12-La robe rouge
Résumé des chapitres précédents
Florian a engagé la détective Certigo pour retrouver Zina, la petite amie maudite de Sven- le frère de Faulkner. Il lui a aussi demandé d'enquêter sur le statut de la Société IntechGen, la société humaine qui a fourni les puces implantés dans les têtes des maudits sous Terre.
Dire qu'à l'origine il allait sous terre pour retrouver le coven de ses ancêtres et il espérait que celui-ci l'aiderait à retrouver ses pères disparus.
Certigo est une jeune sorcière originale qui travaille en free-lance.
Ted le tenancier de l'hotel le Chaudon pourri lui a trouvé un contact sous Terre un ogre qui va l'aider à comprendre qui tire les ficelles de ce monde sordide.
Dimitri a à peine réagi à sa demande de partir dans la ville souterraine car il est troublé par une attaque de certains sorciers qui ont fait sécession par rapport au monde de Nice et embêté par le nombre de duels qu'ils auront à affronter.
***
J'adore la robe rouge en laine que je porte et mes jambes minces dans des bottes à talon qui dissimulent à la fois ma prothèse et ma dissymétrie.
J'ai un maquillage léger et une perruque châtain clair avec un carré aux épaules. Je suis une jolie trentenaire, classique et élégante.
J'aime me travestir et parfois j'ai songé que peut-être, oui peut-être, ...je n'étais pas dans le bon corps. J'ai envisagé la transition et puis j'ai réalisé que j'aimais aussi être un mec. Je suis borderline et je ne loupe jamais une occasion de me vêtir en femme et pour une fois, ça me servira à me déplacer incognito.
Je porte de la lingerie rouge sexy que j'aime sentir sur ma peau, rêvant qu'un certain renard la voit et me la retire avec les dents.
J'ai mis deux jours à organiser mon arrivée sous terre et Faulkner m'a donné rendez-vous dans la rue piétonne en me demandant d'être méconnaissable. Il va être surpris.
Je lis la carte d'un restaurant qui propose du Landula, me demandant ce que c'est.
Mon loup désapprouve ma méfiance.
─ Il peut nous trahir ! j'affirme à voix haute.
Il s'éloigne en secouant la tête, ce qui revient à s'engueuler soi-même.
Une berline noire se gare dans mon dos et je découvre une brune sexy aux gros seins dévoilés par un décolleté plongeant et une mini-jupe de cuir. Le renard l'accompagne.
La jeune femme me sourit, radieuse. Ses traits maquillés sont superbes et je grille de curiosité sur la présence de l'animal de Faulkner.
─ Bonjour allons dans un meilleur restaurant, montez dans la voiture !
Elle est costaude et m'entraine fermement.
─ Je ne peux pas... je suis attendu ...Vous vous appelez comment ?
─ Faulkner pour vous servir.
─ HHHHeeeiinnn ! C'est toi ?
─ Et oui ma jolie, alors content de me revoir ?
─ Tu ...tu ...
Je l'admire à nouveau, comment ai-je pu ne pas le reconnaitre ? Il l'ignore, mais pour moi le fait qu'il se soit travesti, c'est le sommet de la coolitude.
Il m'embrasse sur la bouche, me dispensant de répondre.
Il plisse des yeux surpris de mon acceptation trop rapide. Je suis juste content de le revoir et sous le charme complet. Il démarre à toute allure, faisant crisser les pneus sous le regard indifférent des passants.
Nous roulons un moment, nous devons donner une image tellement étonnante de l'extérieur, deux jeunes femmes en virée. Je regarde le paysage sombre et je compte rencontrer l'orc qui va m'aider à comprendre les rouages de ce monde. J'ai un sac qui contient deux détecteurs et mon frère en fabrique d'autres.
─ Tu es bien silencieux. Pourquoi tu portes des béquilles ?
─ Tu ne le sais pas ? je demande étonné.
Je pensais que la Terre entière se moquait de mon destin tragique.
Il secoue la tête et me fait signe de poursuivre, zigzaguant à toute allure dans les ruelles sombres en direction des Monts, la seule région que nous n'avions pas exploré la dernière fois, c'est trop loin des sorties et dangereux, car les repères de bandes d'orcs et des clans d'hommes araignées et difficile d'imaginer qu'un Coven de sorcier puisse y vivre.
─ Ma couveuse s'est retrouvée au milieu de la guerre pour la protection du monde chamanique et puisqu'on en est à se dire des vérités, voilà heu, je suis atrophié sur tout le côté droit et visuellement, quand je suis nu, c'est très étrange.
─ J'adorerais voir ça de mes yeux.
Je lui fais les gros yeux tandis qu'il ricane.
J'admire la femme sexy à la bouche rouge pulpeuse et devine les traits plus masculins, il me rend fou de désir.
─ Ben quoi ? Tu m'as donné faim à me parler de nudité. J'ai vaguement entendu parler du monde chamanique, mais de toutes façons les maudits, on n'avait pas le droit d'y aller.
Je voudrais l'interroger sur ce qu'il vient de dire, personne n'a été interdit et j'en suis sûr, mais il poursuit déjà.
D'après les rumeurs, tu n'as pas d'animal, pourtant, je suis bien placé pour savoir que tu as un loup.
─ Tu es le seul à le voir ! Et toi ton renard ?
─ Comment c'est là-haut ?
J'ai parfaitement remarqué qu'il a changé de sujet, monsieur ne veut pas en parler.
J'admire un moment le paysage, des montagnes sombres, inaccessibles et désertes.
─ C'est un peu comme ici, au milieu des montagnes et notre village est niché au milieu des forêts et j'espère pouvoir t'y emmener un jour. Que dire d'autre ? C'est agréable le soleil sur la peau et l'air pur.
─ Vous avez des montagnes à la surface ?
─ Bien sûr. Des montagnes et des mers et cela devrait te plaire. Je suppose que tu sais que mes pères ont disparu, au passage si tu as des informations ?
─ Nada, et je ne sais que ce que j'ai vu dans la presse. Je suis désolé pour toi.
─ Merci, ils sont ...je le mets au présent car je refuse qu'il leur soit arrivé quelque chose, ils sont géniaux, j'espère que je pourrais te les présenter.
─ Ça doit faire bizarre d'avoir été toujours riche et élevé comme un prince ?
Je note parfaitement l'amertume dans sa voix alors qu'un pouffement peu gracieux m'échappe.
─ Je n'ai pas du tout eu l'impression d'être élevé comme un prince, c'était plutôt corvée, école et corvées en gros. Mais parlons un peu de toi ? Tu as pu éviter les combats ?
─ J'ai prétendu avoir un contrat en or.
Je grimace, agacé, car il parle de prostitution.
─ Tu as changé de voiture ?
─ C'est la voiture de mon client et le taxi n'est pas à moi. On va dans une de mes planques, nous serons tranquilles.
─ Tu pourras éviter de te battre combien de temps encore ?
─ Disons que...on vit dans un monde compliqué, hem... je peux gagner encore deux semaines, après il faudra que j'y retourne. Mon patron d'équipe mettra tous les gars contre moi si je ne rapplique pas.
─ Ce gars, il obéit à qui ?
─ A un gars qui obéit à un autre. Darius et quelqu'un encore au-dessus. J'ai vu une fois un gars au-dessus de Darius, ils avaient privatisé les arènes pour lui et on a dû se battre alors qu'il n'y avait que lui comme spectateur. Darius s'est mis à genou devant lui.
─ Qui était ce ?
─ Je ne l'ai pas vu, mais il avait une canne pas banale avec des gravures. Je te la dessinerais chez moi.
Je réfléchis que nombre de sorcier ont des cannes, elles sont les vecteurs de leur magie. Nous ne sommes pas avancés plus que ça.
─ J'ai un contact ici, qui devrait m'en dire plus. Je vais avoir un rendez-vous avec lui.
Je presse mon sac à dos avec les prototypes de détecteur. Pourvu qu'ils fonctionnent.
─ Je viendrais avec toi !
L'idée qu'il soit obligé de se battre me mine et soudain l'avenir me parait bien sombre.
Il s'arrête en bordure de forêt, devant une cabane construite dans un champignon géant rond et rouge. Il ouvre sur une pièce ronde en bazar qui me fait grimacer.
─ Désolé par eu le temps de ranger. J'ai voulu me faire belle pour toi. Je suis loin d'être à ta hauteur.
─ Détrompe toi tu es impressionnant ! J'ai cru que le renard pouvait s'éloigner de toi.
─ Non il ne le peut pas.
Il m'enlace l'épaule alors que je reste silencieux fixant le portrait de moi accroché au mur. C'est la photo de moi parue dans la presse, dans laquelle je souris énigmatique sur les marches du parlement. Il doit espérer que je suis un ticket gagnant alors que la réalité est que j'erre en roue libre, sans savoir que faire.
Le titre de l'article, guère flatteur, devrait l'aiguiller.
Le fragile Alpha ne tremble pas encore pour son avenir, combien de temps lui reste t'il ?
─ Tu ne veux pas jeter ce truc.
─ Non j'adore te regarder, tu me manquais trop.
─ Tu sais même si nous nous marions et que tu remontes à la surface, la vie n'est pas si facile la-haut. Ce n'est pas le luxe que tu dois...
─ C'est mon frère qui rêvait d'y aller, moi je me plais ici ! Enfin maintenant je ne veux plus te quitter. Bon, bienvenue dans ma petite cabane et est-ce que tu recherches toujours le coven ?
─ Oui je le cherche toujours. Tu as eu des tuyaux de ton coté ?
─ Non rien du tout. On va passer des tenues plus confortables.
Nous nous changeons et j'admire l'étrange pièce au parquet clair, avec un lit central et un canapé qui donne sur une cheminée. Les fenêtres sont rondes.
─ Il n'y a pas de cuisine ou de salle de bain ?
Il a ôté sa perruque et il est en slip et se retourne vers moi étrange avec les restes de maquillage et son corps masculin.
─ Dans le champignon d'à côté. Viens, je te fais visiter.
─ Ce sont vraiment des champignons ?
─ Oui on les transforme en maison. J'ai pu acheter cette petite propriété avec l'argent que tu m'as laissé. Il m'entraine à l'arrière sur une mini cour entre les trois champignons accolés protégées par les toits.
Ici tu as la cuisine, il ouvre la porte d'un champignon et il y a une cuisine équipée et une table de bois, puis me montre dans le dernier la salle de bain aussi en bazar que la chambre, avec une baignoire.
Il s'assoit sur le bord du lit et enfile un pantalon cargo.
J'ai été plus long à me préparer, démaquillé, en slip et en tee shirt et je le rejoins. J'ai fait exprès pour lui montrer mes jambes recouvertes de taches et dissymétriques.
Il siffle admiratif, ce qui me rend très heureux.
─ Je n'ai pas de valises, je pensais remonter ?
─ C'est l'avantage d'être deux mecs, on fait la même taille. Tu vas rester avec moi toute la semaine, et je vais te prêter mon maquillage. On est trop loin pour retourner aux portes tous les soirs et ça évitera aussi qu'on se fasse repérer.
Il me lance un pantalon et un pull.
─ je te propose d'éviter le nord du mont quelques jours.
─ Pourquoi ?
─ Il parait qu'il y a une expédition contre les araignées, c'est mauvais pour nous. C'est dommage, je voulais t'emmener sur leurs territoires et le mont de l'ombre.
─ Tu m'expliques ? Parce que là j'avoue que je ne vois pas et ça veut dire quoi une expédition contre les araignées ?
─ Certains groupes capturent des jeunes araignées pour les dresser pour les combats. Sauf que tu t'en doute elles ne vivent pas longtemps et il faut renouveler le stock.
Mes yeux étincellent de colère, il n'a pas pu le louper.
─ Comment une telle chose est même possible. Les araignées sont des changeants comme nous, je grince. Personne ne s'est opposé à ces crimes ?
Il baisse la tête, se relève et va m'assoir sur le lit pour se mettre à genoux devant moi.
─ Je n'avais jamais réfléchi à ça avant, mais j'ai souvent participé à ce genre de razzia. J'ai fait des trucs nazes dans le passé je suis désolé Rian. Je ne savais pas.
─ Tu as attaqué les araignées ?
─ Ça paye bien ! Surtout je n'avais pas le choix. C'est un boulot dangereux et pour moi ça a toujours été des salles bestioles.
Je presse mes mains contre mon visage, horrifié, essayant de garder mon calme alors qu'il a posé ses mains sur mes hanches, tentatrices.
─ Après tout c'est facile pour moi de faire le moralisateur, alors que je ne suis qu'en visite.
─ Je propose qu'on aille dans les marécages et j'ai une question pour toi. Si ton coven est lié aux araignées pourquoi ils ne les auraient pas défendus ? Depuis le temps qu'on les martyrise ?
Je repousse ses mains, enfile rapidement mon pantalon tentant de masquer mon sexe à angle droit.
Le renard hurle de désir et le loup aussi. Il est temps de nous calmer.
─ Je l'ignore, mais la seule fois où j'ai pu utiliser la magie c'est quand j'ai soigné tes blessures d'araignée. C'est un signe pour moi.
─ Je vais me doucher, je marmonne gêné.
─ Il y a aussi une douche extérieure si tu veux et ici ça ne craint rien.
Il me désigne l'installation en pleine nature, il ne me reste qu'à m'exécuter alors qu'il a tourné les talons. Difficile d'être serein alors que je bande dur.
Faulkner a respecté mon intimité à mon grand regret ou grand soulagement et il étudie un plan quand je reviens avec une serviette enroulée autour de la taille.
Son portable sonne et il décroche sans rien dire.
─ Je vais devoir m'absenter, marmonne t'il. On m'attend ce soir. Tu as de la bouffe dans la cuisine et surtout ne sort pas sans moi hein ?
Mais qu'est-ce que j'ai cru moi ?
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