Battues par le vent, elles résistaient tant bien que mal. Submergées par les flots, elles tentaient de nager à contre-courant, face à une mer déchaînée. Assommées par l'obscurité, leurs yeux ne discernaient que la difficulté de l'épreuve.

  Brassant l'eau de leurs bras épuisés, elles tentaient coûte que coûte d'aspirer une dernière goulée de survie. De sentir l'air s'infiltrer et se propager soudainement, de cesser le tremblement involontaire du corps, d'entrevoir dans la nuit une lueur, une clarté, un espoir.

  L'eau était partout, à perte de vue. Coléreuse et incontrôlable. Imprévisible. Meurtrière.

  Ainsi, elles se retrouvent comme une infime parcelle de poussière dans un univers immense, infini et dangereux.

  L'averse et les bourrasques créaient un vacarme assourdissant. Mais au fond de leur esprit, c'était le silence. Total. Impénétrable. Définitif.

  Alors, elles furent entraînées sous la surface malgré leurs efforts, qui furent terriblement vains. Leur désir de survie ne suffisait pas à confier le courage et la force nécessaire à cet objectif. Ainsi, elles disparurent dans les profondeurs et ne revirent jamais le ciel.

  L'intention comptait-elle véritablement dans ce calvaire ? Le résultat était le même, au bout du compte. Elles devaient réussir pour survivre, l'essai ne les sauvera pas.

  Elles se pensaient cernées par une meute de redoutables prédateurs mais tôt ou tard, elles prendront leur place et inspireront le respect, la peur, l'autorité. Dans l'attente de cet accomplissement, elles doivent essayer jusqu'au jour où la réussite frappera enfin à leur porte. Et alors elles auront désormais reçu ce qui leur est dû depuis bien trop longtemps.

  Se jeter à l'eau, au prix de leur vie, et faire face à l'océan, s'imposer à lui, et enfin le vaincre, voilà leur chance. Leur rêve. Leur espoir. Leur objectif.