Chapitre 9

Dans une sorte de galimatias trop lointain, tel un murmure brouillard, Peat entendait ces gens parler tout autour de lui.

Après la soirée passée chez Layla et que Fort l'ait raccompagné chez lui, Peat avait sentit une sorte d'euphorie l'étreindre comme un compagnon venant le prendre dans ses bras pour un câlin très affectueux. Pourtant, cette sensation disparue quand il arriva devant son appartement et que le noir s'abattit sur lui en un instant.

Quand il se réveilla, une douleur lui vrilla la nuque et la tête, au point qu'il pouvait sentir la terre tourner. Il perçu des murmures puis des voix plus fortes qui parlaient en brouillon. En bougeant un peu plus, il ne sentit aucun lien le retenir. Était-ce de la débilité ou un acte délibéré? Il ne savait pas, juste que s'il voulait partir il le pouvait. Du moins, si son corps le lui permettait, bien évidemment.
Il ouvrit un œil mais ne reconnu pas les lieux où il se trouvait. Avait-il été enlevé parce qu'il était proche de Fort ? Qui avait bien put l'enlever ? Quelles étaient leurs motivations ?

- Tu crois qu'il est réveillé ?
- Allons voir.
- S'il l'est on lui demandera de nous donner l'argent.

Ah... c'était donc ça... Sa famille avait comprit et avait fait le voyage pour venir le trouver afin de lui soutirer de l'argent. N'avaient-ils pas assez fait ? Où était son portable ? Il fouilla rapidement et le trouva.
Coup de chance ou nouvel oubli ? Il ne savait pas mais n'allait pas s'éterniser, il devait appeler quelqu'un. Qui ? Fort fut le premier à qui il envoya un message d'alerte.

"Fort, ma famille s'est pointée. Je sais pas où je me trouve, mais s'il te plaît envoi quelqu'un..."

Même si les pas se rapprochaient, il pouvait les entendre se chamailler  à propos de combien ils allaient lui demander et comment ils allaient se répartir l'argent. 

Vautour était encore trop faible pour désigner ces rapaces ingrats qu'étaient sa famille.
Son portable vibra, il décrocha rapidement :

- Allô ?
- "Phi !"
- Je ne peux pas parler fort. répondit le jeune homme à voix modérée pour ne pas se faire repérer. 
- "Phi, raconte moi, ça ne fait même pas quatre heures que je t'ai ramené chez toi. Qu'est-ce qu'il ce passe ?"
- Juste quatre heures ? Je pensais avoir été assommé plus longtemps que ça.
- "Attends quoi ?!"
- Ne cries pas, je pourrai t'entendre de l'autre côté de là où je suis même sans avoir ouvert les portes. le gronda Peat qui sentait quand même la panique lui serrer la gorge et brouiller ses trippes. Ils arrivent, tais toi.
-"Phi !"

Mais l'absence soudaine de réponse l'inquiéta, jusqu'à ce qu'il entende d'autres voix :

- Il dort encore. Je te l'avais dit que t'avais frappé trop fort ! s'exclama une femme.
- C'est pas ma faute si je contrôle pas ma force ! se plaignait un homme.
- De toute façon quand il fera jour il faudra bien qu'il se réveille.
- On a encore un peu de temps. 
- Va fouiller son appartement. ordonna la femme.
- Pourquoi c'est à moi de le faire ? grommela l'homme.
- Je suis une femme, il ne me fera rien. déclara-t-elle, comme si c'était une évidence. On a pas beaucoup de temps avant qu'ils nous retrouvent, grouille toi !
- Okay, okay. Mais te barre pas avec le magot sans moi ! Je te préviens !
- On est déjà dans la merde sans ça alors magne toi qu'on puisse tout récupérer et se tirer !

La porte se referma et Peat ouvrit légèrement un œil pour s'assurer qu'il était bien tout seul dans la pièce. Une fois serein, il récupéra son téléphone pour murmurer :

- Fort ?
- "Je suis là. Essaye de me décrire ce que tu vois autour de toi." ordonna le jeune homme qui venait de prévenir l'équipe du café ainsi que Luka et Layla de la situation.

Tous sur le qui vive, ils avaient remis leurs habits à la hâte pour prendre les voitures ou récupérer ceux qui n'en avaient pas pour se rendre immédiatement au café. Peat pouvait entendre Fort accélérer le moteur de sa voiture de course.

- Y a une fenêtre, mais si je me lève, je sais pas si je vais pas alerter quelqu'un. déclara le gérant du café.
- "Essaye quand même."

Fort était plus qu'en colère. La peur le tiraillait autant que cette envie irrépressible de vouloir écraser cette famille d'ingrats. Peat l'avait prévenu au sujet de ces derniers ainsi que de la dette qu'il avait presque fini de régler, grâce à l'emploi qu'il avait auprès du CEO. Mais les rats flairent toujours très bien là où il y a de la nourriture alléchante.

Peat tentait d'être courageux, il le savait, mais ce n'était pas une situation pour un enfant qui avait dû, très vite et trop jeune, devoir endurer une situation lâche. Ce qui énerva encore plus Fort était la façon dont ils agissaient avec leur enfant, la façon dont ils le traitaient le mettait hors de lui.

- Ah c'est bon je sais où je suis ! s'exclama alors la voix basse de Peat.
- "Où ?" gronda Fort.
- Je suis pas très loin de mon appartement. expliqua Peat en lui donnant une direction qu'il avait déjà pris quelques fois pour des livraisons.
- "Je vois où c'est."
- C'est un hôtel assez vieux et désuet. Je sais pas comment ils ont fait pour me-.... Merde, elle arrive. Dépêche toi !

La communication ne se coupa pas, il pouvait entendre Peat se recoucher et la porte s'ouvrir en grand. La voix de la femme raisonna dans la pièce, mais repartie aussitôt. 

Il envoya un message aux autres pour les prévenir de faire deux équipes afin de coincer le père chez Peat et que Luka ainsi que Khan le rejoignent sur le chemin indiqué par le gérant. Il ne leur fallut que très peu de temps pour se mettre en place et trouver l'endroit.

- Comment ils ont fait pour le trimballer jusqu'ici ? s'étonna Luka.
- Phi m'a dit la même chose.
- Comment va-t-il ?
- Inquiet, mais il tient bon. Sa mère est encore avec lui.
- J'ai appelé mes gars, les équipes vont aller d'abord chez lui pour éviter que les autres ne soient blessés.
- Merci P'Luka, fit Fort en levant la tête. Phi, tu m'entends ?
- T'es au tel avec ?!

Mais Fort fit signe au fiancé de son ami de baisser d'un ton, hochant simplement la tête.

- Qu'est-ce qu'il dit ? demanda Khan.
- Phi, tu as un moyen de me dire où tu es exactement ? Oui, n'importe quoi pour nous dire à quel étage et quelle chambre tu es.

Soudain, Fort leva la tête et agrandit les yeux. 

Il l'avait trouvé, mais la lumière s'était subitement allumée et un cri aigüe venait de lui briser les oreilles. Ni une ni deux, il se précipita à l'intérieur de l'hôtel. Même si sa mère restait une femme et Peat un enfant bien éduqué, s'il était menacé, il n'hésiterait pas à se défendre. Mais est-ce que ça ne passerait pas pour de la violence gratuite et volontaire de sa part à lui ? Fort n'avait pas le temps d'y penser, il couru à travers le peu d'étages que comportait l'hôtel, passant à travers les cris du réceptionniste surpris. Le CEO se laissa guider par les cris qu'il entendit enfin à travers un couloir. Il fit bien attention de se concentrer sur la voix qu'il entendait afin de se repérer et frappa sourdement à la porte.

- J'ai été prévenu des cris, est-ce que tout va bien ?! fit-il pour tenter de détourner l'attention.
- Oui, oui ! répondit la femme. Tout va bien, j'ai juste eu peur à cause d'un film d'horreur !

C'était quoi cette excuse bidon ? 

Fort soupira face à tant de conneries et de manque d'imagination. Mais pas le temps, quand il entendit la voix de Peat, il se mit à donner des grands coups de pieds dans la porte qui ne fit pas long feu et céda sous sa force. La porte vola et il découvrit Peat qui se tenait le bras.

- Peat ! s'exclama-t-il furieux.
- Fort ! 
- Qui vous êtes ?! hurla la femme complètement hystérique.
- L'employeur de votre fils, gronda Fort.
- Ah c'est vous qui lui avait donné tout cet argent ?! C'est quoi ? Un contrat de prostitution ?! Voyez comment vous traitez vos employés !

La femme ne semblait pas du tout maîtriser son discours tant le ridicule était visible. Elle qui avait vendu son fils pour qu'il paye à sa place une dette colossale que les deux parents avaient contracté pour ensuite s'enfuir à l'autre bout du monde. Et aujourd'hui elle osait attaquer Fort sur la raison de son salaire ? Quelle absurdité ! Mais le CEO ne se laissa pas démonter pour autant. Il avança d'un pas décidé, grondant de colère, le regard noir abyssal et le visage contracté. Il serrait convulsivement les poings, se retenant de tout casser par excès de colère. La femme recula, effrayée, jusqu'à ce qu'il arrive à l'éloigner de Peat qu'il attira derrière lui.

- P'Luka et P'Khan sont dehors, ils attendent la police, l'informa-t-il.
- Quoi ?! hurla la femme. Tu es de mèche avec lui ?! Moi ta propre mère !
- Pardon mais refourguer à votre enfant une dette qui peut demander des siècles à régler et disparaître, pour se pointer ensuite, l'enlever parce qu'il a réussi à avoir de la thune afin de se défaire de cette merde, j'appelle pas ça être parent modèle, gronda Peat. 
- Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un enfant aussi ingrat que toi ?! hurla la femme.
- Cherche pas à te faire passer pour une victime, Ma'. C'est trop tard pour ça. Tout le monde sait déjà ce que je subis depuis que j'ai dix ans... rétorqua plus calmement Peat.

Folle de rage, la femme fonça sur Fort, couteau en avant. Elle eut tout juste le temps de s'en approcher que le CEO lui bloqua l'attaque pour la plaquer au sol, lui tordre le poignet lui faisant lâcher son arme dans des cris de douleurs exagérés.

- Police ! s'exclamèrent des hommes.
- Par ici ! s'écria Peat qui n'avait pas bougé.
- Boss ! entendit Peat.
- P'Khan !
- Ils sont là ! 
- P'Luka !
- Ah Nong ! Tout va bien ?
- Il faut s'occuper d'elle ! gronda Peat alors que Fort la maintenait encore au sol.
- On s'en occupe ! s'exclama un policier. Fouillez les lieux !
- Oui chef !

La patrouille se déploya dans la chambre d'hôtel, investissant le moindre recoin à la recherche d'indices ou de preuves incriminantes. Tandis que d'autres libérèrent Fort qui n'eut pas le temps de faire le moindre pas que Peat lui sauta dans les bras.

La pauvre tremblait, malgré tout le courage qu'il avait put montrer, il était à nouveau blessé et avait besoin de repos. Fort le souleva contre lui, tel un enfant et quitta les lieux, laissant la police se charger de l'enquête.

- Je l'emmène à l'hôpital, déclara Fort.
- Nous aurons besoin de-
- Je sais. 
- Fort, dit alors le jeune gérant. Je veux faire ma déposition d'abord et ensuite y aller.
- Mais tu es blessé, le contra-t-il.
- La déposition d'abord et je ferai ce que tu voudras ensuite. Hm ?

Fort soupira.

Accepta finalement la demande du jeune homme pour qu'on les accompagne au commissariat du district afin d'y faire une longue déposition. La blessure n'était que superficielle, mais le coup porté à sa tête lui donnait mal au crâne et il fut conseillé de le laisser partir pour se reposer. Le père ayant été arrêté au domicile du gérant, Fort décida de ramener Peat chez lui, se fichant éperdument de ce que dira la presse le lendemain matin.

Il aida Peat à grimper les marches du duplexe et à le déshabiller, non sans avoir une envie irrépressible de faire une bêtise quand il découvrit son corps. Peat avait des vertiges, mais il réussi à se doucher seul et à se changer avec des vêtements fournis par Fort. Mais au moment d'aller se coucher, le CEO l'intercepta pour le soulever et aller l'allonger dans son propre lit.

- Désolé, murmura Peat une fois installé sous les draps.
- Pourquoi tu t'excuses ?
- M'avoir engagé était une erreur, tu as vu ce que ça a créé ? 
- Sauf erreur de ma part, je ne me trompe jamais. C'était la meilleure transaction que j'ai pu faire dans ma carrière. Et j'ai un intérêt personnel dans tout ça. avoua Fort, penché au dessus de lui, un sourire remontant un coin de sa bouche.
- Un intérêt personnel ? s'étonna Peat. Lequel ?
- Celui-là.

Fort vint doucement capturer la bouche du gérant qui ne broncha pas, trop surpris pour faire quoi que ce soit. Fort caressa sa bouche du bout de la langue, quémandant l'accès que Peat lui donna dans un soupir non maîtrisé. Le CEO s'engouffra pour offrir à Peat un baiser des plus saisissant auquel il y participa de son plein gré.

***

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