5-Les arènes
Résumé des chapitres précédents
Florian rencontre le célèbre combattant Faulkner, qui fait taxi en journée. Ils se sont reconnus grâce à leurs animaux qui vivent sur le plan astral, invisibles aux yeux des autres. Faulkner est un Renard et seul Florian peut le voir.
Florian se fait rouler par l'escroc qui lui demande une fortune pour être son taxi à la journée.
C'est un réflexe de l'homme habitué à lutter pour sa survie pour découvrir à qui il a à faire et combien il est prêt à dépenser.
En explorant les quartiers souterrains, les deux hommes se disputent et se découvrent, dans le même temps leurs animaux se font des léchouilles. Faulkner l'a protégé a plusieurs reprises et lui a proposé de coucher avec lui pour de l'argent ce que Florian a refusé. Il admet cependant qu'il est troublé par cet homme.
***
J'inspire un grand coup à l'extérieur, l'air chaud de la surface m'enveloppe et les odeurs nauséabondes m'assaillent. Nous sommes en avril et il fait chaud à Nice. Les montagnes me manquent, mais je dois être courageux et focus sur ma mission.
Après une douche, j'ai passé un moment à retoucher mon maquillage mis à mal par cette longue journée d'exploration. J'ai commandé un sandwich dans ma chambre et je me suis allongé pour reprendre des forces.
Je revis en boucle cette journée, la surprise d'avoir un autre comme moi, un autre qui a son animal sur le plan astral. Faulkner m'a vraiment plu et pourtant tellement énervé. Il est magnifique, rarement vu un si bel homme à l'esprit aussi pourri. Pourtant il m'a protégé et s'est acquitté de sa mission de me conduire dans des zones dangereuses et de me ramener à la sortie sain et sauf.
Dire qu'il va combattre ce soir, il avait l'air de souffrir ce matin, son courage m'épate et me fascine.
Mon rendez-vous avec le rabatteur est à vingt-deux heures devant le restaurant. L'homme dans son costume rouge me salue comme si nous étions amis d'enfance. Il fait mine de palper de l'argent.
Je lui donne l'équivalent de deux sacs et il ouvre la portière d'une camionnette brinquebalante bleu nuit avec une inscription Plomberie Martin à Nice.
Il embarque une dizaine de personnes, un tour operateur d'un genre particulier.
C'est la première fois que je passe la frontière avec un véhicule.
Deux gardes en long manteau noir nous contrôlent, Aldo fanfaronne exigeant de nous laisser passer, le gars nous compte et frappe sèchement sur la porte.
─ Je préviens Darius que tu en as onze avec toi, débrouille-toi pour avoir des paris en conséquence.
Moi qui imaginais que le gars avait son petit business tranquille.
─ C'est vrai que nous allons avoir des combats d'hommes araignées ? demande une sorcière avec des bigoudis.
─ Bien sûr et ce sont de redoutables combattants. Vous allez en avoir pour votre argent.
─ J'espère qu'on verra le prix du sang, clame un homme maigre.
Pour ma part, je me sens mal et me demande comment je vais tenir le coup.
─ Le renard n'en a plus pour longtemps, le combattant a fait plus de mille combats, ils vont s'arranger pour l'achever bientôt. C'est le moment où il faut venir. Nous devrions assister bientôt à une superbe mise à mort.
Mon loup me regarde inquiet, on est d'accord on ne veut pas qu'il meure. Un nouveau souci en plus de tous les autres.
─ On peut empêcher un combat ?
─ Il faudrait être le procureur ou un seigneur et racheter les combattants. Qui ferait une chose pareille ?
Alors que nous allions rentrer dans le monde souterrains deux voitures violettes dévalent la pente manquant nous envoyer dans le fossé.
─ Qui est ce ?
─ Le convoi de Darius. Il va sans doute assister aux combats.
Les arènes ressemblent au Colysée que j'avais été voir avec ma classe. Je m'en rappelle surtout car mes sœurs l'avaient repeint en rose a la colère de la prof qui nous accompagnait. Elles sont enragées quand elles s'y mettent.
─ Tu souris à l'idée du combat à mort ? un bon état d'esprit, s'exclame Aldo.
La cohue dans les escaliers me dispense de répondre, il y a foule dans les gradins, orcs, ogres et sorciers confondus.
Avant d'aller m'assoir je me suis dirigé vers les coulisses et un garde m'arrête sévère ;
─ Je voudrais parler au crapaud, s'il vous plait.
─ Impossible, il n'accorde pas d'autographe, allez-vous assoir sans faire d'histoire.
Son ton est menaçant et un autre garde s'approche prêt à le seconder. Je me dépêche de me reculer et de m'éloigner.
Ma première tentative de rencontrer le crapaud est un échec. Aldo m'a rejoint et m'entraine dans les hauteurs. Il connait les lieux comme sa poche et prend au sérieux son rôle de guide.
La salle est comble, beaucoup ont des verres et des sandwichs à la main. La fumée envahit l'endroit déjà étouffant et est la foule est agitée.
Nous dominons trois arènes côte à côte, chacune entourée de grilles de fer.
J'ai réclamé à Aldo qu'il m'emmène voir le crapaud à l'entracte ou après les combats. Il m'a expliqué que j'allais bientôt le voir avant de repartir vers ses trafics.
Mes voisins commentent les lieux, impatients.
Apparemment, la cage de gauche est destinée aux combats d'orc ou d'homme araignées les plus violents.
Dans la cage centrale, on peut suivre les champions invaincus et dans celle de droite, les condamnés du jour.
J'attends avec impatience de découvrir ce crapaud, mais le présentateur est un petit gros mielleux qui promet du sang ce soir. Mes lèvres sont scellées d'angoisse.
Des clameurs montent, ce sont les combattants qui arrivent dans l'arène et s'installe sur des bancs au premier rang. Ils sont tous en cuir noir, des masques, des pantalons ou des slips pour certains, des corsets et des colliers de cuir. Les poings entourés de bandelettes blanches.
Ils sont nombreux j'ai un coup de chaud et je cherche fébrilement Faulkner. J'ai l'impression que mon cœur accélère dans ma poitrine. Serait-ce celui du milieu ou celui sur le côté droit ?
Je le reconnais soudain quand je vois son renard assis devant l'homme du milieu en pantalon de cuir.
Loup, d'instinct, est parti à sa rencontre et va lui lécher les mains. Faulkner en profite pour me caresser. Les combats n'ont pas commencé car ils ont un problème de sono qui retarde le début des combats.
Je me ronge les ongles m'exhortant au courage quand loup revient à mes côtés avec le renard.
Faulkner me fait un signe depuis le bas des arènes.
Trop vite, les combats ont commencé. Faulkner a combattu un homme de pierre qu'il a envoyé au tapis. Il est acclamé et salue en faisant le mariole. Il a eu encore deux combats, contre un homme grenouille puis contre une femme-vampire assoiffée. Mon cœur se serre de pitié pour ses créatures obligée de se battre.
Dans les arènes sur les côtés, les orcs affrontent des araignées et les condamnés aussi, des pauvres innocents qui n'ont pas une chance de se défendre. Très vite il ne reste que des araignées et elles sont obligées de se battre entre elles. Leurs immenses pinces noires s'arrachent les membres, me faisant frissonner.
Faulkner a tué une goule.
Le monstre ! Le monstre ! scande la salle. C'est désormais un orc qui se bat contre trois gladiateurs.
Les spectateurs hurlent de joie quand il y a des coups violents. Je dois être le seul spectateur déprimé. J'ai l'impression d'étouffer et un entracte leur permet de nettoyer les mares de sang.
Le commentateur promet un combat entre une araignée et Faulkner, pour corser un peu les choses. Je n'arrive plus à bouger. Dans quoi je me suis fourré !
Faulkner est en bas étendu sur une couche, il n'a pas l'air au mieux de sa forme, comment pourrait-il encore combattre ?
Son animal est venu me rejoindre et je l'attrape, déterminé à lui donner du courage. Loup le lèche consciencieusement.
Je me mets à hauteur de la truffe de l'animal et lui donne mes consignes.
─ Tu dois gagner !
Si seulement je savais comment l'aider ! Une idée insidieuse m'assaille... le racheter ?
Mais pour en faire quoi ensuite ? Il déteste la meute et comment expliquer cette dépense aux autres ? Ils ne comprendront pas ! Ils croiront que j'ai perdu la tête !
Je tente de faire apparaitre le pentagramme noir de Lanissa, sans succès, rêvant d'avoir la puissance d'un sorcier pour le sauver, signe de combien je suis désespéré.
Le combat est épouvantable. L'homme araignée n'arrête pas les coups bas et renard a du mal. Puis il gagne en le mordant au cou faisant jaillir un geyser de sang sous les clameurs de la foule.
Je reste assis, sonné. Le spectacle épouvantable m'a fichu la frousse de ma vie et une autre évidence m'assaille, c'est un alpha qui devrait être à la tête de ma meute. Lui, il fait ça tous les soirs.
Je repars difficilement, ma jambe me fait souffrir, horriblement raide. À me voir clopiner, on croirait que c'est moi qui aie combattu. Les autres spectateurs me bousculent impatients, quand un inconnu vient me proposer un taxi. Méfiant, je m'apprête à refuser.
─ C'est votre ami de demain qui l'a payé.
Plus loin, Faulkner entouré de ces amis, me fait un signe de tête.
Le retour à l'hôtel a été épouvantable, enfin j'ai pu me coucher, épuisé.
Ted frappe à ma porte avec un plateau.
─ Tu n'as pas l'air bien. Tu prends du café ou du thé ? Dans le doute, je t'ai monté les deux.
─ Du lait plutôt, mais je veux bien du thé merci.
─ Je t'ai apporté un sandwich et des fruits aussi, il faut te remplumer.
Il détaille mes taches de rousseur, je ne suis pas prudent.
Manger m'a fait du bien, puis je me suis douché avant de me maquiller. Je n'ai pas mis mes prothèses, mes jambes sont trop douloureuses et il va me falloir mes béquilles.
Je redoute le regard de Faulkner, au moins il verra qui je suis, en tout cas en partie.
Ted est à l'accueil quand je sors, il bavarde avec quelques filles qui boivent une boisson chaude avant d'aller travailler.
─ Tu ne devrais pas aller aux arènes, ça ne te réussis pas.
Il me presse l'épaule comme s'il cherchait à me donner du courage.
─ Bon je te le dis pour ce que ça vaut, si tu as besoin d'un taxi en bas, il y en a près des douanes et ils t'emmèneront où tu voudras.
Ted a raison, ils étaient là, juste sous mon nez. Je vais voir le premier de la file, c'est un troll maussade.
─ Quelle destination ? grogne t'il.
─ Je voudrais aller au dock.
─ Ce sera une pièce.
─ Et si je voulais réserver le véhicule pour la journée ?
─ Dix sesterces.
La course est rapide et nous sommes déjà arrivés au dock. Je sors difficilement du véhicule et ce serait tellement plus raisonnable de rester avec ce troll. J'y songe quelques secondes, alors que le renard vient à ma rencontre, il renifle les béquilles.
Malgré moi je rejoins sa voiture, dans laquelle il est allongé amoché comme hier.
─ Demain je viendrais t'attendre aux douanes. J'aurais dû y penser.
─ Inutile, le troll me prend un sac pour la journée. J'irais avec lui demain.
Il s'installe au volant, ses mains frémissent.
─ Il y a le service aussi, et je vais t'emmener dans les meilleurs coins.
L'homme-araignée n'y a pas été de main morte, il a des éraflures sur tout le corps. Il a senti mon regard et précise penaud.
─ Ça ne guérira pas, le venin entretient les plaies. Saleté de magie des araignées ! J'avais qu'à bouger plus vite.
Nous roulons en direction du marché flottant.
─ Arrête toi ! j'exige.
Nous sommes au milieu de terrains vagues encombré de déchets.
─ Jolie vue hein ? c'est la plage des ordures.
Je me déhanche avec mes béquilles pour sortir de la voiture. La plupart de ses plaies s'estompent, faisant ressortir cruellement les trainées rouges qui sillonnent son visage. Il bouge doucement, il a l'air de souffrir.
Dire que j'ai des pouvoirs en moi ! Je me rappelle comment Lanissa m'avait soigné rapidement et j'aimerais tellement faire de même pour lui.
En désespoir de cause, je les appelle, visualisant le fait de le soulager du venin de l'araignée. L'idée qu'il soit blessé si gravement et qu'il risque sa vie ce soir m'est insupportable. Il ne se passe rien comme d'habitude, soudain alors que je baisse la tête dépité et me dirige vers la voiture, le cœur sur le bord de lèvres, une fumée noire sort de mes paumes et va entourer Faulkner qui recule surprit.
Quelques instants plus tard, il s'ébroue, fait des moulinets avec ses bras, complétement guérit.
─ Rian, Bordel ! Tu n'es pas banal ! Comment tu as fait pour invoquer la magie des araignées ?
J'élude, réalisant à peine que c'est la première fois que j'ai réussi à utiliser la magie de mes ancêtres.
Il s'étire et sautille satisfait.
─ Tu m'expliques ce que sont les maudits ?
─ Nous sommes les esclaves sous Terre que veux tu que je te dise d'autres. Nous combattons et nous prostituons pour vivre et nous sommes les meilleurs voleurs.
─ Tu ne peux vraiment pas sortir ?
─ Si je sors j'explose, juré !
Ses épaules soudain crispé, son regard triste me prouve qu'il ne dit pas tout.
Il y a des gars qui ont tenté.
─ Exploser comment ?
─ Dès qu'on approche des barrières de douanes, notre tête chauffe et si on continue d'avancer on s'écroule mort. Quand j'étais gosse je m'amusais à essayer d'approcher le plus possible de la barrière, et je te jure qu'on sent une douleur ici.
Il me désigne sa tempe droite.
Je soupire, tout cela me dépasse.
─ Allons voir le marché flottant.
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