vingt huit
C'était samedi, il ne pleuvait plus et un semblant de rayon de soleil crépusculaire perçait les stores qui habillaient les vitres du petit appartement. C'était étroit, précaire même ; cependant, le peu de mobilier qui ornait le pauvre deux-pièces rendait le tout au moins un minimum chaleureux.
Des vêtements trainaient ça et là, donnant à l'habitation une once de vie mais l'endroit était vide de mouvement, comme en suspend en attendant la venue de l'heureux locataire. Locataire qui arriva justement, les semelles de ses chaussures vernies tapant contre le linoléum du couloir principal situé au troisième étage.
Un immense sourire aux lèvres, le jeune homme ouvrit la porte à la volée avant de rapidement la fermer derrière lui. Lentement, un doux soupir s'échappa de sa gorge irritée tandis qu'il s'adossait au battant de bois blanc.
Donghyuck était heureux et son coeur battait la chamade.
Il avait quitté Mark il n'y avait de cela que quelques minutes ; juste le temps du trajet de bus et d'atteindre l'immeuble dans lequel il résidait. Cependant, sans vouloir paraître idiot, ça lui semblait déjà long. Le noiraud lui manquait affreusement.
Ils avaient passé la fin d'après midi côte à côte, avaient ri, chanté et mangé au coeur d'une brasserie un peu perdue au gré des ruelles entourant le centre ville animé. Le temps avait été clément, la voûte céleste toujours couverte mais trouée de bleu. Si bien qu'au cours du rendez vous, le soleil avait joué à cache cache ; embrassant tantôt les joues de l'un, tantôt la nuque de l'autre.
C'était plus que probablement niais de dire que ces quelques heures écoulées avaient été parfaites ; mais c'était bel et bien ce que Donghyuck pensait. Jamais le fleuriste n'avait-il fantasmé un premier rendez vous capable de le rendre aussi brûlant. Il avait chaud, sa peau tremblait et ses joues souffraient tant le jeune homme avait souri du début à la fin.
Mark avait cet effet sur lui ; il le rendait tout simplement étincelant de joie.
Si tout cela ne tenait qu'au plus jeune, ils auraient joué jusqu'aux petites heures du matin. Mark avait ri en entendant cela, secouant la tête de gauche à droite tout en mourant d'envie de manger les lèvres de son rencard. Il avait su se tenir, s'était mordu la lippe inférieure et avait murmuré milles et un mots qui avaient fait frissonner le plus jeune.
Ils en passeraient d'autres des instants pareils, autant qu'ils le pourraient. Alors, ils avaient bien le temps de se préserver, de savourer les premières piqûres qu'infligeait ce sentiment si particulier qu'était l'amour.
Les deux jeunes hommes en avaient fait des choses ; courant dans les rues tout en riant aux éclats, s'accrochant à l'autre comme si leur vie en dépendait, posant des questions sensées les rapprocher encore un petit peu plus. Tout avait été tranquille, posé et rien n'aurait pu être mieux.
Se déchaussant lentement, Donghyuck réfléchit à toutes les choses qu'ils s'étaient dites ; passant des anecdotes cocasses un tantinet inutiles aux conversations musicales qui les avaient fortement rapprochés. Le commerçant cherchait à trouver l'instant qu'il avait préféré mais c'était beaucoup plus difficile qu'il ne l'espérait ; tant de choses l'avaient fait sourire au fil des heures.
Il avait aimé manger une glace en se promenant le long du canal tout autant qu'il avait adoré ce court instant durant lequel Mark s'était emballé au sujet des astres. C'était que le noiraud était passionné d'astronomie, il aurait pu en parler pendant des heures et la façon dont son visage s'illuminait au cours de ces moments donnait les joues rouges au cadet.
Ce dernier n'avait d'ailleurs pas pu s'empêcher de marmonner que : oui, les étoiles étaient bien belles ; cependant, celles logées au creux des yeux du plus vieux l'étaient encore plus. Mark avait donc rougi et le fleuriste aussi.
Donghyuck évolua au coeur de son salon salle à manger chambre à coucher avant de s'avachir sur son canapé lit. Au fond, si il y réfléchissait bien, ce qu'il avait préféré avait eu lieu à la toute fin du rendez vous. Quand Mark l'avait accompagné jusqu'à son arrêt de bus, leurs mains s'étaient tendrement liées ; leurs doigts s'entrelaçant délicatement tandis que leurs poignets se balançaient au rythme de leurs pas.
L'air rêveur, le fleuriste soupira.
Il voulait remercier son aîné, là tout de suite ; lui dire qu'il avait passé un agréable moment en sa compagnie et qu'il mourrait d'envie de remettre ça le plus rapidement possible
C'était à ce moment là qu'il se rappela qu'ils avaient enfin fini par s'échanger leurs numéros de téléphone ; le brunet se saisit donc de son cellulaire. Avec délicatesse, ses pouces dansèrent par dessus le clavier rétro-éclairé puisqu'il ne savait trop quoi écrire. Donghyuck encoda une douzaine de messages différents, les tournant et retournant selon tous les modes syntaxiques auxquels il pouvait penser.
Finalement il souffla lourdement, se décidant sur des mots simples mais pourtant tellement lui.
« Merci pour aujourd'hui. J'ai hâte de te revoir. »
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