vingt deux

Il pleuvait encore quand il ferma la porte derrière lui.

Le jeune homme se déchaussa, un long soupir s'échappant d'entre ses lèvres entrouvertes tandis qu'il laissait ses basses converses noires reposer non loin de nombreuses autres paires de pompes. Il passa ses doigts contre son crâne, envoyant ses cheveux humides valser vers l'arrière tout en découvrant son front lisse de quelconques rides mais criblé de perles de pluie.

Mark était confus ; heureux mais tout de même légèrement perdu. Taeyong n'avait rien dit au long du trajet du retour, bien qu'il n'était pas bigleux et avait parfaitement vu ce qu'il s'était tramé sur la banquette arrière un peu plus tôt. L'argenté aurait pu taquiner son cadet, se moquer de lui même ; mais il avait mieux à faire et voir cette moue illisible se reposer contre les traits du visage du noiraud l'embêtait déjà assez.

L'esprit entremêlé de questions sans réponses, le plus jeune évolua au gré du corridor. Ses pieds le menèrent jusqu'au salon dans lequel se trouvaient toujours ses deux autres colocataires. Ces derniers, à l'entente des pas légers de leur aîné, levèrent la tête de leurs téléphone et encyclopédie scientifique respectifs.

Renjun battit des paupières avant d'offrir un fin sourire au nouveau venu qui ne savait déjà plus où se mettre. Jeno, quant à lui, ne put s'empêcher d'immédiatement faire une remarque.

« Alors joli coeur, comment ça s'est passé ? » s'enquit-il.

Le principal intéressé grogna tout en s'empressant de rejoindre la cuisine. Il ouvrit une armoire puis l'autre, à la recherche de ces paquets de ramens instantanés qu'il avait achetés avec son propre argent. Il se saisit ensuite d'une casserole et entama la simple préparation.

Jeno n'en démordait pas.

« Tu comptais nous en parler quand ? » questionna-t-il.

Mark faillit se brûler le bout des doigts contre la taque de cuisson.

« Je n'en parle pas parce que j'ai rien à dire. » siffla-t-il en retour.

Il entendit presque la façon dont son si joli colocataire leva les yeux vers le plafond blanc, bercé par les gloussements juvéniles d'un Renjun aux cheveux ondulés qui était bien trop amusé à son goût.

« Tu le ramènes à l'appart avant même de nous dire qu'il existe.
- Qu'est ce que tu voulais que je te raconte ?
- Je sais pas moi. Un truc du genre : j'ai un crush aidez moi.
- Mais j'ai pas besoin de votre aide justement.
- Quoi, tu sors déjà avec ? »

Le noiraud soupira lourdement en regardant les bulles remonter à la surface de l'eau presque à deux doigts de se mettre à bouillir.

« Non. » souffla-t-il, dépité.

Jeno tira ses lèvres mordues en une ligne droite avant d'adresser un regard à Renjun. Ce dernier haussa doucement les épaules et baissa les yeux vers les pages noircies d'annotations de son ouvrage.

« Tu l'aimes ? » demanda subitement Jeno.

Le noiraud manqua de s'étouffer avant de rapidement secouer la tête même si ses amis, de là où ils se trouvaient, ne pouvaient pas le voir. Il sentit le rouge lui monter au joue, ses oreilles brûler et son pouls s'accélérer considérablement.

« Aimer est un grand mot.
- Il te plait alors ?
- Beaucoup. »

Mark plongea les nouilles sèches dans l'eau bouillante avant d'également y tremper le mélange d'épices rouges qui lui chatouillait le nez. Jeno, dans l'autre pièce, souriait finement.

« Tu le vois souvent ?
- Tous les jours.
- Il s'appelle comment ?
- Donghyuck.
- Il étudie quoi ?
- C'est un fleuriste.
- Il a quel âge ?
- Tu poses beaucoup trop de questions. » s'écria Mark, toujours aussi rouge.

Jeno rigolait doucement dans l'autre pièce et l'autre faisait danser ses ramens dans la soupe épicée à l'aide de baguettes en métal gris. Mark voulait se changer les idées, penser à autre chose au lieu de se triturer l'esprit encore et encore. Il n'avait de cesse de se poser interrogation sur interrogation, compliquant des choses qui étaient pourtant simples comme bonjour.

« Tu comptes faire quelque chose à son sujet ? continua le cadet.
- C'est à dire ?
- Essayer de sortir avec. »

Le plus vieux fronça délicatement les sourcils et cessa de remuer sa nourriture presque prête ; puis, il relâcha un souffle qu'il avait retenu sans s'en être rendu compte. La vapeur d'eau émanant de la casserole lui chatouilla la figure, dessinant quelques billes de sueur au niveau de ses tempes avant qu'il ne reprenne ses esprits.

« Je sais pas. J'ai peur qu'il n'en ait pas autant envie que moi. »

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