Chapitre 2

- Bonne soirée tout le monde ! s'exclama un jeune homme en sortant d'un restaurant.
- Bonne soirée, rentre bien.
- Merci patron, faîtes attention ! À demain !
- Oui maman !

La porte d'un café se referma, laissant la salle vide, malgré l'éclairage encore allumé. L'ambiance semblait apaisante, mais elle était assez glauque pourtant, car seul dans une salle comme celle-ci dans une ruelle si sombre et mal éclairée la nuit, rien ne ressemblait à l'image paisible qu'on s'en faisait la journée. Pourtant les lieux étaient propres et attiraient beaucoup de monde chaque jour. Ça allait du petit curieux au couple mignon qui cherchait un endroit pour exposer leur amour sans se faire juger.

Dans ce café atypique, le gérant était apprécié par sa beauté, sa chaleur et son sourire qui attirait le monde comme le miel. Pourtant, il traçait toujours une sorte de ligne invisible entre lui et son travail : aucune relation ! C'était impossible pour lui de toute façon. Il n'avait pas le temps, il devait travailler pour payer les dettes laissées par sa famille qui avait eu vite fait de se barrer refaire leurs vies chacun de leur côté, loin de lui. Même s'ils se faisaient poursuivre, ils avaient tous désigné le jeune homme comme seul responsable de tout ce beau merdier, l'épuisant mentalement et physiquement.

Depuis trois ans, il devait se débattre avec le désir violent de tout plaquer pour renvoyer ces chiens qui venaient de la part de sa famille pour quémander de l'argent alors qu'il devait encore plus d'un million. Même si son business fonctionnait bien et qu'il travaillait en plus en tant que mannequin, il ne gagnait pas assez pour régler entièrement la facture assez salée. Ce n'était pas faute pourtant d'avoir cherché à prendre un autre job en plus, mais il n'aurait pas pu tout maintenir de front, c'était humainement pas possible et il le savait...

Ce soir-là, il avait encore le souvenir de cet homme en costard venu à son café. Il était vraiment très beau et s'il avait voulu il l'aurait sûrement accosté pour parler plus avec lui, mais l'atmosphère n'y était pas et puis il ne voulait pas avoir de problèmes. Il en avait déjà assez comme ça., hors de question d'en rajouter. Quand bien même ce problème-là... il en aurai bien fait son goûter.

Se reprenant, il rangea la salle, nettoya le sol et les tables, lança une machine, fit les comptes de la journée et autre paperasse importante, avant de prendre une part de quiche qu'il s'était gardée afin de dîner avant de partir à son travail du soir.

Quand il sortit enfin du café, après avoir mis l'alarme et éteint toute les lumières, il ferma à clé la porte et descendit les volets de fer.

Il partit en direction du studio où il avait un shooting pour une marque aussi bancale que le nom l'était. Mais il n'avait pas le choix, il avait des factures à payer et il aimait bien le mannequinat. Pourtant, alors qu'il approchait de la rue où se trouvait l'entrée du studio, il entendit siffler non loin de lui. Son cœur se mit à battre lourdement dans sa poitrine. Son souffle se bloqua, il n'était pas à l'aise. Il n'avait pas un physique d'un ours bodybuildé ni celui d'un androgyne, pourtant, et c'était souvent, il se faisait siffler à chaque fois qu'il sortait. Ça en devenait même lassant, mais que pouvait-il y faire ? Se battre ? Même si il apprenait, il n'aurait pas la force contre autant de monde, car ce qu'il voyait approcher n'était pas juste deux ou trois lycéens mais des hommes bien plus développés. Il voyait la porte du studio, si il fonçait, il se ferait coincer, mais si il marchait sans les voir, il se ferait attraper... Peu importe la décision qu'il pourrait prendre, le résultat restait le même : il allait se faire attraper. Faire demi-tour ? Il ne pouvait pas se le permettre, ce soir la paie était double car la marque ne trouvait pas assez de monde pour poser dans ses string masculins. C'était certes dégradant mais il n'y allait que pour la paie et décliner au dernier moment ne se faisait pas. Il décida quand même de marcher droit devant lui pour atteindre la porte sans les regarder. Qui sait, ça pouvait peut-être marcher... 

Autant croire au Père Noël, on avait plus de chance de le croiser...

- Eh salut mon joli, entendit-il sur sa droite. Tu vas où comme ça ?
- Il va aller se faire photographier le boule, mate moi ça ! s'exclama un autre qui lui claqua le fessier si fort que le pauvre jeune homme ressentit une douleur aigue lui remonter le long de sa colonne vertébrale.
À choisir, il préférait son vibro que cette main qui venait de lui déplacer un truc !

- Laissez moi passer, déclara alors le jeune homme qui venait de se faire barrer la route par deux dégénérés au regard lubrique.
- Mais c'est que t'as une jolie voix, fais nous écouter encore. sourit un des hommes en approchant sa main de sa gorge.
- Me touchez pas ! s'exclama-t-il en reculant d'un bond.

Mais il se heurta à un autre qui lui attrapa les bras. Le jeune homme eut un haut de coeur quand il sentit le nez de ce dernier lui glisser le long de la nuque, reniflant son parfum jusqu'à son oreille. Il avait envie de vomir. Il chercha à se débattre pour se défaire de son emprise, mais quand son sexe se plaqua contre le bas de son dos, le pauvre sentit l'humiliation encore plus grande lui retourner l'estomac.

- Allez bébé, tu sais comme on fait pour réveiller le lait, pas vrai ? murmura l'homme derrière lui, contre le creux de son oreille.

Le gérant du petit café frissonna de dégoût. Il ne voulait pas, fallait-il vraiment qu'il subisse ce genre de chose juste devant son travail et que personne ne vienne le sauver ? Il devait se défendre. Il donna un coup de tête dans le nez de celui qui le tenait.

- Ah la pute ! hurla-t-il en se tenant le nez qui était cassé. Attrapez le !

Il devait esquiver et partir, mais les molosses enragés l'attrapèrent rapidement pour le mettre à genoux et lui claquèrent le visage au point qu'il sentit du sang couler de son arcade et de sa lèvre.

Merde ! Son gagne pain était ruiné à cause de ces bouffons en rut !

Il devait réussir à s'enfuir, mais l'un d'eux défis sa braguette et colla son engin sur sa figure. Ça puait si fort qu'il faillit lui vomir dessus.

Depuis quand ne s'était-il pas lavé ?

- Voyons les gars, faut être poli avec la femelle, pouffa un autre qui commençait à se toucher à travers son pantalon.
- Ouais ouais... Abracadabra, on baise ? Allez avale moi ça !

Mais alors qu'il allait le forcer à ouvrir la bouche, il entendit un corps tomber à terre.

- He ! T'es malade ou quoi ?!
- C'est à moi que tu dis ça enfoiré ? gronda une voix que reconnu le jeune homme.

Les larmes commencèrent à couler sur ses joues abimées.

- C'est pas tes affaires, lança un autre, laisse nous baiser cette salope en paix et trace ta route.
- Alors c'est gentil, mais non. Cette petite chose est à moi. Je suis son employeur.

Depuis quand ?

Comprenant là que c'était un mensonge pour le sauver, le jeune homme mordit la main de celui qui lui avait collé son horreur sur le visage et alla rejoindre l'homme en costard qui semblait assez furieux, les biceps gonflés dans sa veste de luxe. Il était encore plus séduisant et le jeune homme ne put retenir son corps de réagir.

L'homme l'attrapa avant qu'un des assaillants ne le fasse, pour le mettre en sécurité derrière lui.

- Si vous voulez finir en prison ou pire, je vous conseillerai de ne pas continuer dans cette entreprise et de vous tirer vite avant que je ne fasse quelque chose d'impardonnable.

Mais bien sûr, qui prenait les paroles d'un homme d'affaires au sérieux ? Personne et encore moins ces gens qui se disaient rebelles de la société qui n'étaient autre que des criminels. Bite à l'air, l'un chargea et fini avec un genou dedans, le couchant directement au sol, hurlant de douleur sous la force du coup. Un autre reçu un uppercut dans le menton et sentit sa mâchoire craquer dangereusement. Un autre prit le pieds chaussé d'une paire italienne à bout pointu, dans la gorge, lui coupant la respiration. Les deux autres finirent également à terre, et l'homme d'affaire appela la police.

- Passez par-là et aller chercher la sécurité. ordonna l'homme à la victime qui hocha la tête pour se précipiter vers le bâtiment du studio. 

Quelques instants plus tard la sécurité sortie affolée pour découvrir la scène.

- Mo-Monsieur Sangngey ?! s'écria l'homme en uniforme, découvrant celui qui se tenait au beau milieu du groupe gémissant de douleurs.
- Bonsoir, pouvez-vous prévenir vos collègues ? Ce jeune homme a besoin de soins.
- Tout de suite Monsieur Sangngey ! 

Dans son talkie, l'homme de sécurité appela l'intérieur du studio pour faire son rapport sur la situation et très vite une foule encercla les lieux pour tenter de savoir ce qu'il c'était passé. La police ne tarda pas et embarqua le groupe. L'homme en costard donna sa version des faits mais demanda à ce que la victime soit d'abord soigné avant de répondre à la moindre questions. L'inspecteur accepta et décida d'embarquer avec eux dans l'ambulance pour poser ses questions au gérant sous le choc.

Que c'était-il réellement passé ? Le pauvre gérant de café ne le savait pas non plus, mais ce qu'il savait c'était qu'il avait terriblement besoin de vomir et de se laver le visage pour faire partir cette odeur nauséabonde qui lui collait au nez.

Après une heure à l'hôpital, à se faire soigner et à répondre aux questions des inspecteurs, il fut autorisé à rentrer chez lui, mais il voulait retourner au studio pour faire son chiffre du soir. Pourtant, cet homme refusa de l'y conduire.

- Mais !
- Rentrez chez vous pour ce soir, reposez vous. Je vais parler à votre patron pour lui expliquer la situation. déclara l'homme en costard, derrière le volant de sa belle voiture de course.

Il avait décidé de le raccompagner chez lui, sans que le gérant ne soit d'accord ni ne puisse dire quoi que ce soit. Encore trop secoué par ce qu'il venait de ce passer.

- Venez dans trois jours, dit-il en le déposant devant l'immeuble que lui avait indiqué le gérant. D'ici là, reposez-vous.
- Mais je dois ouvrir le café !
- Dans votre état ?
- Je n'ai pas le choix.
- Prévenez vos employés et revenez dans trois jours au studio.

Après lui avoir souhaité une bonne nuit, la voiture partie en trombes sans que l'occupant ne le laisse protester.

Qu'allait-il se passer dans trois jours ? Et pourquoi dans trois jours ? Qu'avait prévu cet homme ?

"Monsieur Sangngey" avait dit l'homme de la sécurité ?

Il allait devoir se renseigner sur celui-ci après avoir prévenu ses deux employés.
Mais quand il sortie de sa douche, une bonne heure plus tard, il était beaucoup trop fatigué et s'endormit avant même d'avoir put ouvrir son ordinateur. Demain...

Demain il allait s'en occuper et se renseigner sur ce qu'il pouvait. Oui, il allait faire ça, demain...

***

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