15-Le bébé araignée

Nous sortons tous les deux dépités, j'ai cru trouver le coven mais il m'a échappé encore une fois.

Certigo m'a fait passé un message et je dois remonter, malheureusement sans lui. L'heure de la séparation approche.

J'admire ses boucles brunes, son renard est appuyé contre moi et geint.

Faulkner boude et je ne sais que dire pour le consoler. Pour gagner quelques instants ensemble, je l'accompagne aux arènes, il doit donner de l'argent à son chef de combat. L'endroit est morne et triste en journée, lugubre. Il m'entraine vers les portes arrières et les coulisses et je découvre ce que les spectateurs ne voient jamais, une décharge puante de cadavres d'araignées, les jambes et les bras en l'air. Certains ont leur formes humaines.

Faulkner ignore le spectacle désolant alors que je suis figé d'effroi.

─ Ah oui merde ! J'ai entendu les managers râler que les fours ne fonctionnaient plus.

─ Ils brulent les araignées mortes ?

─ Tous les combattants, sauf que les autres sont entreposés dans une chambre froide.

─ Tu veux dire que si tu perdais... ils te ... ici ?

Ma voix est montée dans les aigues.

─ Rian, je suis désolé, je n'ai pas le choix, Pops mon chef de groupe ne me laissera jamais ma liberté.

─ C'est tellement ignoble !

Un désespoir atroce m'étreint, je pleure et soudain je réalise qu'il y a vraiment des pleurs dans ma tête, des chouinements faibles, m'alertent.

─ C'est quoi ces pleurs ?

─ Qu'est-ce que tu racontes ? je n'entends rien ! marmonne Faulkner.

─ Un bébé pleure, tu n'entends pas ?

Il me fait signe de faire silence, puis secoue la tête dans un geste d'impuissance. Je ne l'écoute pas et me dirige vers les pleurs que j'entends distinctement.

Mon loup m'accompagne et le renard suit. J'avance parmi les cadavres, je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi triste.

Ceux qui sont redevenus des hommes ou des femmes, sont en haillons, portant des vêtements noirs abimés.

Loup s'arrête devant un cocon blanc qui bouge. Les pleurs viennent de ce truc. Faulkner nous a suivi et surplombe la boule blanche.

─ Tu entends un bébé araignée encore vivant dans le cocon ? Incroyable ! Une des femmes l'a sans doute pondu avant de mourir. De toute façon Il est foutu.

─ Mais merde Faulkner on parle d'un bébé changeant !

─ Oui, enfin une araignée, hein !

─ S'il est encore vivant, il faut le sauver.

Juste à ce moment-là comme pour demander de l'aide, le cocon bouge. Faulkner, agacé secoue la tête.

─ Tu rigoles là ? personne ne va récupérer une araignée, on parle de chair à canon !

─ Faulkner, tu iras le ramener aux peuples araignées.

─ Ça ne servira à rien ! Jamais ils ne reprendront un enfant touché par nous. Notre odeur l'a condamné aussi surement que je suis un vaurien.

─ Tu m'énerves !

Il a raison et je le sais hélas. L'instinct maternel n'est pas le même partout et les araignées utilisent l'odeur pour aimer leurs petits.

Le cocon s'agite de plus belle, déterminé à refuser son sort et je l'ai ramassé en jurant, honteux d'avoir songé à le laisser sur place. Le paquet est pelucheux, doux et chaud.

─ Je te le répète Florian, personne ne va prendre soin du bébé en dessous.

─ Ils peuvent vivre à la surface ?

─ Les araignées géantes métamorphe n'ont jamais quitté le monde souterrain. Tout le monde les déteste.

Cela me rappelle ce qu'a dit Lanissa, les siens qui vivaient dans l'ombre, c'est fugace.

Je ne sais quand même pas partie du peuple ?

─ Il ne connaitra pas un meilleur sort qu'en bas. Les araignées sont détestées partout et tout le monde le repoussera.

─ On verra bien. Il va éclore quand ?

─ Vu comment il bouge, il ne va pas tarder. Je dirais moins d'une journée. J'ai déjà vu un gosse sortir d'un cocon et c'est trompeur. Il aura l'apparence d'un vrai bébé jusqu'à ces deux ans et après il va se transformer une horrible araignée moche, méchante et carnivore.

─ C'est tellement raciste ce que tu dis !

J'ai fourré le cocon dans mon sac à dos, j'ai mis par-dessus des magazines de femmes nus et des tickets de paris. Personne ne m'a fouillé depuis le temps que je passe.

***

Karen, l'épouse sévère de Dimitri, a dû reconnaitre ma voix et se précipite à ma rencontre. Elle ne quitte plus Nice depuis que Dimitri y reste lui aussi.

Elle me sert un moment dans ses bras.

─Tu es précieux mon Florian, fait attention à toi.

─ Tu ne vas pas pouvoir m'enfermer dans une boite et dans du coton tata Karen.

Elle éclate de rire, amusée, nous jouons souvent ce sketch.

─ ouinnnn, ouinnnn

─ C'est quoi ce bruit ?

Je grimace, je ne pensais pas en parler si vite.

Le bébé a cessé de chouiner quand je l'ai ramassé, mais je n'ai que vingt ans et je ne me vois pas du tout papa. Je pensais le porter à mon frère ou l'envoyer à Naomi, j'imagine l'alpha de la meute allemande qui va faire des bonds au plafond. Je suis paumé !

Comme un fait exprès le bébé c'est remis à hurler.

─ Vous l'entendez ? je demande surpris.

─ Non, marmonne Dimitri.

─ Si, rétorque Karen.

J'ouvre mon sac à dos et sort l'œuf pelucheux, blanc.

─ C'est ce que je crois s'étrangle Dimitri. Ils vivent sous terre non ?

─ Oui, mais l'enfant pourra vivre parmi nous.

─ Tu veux ...l'adopter ? C'est une put...

Karen lui fait les gros yeux.

─ C'est une araignée géante. Karen c'est une sale bestiole.

Dimitri doit se demande ce que je fabrique. Je voudrais le rassurer sans bien savoir que dire.

─ Tu es trop jeune ! intervient Karen, on va le prendre nous !

Dimitri et moi sursautons. Cella là je ne l'avais pas prévu.

─ C'est un enfant araignée. Il va se transformer très bientôt, en une grosse araignée noire, explique Dimitri.

A tous les coups comme beaucoup de loup, il a été s'encanailler dans le monde souterrain quand il était jeune. Il a déjà vu des combats d'araignées puisqu'il sait à quoi ressemble les changeants araignées.

─ J'ai toujours voulu être maman et la mère Luna ne m'a pas accordé cette chance. Elle se tourne vers Dimitri. Regarde-moi ! Une louve stérile.

─ Tu es ma reine, rétorque Dimitri.

Elle caresse sa joue, fiévreuse.

Les deux m'ont oublié, ils sont dans leur monde de douleur.

─ Tu es un bon mari, écoute un bébé a besoin de nous et nous avons besoin d'un bébé. Rappelle-toi André Charlaix il avait bien adopté une fée.

─ Il en a bavé toute sa vie avec ce sale con de Tami.

─ Tu exagères Dimitri et Florian est trop jeune pour être père. Je t'ai privé de la joie d'être père. Tu aurais dû me laisser et choisir une jeune louve qui t'aurais donné des beaux enfants.

─ Tu as raison on va l'adopter, tranche Dimitri.

À peine a-t-il prononcé ces mots que le cocon se déchire et une minuscule main potelée sort du cocon puis une deuxième. Des petites mains blanches adorables et bien formées

Karen et moi l'aidons à se dégager et découvrons un magnifique bébé un petit garçon aux cheveux sombre et des yeux d'obsidienne et la peau laiteuse. Ses pupilles grandes ouverts fixent Dimitri et Karen. C'est immédiat, elle gazouille de bonheur et m'arrache le bébé, pour le serrer dans ses bras.

J'étais décidé à sauver l'enfant sans me demander qui pourrait l'élever, voilà le destin à choisi pour moi.

─ Tata Karen tu es sure, ce sera une grosse araignée ?

Elle hoche la tête et embrasse la tête du bébé qui se blottis contre elle.

Dimitri la regarde impuissant et attrape machinalement une petite main du bébé.

Les pleurs se sont calmés dès qu'elle l'a serré contre elle.

─ Pour l'instant, il faut le traiter comme un bébé normal. Ça ira pour vous ? On n'a un ou deux ans et après on avisera.

─ On va l'appeler Anatole.

Karen berce SON bébé tandis que Dimitri joue avec les boucles brunes. Ils sont devenus des parents.

J'ai usé de mon pouvoir d'alpha pour officialiser l'adoption d'Anatole et lui obtenir un collier de meute, ce qui fait grincer des dents. Je n'en suis plus à ça près !

Le bébé s'accroche à Karen et à Dimitri et tête furieusement sa tétine en agrippant le doigt de son père, inconscient de tous les drames qui se joue.

Est-ce que nous accueillons un ennemi en notre sein ?

Des commentaires sur l'alpha instable qui fait n'importe quoi me parviennent.

Je dois poursuivre ma ligne de conduite, aussi étrange qu'elle paraisse et pour l'instant je n'ai pas de meilleures solutions.

Noah m'a appelé, il a terminé les détecteurs.

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