Flourishing Paradise

Le jeune homme avait été très réticent à l'idée de sortir de son lit douillet de si bon matin. Si cela n'avait tenu qu'à lui, il se serait bien rendormi pour quelques heures et serait sorti uniquement pour ramasser ses choux-fleurs. Mais le bruit extérieur l'en avait empêché. Mettant de côté les vieux souvenirs encore douloureux, il avait enfilé sa cape bleu roi, avait passé une main dans ses cheveux platines voulant aplatir les mèches rebelles, ce qui n'eut pas l'effet escompté. Il avait le teint trop pâle à son goût, il n'aimait pas du tout, il se trouvait de moins en moins charmant au fil des jours ; mais après tout, personne ne lui accorderait le moindre regard, plus personne ne le faisait désormais.

Himéros avait eu son heure de gloire, tout autant que son frère Éros, mais l'un était déchu et l'autre adulé. Le dieu de l'Amour et le dieu du Désir était autrefois inséparables. Il était impossible des les voir l'un sans l'autre, comme deux aimants, ils se complétaient en même temps qu'ils s'opposaient, leur lien était extrêmement puissant. Ils participaient avec joie aux célébrations auxquelles on les conviait, des autels jumeaux leur étaient dédiés. Jamais les deux frères ne s'ennuyaient, ils étaient constamment sollicités par les mortels, et même les immortels, pour leur accorder une bénédiction, ou donner un petit coup de pouce à leur destin. Antéros était aussi souvent avec eux. Le dieu de l'Amour réciproque était leur compagnon de jeu. Il n'y avait aucune tache au tableau, aucun défaut dans la vie d'Himéros.

Et voilà qu'un beau jour, un groupe d'hommes, dont personne ne connaissait les noms, vint mettre son grain de sable. Ils clamèrent la nocivité du désir, que c'était un sentiment toxique, un vice de l'Homme. Si dans les premiers jours Himéros ne leur prêta aucune attention, les choses changèrent rapidement. Il se rendit compte de leur impact le jour où il manqua sa cible avec son arc. Cela n'était jamais arrivé, ni à lui ni à ses frères, son pouvoir commençait déjà à faiblir. Et la situation ne fit que s'aggraver. Les Hommes devinrent de plus en plus convaincus par les discours manichéens de ce groupe émergent, croyant de moins en moins au don du dieu, rejetant sa nature même. Le désir était devenu mauvais, repoussant, il ne fallait pas le cultiver, ni l'admettre, ni le reconnaître, seulement le nier. La divinité vit ses attributs disparaître un à un : d'abord son arc se transforma en une simple décoration, puis il perdit ses ailes, et enfin il fut banni de l'Olympe, de la maison de ses frères. Il se retrouva sur Terre, parmi les mortels qui l'évitaient comme la peste pour ne pas être associés à un tel vice et être pointés du doigt par leurs compères. Himéros n'avait finalement plus aucune raison d'exister, alors il cessa tout simplement d'exister. Son symbole tomba dans l'oubli au fil des mois ; plus personne ne le reconnaissait à présent, plus personne ne se souvenait de son nom. En détournant leurs croyances, les mortels lui avaient fait perdre sa raison d'être. Le garçon joyeux, joueur, et surtout passionné, qu'il était s'était peu à peu effacé pour laisser place à Jeongin, son identité de mortel. Même ses frères avaient rompu le contact, il n'y avait plus qu'Antéros qui lui rendait visite de temps à autre, pour s'assurer qu'il était toujours en vie.

Mais en ce jour, sa curiosité l'avait poussé à se mêler à la foule. Le fait de ne plus risquer les regards noirs, ou ceux fuyants, l'avait aussi encouragé. Son vieux compagnon lui avait fait comprendre lors de son dernier passage qu'il était temps de tourner la page, de faire de sa nouvelle vie quelque chose de réjouissant plutôt que désolant. « Il faut voir le verre à moitié plein, avait-il dit. Pense à toutes les nouvelles découvertes que tu pourras faire, adieu la routine du ciel ! » Cela ne l'avait pas particulièrement aidé à aller mieux, mais il faisait au moins l'effort d'essayer. Le jour des célébrations n'était probablement pas le meilleur choix, cela remuait les souvenirs de sa participation en tant que dieu, mais l'ambiance festive parviendrait peut-être à le transporter suffisamment pour les mettre aux oubliettes.

Il se mit à la même allure que le reste du cortège. Il tournait la tête dans tous les sens, ses yeux parcourant absolument tout ce qui l'entourait ; finalement, le sentiment d'être entouré lui avait manqué ; les couleurs chatoyantes des fanions pendant aux fenêtres, les rires, les rayons du soleil se reflétant sur les bracelets des femmes, l'odeur des daphnés et des jasmins. Tout lui avait manqué. Il voyait le verre à moitié plein, il pouvait passer autant de temps qu'il le souhaitait à vaquer à ses occupations sans être interrompu par la moindre requête.

Des rires cristallins résonnèrent très fort, trop fort, jusqu'à ses oreilles. Les bruits étaient si aigus que c'en devenait presque désagréable. Jeongin ne chercha pas longtemps pour en trouver la source. Plus d'une dizaine de femmes étaient attroupées près de la fontaine de la grande place. Sans trop s'en approcher, il tendit le cou pour apercevoir l'objet de toute leur frivolité. Il s'attendait à tomber sur l'un de ses anciens semblables - il n'y avait vraiment que les dieux pour créer de tels engouements - et puisqu'il n'y avait que des femmes, il aurait pu mettre sa main à couper qu'il s'agissait d'Arès, ou Hermès, voire peut-être Apollon. Mais le visage de l'homme objet de toutes les attentions ne lui paraissait pas familier, s'il s'agissait bien d'un dieu, il ne l'avait jamais connu sous cette forme. Qu'importe son identité, le garçon assit sur le rebord de la fontaine était divinement beau. Jeongin avait, sans s'en rendre compte, fait quelque pas dans sa direction. Ce qui le frappa d'abord était sa chevelure, aussi longue que la sienne, brune, ornée de perles pour l'occasion. Ses mèches étaient retenues vers l'arrière par une simple couronne de feuilles d'été, parsemée de fleurs pourpres ça et là qui soulignaient son teint halé. La manière dont ses lèvres épousaient le bord de la coupe de vin qu'il tenait nonchalamment hypnotisait ses admirateurs. Le jeune blond comprenait mieux la situation, toutes les femmes autour se mettaient presque à la file indienne pour lui adresser quelques mots dans l'espoir qu'il lève les yeux vers elles et en tombe follement amoureux. Pourtant, leurs tentatives semblaient, de toute évidence, vaines. Au premier abord, Jeongin s'était dit que ce charmant garçon connaissait bien du monde, mais il s'aperçut rapidement qu'il ouvrait à peine la bouche ; on l'assaillait de paroles, mais il se contentait de sourire. La joie feint sur son doux visage paraissait soudainement très fausse. La manière dont il levait subtilement les yeux au ciel, dont son nez se retroussait, laissait transparaître son ennui. Peut-être le devinait-il plus facilement grâce aux soupçons de magie qu'il lui restait, ou alors parce qu'il n'était pas aussi obnubilé que les autres. Mais il reconnaissait sans hésitation que ce mystérieux garçon était ensorcelant. Il dégageait quelque chose de très particulier, un petit truc qui faisait son ventre se tordre, et le faisait frissonner. Il fut forcer de détaché son regard de sa silhouette pour suivre le mouvement de la foule qui ne s'attardait pas sur cette place ; les évènements avaient lieu plus loin, en haut de la colline.

Pendant toute leur ascension, ses pensées étaient rivées sur le mystérieux garçon ; pendant toute la cérémonie, il ne pouvait pas se le sortir de la tête. Et même une fois de retour chez lui, il avait revoyait en boucle les images de ses cheveux balayés par le vent, de son regard parcourant ses prétendantes avec une pointe d'amusement. « Il est parfait, » se souffla-t-il à lui-même, et il pesait ses mots.

Perdu dans ses rêveries, il n'entendit pas son ami s'inviter dans sa demeure. Il le surprit tant qu'il en fit tomber le livre posé en équilibre sur son torse.

- Dis-moi que je donne les meilleurs conseils, s'amusa le nouveau venu.

- Certainement ?

- N'ai-je pas eu raison de faire sortir le vieil ours de son antre ? Et je parle bien évidemment de toi.

- Il est vrai que les fêtes m'avaient manqué, cela m'a remonté le moral. Je te dois des remerciements.

- Je t'ai aussi vu lorgné sur cette belle créature mon cher... N'est-ce pas plutôt cette agréable vu qui t'a changé les idées ?

- Y a fortement contribué, le corrigea Jeongin.

Ils se sourirent et explosèrent de rire en chœur. Après maintes et maintes tentatives, Antéros n'était pas peu fier de son succès. Jeongin commençait à ranger le passé dans une boîte précieusement gardée au fond d'un tiroir, et à apprécier les nouvelles choses qui s'offraient désormais à lui sous un nouvel angle. La discussion tourna principalement autour du garçon, un visage sur lequel le blondinet pouvait mettre un nom grâce aux informations de son compagnon. Hyunjin. Un prénom ravissant pour une personne ravissante ; encore une chose qui le rendait désirable.

Plus les jours passaient, plus son envie de revoir Hyunjin le dévorait. Il avait besoin d'être plus près, de pouvoir effleurer sa peau, voire y goûter. Jamais Jeongin n'avait ressenti un tel désir. Un désir qui lui appartenait entièrement, qui était purement et simplement le sien. Il avait été habitué à attiser celui des autres, à le partager mais d'une manière toujours très détachée et extérieure. Le peu de son expérience de son propre plaisir, lui semblait n'avoir exploré que la surface du sentiment. Mais il n'avait pas honte de son désir comme tous les autres, c'était dans sa nature, et c'était même un sentiment agréable. Cependant, les images qui tournaient nuit et jour dans sa tête le pressaient ; il ne pouvait plus garder ça pour lui au risque de connaître une grande frustration. Il allait retrouver l'objet de ses désirs ; le connaître devenait un besoin nécessaire.

Ses sorties en ville devinrent de plus en plus régulières, toujours dans l'espoir de revoir ce bel homme. Mais il semblait que celui-ci se faisait particulièrement désirer. Des semaines durant il ne montra pas le moindre signe de vie, et Jeongin n'avait aucune indication sur le lieu où il aurait pu le trouver. Alors il déambulait, sans but précis, il reprenait des couleurs, était témoin du changement de saison. L'été avait à peine commencé, les températures grimpaient, et le parfum des fleurs envahissait les rues. Mais plus les jours passaient, plus il était impatient, plus ses envies grandissait. Le grand brun hantait ses pensées, et son cœur bondissait dès qu'il pensait l'apercevoir.

Puis, un beau jour, le miracle sa passa. Près des étals du grand marché, alors qu'il était en pleine réflexion sur le nombre de pommes qu'il devrait acheter, un doux effluve parvint jusqu'à ses narines. C'était son mélange préféré, un peu de rose, de magnolia et de noix de coco. Un parfum sucré et chaleureux. Il sentit le tissu d'une cape frôler son mollet. Hyunjin venait de passer près de lui, très près, et il abandonna toute idée d'acheter des pommes pour le rattraper. Enfin, son vœu se réalisait.

Il était étonnamment seul cette fois-ci ; pas de troupeau de fans dans les parages. Jeongin redressa les épaules, il mit dans les conditions idéales. Fut un temps, il avait une confiance en lui quasi inébranlable ; les membres de sa famille en général étaient particulièrement séduisants, et il n'était pas une exception. Sans aucun orgueil de sa part, ses frères et lui étaient bien souvent courtisés. Mais une grande partie de cette capacité avait disparu à son isolement. Selon les dires d'Antéros, elle n'avait pas disparue, mais s'était simplement mise en retrait. Le jeune dieu n'avait rien perdu de son charme naturel ; en toute objectivité, il le trouvait toujours aussi séduisant. Alors le blondinet s'était laissé convaincre, il pouvait encore plaire, même si la beauté face à lui l'intimidait beaucoup. Il s'arrêta à ses côtés, regardant dans la même direction que lui, reproduisant les mêmes gestes, il l'évaluait en même temps. L'autre tourna son visage vers lui à plusieurs reprises, il avait réussi à capter son regard. Jamais Jeongin n'avait ressenti autant d'appréhension à adresser la parole à quelqu'un, il perdait tous ses moyens. Ce qui le décida pour de bon fut la main décorée de chaînes effleurant la sienne, puis à son tour il posa une main sur sa hanche, faisant mine de se décaler. Le grand brun ne réagit presque pas, si ce n'est qu'un petit sourire fendit son visage. De par sa nature, le dieu du désir fut frappé de plein fouet par l'atmosphère changeant radicalement en un centième de seconde. Plus aucun mouvement n'était anodin ; ils se désiraient l'un l'autre, et cela crevait les yeux. Il ouvrit la bouche mais fut coupé dans son élan.

- Jeongin, c'est bien ça ?

- Parfaitement, Hyunjin.

Il y eut une étincelle dans son regard qui lui indiqua que la manière dont il prononçait son prénom lui plaisait.

Un doux rire lui échappa. Cet homme si magnifique qu'il en était presque enchanteur, l'inaccessible Hyunjin qui faisait tomber les cœurs mais ne les ramassait jamais, se retrouvait à son tour ensorcelé par ce parfait inconnu. Il n'avait entendu de lui que quelques rumeurs, il était l'homme mystérieux qui s'était tapi dans l'ombre de sa maison pendant des mois, mais qui, dès qu'il en était sortir, avait fait tourner les regards sans réellement s'en rendre compte. On lui avait soufflé son nom au détour d'une conversation, mais lui n'avait aucun souvenir de son visage. Ce qui était pourtant curieux, car c'était le genre de visage qu'on ne voulait pas oublier.

Ils parcoururent les grandes allées ensemble, se frôlant dans des gestes plus ou moins insistants, sans pour autant discuter. Ils n'en ressentaient pas le besoin, ce qui devait être dit allait au-delà des mots. Le désir croissant en eux leur fit presser le pas pour s'échapper des grandes avenues noires de monde.

- Les jardins sont particulièrement agréables à cette heure-ci pour une petite balade. L'endroit est calme et apaisant.

Il n'en faut pas plus au dieu pour saisir sa main et l'entraîner sur le chemin pavé qui y menait. Il connaissait les jardins comme sa poche, il y avait passé énormément de temps avec ses frères, il y avait des années de cela. C'était ici-même qu'ils avaient mis à profit leurs capacités pour la première fois, décoché leurs premières flèches. Les muses d'Apollon s'y trouvaient souvent, et leurs arts ravissaient les jeunes frères qui se prélassaient au soleil au milieu des fleurs. Peut-être l'amour de Jeongin pour les odeurs fleuries lui venait de là, de ces souvenirs qui lui avaient fait tant de mal, mais qui aujourd'hui ne le rendaient que nostalgique.

Les deux jeunes hommes passèrent sur un petit pont de bois. Un silence absolu régnait, les branches bougeant sous la brise presque imperceptible, le cours d'eau suivant son chemin.

Malicieux, Hyunjin fit mine de jeter son compagnon dans le ruisseau, finissant par le rattraper, son coup très justement calculé, par le creux du bras, le ramenant à son torse. Ce fut la goutte de trop pour Jeongin. Ils n'attendaient que ça, cherchant à savoir qui craquerait le premier ; et il perdit à ce jeu.

Il plaqua ses lèvres contre les siennes d'abord dans un mouvement brusque, poussé par ses pulsions, puis leur baiser se transforma en quelque chose de plus doux, de plus sensuel. Ils marchèrent comme ils le purent jusqu'à un kiosque partiellement caché par les arbres, les feuilles d'un saule pleureur s'éparpillaient juste devant. Cet endroit était le lieu idéal pour un peu d'intimité, puis il y avait quelque chose d'émoustillant dans le fait de se livrer l'un à l'autre dans ce cadre public.

La divinité replaça une mèche de cheveux derrière l'oreille de Hyunjin, dégageant son visage pour mieux l'embrasser, puis laissa glisser sa main jusqu'à écarter les pans de sa tunique rouge. Il lui suffit de tirer un peu sur le nœud pour le relâcher, et venir caresser sa peau ; le tissu ample l'avait empêché de deviner une telle carrure. Il mordilla légèrement sa lèvre inférieure sous la sensation grisante de ses doigts parcourant les reflets de son corps jusqu'à tomber à la limite de son bassin. Leur échange s'approfondi, leurs langues s'entremêlant doucement, un rythme qui contrastait avec leur désir intense. Mais il n'était pas question de précipiter les choses, ils avaient besoin de se sentir l'un l'autre, se comprendre, se connaître, et jouer de leurs réactions.

Ils laissèrent leurs vêtements tomber, n'ayant désormais plus de secrets. Le plus grand inversa leurs places, prenant le contrôle de la situation. Il poussa son amant à reculer, celui-ci se retrouvant plaque contre les barrières du kiosque, le métal froid le faisant frissonner. Les poignets maintenus au-dessus de sa tête le laissaient à la merci du beau brun, sans possibilité de le toucher à son tour. Ce dernier enroula ses doigts autour de sa verge sans hésitation ; Jeongin ferma les yeux et arqua son dos et rejetant la tête en arrière. La sensation était absolument délicieuse. Il cru faillir en sentant ses jambes trembler sous le plaisir, il s'accrocha désespéramment aux bars pour ne pas s'effondrer. L'autre continua ses gestes experts, tombant sur ses genoux, un sourire carnassier sur les lèvres.

- Tu en as envie ? lui dit-il, parcourant ses cuisses d'une série de baisers.

Ses doigts s'enroulèrent autour de ses cheveux et tirèrent légèrement dessus en guise de réponse. Il lâcha un long soupir à la sensation humide sur son membre. Son partenaire se débrouillait comme un chef, il n'avait jamais ressenti autant de plaisir avec une fellation. Hyunjin suçotait le bout, puis le prenait entièrement dans sa bouche, détendant sa gorge sans difficulté. Le blond se fichait d'être dans une position inconfortable, les sensations le rendaient fou. En rouvrant les yeux, il s'aperçut que l'autre garçon se servait de sa main pour se toucher lui-même ; ce n'était pas juste, il voulait aussi lui donner du plaisir.

Il tira fébrilement sa tête vers l'arrière et se laissa tomber à son niveau, soulagement ses jambes qui tremblaient depuis plusieurs minutes. Il colla leurs bouches, faisant danser sensuellement leurs langues ensemble jusqu'à en perdre leur souffle. Sa main rejoignit celle du brun. Allongés sur l'herbe, il se maintenait au-dessus de lui à l'aide de son coude. Il aimait faire les choses lentement, prendre le temps de faire les choses bien. Il parcourra du regard chacun des traits délicats de Hyunjin, il ne lui trouvait aucun défaut, et ce sous n'importe quel angle. Il continuait à le caresser pour ne pas laisser retomber la tension. Puis il se mit en quête de son point sensible, cela faisait aussi partie d'apprendre à connaître l'autre. Il fit glisser le bout de sa langue vers sa clavicule, n'obtenant que de petits gémissements qui ne le satisfaisaient pas ; il voulait l'entendre gémir son prénom. Il descendit, mordillant ses tétons rosés, et encore un peu plus pour arriver à son aine. Sa main inoccupée caressait l'intérieur de sa cuisse, l'écartant pour lui laisser un peu plus de place. Un coup de langue dans le creux de sa cuisse fit violemment frissonner Hyunjin ; Jeongin réitéra le mouvement, ayant trouvé son point faible. Il hésita à colorer sa peau à cet endroit, après tout, rien ne l'en empêchait. Il commença par aspirer sa peau délicatement, guettant les réactions de l'autre, mais puisqu'il ne dit rien, il y alla plus franchement. Il malaxait ses bourses, soutirant au garçon sous lui encore plus de bruits plaintifs.

- Plus, haleta-t-il.

Jeongin laissa son souffle s'échouer sur sa verge, y déposant quelques baisers sans le prendre en bouche pour autant. Il prenait un malin plaisir à jouer à ce jeu, à sentir le désir proche de son paroxysme. Il fit courir sa langue sur la langue, arrachant une plainte au plus grand. Ce dernier mouvait son bassin de lui-même, à la recherche de plus de sensations ; mais Jeongin avait une autre idée en tête. Il remonta son visage près du sien, capturant ses lèvres à nouveau dans un baiser enflammé, étouffant ses gémissements qui commençaient à se faire un peu trop bruyants. Il ne savait pas s'il supporterait de se faire interrompre et de devoir remettre cette partie de plaisir à plus tard sans assouvir leurs besoins.

Du bout de l'index, il retraça les lignes abdominales définies de son amant, jusqu'à aller titiller son entrée. Puisqu'il n'exprima aucune plainte, ni résistance, il enfonça les premières phalanges. Le dos de Hyunjin se cambra au maximum et il agrippa lui-même sa cuisse pour laisser plus d'espace au plus vieux. Ce dernier compris le message et rajouta un deuxième, puis un troisième doigt.

Le visage du brun se crispait de plaisir, la bouche entrouverte, il haletait et tentait de garder ses éclats de voix au volume le plus bas possible. Ses longs cheveux s'étaient emmêlés dans l'herbe, se mélangeant aux pétales violets gisant au sol. Le dieu le trouvait encore plus beau ainsi, sa peau luisait de sueur, il s'abandonnait complètement à lui. Proche de la délivrance, il saisit le sexe de son partenaire pour ne pas être le seul à profiter de l'orgasme.

Leurs regards se croisèrent, et dans un baisé enflammé leur orgasme explosa. Jeongin s'écroula sur le côté, vidé de son énergie, mais plus heureux qu'il ne l'ait été depuis de très longs mois.

***

- On s'amuse bien à ce que je vois.

Himéros sursauta, ne s'attendant pas à voir son ami de toujours confortablement installé dans sa pièce à vivre.

- Depuis combien de temps es-tu là ? demande-t-il.

- Assez longtemps pour avoir compris pourquoi tes courses te prenaient un temps fou.

Antéros avait un sourire mesquin. En effet, il savait tout. Il ne servait à rien de cacher quoi que ce soit à une divinité aussi curieuse que lui.

Le dieu du désir continuait à voir son favori, ils avaient fait l'amour une bonne dizaine de fois, mais pas tout le temps. Ils s'étaient pris d'affection l'un pour l'autre, nouant une amitié forte qui les soulageait d'une solitude pesante dont ils souffraient tous deux. Hyunjin avait beau être entouré toute la journée, ces gens ne prêtaient que peu d'attention à qui il était au-delà de son apparence. Ils aimaient s'isoler de la foule du village, avoir de doux gestes sans nécessairement aller plus loin, profiter de la chaleur et du sourire de l'autre.

- Donc ça se passe bien entre vous ?

- Parfaitement bien. Et je te vois venir avec ton amour réciproque, alors oublie l'idée de faire de nous ton nouveau petit couple mascotte. Nous ne sommes pas ensemble.

- Pas encore, souffla Antéros pour lui-même.

Il laissa son ami vaquer à ses occupations en toute tranquillité et retourna à sa propre demeure. Quoi qu'Himéros en dise, il était persuadé qu'il avait entre les deux cette étincelle de désir qui n'attendait que d'être embrasée en une flamme de plus grande ampleur. Celui-ci ne se rendrait même pas compte qu'il lui avait donné un petit coup de pouce, les choses se feraient tout naturellement, et tout le monde y trouverait son compte. L'histoire de Hyunjin et Jeongin aurait de toute façon évolué vers cette finalité ; Antéros ne faisait qu'en avancer l'échéance.

D'un tour de poignet, d'un coup de baguette magique, il leur destina un amour réciproque ni trop envahissant, ni trop superficiel ; juste le soupçon de charme qu'il fallait pour leur promettre tout le bonheur qu'ils méritaient.



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Et voilà pour ma participation à la deuxième édition Jeu du Hasard de shirokeur Pour cet OS, voilà le résultat de mon tirage :

- Romance

- Mythologie

- Smut (le premier de ma vie que je publie, j'espère qu'il n'était pas affreux)

-Jeongin

- Baguette

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