Chapitre 25 - Les sept amis
— Vous êtes sûrs que c'est par ici ? Cela doit faire une heure que nous marchons, il ne faudrait pas que nous soyons partis dans la mauvaise direction...
Marcus tourna la tête vers son frère, qui paraissait épuisé à force de piétiner dans la neige.
— Nous avons suivi les panneaux et mademoiselle de l'Émeraude a reconnu les environs. Nous devrions être bientôt arrivés.
À vrai dire, le loup n'en savait rien. Il se contentait de suivre Danila et Duncan, qui les précédaient dans la forêt.
Dès les premières heures du jour, ils s'étaient mis en route pour trouver les prétendus "amis" de l'alpha. Ils avaient réussi à dormir dans une grange sans se faire remarquer par les fermiers, ce qui était toujours mieux que de passer la nuit dehors. Même si aucun animal n'avait logé avec eux dans l'étable, Marcus n'avait quasiment pas fermé l'oeil. Apparemment, il en était allé de même pour Julian, que le foin avait fait éternuer et tousser.
Outre leurs mauvaises conditions de vie, les événements de la veille n'avaient pas manqué de se rappeler à eux. Comment dormir, ou avoir l'esprit tranquille, alors qu'ils avaient échappé à une telle agression ? Les deux domestiques ayant survécu à l'attaque avaient préféré se rendre au village et ne pas poursuivre la route avec eux. Elles ne pourraient de toute façon pas leur apporter une grande aide et à vrai dire, cela arrangeait Marcus. Il ne savait tellement plus à qui se fier qu'il valait mieux fréquenter le moins de personnes possible.
— Ah, nous y voilà ! Regardez ! s'exclama Danila.
Elle leur désigna un grand écriteau, qui venait d'apparaître sur le sentier. Bienvenue à la pension d'Avana, était-il inscrit. "Avana" rappela aussitôt quelque chose à Marcus, sans qu'il ne sache précisément ce dont il s'agissait.
— C'est juste au bout du chemin, nous y sommes presque ! s'enthousiasma Danila.
Elle paraissait vraiment heureuse à l'idée de retrouver ses anciennes connaissances. Marcus demeurait perplexe et appréhendait ce qu'ils allaient découvrir. Il espérait surtout que ceux qui les accueilleraient seraient dignes de confiance et qu'ils ne les mettraient pas à la porte. Et tant qu'à faire, il espérait qu'ils auraient de quoi prendre un bon bain chaud.
Lorsque de premiers édifices commencèrent à se dessiner devant eux, il en fut agréablement surpris. Il ignorait exactement à quoi il s'était attendu – peut-être à une vieille chaumière en ruines – mais il ne regretta pas d'avoir suivi Danila. Elle les avait menés à un hameau qui abritait des petits chalets en bois, tous plus charmants les uns que les autres. De la fumée s'échappait des cheminées et de jolies décorations venaient égayer les allées. Lampions, couronnes de fleurs, rubans de diverses couleurs... Même en usant de toute sa mauvaise foi, jamais Marcus n'aurait pu dire que cet endroit n'était pas charmant.
— Oh, vous voilà déjà ? s'exclama une jeune fille brune en venant vers eux. Pardonnez-moi, je croyais que la livraison ne devait avoir lieu qu'à onze heures, je n'ai pas encore préparé les...
Un éternuement coupa court à ses paroles. Elle s'empressa de sortir un mouchoir, tout en bredouillant des excuses.
— Mais... Où est votre charrette ? s'étonna-t-elle en regardant derrière eux. Nous avons commandé des bûches déjà coupées et... Danila ?
En voyant la louve, elle porta une main à son coeur et sembla sur le point de défaillir.
— Ça ne peut pas être toi, si ?
Et si, songea Marcus. Il était bien placé pour savoir ce que l'on ressentait en voyant Danila revenir d'entre les morts...
— Je... Je vais tout t'expliquer, mais... C'est bien moi, déclara l'alpha, un peu gênée. Contente de te revoir, Aileen.
À force, elle devait être un peu lasse d'être obligée de justifier pourquoi elle était toujours en vie. Heureusement, un sourire ne tarda pas à rayonner sur le visage d'Aileen et elle se précipita pour la prendre dans ses bras.
— Je n'en reviens pas que ce soit vrai ! s'écria-t-elle. Nous avions entendu dire que tu étais revenue chez toi, mais nous n'y croyions pas ! Ça paraissait tellement impossible, je...
Elle s'écarta pour éternuer dans son mouchoir. Cela fit gentiment rire Danila.
— Tu as tellement grandi ! Mais tu es toujours aussi souvent malade, à ce que je vois...
Marcus doutait que la jeune fille ait plus de dix-huit ans. Depuis combien de temps connaissait-elle Danila ?
— Oh, ne m'en parle pas, plus les hivers passent et moins je les supporte... Mais je commence à m'y habituer, parle plutôt de toi ! Jenna et Percy vont être tellement contents de te revoir, ils étaient si tristes quand tu as disparu ! Nous l'étions tous, bien sûr, mais eux... Ça a toujours été différent entre vous.
— Je suis désolée que vous ayez eu à vous inquiéter pendant toutes ces années, je vais tout vous expliquer. Où sont les autres ? Certains ne vivent peut-être plus ici depuis le temps, non ?
Aileen les guida vers le plus grand des chalets, tout en continuant de discuter. Elle devait être si heureuse de voir Danila qu'elle ne se demandait même pas qui étaient ceux qui l'accompagnaient.
— Personne n'a jamais voulu partir ! Jenna, Glenn, Percy et moi sommes en âge d'aller ailleurs, mais nous préférons rester ici. Nous nous occupons des plus jeunes et ta tante a financé la construction de nouveaux chalets. Une vingtaine d'enfants vivent désormais dans la pension !
— Vraiment ? Je n'en reviens pas que Gladis ait fait ça...
Marcus ne prêta plus attention à leur conversation, trop occupé à étudier les lieux. Dans quelle pension se trouvaient-ils, exactement ? S'agissait-il d'un refuge pour personnes en difficulté ? Pour les Neutres, peut-être ? La jeune fille qui les avait accueillis ne semblait pas porter de bagues.
Quand ils entrèrent dans le grand chalet, le loup s'aperçut qu'il s'agissait d'une sorte de réfectoire. Des tables et des chaises étaient alignées sous de jolies boiseries, dans un agréable décor champêtre. Un jeune homme passait le balai, qu'il lâcha aussitôt en voyant Danila.
— Glenn, regarde qui j'ai trouvé ! lui lança Aileen.
— Danila ? souffla-t-il en accourant vers eux. C'était donc vrai ?
Il ne prit pas la louve dans ses bras, mais paraissait très heureux de la revoir.
— Jenna va devenir folle quand elle va apprendre que tu es là !
Il sortit du chalet au pas de course, sûrement afin de prévenir la Jenna en question. Pour sa part, il tardait à Marcus de s'asseoir et de comprendre qui étaient toutes ces personnes.
— Installez-vous ! leur dit justement Aileen. Vous avez tous l'air épuisés, il ne fallait pas vous lever si tôt pour venir nous voir ! Qui sont ces gens qui t'accompagnent, d'ailleurs ? Des gardes ?
Elle se tourna vers les concernés avec un grand sourire.
— Pas vraiment, répondit Danila, un peu gênée. J'attends que nous soyons plus nombreux pour mieux vous expliquer, mais... Voici Julian et Marcus, les enfants du Grand Alpha, ainsi que Lyssandra et Duncan.
Aileen écarquilla les yeux, puis s'inclina aussi bas que possible.
— C'est... C'est un honneur de vous rencontrer ! Nous aurions fait un peu plus de ménage si nous nous étions doutés de votre visite, je... Je vais vous faire du thé !
Avant que quiconque puisse l'en empêcher, elle partit aussi vite que possible. Quelques secondes plus tard, la porte du chalet se rouvrit sur le dénommé Glenn, suivi par une inconnue. Celle-ci poussa un cri strident dès qu'elle aperçut ceux qui leur rendaient visite.
— Dani !
Elle se précipita sur l'alpha et la serra comme si elle ne l'avait pas vue depuis des années... ce qui était le cas. Elle se perdit dans un charabia rendu incompréhensible par ses sanglots, ainsi que son fort accent des montagnes. Marcus s'assit à la table la plus proche, bientôt imité par Julian.
— C'était si horrible quand tu as disparu, pleura la nouvelle venue. Nous nous sommes imaginé tellement de choses et...
— J'en... J'en suis vraiment désolée, bredouilla Danila. Je vais tout vous expliquer, promis. Je suis tellement contente que vous alliez bien et que vous soyez tous encore là !
Même sans lire dans ses pensées, Marcus devinait qu'elle se sentait coupable d'avoir laissé ces personnes croire à sa mort. De toute évidence, ils avaient l'air de tenir à elle et l'idée de sa perte avait dû être une réelle épreuve pour eux.
— On pourrait presque croire que rien n'a changé, mais tu as loupé pas mal de choses, fit son amie en essuyant ses larmes et en arrangeant ses cheveux bruns. Glenn et moi nous sommes mariés !
Elle se tourna vers le jeune loup avec un grand sourire, tandis que le visage de Danila s'illuminait.
— Vraiment ? Oh, j'ai toujours espéré que ça arrive un jour !
— C'est exactement ce qu'ont dit tous les autres quand nous nous sommes mis ensemble ! rit l'inconnue. Il faut croire que j'étais la seule à être aveuglée par son caractère de vieux grincheux...
L'intéressé secoua la tête, les bras croisés sur son torse.
— Espérons pour toi que notre bébé n'en héritera pas, répliqua-t-il doucement.
La jeune fille portait une robe large, si bien que Marcus ne s'était pas tout de suite rendu compte qu'elle était enceinte. Il semblait en aller de même pour Danila, qui devint étrangement pâle en voyant le ventre de son amie. Elle balbutia des félicitations qu'il trouva dénuées d'entrain, au moment où Aileen revenait avec un plateau.
— Danila nous a amené des invités de marque ! annonça-t-elle. Ce sont les enfants du Grand Alpha !
Glenn et sa femme se tournèrent vers eux, aussi ébahis que l'avait été Aileen.
— Ravie de vous rencontrer ! les salua la louve avec entrain. Je m'appelle Jenna, nous sommes de vieux amis de Danila !
Julian se présenta le premier, suivi par sa petite amie et Duncan. Marcus ignorait si révéler leur véritable identité était une excellente idée, mais un peu plus tôt, ils en étaient tous venus à la conclusion qu'ils n'avaient pas le choix : leur aura scintillante risquerait de les trahir.
— Marcus du Diamant. Merci à vous de nous accueillir, votre thé et vos biscuits ont l'air délicieux.
— C'est la moindre des choses ! affirma Jenna. Danila nous a sauvé la vie, nous nous devons bien de la recevoir comme il se doit !
Intrigué, le loup observa Danila, qui évita son regard. Comment avait-elle bien pu leur venir en aide ? De la même manière qu'elle avait sauvé Marcus, en tirant une flèche qui lui avait fait échapper à une mort certaine ? Il aurait voulu poser des questions, mais sentit que ce n'était pas le moment. Il prit une tasse de thé et tâcha de manger les biscuits sans avoir l'air trop affamé. Quelques heures plus tôt, Duncan s'était chargé d'aller leur acheter des viennoiseries, qui n'avaient pas suffi à le rassasier.
Il en était à son troisième gâteau, lorsqu'un nouveau jeune homme fit son apparition. Avec ses cheveux bruns et ses yeux verts, il ressemblait légèrement à Duncan. Il avait cependant l'air beaucoup plus emprunté que l'ex-vampire et portait des lunettes à monture argentée.
En voyant Danila, il eut la même réaction ahurie que les autres. Marcus nota cependant qu'une émotion différente semblait l'habiter.
— Percy ? s'étonna l'alpha. C'est... vraiment toi ?
À l'entendre, on aurait dit qu'il avait complètement changé d'apparence depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu.
— Eh oui, mon petit frère a bien grandi ! s'amusa Jenna.
Maintenant qu'elle le disait, Marcus leur trouvait certains traits communs. Il ne pouvait toutefois déterminer si Aileen était apparentée à l'un d'eux.
— Toi, en revanche, tu n'as pas du tout changé, fit-il avec émerveillement. Tu es toujours aussi...
Magnifique ? Sublime ? Parfaite ? Même s'il ne prononça pas ces mots à voix haute, le futur alpha n'eut aucun mal à les deviner. Ce Percy regardait Danila comme si elle était la plus belle créature qu'il avait jamais vue... et ce n'était pas Marcus qui allait le détromper.
— Oh, eh bien... Disons que je n'ai pas vraiment eu l'occasion de vieillir au cours des quatre dernières années, répondit-elle, embarrassée. Je vais juste prendre un peu de thé avant de tout vous expliquer. Il faudrait peut-être attendre que les autres soient là ?
— Je suis sûr qu'ils ne sont même pas levés, marmonna Glenn en se dirigeant vers la sortie. Je vais les chercher.
Combien d'amis de Danila vivaient ici, au juste ? Le loup eut la réponse quelques minutes plus tard, lorsque trois autres jeunes gens lui furent présentés. Aucun d'eux ne devait dépasser les quinze ans et Marcus ne retint pas leurs noms. Toutes ces nouvelles rencontres l'étourdissaient un peu, d'autant plus qu'il ne se sentait pas encore tout à fait à l'aise. Comment être certain qu'il pouvait faire confiance à ces gens ? Où allaient-ils être hébergés ? Combien de temps devraient-ils rester ? S'agissait-il vraiment d'une bonne cachette ?
Tant de choses l'inquiétaient qu'il ne savait pas quel problème prioriser. Évidemment, ses démangeaisons nerveuses ne tardèrent pas à se manifester. Des plaques rouges apparurent sur ses doigts, qui lui donnèrent l'impression d'être en feu. Il jugea préférable de quitter la pièce pour prendre un peu l'air et s'éloigner de cette agitation. Julian se proposa de l'accompagner, mais il déclina.
Lorsqu'il sortit du chalet, il s'arrêta sous l'auvent. Il remarqua un fauteuil en rotin à l'écart de la porte et se posa dessus. Il laissa son regard errer au-dehors et nota que des enfants jouaient à une bataille de boules de neige, au milieu du hameau. Il les observa un moment, tout en regrettant sa pommade apaisante, abandonnée dans leur ancien carrosse.
Son esprit tourmenté avait bien sûr envisagé la possibilité d'une telle attaque. C'était ce qu'il redoutait le plus, avec la crainte d'apprendre que ses parents avaient eu des problèmes au palais. Néanmoins, voir ses peurs se réaliser le frappait avec une violence dont il peinait à se remettre. Il ne trouverait pas un seul instant de répit tant qu'ils ne seraient pas rentrés chez eux, ou avant que Manik ne soit arrêté.
Il était sur le point d'aller recouvrir ses mains de neige, lorsque la porte du chalet s'ouvrit. Il s'attendit à voir plusieurs personnes en sortir, or il n'y avait que Danila. Le teint étrangement pâle, elle ne remarqua pas tout de suite la présence de Marcus et prit plusieurs inspirations, comme pour se calmer.
— Vous allez bien ? s'inquiéta-t-il.
Elle sursauta et pivota vivement vers lui.
— Oh, excusez-moi, je ne vous avais pas vu... Tout va bien, oui.
Ce mensonge ne convainquit pas le loup. Il la sentait un peu tendue depuis qu'elle avait vu son amie Jenna, mais ne parvenait pas à comprendre pourquoi.
— Vos mains sont toutes rouges ! s'affola-t-elle. Il ne faut pas vous gratter comme ça, vous vous faites saigner !
Avant qu'il ait pu protester, elle s'accroupit face à lui et approcha ses mains des siennes. Même si elle les éloigna avant de vraiment le toucher, le simple frôlement de ses doigts suffit à atténuer ses douleurs.
— Ce n'est vraiment rien, affirma-t-il sans la regarder. Ça finira par passer.
Il comprenait que ses lésions puissent paraître affolantes, mais dans l'immédiat, il ne s'agissait que d'un infime détail.
— Apparemment, Percy est devenu herboriste, je lui demanderai s'il a quelque chose pour vous aider. Votre bras va mieux ?
C'était déjà la première question qu'elle lui avait posée lorsqu'ils s'étaient mis en route.
— La blessure s'est refermée pendant la nuit et je ne sens plus rien. Je vous avais dit que ce n'était pas très grave.
En réalité, Marcus avait eu si mal qu'il avait cru perdre son bras. C'était la première fois qu'il se blessait si gravement et sans son pouvoir de cicatrisation, il serait sûrement alité.
— Vous leur avez raconté votre histoire ? demanda-t-il pour changer de sujet. Votre transformation en vampire et tout ce qui a suivi ?
Elle grimaça, tout en restant accroupie devant lui.
— Partiellement, oui. J'ai terriblement honte de ne leur avoir donné aucune nouvelle, j'étais si proche d'eux avant de quitter la Terre des Loups...
Quelques semaines plus tôt, il aurait peut-être osé alourdir sa culpabilité. À présent, il ne la jugeait plus comme autrefois.
— Comment les avez-vous connus ? Votre amie a eu l'air de dire qu'ils vous étaient redevables.
Elle hésita avant de répondre, l'air un peu gênée.
— Nous nous sommes tous rencontrés il y a environ huit ans. Quand j'ai eu quinze ans, Gladis m'a proposé d'imaginer un premier vrai projet en tant qu'alpha. J'ai eu l'idée de créer un orphelinat, mais qui ne ressemblerait pas aux autres structures déjà existantes. Je voulais un endroit chaleureux, où ceux qui y vivraient se sentiraient réellement comme chez eux. Nous avons construit ces chalets et sept premiers enfants ont été accueillis. Ce sont ceux dont vous venez de faire la connaissance.
Il l'écouta attentivement, admiratif.
— Cette pension est mon seul projet qui ait véritablement réussi. Toutes les autres idées que je proposais à Gladis et à nos conseillers étaient impossibles à réaliser. Il y avait toujours des problèmes budgétaires, ou un risque de froisser telle ou telle catégorie de personnes...
Bien qu'il n'ait encore jamais cherché à entreprendre quoi que ce soit, Marcus savait à quel point il était difficile d'améliorer la vie de leur peuple. Lorsque son père croyait avoir trouvé un bon moyen de résoudre un problème, des rabats-joie ne manquaient pas de soulever un quelconque obstacle.
— Vous pouvez être fière d'avoir mené tout cela à son terme, la complimenta Marcus, très sérieux. Cet endroit n'a en effet rien à voir avec les orphelinats que je connais.
Il avait quelques fois accompagné ses parents lors de visites aux plus démunis. Petit, il détestait s'y rendre et pleurait chaque fois qu'il en revenait. Il se disait toujours que si son papa mourrait, Eleanor ne pourrait peut-être pas le garder et il se retrouverait dans un pensionnat qui respirait le malheur. Avec le recul, ces craintes enfantines étaient on ne peut plus injustifiées, mais elles l'avaient quand même marqué.
— J'ai juste donné les principales idées, ma tante s'est chargée de tout superviser.
On aurait dit que cela lui coûtait d'admettre qu'elle avait réellement réussi quelque chose.
— Vous pensez que nous pourrons être hébergés ici ? J'ignore combien de temps nous devrons nous cacher, ou si c'est une bonne idée de rester dans un même endroit.
— Oh oui, Jenna m'a dit qu'il y avait largement la place ! fit-elle en se relevant. Un nouveau chalet a été construit pour elle et Glenn, afin qu'ils puissent y vivre avec leur bébé. Elle veut que nous nous y installions pendant notre séjour.
Elle avait un peu tiqué à la mention du mot "bébé" et Marcus sentit que sa pâleur y était liée. Ne supportait-elle pas les enfants, ou quelque chose de ce genre ? Après avoir appris qu'elle avait construit un orphelinat, cela l'aurait étonné.
— Heureusement que vous pouvez compter sur vos amis, déclara-t-il sans chercher à creuser le problème. À l'époque où je vous ai connue, ceux que vous aviez ne nous auraient pas servi à grand-chose.
Elle fronça d'abord les sourcils, avant de comprendre à quoi il faisait allusion. Un joli sourire prit forme sur ses lèvres roses.
— Oh, j'avais oublié que je vous avais présenté à mes fameux amis si nombreux...
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