Chapitre 22 - Fin du voyage ?
Marcus s'efforça de reprendre ses esprits.
Qui pouvait être en train de monter jusqu'à lui ? Manik ? Il en doutait. Ce maudit meurtrier devait désormais être bien loin. Peut-être avait-il des complices ? Peut-être que quelqu'un avait vu Marcus entrer dans la tour et que cette personne voulait se débarrasser de lui avant qu'il file tout raconter ?
Cette dernière option n'annonçant rien de bon, il se cacha derrière la porte. Ses deux poignards toujours brandis, il attendit que le visiteur vienne jusqu'à lui. À l'instant où il entrerait dans la pièce, il le prendrait par surprise et l'attaquerait avant qu'il ne soit trop tard. Le maîtriser ou l'assommer suffirait, mais s'il n'avait d'autre choix que de le tuer, il ne pourrait pas hésiter.
Les pas se rapprochèrent petit à petit, jusqu'à être tout proches. Marcus cessa de respirer et guetta l'ombre de son adversaire. Elle se rapprochait, se rapprochait encore et... Maintenant.
L'homme passa la porte et Marcus se jeta sur lui. Un cri résonna dans la tour, alors que le futur alpha plaquait sa victime au sol. Il se prépara à lui asséner un coup en pleine mâchoire, jusqu'à réaliser qu'il connaissait ce manteau marron, cette écharpe beige, ces cheveux bruns... Et ce visage aussi.
— Julian ?
Il jeta aussitôt ses poignards et releva son frère en même temps que lui. Celui-ci grogna en se frottant l'arrière de la tête, qui avait sûrement dû taper contre le sol.
— Ça ne va vraiment pas, grommela-t-il. Qu'est-ce qui t'a pris de m'attaquer comme ça ?
— Excuse-moi, je ne pensais pas que c'était toi. Qu'est-ce qui t'a pris de venir ici, surtout ? Tu m'as suivi ?
Son ton accusateur ne fit aucun effet à Julian, qui le toisa avec sévérité.
— Et j'ai bien fait, visiblement ! Tu as vu ce cadavre dans l'escalier ? C'est tellement hor...
Il se figea en constatant la présence des deux autres corps, étendus dans la pièce. Marcus l'avait rarement vu aussi blême, et il y avait de quoi. À sa connaissance, jamais son frère ne s'était retrouvé face à la mort. Encore moins face à une scène aussi sanglante.
— Tu n'aurais pas dû me suivre ! s'emporta Marcus. Ce ne sont pas des choses que tu étais censé voir, je...
— C'est là que se trouve le frère de maman ? l'interrompit Julian.
Cela aida le loup à revoir l'ordre de ses priorités. L'état de son frère lui importait plus que tout, mais il devait avouer qu'ils faisaient face à une sacrée situation de crise.
— C'est là qu'il se trouvait, visiblement, rectifia-t-il en regardant autour d'eux. Il a dû réussir à tuer ses gardes et à s'échapper.
Énoncer cette vérité attisa la panique qui montait en lui. L'un des hommes les plus dangereux de la Terre des Loups se baladait actuellement dans la nature.
L'homme qui avait tué sa mère.
L'homme qui voulait sûrement tuer toute sa famille.
— Comment tu sais que ce n'est pas l'un d'eux ? s'enquit Julian d'une voix chevrotante, en désignant les hommes morts.
— Ils portent des uniformes de gardes.
Et malgré leur piteux état, Marcus pouvait affirmer qu'il ne s'agissait pas d'individus originaires de la Terre du Rubis.
Un silence terrible s'abattit sur la pièce. L'instinct de Marcus le poussait à éloigner son petit frère de cet endroit sordide, mais ses pieds semblaient cimentés au sol. Sa détresse, couplée à l'affreuse odeur de mort, le mettait en proie à une migraine des plus redoutables.
— Va m'attendre en bas, déclara-t-il finalement. Je vais inspecter le reste de la pièce pour voir si je trouve quelque chose.
Il ignorait ce qu'il aurait bien pu trouver, or il ne pouvait pas quitter cet endroit ainsi. Peut-être que le corps de Manik allait miraculeusement apparaître derrière un placard, ou qu'un indice l'éclairerait sur ce qu'il s'était produit.
— Je crois surtout qu'on devrait partir tous les deux, répondit Julian. Il faut qu'on aille prévenir maman et...
— Juste cinq minutes. Descends et attends-moi.
Loin de s'exécuter, son frère soupira et commença à inspecter les tiroirs. Marcus n'eut pas le coeur à se chamailler avec lui, alors il le laissa faire.
Il remua une pile de vieux vêtements, qui ne devaient pas avoir été renouvelés depuis des années. Les pages sales et cornées des livres indiquaient qu'ils avaient été lus et relus un nombre incalculable de fois. Eleanor avait sûrement dû espérer que son frère finisse par mourir d'ennui, ou saute de sa tour. En jetant un coup d'oeil à la fenêtre, Marcus nota que la nuit commençait à tomber. Il remarqua aussi d'étranges entailles faites dans le bois, au niveau du rebord.
Vingt-et-une croix avaient été gravées. Comme autant d'années que Manik avait passées enfermé.
Et vingt-et-une années que Marcus avait vécues sans sa mère.
— Tu te rends compte que maman a passé six ans dans une tour comme celle-ci ? murmura Julian.
À sa place, Marcus n'aurait pas survécu. Il lui tardait déjà de s'enfuir au plus vite. Il voulait bien croire que les circonstances et la présence des corps n'encourageaient pas à s'attarder, mais même sans cela, il se serait senti oppressé par cet espace réduit.
— Je monte dans la salle de bains et nous partons.
Il s'engagea dans le maigre escalier de bois et Julian le suivit. Hormis un miroir sale, des toilettes vétustes et une baignoire attaquée par l'usure, il n'y avait rien. Ils en eurent vite fait le tour et Marcus s'apprêtait à redescendre, lorsque son frère poussa un glapissement.
— Quoi ? s'affola Marcus en revenant vers lui. Qu'est-ce qu'il y a ?
Manik avait-il trouvé le moyen de se cacher sous les toilettes ?
— Il... Quelque chose a bougé dans le miroir. Tu ne l'as pas vu ?
Marcus fronça les sourcils et s'approcha de la vieille glace ovale. Il ne lui trouva rien d'anormal, excepté peut-être la crasse qui la recouvrait.
— C'est juste ton reflet. Viens, partons d'ici.
Julian resta un instant immobile devant le miroir, comme s'il y avait vu une incarnation de la Lune. Son frère l'attrapa doucement par le bras pour l'inciter à le suivre et ils redescendirent le petit escalier.
— Qu'est-ce qu'on fait d'eux ? demanda Julian en désignant les pauvres gardes. On ne peut pas les laisser comme ça.
Ces soldats auraient effectivement mérité un meilleur hommage. S'ils avaient accepté ces postes de gardiens, coupés du monde, cela signifiait probablement qu'ils n'avaient pas de famille. Leur mort n'en était pas moins tragique pour autant.
— Nous dirons à quelqu'un de venir s'en occuper. Nous ne pouvons rien faire maintenant.
Les corps auraient peut-être besoin d'être examinés, afin de déterminer plus précisément ce qui s'était produit. Manik avait-il reçu une aide extérieure ? Les soldats n'étaient-ils pas censés redoubler de précautions et être surentraînés ? Avaient-ils baissé la garde au mauvais moment ?
Ces questions tourmentèrent Marcus pendant toute la descente des marches. Lorsqu'il retrouva l'air frais de l'extérieur, il prit de grandes inspirations, comme après des siècles d'apnée. Il eut toutefois l'impression que l'odeur de mort resterait à jamais imprégnée sur lui.
Les deux loups traversèrent le lac en redoublant de précautions, peu aidés par le soleil qui disparaissait derrière les arbres. Julian tomba plusieurs fois et manqua d'entraîner son frère dans ses chutes.
— Je n'en reviens pas que tu m'aies suivi, grommela Marcus en atteignant la terre ferme. Tu te rends compte que tu aurais pu passer sous la glace ?
C'était d'ailleurs un miracle que Julian soit toujours entier. La simple marche en forêt, dans le froid et la neige, aurait dû l'épuiser.
— Et toi, alors ? répliqua-t-il. Si tu étais tombé et que je ne t'avais pas suivi, qu'est-ce que tu aurais fait ?
Ses derniers mètres sur la glace s'avérèrent un peu hasardeux et il attrapa la main que son frère lui tendait.
— Je me serais débrouillé. Tu n'aurais jamais dû me suivre, qu'est-ce qui t'a pris ?
Julian le rejoignit enfin au bord du lac et s'arrêta pour reprendre son souffle, les poings sur les hanches.
— Tu croyais vraiment que je ne me doutais de rien ? lui lança-t-il avec un sourire sans joie. Rowan m'a prévenu que tu risquais de vouloir retrouver Manik, il m'a dit de te garder à l'oeil.
Marcus détourna le regard. Il aurait dû se douter qu'après avoir révélé ses intentions à son oncle, celui-ci chercherait à contrarier ses plans.
— Ce ne sont pas tes affaires. J'ai mes raisons de vouloir régler mes comptes avec lui, aucun d'entre vous n'a le droit d'interférer.
Il se montrait présomptueux en affirmant une telle chose, mais il n'était pas d'humeur à se montrer raisonnable. Il sortit sa carte et reprit en sens inverse le chemin qu'il avait emprunté.
— Ce qui te concerne me concerne aussi, affirma son frère, quelques pas derrière lui. Tu as déjà eu suffisamment de problèmes comme ça, ce n'est pas en tuant ce monstre que tu vas t'en sortir.
Marcus serra les dents et agita ses doigts nerveusement. Ils commençaient à le démanger.
— Tu aurais pu te faire tuer en te baladant seul dans cette forêt, réprimanda-t-il Julian. Qu'aurais-tu fait si tu m'avais perdu de vue ? Tu aurais attendu que des brigands te détroussent ?
Le jeune loup ne savait absolument pas se battre. Marcus n'aurait certainement pas pu s'en sortir contre quatre ou cinq assaillants, mais en cas d'attaque, il était bien mieux préparé que son frère.
— Je craignais davantage de finir enseveli par la neige que dépouillé par des voleurs. L'autre jour, quand tu as été voir la première tour, je...
— Parce que tu m'as aussi suivi les fois d'avant ? s'exclama-t-il en faisant volte-face.
Il ignorait s'il se sentait choqué, indigné, ou impressionné.
— Juste la première fois. Je voulais aussi te surveiller lors de la pleine lune, je me suis douté que tu allais essayer d'en profiter, mais comme je ne me suis pas transformé...
Il grimaça, tandis que Marcus restait interdit. Il avait été si préoccupé par son objectif, ainsi que par ses problèmes de transformation, qu'il ne s'était pas douté que son petit frère avait réussi à le percer à jour.
— Et si je l'avais trouvé, qu'est-ce que tu aurais fait ? Tu m'aurais vraiment empêché de le tuer ?
Il ne tenait pas à lui rappeler ce que Manik avait infligé à Eleanor, mais si Julian s'aventurait à le défendre, il n'hésiterait pas.
— Évidemment. Je ne vais pas te laisser devenir un meurtrier et...
Marcus poussa un grognement d'exaspération. Pourquoi sa famille restait-elle à ce point dans le déni ?
— J'ai déjà tué quelqu'un. Me débarrasser de celui qui a ruiné ma vie n'aggravera pas mon cas.
Le visage de son frère s'assombrit et il s'en voulut d'avoir été aussi rude. Évoquer sa "vie ruinée" devant celui qui avait toujours tout fait pour le soutenir était peut-être injuste.
— Des milliers de loups perdent le contrôle et s'en prennent à des vampires. Certains ont même tué des Neutres, ou se battent à mort entre eux. Assassiner quelqu'un de sang-froid n'est pas comparable.
Débattre avec lui ne servait à rien. Marcus recommença à marcher, en espérant que Julian allait se taire. Or il n'exauça pas son souhait.
— Ce n'est pas pour rien que maman l'a laissé en vie, poursuivit-il dans son dos. Elle voulait qu'il souffre, mais surtout, je pense qu'elle ne voulait pas se rendre responsable de sa mort. Et elle ne voulait pas que papa en soit responsable non plus. Elle souhaitait nous donner un nouveau départ, à chacun de nous, en commençant par faire des choses justes et...
— Sauf que j'ai raté le départ, le coupa Marcus en se tournant de nouveau. Ou plutôt, je ne l'ai jamais pris. Je suis resté coincé dans le passé.
Il ne se laissa pas le temps de réfléchir et enchaîna :
— Papa et maman ont réussi à entamer une nouvelle vie. Même Rowan, à sa manière, a tourné la page. Mais moi, j'en suis incapable.
Sa voix tremblait et il parlait beaucoup trop vite. Cependant, il ne pouvait s'arrêter.
— Tu sais pourquoi j'ai tué ce vampire ? Tout le monde sait que je maîtrise mal mes pulsions, mais cette nuit-là était encore pire que les autres. C'était juste après mon anniversaire et... Tout ce que je parvenais à me dire, c'était que j'étais désormais plus vieux qu'elle.
Il se souvenait encore de l'état dans lequel l'avaient plongé ces idées noires.
— J'ai seulement vingt-quatre ans et j'ai déjà vécu plus longtemps qu'elle. Il l'a tuée quand elle avait vingt-trois ans et...
Il avait toujours su que sa mère était morte bien trop jeune. Pourtant, lorsqu'il avait dépassé son âge, cela lui avait fait l'effet d'une nouvelle claque.
— Je sais que je ne suis pas le seul à avoir perdu ma mère. Que c'est arrivé à papa aussi, à des millions d'autres personnes bien plus à plaindre que moi, mais... Je n'arrive pas à le surmonter. Je n'en peux plus de vivre avec ça, alors s'il y a le moindre petit espoir que tuer son meurtrier m'aide à avancer, je veux le saisir.
À bout de souffle, il s'interrompit et prit une bouffée d'air glacé.
— Ça ne peut pas être pire, de toute manière, conclut-il en laissant ses épaules s'affaisser.
Se confier ainsi l'avait exténué. Il le regrettait déjà. Néanmoins, il n'en pouvait plus d'entendre les autres essayer de le raisonner. Toute sa famille pensait agir pour son bien, or s'ils lui enlevaient la possibilité de tuer Manik, ils lui arrachaient son dernier espoir de guérir. D'atténuer cette plaie qui ne faisait que s'étendre au fil des années.
La douleur qu'il lut dans le regard de Julian lui brisa le coeur. Il s'en voulait d'être un tel fardeau pour ceux qu'il aimait et qui n'avaient cessé d'être présents pour lui, de supporter ses caprices et ses humeurs. Ses parents lui avaient offert la plus belle des familles. Il aimait Eleanor comme sa mère et lui serait à jamais reconnaissant pour le rôle qu'elle avait joué dans sa vie. Elle avait illuminé l'existence de son père et grâce à elle, il avait un petit frère en or. Il n'avait pas exagéré, lorsqu'il avait dit à Danila qu'il aurait pu se sacrifier pour lui. Il l'aimait plus que sa vie.
Incapable de supporter cette situation plus longtemps, il avança d'un pas vif, en tâchant de se calmer. La nuit était à présent presque tombée et il ne devrait pas tarder à activer sa vision animale afin de se repérer.
Ils marchèrent un bon moment en silence et il crut que Julian avait lâché l'affaire. Toutefois, la voix de son frère finit par s'élever :
— J'aimerais vraiment que tu ailles mieux aussi.
La gorge serrée, Marcus garda les yeux rivés sur les sapins qui s'élevaient devant lui.
— Je ferai toujours tout pour t'aider, je te le promets.
Ses mots le touchèrent plus qu'il ne pouvait le décrire. Faire face à son frère l'aurait contraint à trahir ses émotions, or il s'était déjà dévoilé plus que de raison.
— Dans l'immédiat, ma vengeance va devoir attendre, marmonna-t-il pour donner le change. Manik peut être n'importe où et seule la Lune sait ce qu'il manigance.
Depuis combien de temps s'était-il échappé ? Comment faisait-il pour laisser croire à sa soeur qu'il se trouvait toujours dans sa tour ? Réussissait-il à envoyer de fausses lettres ? Où s'était-il caché ?
Seules ses intentions ne faisaient aucun doute. Manik allait chercher tous les moyens d'atteindre le Grand Alpha et Eleanor. Il serait aussi tout à fait capable de s'en prendre à Julian. Voire même à Marcus.
— Il faut que papa et maman soient prévenus immédiatement, déclara-t-il en enjambant des branchages. Les messagers se chargeront de faire au plus vite.
Manik pouvait prévoir une attaque à n'importe quel moment. Peut-être même était-il déjà trop tard. Il avait certainement eu le temps d'engager quelqu'un pour tuer Eleanor, que ce fût en l'empoisonnant ou en lui plantant une dague en plein coeur.
— Nous rentrons à la maison sur-le-champ. Nous ferons aussi peu de haltes que possible, il ne faut pas que nous perdions de temps et...
— Calme-toi, le coupa Julian. Papa et maman sont en sécurité. Ils vivent entourés de centaines de soldats.
— Justement, Manik pourrait soudoyer l'un de ces soldats. Il pourrait aussi profiter d'une sortie à l'extérieur du palais.
C'était ce qu'il avait fait pour sa mère. Il l'avait espionnée pendant des semaines et avait remarqué ses sorties nocturnes au village, afin d'aider ses amis Neutres. Il avait demandé à un vampire de la vider de son sang et celui-ci n'avait pas hésité, même si cela avait entraîné sa propre mort.
— Tu n'as pas l'air de te rendre compte de la gravité de la situation, poursuivit-il comme Julian restait silencieux. Cet homme est le pire ennemi de notre famille, il est capable de commettre les pires atrocités.
Rien que d'en parler, il se sentait au bord du malaise. Son coeur battait beaucoup trop vite et sa tension devait atteindre des sommets. S'il se transformait maintenant, il ne se donnait pas cinq secondes avant de devenir fou.
— Honnêtement, je n'arrive pas encore à tout réaliser. Ce que nous venons de voir était déjà assez choquant comme ça...
Marcus ralentit pour lui jeter un coup d'oeil. Malgré sa peau naturellement bronzée, son frère était plus pâle que jamais. Il se démenait pour suivre le rythme et dérapait sur des petites plaques de givre.
— Tu n'aurais pas dû me suivre, répéta Marcus. Je suis désolé que tu aies eu à voir ça, je...
— Tu crois que l'évasion de Manik a quelque chose à voir avec nos problèmes de transformation ?
Le loup ne répondit pas tout de suite. Cette question le taraudait depuis qu'ils avaient quitté la tour.
— C'est impossible que ce soit une coïncidence. Mais d'un autre côté, je ne vois pas comment il aurait pu s'y prendre.
Il voulait bien croire que le frère d'Eleanor était capable de beaucoup de choses, mais il ne pouvait défier les lois de la nature. Il ne fallait tirer aucune conclusion hâtive, au risque de passer à côté d'un élément crucial.
Marcus et Julian ne prononcèrent plus un mot jusqu'à atteindre l'auberge. Il faisait nuit noire lorsqu'ils arrivèrent dans le couloir de leurs chambres, où les attendaient Lyssandra et Danila.
— Vous allez vraiment nous faire croire que votre entraînement a duré si longtemps ?
Lyssandra semblait la plus dubitative. Elle considéra Julian avec attention et le teint livide de ce dernier n'eut rien pour la rassurer.
— Il va y avoir du changement, annonça Marcus. Notre séjour sur la Terre de l'Émeraude est terminé.
Il croisa un instant le regard de Danila, avant d'ajouter :
— Nous partons dès la première heure.
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