Chapitre 24 - Loups en fuite
La flèche fila droit jusqu'à l'épaule de l'agresseur.
Il poussa un rugissement de douleur, qui surprit son acolyte. Cela laissa le temps à Marcus de les blesser avec son poignard, puis de les jeter à terre. Il ramassa son épée et vint en aide aux domestiques, tandis que Duncan achevait de vaincre l'un de ses adversaires. Il indiqua à Lyssandra et Julian de s'enfuir vers la forêt, là où se trouvait Danila.
— Il faut partir, vite ! l'entendit-elle crier.
Marcus n'obéit pas immédiatement et continua de se battre malgré sa blessure. La louve vit déjà certains de leurs ennemis commencer à se relever. Duncan et Marcus échangèrent des mots qu'elle ne perçut pas, avant d'inciter les domestiques à partir. Ces derniers restèrent tétanisés quelques secondes. Ils finirent par emboîter le pas aux deux loups, lorsqu'ils se dirigèrent à leur tour vers la forêt.
Danila vint à leur rencontre, mais Duncan lui fit signe de partir dans l'autre sens.
— Nous devons nous éloigner autant que possible. Nous ne pourrons pas tous les vaincre.
— Mais... Et les autres ? s'inquiéta-t-elle en ne voyant que deux domestiques. Et les chevaux ? Nous ne pouvons pas les laisser, ils...
— Pour l'heure, contentez-vous de courir.
Personne ne donna de contre-ordre et Danila s'exécuta. Elle fila aussi vite que possible, sans savoir où ils allaient. Plus ils s'enfonçaient dans la forêt, plus ils peinaient à avancer. La louve se prit les pieds dans des amas de neige et sentit de l'eau glacée s'infiltrer dans ses bottines. Seule la peur l'encourageait à ne pas s'arrêter, alors que son souffle se faisait de plus en plus court.
Au bout d'une éternité, Duncan estima qu'ils s'étaient suffisamment éloignés. Personne ne rechigna pour s'arrêter et les domestiques se laissèrent tomber par terre. Il s'agissait de deux femmes dont Danila ne connaissait pas le nom.
— Vous pensez qu'ils ont pu nous suivre ? souffla Lyssandra, les mains appuyées contre ses genoux.
Toujours aux aguets, Duncan balaya du regard les arbres tout autour d'eux. Aucun bruit suspect ne leur parvint.
— Je ne crois pas. Mais il faut quand même que nous continuions d'avancer.
— Pour aller où ? s'enquit Danila. Des gardes et des domestiques ont été blessés, ils ne sont peut-être pas morts. Nous devons revenir les aider.
Elle ne supportait pas l'idée de les abandonner dans le froid, à la merci de ceux qui les avaient attaqués.
— La plupart sont morts, déclara Duncan. C'est une route assez passante, ils finiront par être trouvés.
— Nous ne savons même pas où nous sommes, intervint Julian. La forêt doit être immense, qu'allons-nous faire si nous nous perdons ?
— Nous sommes déjà perdus, répondit le loup de l'Émeraude. Nous devons avant tout éviter de nous diriger vers l'est. C'est de là que nous venons.
Ces sombres paroles n'eurent rien pour apaiser la situation. Tous étaient plus blêmes les uns que les autres et chacun peinait à respirer normalement.
Marcus inquiétait tout particulièrement Danila. Lui qui aimait contrôler chaque situation, il n'avait jusque-là pas prononcé un seul mot. Son teint se faisait déjà assez pâle en temps normal, mais il lui apparaissait désormais comme livide.
— Oh, votre blessure ! se rappela la louve en venant vers lui. Il faut que nous vous fassions un bandage !
Son manteau dissimulait son bras, là où une épée l'avait touché. Cependant, elle pouvait voir du sang s'écouler jusqu'au bout de ses doigts.
— Ce... Ce n'est rien, je m'en occuperai plus tard.
Sa voix tremblotante ne lui ressemblait guère. Lorsque Danila croisa son regard, elle y lut de la douleur certes mentale, mais aussi physique.
— Vous perdez beaucoup de sang, insista-t-elle. Il ne faut pas que...
— Ça attendra, affirma-t-il en se mettant à marcher.
Elle comprit qu'elle ne pourrait rien en tirer, alors elle se résolut à le suivre. Il semblait être le seul à être vraiment blessé. Des égratignures parsemaient le visage ou les mains des autres, or d'ici quelques heures, leur pouvoir de cicatrisation les ferait disparaître. La plaie de Marcus risquait pour sa part d'être plus longue à guérir et aurait au moins mérité un pansement.
Toutefois, cela ne semblait être la priorité de personne. Tous étaient bien trop choqués par l'attaque qu'ils venaient de subir et ce qu'elle signifiait.
— Il ne s'agissait pas de brigands, n'est-ce pas ? eut le courage de demander Julian, au terme d'un lourd silence.
Ils évoluaient d'un pas rapide entre les arbres, vraisemblablement en direction de l'ouest.
— Non, répondit Marcus d'une voix blanche. Nous savons très bien qui les a envoyés.
Manik du Rubis, évidemment.
— Vous... Vous ne trouvez pas étrange qu'il décide de passer à l'attaque juste après que vous ayez découvert son évasion ? demanda Lyssandra. L'information a vraiment pu remonter si vite à ses oreilles ?
— Il doit avoir des complices et a possiblement enrôlé des traîtres, supposa Duncan.
Un frisson parcourut l'échine de Danila. Cela lui rappelait la période qui avait précédé la révolte des vampires. Plusieurs gardes et domestiques s'étaient révélés indignes de confiance. Elle nota que Marcus toisa d'un drôle d'air les deux employées qui les accompagnaient.
— Je me demande surtout comment il a pu nous retrouver si rapidement, articula-t-il entre ses dents. Notre itinéraire a changé à la dernière minute et est censé rester confidentiel. Je veux bien croire qu'un convoi de plusieurs carrosses puisse paraître suspect, mais c'est tout de même étrange.
Danila partageait son avis. Malheureusement, quelqu'un les avait forcément trahis.
— Dès que nous trouverons un village, nous préviendrons les soldats sur place, décréta Julian. Ils pourront se débrouiller pour nous raccompagner jusqu'à chez nous et...
— Je doute que ce soit une très bonne idée, le coupa son frère. L'équipe qui nous accompagnait a quasiment toute été tuée. Rien n'empêcherait Manik de recommencer avec la prochaine.
Risquer sa vie faisait partie intégrante du métier de garde, mais Danila ne supportait pas l'idée qu'il leur soit réellement arrivé quelque chose. Ils avaient tous une vie, des personnes qui attendaient leur retour... Ils ne pouvaient prendre le risque de sacrifier d'autres innocents.
— Vous devriez vous cacher quelque part jusqu'à ce que ce criminel soit retrouvé, leur conseilla Duncan. Ou alors, si vous tenez vraiment à rentrer chez vous, vous devrez voyager plus discrètement, sans prévenir personne.
— Avec nos halos, cela risque d'être compliqué, regretta Julian. Nous pourrions facilement nous faire repérer.
— Papa et maman l'ont bien déjà fait, protesta Marcus. Ils ont voyagé sur la Terre du Topaze et sur la Terre du Rubis pour retrouver les meurtriers de ma mère.
— Et ils ont failli mourir, compléta son frère.
Marcus ne répondit pas et Danila le vit grimacer. Elle ignorait si c'était davantage le fait de sa contrariété, ou de sa douleur.
— Je pourrais vous escorter, proposa Duncan. C'était mon métier, après tout. Mais en cas de problème, mademoiselle de l'Émeraude sera toujours ma priorité.
Cela touchait la louve, autant que cela la révoltait. Déjà qu'il avait pris des risques inconsidérés en l'aidant à s'enfuir, elle refusait qu'une telle scène se reproduise.
— Il est hors de question que vous vous mettiez en danger. Pensez à...
Elle ferma sa bouche juste à temps. Évoquer la princesse devant les autres finirait de rendre la situation catastrophique.
— Que deviendrais-je si je ne vous ai plus ? se rattrapa-t-elle tant bien que mal.
Duncan comprit qu'elle disait cela uniquement pour ne pas trahir son secret et resta impassible. En revanche, Marcus parut se crisper un peu et accéléra le pas.
Danila jugea préférable de se taire une bonne fois pour toutes et poursuivit la route en silence. Ils errèrent dans la forêt pendant des heures, tout en guettant une potentielle menace. Des rongeurs qui grattaient dans les buissons les firent parfois sursauter, mais hormis cela, les bois se révélèrent parfaitement calmes. Peut-être même un peu trop.
— Nous ne connaissons pas la taille de cette forêt, s'inquiéta Julian. Qu'allons-nous faire si nous sommes toujours perdus à la tombée de la nuit ?
— Faisons en sorte que ce ne soit pas le cas, répondit Marcus.
Lui et Duncan marchaient en tête du groupe. La louve entrevoyait du sang s'écouler le long de son bras, malgré ses tentatives de l'essuyer avec un mouchoir. Elle hésita plusieurs fois à lui proposer de l'aide, or elle savait qu'il l'aurait renvoyée promener.
Elle se contenta donc d'avancer sans se faire entendre, son arc désormais inutile toujours à la main. Même si leurs assaillants avaient fait preuve d'une terrible cruauté, elle espérait que l'homme qu'elle avait blessé ne mourrait pas.
— Regardez ! finit par s'écrier une domestique, le doigt pointé vers le ciel. De la fumée !
Danila leva la tête et constata que des volutes blanches s'élevaient dans les airs. Un village devait se trouver à une ou deux lieues de l'endroit où ils se trouvaient. Ils suivirent cette direction et approchèrent bientôt d'une route dégagée, qui menait à la cité.
— Je vais aller me renseigner pour voir où nous nous trouvons, annonça Duncan. Il vaut mieux que vous restiez dans la forêt sans vous faire remarquer.
Personne ne trouva rien à redire. Le loup s'éloigna, tandis que Julian et les domestiques se laissaient tomber sur un tronc d'arbre mort. Lyssandra les imita et Marcus s'adossa contre un sapin. En voyant qu'il s'apprêtait à soulever sa manche pour inspecter sa blessure, Danila le rejoignit. Il peina à retirer le tissu, collé à sa plaie, alors elle essaya de l'aider.
— Attendez, vous allez vous faire mal, l'arrêta-t-elle avant qu'il ne tire trop brusquement.
— Je peux me débrouiller, allez vous reposer avec les autres.
Elle n'écouta pas ses grognements et approcha les doigts de sa manche. Elle avait beau avoir passé quatre années à se nourrir de sang, sa vision ne manquait pas de la rebuter. Il resterait à jamais associé aux massacres qui s'étaient tenus au palais. Elle réussit cependant à outrepasser son dégoût et à décoller délicatement les restes de vêtements. Marcus eut un léger tressaillement, mais ne dit rien.
— Ça n'a pas l'air très profond, constata-t-il. Je n'aurai plus rien d'ici demain.
Danila partageait son avis. Elle s'était attendue à pire.
— Il faudrait quand même la nettoyer un peu.
Elle attrapa un mouchoir et se pencha pour ramasser un peu de neige. Elle attendit que le tissu soit imprégné d'eau, puis l'approcha de la blessure. Pour éviter de l'infecter, elle se contenta d'effleurer la peau tout autour de la plaie. Cela enleva le mélange de sang frais et de sang séché, qui ne lui inspirait rien de bon.
— Elle ne peut pas rester comme ça sans être désinfectée, s'inquiéta-t-elle, concentrée sur sa tâche. Nous aurions dû demander à Duncan de chercher quelque chose au village, il...
— Ne vous inquiétez pas. Il vaut mieux que nous économisions notre argent pour autre chose.
Une nouvelle réalité la frappa : elle n'avait pas une seule pièce sur elle. Elle n'avait pas eu le temps, ni la présence d'esprit, d'emporter quoi que ce soit avant de quitter le carrosse. Comment allaient-ils faire pour vivre ?
— J'ai toujours de l'argent sur moi, la rassura-t-il. Nous ne tiendrons pas très longtemps avec, mais c'est mieux que rien.
Il lui tardait de voir Duncan revenir, afin de savoir près de quel village ils se trouvaient. Dormir dans une auberge serait probablement exclu. Qu'allaient-ils faire de leur nuit ? Pire, qu'allaient-ils faire tout court ?
— C'est vraiment une catastrophe, soupira-t-il.
Elle se désintéressa de sa blessure pour lever les yeux vers lui. Il fixait le vide, avec une mine désespérée qu'elle ne lui avait jamais vue.
— Nous ne pouvons plus avoir confiance en personne, nous ne pouvons pas mettre en danger de nouvelles personnes, alors... Nous allons devoir nous débrouiller par nous-mêmes, résuma-t-il avec désarroi.
Le connaissant, Danila se serait plutôt attendue à le voir sur les nerfs, ou hors de lui. Il paraissait néanmoins trop choqué et abattu pour s'emporter.
— Nous aurions dû rentrer dès que les premiers problèmes ont commencé à apparaître, regretta-t-il. J'ai voulu jouer avec le feu et...
— Vous n'avez pas à vous en vouloir. Jamais vous n'auriez pu deviner que Manik du Rubis s'était échappé de sa cellule.
Leur situation l'encourageait à mettre ses rancoeurs de côté pour essayer de le réconforter. La Lune s'acharnait tant sur lui qu'elle ne pouvait l'enfoncer en se montrant distante ou désagréable.
Un court silence s'écoula, pendant lequel elle continua de nettoyer la blessure. Elle prenait soin de ne pas toucher sa peau, mais de temps à autre, l'un de ses doigts venait le frôler. Il se raidissait à son contact, sûrement dégoûté qu'une ex-vampire soit si près de lui.
— C'est vraiment vous qui avez tiré la flèche qui m'a sauvé ?
Il jeta un coup d'oeil à l'arc, que Danila avait déposé contre un arbre.
— J'ai vu que vous étiez en danger, alors... J'ai fait ce que j'ai pu pour vous aider.
Elle leva les yeux vers lui et se retrouva face à ses iris presque transparents. Ils la toisaient avec une intensité qu'elle ne sut déchiffrer.
— Vous étiez éloignée de nous, comment avez-vous réussi à viser aussi juste ? C'est... impressionnant.
Et pour le coup, il semblait réellement impressionné. Être l'objet de tant d'intérêt la mit mal à l'aise et elle se reconcentra sur la blessure.
— Je... L'arc est la seule arme que je maîtrise vraiment, j'étais une calamité à toutes les autres.
Tout alpha devait recevoir un minimum de formation militaire et une initiation au combat. Cela pouvait leur être utile en cas de guerre, ou lors d'une situation comme celle-ci. Gladis avait engagé les meilleurs instructeurs de la région, afin que sa nièce tente de manier une épée. Elle s'était vite rendu compte qu'à défaut d'atteindre son adversaire, Danila risquait surtout de se blesser elle-même...
Heureusement, elle s'était révélée plus prometteuse au tir à l'arc. Après des dizaines de flèches envoyées dans le décor, elle avait fini par comprendre les techniques pour viser juste. Cette arme lui serait parfaitement inutile pour un combat rapproché, mais c'était toujours mieux que rien.
— Je n'ai jamais pu atteindre ne serait-ce que le bord de la cible, lui avoua-t-il. Mon niveau est tout juste passable au poignard ou à l'épée.
Vu la manière dont il avait combattu, Danila n'aurait pas qualifié son niveau de "passable". Sans doute devait-il être contrarié de ne pas être venu à bout de ses deux adversaires. Même Duncan n'aurait pas tellement pu faire mieux.
— Je vous suis redevable, poursuivit-il, encore plus sérieux que d'ordinaire. Merci.
Elle fut si surprise de l'entendre prononcer des remerciements qu'elle redressa vivement la tête vers lui. Sauf si elle se trompait, c'était la deuxième fois qu'il lui tenait de tels propos. Elle crut d'abord qu'il s'y sentait obligé, or cela ne semblait pas être le cas.
— Une si grande part de vous est-elle réellement persuadée que je pourrais vous laisser mourir ?
Il entrouvrit les lèvres, l'air quelque peu déstabilisé. Avant qu'il ait pu lui répondre, Julian l'interpella pour lui demander s'il avait mal à son bras. Lorsqu'il reposa les yeux sur Danila, elle comprit qu'il ne poursuivrait pas le sujet.
Une fois la blessure nettoyée, elle s'éloigna et s'assit à côté de Lyssandra. Apparemment, celle-ci s'en voulait de ne pas avoir pu mettre en pratique les rudiments de combat qu'elle avait appris.
— J'ai eu trop peur pour vraiment me battre, regrettait-elle. Tout est arrivé si soudainement...
— C'est la première fois que tu devais faire face à une confrontation sur le terrain, intervint Marcus. Si jamais nous nous retrouvions encore dans ce genre de situation, tu t'en sortirais mieux.
Cela allait sans dire qu'ils espéraient tous ne plus avoir à tester leurs compétences... La louve sentait toutefois qu'ils risquaient d'y être obligés, tôt ou tard.
Duncan les rejoignit peu après. Tout le monde redouta de découvrir à quel point leur situation était désespérée. Cependant, il ne semblait pas trop faire grise mine.
— Nous sommes à côté d'Inveriff, leur annonça-t-il. Cela vous dit quelque chose ?
Il se tourna vers Danila, qui sentit un immense soulagement l'envahir.
— Oh, nous ne pouvions pas mieux tomber !
Les autres la considérèrent avec perplexité.
— J'ai des amis qui ne vivent pas très loin d'ici, près du village voisin. Nous ne pourrons pas y arriver avant ce soir, mais nous n'aurons qu'à y aller demain !
Elle se réjouissait d'avance à l'idée de les retrouver.
— Vous êtes sûre que ces "amis" voudront nous accueillir ? Ou qu'ils sont dignes de confiance ? s'enquit Marcus.
— Bien sûr ! Ils vivent dans une pension pour personnes en difficulté, c'est un peu comme un orphelinat, mais... Vous allez voir.
Aucun d'eux ne parut vraiment rassuré, ou convaincu. Pourtant, être perdus non loin de cet endroit était la meilleure chose qui aurait pu leur arriver. Même si Danila aurait préféré ne pas être perdue, évidemment.
— Dans l'immédiat, j'ai repéré une ferme où nous pourrons passer la nuit, déclara Duncan. Il suffira juste que nous nous faufilions discrètement dans l'étable, puis que nous repartions tôt demain matin pour...
— Une étable ? s'horrifia Julian. N'y a-t-il pas un autre endroit où nous pourrions dormir ?
— Et ne vaudrait-il pas mieux demander aux propriétaires de nous héberger, plutôt que d'entrer chez eux par effraction ? ajouta Marcus.
Duncan soupira, sûrement exaspéré par ce qu'il devait juger être des "caprices de princes". Danila se rappela soudain que lui-même appartenait à la royauté. S'il pouvait mettre de côté son confort et ses principes, les deux autres loups y parviendraient aussi.
— C'est prendre le risque de nous faire refuser et nous n'avons pas d'autre endroit où aller, expliqua-t-il d'une voix lasse. Nous attirerions l'attention en nous rendant dans une auberge. Il faut aussi que nous économisions le peu de pièces dont nous disposons. Sauf si vous tenez à dormir dans la neige, je ne vois pas ce que nous pouvons faire d'autre.
Tous baissèrent la tête, résignés.
— Nous réussirons bien à supporter une nuit dans une grange, affirma Danila.
Elle s'avançait peut-être un peu trop vite, mais s'ils se laissaient démoraliser, ils ne s'en sortiraient pas.
Après ce qu'ils avaient vécu, ils devaient s'estimer chanceux d'être toujours en vie.
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