Effluves matinales

  Les paupières encore closes, il s'éveillait doucement. Le parfum vanillé des draps l'entourait comme une brume matinale. Ce fut cependant les senteurs appétissantes provenant de la cuisine qui le poussèrent à ouvrir les yeux.

  Malgré l'odeur des meubles abîmés de la chambre, les effluves du pain récemment sorti du four et du lait chaud parvenaient à lui chatouiller le nez. Son estomac gronda, il alluma donc la lumière d'où s'échappait des odeurs cendrées.

  Ses affaires négligées la veille au soir jonchaient encore le sol ce matin. De celles-ci s'évaporaient des relents de sueur qui firent froncer les sourcils du jeune garçon. Tout en les repoussant du pied, il étira son corps de tout son long, jusqu'à ressentir ce bien-être qu'est le réveil après une nuit de repos. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire satisfait et ses jambes engourdies le menèrent naturellement vers la source de cet enivrement olfactif.

  Un véritable buffet s'étalait sur la table de la cuisine. Parmi les viennoiseries et les fruits soigneusement rangés dans un panier en osier, se trouvait l'objet de toute son attention. Une brioche tranchée trônait au centre, encore fumante et émanant un doux arôme de beurre. Cette émanation le fit saliver d'envie.

  S'installant hâtivement sur l'une des chaises en bois ancien qui grinça sous son poids, il retroussa ses manches et attrapa férocement un morceau de la pâtisserie. Moelleuse entre ses doigts et goûteuse sous son palais, ses papilles se ranimaient merveilleusement.

  Après ce délicieux petit-déjeuner, son estomac avait été joyeusement rassasié. Le garçon s'éclipsa ensuite sous le jet d'eau brûlant de la douche. Frottant avec frénétisme le savon fruité contre sa peau, ses narines s'enivraient de ce parfum exaltant. Propre comme un sous neuf, il se vêtit d'un tissu imbibé des senteurs florales de la lessive. Enfin, il s'aspergea d'un baume si grisant et sucré que les souvenirs de la femme qui l'avait enfanté lui vinrent à l'esprit.

  Il ouvrit la porte du logis, s'apprêtant à partir sur le chemin de l'école. Et ce fut le choc.

  Toutes les somptueuses exhalaisons du foyer avaient été remplacées en un coup de vent par les fétidités de la ruelle. Son sourire s'évanouit aussitôt. La journée ne s'écoulerait pas aussi bien qu'il l'avait espéré.

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