.
Je m'assis à ses côtés et je sentais déjà le regard envieux des filles braqué sur moi. Bande de jalouses.
— Matteo, lâcha-t-il en fixant son cahier, le sourire aux lèvres.
— April.
— Tu es intrigante comme nana.
Je me tournai vers lui en ricanant.
— Pourquoi tu me dis ça ?
— J'observe beaucoup les gens, et je n'arrive pas à savoir ce que tu penses réellement. Tu m'as l'air différente.
Je le regardai en souriant. Il était drôle comme type.
— Peut-être parce que je ne suis pas comme vous, tout simplement, répondis-je en haussant les épaules.
— Ça doit sûrement être ça.
*
Je sortis de la salle d'espagnol avec Ethel et on se dirigea dans la cour. On retrouva la bande d'amis de Charles. Mon demi-frère passa son bras autour de mes épaules et il me sourit gentiment.
— Antoine t'a dit qu'on faisait une soirée demain ?
— Oui, je vais réfléchir avec Ethel ce midi, à qui nous allons inviter, répondis-je en souriant à ma jolie rousse.
Elle acquiesça en souriant à son tour.
— Et toi, tu as réfléchi à qui tu invitais ? demandais-je.
— Ouais. Mais il faut que j'en parle maintenant.
J'acquiesçai et Ethel se tourna vers moi pour s'approcher de mon oreille.
— Il faut que je te raconte un truc, toi aussi d'ailleurs.
Elle me sourit malicieusement et j'hochai la tête. Elle devait me raconter ce qu'elle avait dit à Stanislas. On s'éloigna du groupe, seulement de quelques pas et on s'adossa au mur pour qu'elle puisse commencer son récit.
— Hier soir, après avoir manger, je l'ai appelé en FaceTime. Il a tout de suite répondu et il paraissait assez surpris. Je lui ai dit que je voulais qu'on parle, qu'il me dise la vérité, uniquement la vérité. Il a accepté. Il m'a avoué dit qu'un soir il n'était pas bien. C'était un soir où on s'était disputé, je m'étais très énervée, à un tel point que je l'avais giflé et que je lui avais demander de se casser de chez moi. Apparemment il n'était pas bien, il est allé en boîte, il avait beaucoup trop bu. Il y avait une fille qui lui avait fait du rentre dedans pendant toute la soirée, il ne savait plus ce qu'il faisait et du coup ils avaient failli couché ensemble mais il s'était arrêté juste avant.
J'acquiesçai et elle me sourit l'air pensif.
— Ensuite, il s'est excusé des millions de foi, il m'a dit que j'étais la seule fille qui le rendait véritablement heureux et que j'étais celle avec qui il aimerait passer sa vie. Du coup, ça m'a réchauffé le cœur et je n'ai pas résisté. Je lui ai pardonné, m'avoua-t-elle légèrement honteuse.
Je souris de toutes mes dents, elle avait pris la bonne décision. Certes il avait failli la tromper, mais il ne l'avait pas fait, et puis il l'aimait.
— C'est la meilleure décision que tu aurais pu prendre, lui dis-je contente.
— C'est vrai ?
J'acquiesçai et elle me sourit.
— Il était super content, son visage s'est comme illuminé et il m'a dit qu'il viendrait me chercher ce soir et que je dormirais chez lui.
Elle me regarda malicieusement. Ethel, tu me dégoutais parfois.
— Ça par contre, je ne veux pas que tu me racontes, la taquinai-je.
Elle secoua la tête, morte de rire.
— Et toi, racontes !
— Bah...On s'est réconcilié, on n'a pas vraiment reparlé de cette histoire.
Elle hocha la tête et esquissa un petit sourire.
— Tant mieux alors, tu sais, je me demande ce que je ferai sans toi ma pripril.
— Et moi dont ! Même Google map ne pourrait pas m'aider, plaisantai-je en lui touchant le bout de son nez.
Le groupe de potes de Charles nous rejoignirent, en souriant. Ils se placèrent tous en face de nous.
— Vous mangez avec nous ce midi ? Proposa Louis, un mec assez mignon.
— On mange chez moi, rajouta Matteo, le mec dans notre classe.
Je savais que mon demi-frère s'entendait bien avec lui, mais je ne les avais jamais vu traîner ensemble. Il m'avait seulement dit qu'il le connaissait de l'année dernière car Matteo avait redoublé.
— Pourquoi pas, répondîmes en coeur.
Mon demi-frère sourit et glissa son bras sur mes épaules.
— Chouette, me chuchota-t-il, j'aime passer du temps avec toi.
J'esquissai un petit sourire, qu'il avait l'habitude de voir. J'aimais aussi passer du temps avec lui. À vrai dire, autant avec Antoine on se contemplait comme on pouvait être très différent. Mais avec Charles, c'était encore autre chose. Nous ne parlions pas de nous, nous étions tout simplement complice, nous rigolions, nous partagions des choses, mais nous ne nous devions rien. Nous vivions comme si c'était la dernière fois que nous nous verrions. Et c'était cela que j'appréciais avec lui, nous nous ressemblions beaucoup, alors que pourtant je savais que parfois il n'avait pas les mêmes réactions que moi, ni les mêmes qu'Antoine.
*
La sonnerie annonça enfin la fin de la journée. Je m'étais éclatée ce midi. Matteo était vraiment quelqu'un de très drôle et surtout insupportable mais il restait cool.
Je sortis de la classe avec Ethel et Matteo. Je sentais que ma rousse était super excitée, elle avait les yeux remplis d'étoiles et elle était impatiente de voir son copain.
Quand nous sortîmes de l'établissement, ils se retrouvèrent et elle se jeta dans ses bras. Je voyais bien que Stan était fou d'elle, il l'aimait et ça se ressentait. Je les laissai donc, profiter de leur retrouvaille. Matteo attendit gentiment avec moi, mon demi-frère.
— Putain il en met du temps ! Grogna-t-il.
Je ricanai, en le regardant joueuse.
— Je te laisse, flemme de l'attendre, rajouta-t-il en me défiant du regard.
— Ah ouais ? T'es ce genre de mec ?
— Eh ouais, american girl !
J'éclatai de rire face au sobriquet pourrit qu'il m'avait donné. Je rêvais, déjà que celui que me donnait Antoine était vraiment nul, mais celui de Matteo était le mieux classé dans cette catégorie.
— Pourquoi tu ris comme ça ?
— Pour rien french boy, répondis-je morte de rire.
*
Charles s'assit sur mon lit et je lui prêtai ma guitare. On jouait souvent quand Antoine avait ses entraînements de natation. Franchement, il avait énormément progressé et j'étais fière de lui.
— Alors que veux-tu jouer ? demandai-je en souriant.
— Non, aujourd'hui je ne joue rien. Je t'écoute chanter.
Je fus surprise de sa réponse et haussai les épaules.
— Si tu veux, tu veux que je te chante quoi ?
— I follow rivers.
Mon cœur faillit louper un battement. Cette chanson. Cette chanson était la préférée de Luc. C'était notre chanson.
— Si tu veux, répondis-je tremblante.
Je mis la musique et me concentrai. Je fermai les yeux et commençai à prononcer les paroles à mesure que la musique m'emportait.
« Oh I beg you, can I follow ?
Oh I ask you, why not always ?
Be the ocean, where I unravel
Be my only, be the water where I'm wading
You're my river running high
Run deep, run wild
I, I follow, I follow you
Deep sea baby, I follow you
I, I follow, I follow you
Dark doom honey, I follow you
He a message, I'm the runner
He the rebel, I'm the daughter waiting for you
You're my river running high
Run deep, run wild
I, I follow, I follow you
Deep sea baby, I follow you
I, I follow, I follow you
Dark doom honey, I follow you
You're my river running high
Run deep, run wild
I, I follow, I follow you
Deep sea baby, I follow you
I, I follow, I follow you
Dark doom honey, I follow you
I, I follow, I follow you
Deep sea baby, I follow you
I, I follow, I follow you
Dark doom honey, I follow you »
À la fin de cela chanson, j'essuyai les larmes qui s'étaient échappées de mes yeux et relevai la tête vers lui.
— C'était époustouflant, lâcha-t-il ébahis.
— Ah oui ?
Il acquiesça vivement la tête.
— J'ai ressenti plein d'émotions, on dirait qu'elle est important pour toi cette chanson.
— Très importante, confirmai-je.
Il me fit signe de s'assoir à côté de lui et me serra dans ses bras. Il me fit un bisou sur le crâne.
— Je ne sais pas pour qui tu chantais, mais cette personne peut être extrêmement fière de toi.
— Il l'était, répondis-je d'un air nostalgique.
Il l'était, tous les jours. Même quand j'étais insupportable, casse-pieds, chiante. Il m'aimait plus que tout, et moi aussi. Il me manquait.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top