Quand Angèle se réveille, elle ne voit Selim qu'à travers quelques rayons filtrés par les stores. Elle observe un instant son visage, tente de décrypter la sensation de chaleur et de réconfort au creux de son cœur. La brune adore se réveiller auprès de lui.

La dernière fois qu'Angèle est tombée amoureuse de quelqu'un, le garçon était très blond, à la même taille qu'elle, dynamique et vraiment charismatique. C'était le garçon qui menait les soirées, qui donnait les mauvaises idées, qui la faisait rire pendant des heures. C'était Ulysse. Ce n'est pas bien de comparer les amours... Mais Angèle ne peut s'empêcher de se demander quel goût elle a pour les garçons.

Très souvent, elle est attirée par les blonds au premier regard, mais finit toujours par préférer celui qui l'attirait moins en général. La fois où Angèle est tombée amoureuse d'Ulysse, elle était plutôt partie sur le meilleur ami de celui-ci.

Aujourd'hui, elle contemple le jeune homme allongé à côté d'elle, encore dans son t-shirt gris, les cheveux en bataille et la bave qui a peut-être coulé un peu, dans la nuit. Il a bougé, l'a bousculée parfois, mais elle a bien dormi.

Puis, prise par une envie de le réveiller, elle frotte son doigt délicatement contre son nez, rien que pour le chatouiller.

Selim se réveille quelques minutes plus tard, les yeux plissés, la mine effarée avant de la coller contre son oreiller.

— Faut se réveiller, chantonne-t-elle comme pour se moquer.

Le brun rumine puis essaye de la chatouiller en retour. Les contacts se multiplient et la brune éclate maintes fois de rire.

Cinq minutes plus tard, encore allongée dans le lit, Angèle se sent d'humeur joueuse.

— Tu m'as fait des papouilles, non, mais dis donc Selim !

— Nope, répond Selim en levant les yeux au ciel et en arrêtant les chatouilles.

— Si, dit-elle en basculant sur lui.

Angèle s'amuse. Elle a envie d'écraser Selim dans son lit. À la place, elle passe sa main dans les cheveux du brun pendant qu'il l'observe tranquillement sans réagir. Leurs corps sont collés et elle sent son cœur battre la chamade, les sens éveillés.

— Je crois que tu flirtes avec moi, Ange, dit-il en fermant les yeux.

Angèle sourit.

— C'est toi qui as commencé avec les papouilles hein.

Et ils restent longuement allongés dans ce lit, à créer leur bulle, à ne rien faire d'autre que toucher leur peau ou se faire sourire. Parfois, elle se dit qu'elle n'arrivera pas à l'oublier. Chassant toutes ses mauvaises pensées, elle le regarde jouer avec ses mains.

Il n'y a rien à dire. Rien de rien, à part peut-être les sentiments de la brune, mais elle n'osera pas.

Selim et elle ont un lien étrange, construit sur l'implicite des sous-entendus, empli d'un monde de secrets et d'attirance. Il l'a repoussée, mais elle veut chérir cet été de sentiments. Angèle voit bien qu'elle lui plaît finalement. Mais peut-être qu'il n'est pas prêt. Peut-être que l'amour l'effraie.

Mais Angèle sait aussi, après tout ce temps, que l'amour n'a pas de secrets renversants. Ici, il n'y a rien que de l'implicite et des moments réconfortants.