treize

C'était un jeudi et tout était gris.

Plus d'éclaircies, aucun morceau de ciel bleu et encore moins de douce chaleur. L'étendue de paysage se retrouvait dominée par une brume moyennement épaisse ; on pouvait y voir au travers mais mieux valait ralentir le rythme de notre course et faire attention à ce qui nous entourait.

La journée s'écoulait à une allure si lente que Donghyuck cru qu'il allait mourir là, derrière le comptoir de bois, entouré des nouveaux arrivages d'orchidées blanches. Elles étaient belles, majestueuses même et leur parfum discret se répandait au gré d'un court rayon. Le fleuriste adorait ces fleurs ; elles étaient même ses favorites aux cotés des tulipes.

Habituellement, avoir l'opportunité d'entreposer des orchidées aux quatre coins de sa boutique lui donnait le sourire ; mais aujourd'hui, pas même un fin rictus apaisé ne jouait sur ses lippes couvertes de baume. Le brun était maussade, blasé même ; il ne parvenait plus à trouver une seule once de joie à son travail.

Certes, il adorait toujours vivre entouré de fleurs aux milles et unes couleurs, discuter avec les multiples clients qui passaient les portes de l'établissement et confectionner les bouquets qui pourraient peut être éclairer leur triste journée anthracite. Mais depuis que ce fameux noiraud ne venait plus, Donghyuck se sentait un peu seul ; il lui manquait cette petite touche de rouge, cette petite étincelle de bonheur et ces timides gloussements qu'il aimait tant.

Le fleuriste n'avait même pas eu la chance de lier une amitié, il se sentait stupide. Il aurait dû protéger ce semblant de relation qui les unissait. Il aurait dû lui demander son numéro et lui proposer qu'ils fassent plus ample connaissance ; mais le voilà, les bras ballants à regretter chacun de ses moindres faits et gestes.

Léthargique, Donghyuck s'occupait comme il le pouvait. Il écoutait la pluie qui se faisait plus lourde alors que le soir tombait. Sachant parfaitement que plus personne ne viendrait, il entreprit le peu de rangement qu'il se devait de faire avant la fermeture de la jolie boutique. Le jeune homme ramassa les quelques pétales traînant sur le parquet légèrement poussiéreux, passa un coup de balais parce que le bruit de l'aspirateur lui aurait donné mal au crâne et compta l'argent que contenait la caisse enregistreuse.

Mordillant tendrement sa langue, le fleuriste transpirait la concentration, tant qu'il n'entendait presque plus la lourde pluie qui s'abattait sur la ville éclairée. Il notait les comptes dans un calepin usé par le temps, vérifiait toutes les données précédentes et encodait le tout dans l'ordinateur entreposé sur le comptoir.

Subitement, la clochette retentit et Donghyuck sursauta. Ses paupières clignèrent rapidement, ses épaules se haussèrent brusquement et ses canines se plantèrent au coeur la chair de sa langue.

Qui pouvait bien s'aventurer à l'extérieur par un temps pareil ?

Le fleuriste posa ses pupilles dilatée sur la silhouette trempée qui venait tout juste de pénétrer son commerce. Désemparé, il laissa les quelques pièces dorées qu'il tenait dans sa paume gauche s'entrechoquer avant de tomber sur le comptoir et il accouru dans la direction de l'autre.

N'osant nullement le toucher et les lèvres tremblantes alors qu'il essayait de trouver quoi dire, Donghyuck inspecta l'apparence de son client. Il fit glisser ses orbes le long de ses cheveux retombant en mèches aussi humides qu'ondulées par dessus son front lisse, il observa les perles d'eau qui parsemaient sa peau de pêche et les quelques vaisseaux éclatés se dessinant dans le blanc de ses yeux.

Le brun prit une grande inspiration, prêt à prendre la parole ; mais on le coupa dans son élan.

« J'ai pas de copine. » s'enquit Mark.

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