Chapitre 16 - Rien qu'un léger problème...

Et si les gens te détestent ? Et s'ils ne veulent pas te voir ? Et s'ils te jettent des tomates ?

Danila avait hâte que cette journée se termine. Une alpha n'aurait pas dû avoir peur de son peuple, pourtant elle redoutait de sortir de l'auberge. Elle et les fils du Grand Alpha devraient bientôt monter à bord d'une calèche, qui allait faire le tour du village de Mactowel. Ils seraient ensuite invités à une réception organisée par l'une des plus riches familles de la cité, où seraient présents d'autres convives triés sur le volet.

La louve espérait que l'attention de tout le monde se porterait principalement sur Julian et Marcus, mais elle savait qu'il n'en serait rien. Chaque habitant de la Terre de l'Émeraude avait été informé de son retour, ce qui avait dû attiser leur curiosité. Tous voudraient voir à quoi ressemblait leur nouvelle alpha et comprendre ce qui lui était arrivé.

Gladis affirmait que personne n'oserait lui poser de questions. Cependant, si certains s'y aventuraient, elle avait recommandé à sa nièce de prétexter des "problèmes personnels" dont elle ne souhaitait pas parler. Tant pis pour la transparence que les dirigeants devaient à leur peuple, du moment que les enfants du Grand Alpha étaient présents pour lui offrir leur soutien.

Danila aurait été plus à l'aise en se montrant honnête, mais si quelques secrets pouvaient lui épargner des explications sur sa condition de vampire, ainsi que des invectives, ce n'était peut-être pas plus mal.

— Cela a été un honneur de vous accueillir, déclara Ian de l'Émeraude, l'aubergiste qui leur avait offert un toit pour la nuit. J'espère que tout a été à votre convenance.

— Votre auberge est on ne peut plus charmante, le complimenta Danila, qui avait sincèrement apprécié les lieux. Je penserai à vous si j'ai un jour l'occasion de revenir à Mactowel.

L'homme afficha un immense sourire. La veille, lorsqu'ils étaient arrivés, elle avait remarqué que le personnel la regardait un peu bizarrement, comme s'ils essayaient de deviner les raisons de sa disparition. Elle s'était efforcée d'avoir l'air aussi naturelle que possible et depuis, il lui semblait qu'ils la fixaient avec un peu moins d'insistance.

— Nous serons toujours heureux de recevoir notre alpha. J'espère que vous passerez une agréable journée au village.

Et justement, après de derniers au revoir, il fut l'heure de quitter l'auberge. Leur calèche avait déjà été avancée et de nombreux badauds s'étaient réunis tout autour. Ils se mirent à pousser des exclamations enthousiastes dès qu'ils aperçurent les jeunes loups.

— Ah, ils sont là ! couina quelqu'un.

— Marcus !

— Julian !

Tout ne devint bientôt plus qu'un immense brouhaha, qui étourdit Danila. Des soldats maintenaient les curieux à bonne distance, mais cela ne les empêchait pas de tendre toutes sortes d'offrandes. Julian semblait être le plus sollicité et il essaya d'aller vers autant de personnes que possible. Marcus se contenta de quelques légers signes de tête, tandis que Lyssandra semblait assez mal à l'aise.

— Mademoiselle Danila ! Tenez, c'est pour vous !

La concernée eut un peu de mal à repérer la personne qui l'interpella, mais elle ne tarda pas à voir un immense bouquet de fleurs, tendu vers elle.

— Nous sommes très contents que vous soyez revenue ! lui dit une jeune louve légèrement décoiffée. Nous aimions beaucoup votre tante, mais tout le monde était si inquiet pour vous !

Très touchée, Danila attrapa les fleurs un peu maladroitement.

— Merci... Merci beaucoup, bredouilla-t-elle. J'espère que je ne vous décevrai pas...

La louve lui sourit et prononça des paroles qu'elle n'entendit pas. Les gardes encouragèrent leur alpha à avancer vers la calèche, à bord de laquelle Lyssandra et Marcus étaient déjà montés. Seul Julian s'attardait un peu auprès des curieux, au plus grand dam des soldats.

— Il est toujours le préféré des foules, fit Marcus à l'adresse de Lyssandra. Il va falloir t'y habituer...

La louve du Topaze ne semblait pas trop savoir quoi penser de la situation. Danila avait remarqué que tout comme elle, elle paraissait assez timide.

— J'avais déjà eu l'occasion de le remarquer, mais j'ai encore un peu de mal à m'y faire, reconnut-elle. Tout le monde doit me détester.

Julian les rejoignit au même moment et entendit ces derniers mots.

— Oh, les gens sont juste contents de voir l'un des enfants du Grand Alpha, affirma-t-il. Ils préféreraient largement que Marcus leur adresse la parole, il reste le parti le plus convoité de la Terre des Loups...

Il lança un petit clin d'oeil à son frère, qui détourna le regard et conserva un air impassible.

— D'ailleurs, à présent que le roi des vampires est mort, je dirais même que tu es le parti le plus convoité du monde ! rectifia Julian. As-tu une réaction, un mot pour nous dire ce que cela fait de recevoir un tel titre ?

Ces petites taquineries détendirent un peu Lyssandra, mais Marcus resta de marbre.

— Il sera beaucoup plus amusant d'être ta femme que la mienne, répondit-il alors que leurs chevaux commençaient à avancer.

Ça, je n'en doute pas. Danila le songea si fort qu'elle se demanda si elle ne l'avait pas dit à voix haute. Comme personne ne la regardait avec de grands yeux offusqués, elle devina que non.

La plupart des jeunes filles du monde devaient rêver de se marier avec le futur Grand Alpha. Cependant, si elles avaient un jour l'occasion de le rencontrer et de discuter avec lui, elles prendraient sûrement leurs jambes à leur cou. Il dégageait certes une prestance qui leur donnerait envie de lui passer la bague au doigt, or personne ne pouvait vivre avec quelqu'un d'aussi froid.

Lyssandra avait choisi le bon frère. Danila souhaitait bien du courage à celle que Marcus consentirait à épouser, si tant est qu'il trouve quelqu'un à sa convenance... Ou à condition qu'une demoiselle se dévoue pour supporter sa perpétuelle mauvaise humeur.

La calèche avança doucement à travers les rues du village, sous les applaudissements et les cris de la foule. Les jeunes loups saluèrent tout le monde et même Lyssandra finit par se prêter au jeu. Danila eut une pensée pour Duncan, qui n'avait pu – et ne voulait pas – participer aux festivités. Lui qui aimait rester dans l'ombre aurait été bien embarrassé face à tant de monde.

En jetant des coups d'oeil furtifs à Marcus, Danila nota qu'il semblait étrangement anxieux. Son regard parcourait la foule avec une certaine nervosité, comme s'il craignait que quelqu'un jette quelque chose sur leur convoi. La louve devait avouer qu'elle-même redoutait un peu ce genre d'incidents, mais elle savait que les gardes étaient là pour veiller sur eux. Marcus se gratta les doigts presque convulsivement, avant de s'interrompre dès qu'il vit que Danila l'observait. Elle avait déjà remarqué les rougeurs qui apparaissaient sur son pouce et au bout de ses phalanges, lorsque le jeune homme paraissait soucieux.

Elle ne s'en préoccupa pas davantage et continua de saluer la foule. Leur véhicule fit un tour dans le village pendant une bonne heure, si bien qu'elle finit par avoir mal aux joues à force de sourire. Cela ne la gêna pas outre mesure, car elle profita surtout de l'énergie positive que lui envoyaient ceux qui s'étaient rassemblés. Tous étaient heureux de mettre des visages sur des noms et des titres dont ils entendaient parler depuis toujours. Réciproquement, voir tant de monde réuni donnait une certaine force à Danila.

Les sourires et les mains levées dans sa direction l'aidaient à réaliser qu'au fond, elle ne devait pas avoir peur de son peuple. La majorité des loups de l'Émeraude et de tous ceux qui vivaient dans la région ne souhaitaient que sa réussite. Son devoir l'engageait à prendre les bonnes décisions pour sa meute, afin que chacun puisse vivre la meilleure existence possible. Même si ces responsabilités la terrifiaient, elles lui donnaient aussi envie de tout mettre en oeuvre pour ne pas décevoir ces gens.

S'ils l'acceptaient en tant qu'alpha, alors elle devrait se montrer à la hauteur.

La calèche s'arrêta devant une grande demeure en pierre grise. Toute une myriade d'hommes et de femmes richement habillés les attendaient sur les escaliers du perron. Danila imaginait qu'au cours des prochaines semaines, leurs journées se suivraient et se ressembleraient presque en tous points. Promenades dans les villages, salutations à la foule, remerciements lorsqu'on leur souhaiterait la bienvenue, fêtes organisées par les plus riches...

Avec un peu de chance, la louve finirait par y trouver une routine assez agréable et tout se passerait bien. Elle craignait toujours de dire une bêtise, de trébucher, ou d'échapper quelque chose sur quelqu'un, mais elle s'efforçait de ne pas trop y penser.

Le propriétaire de la demeure, un commerçant prospérant grâce à ses nombreux moulins, les guida jusqu'à un grand salon vert où les attendaient une cinquantaine de convives. Les couturiers du village ne devaient pas avoir manqué de travail, car chacune des personnes présentes portait une tenue flambant neuve.

— C'est vraiment un honneur de vous accueillir, répéta leur hôte pour ce qui devait être la dixième fois. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis à votre entière disposition.

Danila le remercia et attrapa une coupe de jus de fruit pour se donner une contenance. Duncan lui avait recommandé de ne rien boire et de ne rien manger lors des diverses réceptions qui seraient organisées, mais elle ne voyait pas comment cela serait possible. Si elle ne touchait à aucun petit four et qu'elle ne buvait aucune des boissons proposées par ceux qui la recevaient, elle aurait tôt fait d'avoir l'air suspecte.

Marcus et Julian furent bientôt accaparés par deux hommes qui se présentèrent à eux, tandis que Lyssandra restait un peu cachée derrière eux. Son sourire aussi crispé que celui de Danila trahissait sa nervosité à l'idée de participer à la première de la nombreuse série de festivités qui les attendaient. Son rôle de compagne non-officielle de Julian ne devait pas être facile à tenir, d'autant plus que la jeune alpha avait cru comprendre qu'elle ne venait pas de la haute société. Elle voulut la rejoindre pour essayer de discuter un peu avec elle, mais quelqu'un l'intercepta avant qu'elle n'en ait le temps :

— Mademoiselle de l'Émeraude, comme je suis ravi de vous revoir ! fit un vieil homme d'une voix nasillarde. Vous ne vous souvenez sûrement plus de moi, n'est-ce pas ?

Danila le salua et tâcha de l'étudier avec attention. Son crâne dégarni et ses gros yeux globuleux ne lui disaient rien. Elle détestait ce genre de situation, lorsqu'elle était censée reconnaître quelqu'un dont elle ne se rappelait absolument pas. Si Gladis avait été là, nul doute qu'elle aurait su lui souffler l'identité de l'inconnu.

— Je dois avouer que non, admit-elle, un peu gênée. Toutes mes excuses, comment vous appelez-vous ?

Heureusement, il ne parut pas offusqué par son ignorance.

— Doughall de l'Émeraude, j'étais un ami de votre grand-mère. Vous étiez toute petite, la dernière fois que je vous ai vue ! Vous avez autant grandi que mon petit-fils, qui a votre âge d'ailleurs !

Il lui désigna un jeune homme brun qui se tenait à côté de lui, aux cheveux si bien coiffés qu'ils en étaient tous plats.

— Oh, vraiment ?

Quand un loup s'aventurait à présenter son fils ou son petit-fils en soulignant leur faible écart d'âge, cela était rarement de bon augure...

— Oui ! Cormag ne cesse de me parler de vous depuis que nous avons appris votre retour. Tout le monde ne parle que de ça, mais nous avons été particulièrement émus de vous savoir parmi nous ! Vous avez l'air en pleine forme !

Danila grimaça un sourire, tout en s'efforçant de trouver quelque chose à dire.

— Je... En effet, tout va bien. J'ai connu une période difficile, mais... Je suis décidée à reprendre une vie normale.

La curiosité brillait dans les yeux du vieil homme, or il n'osa la questionner davantage.

— Voilà qui est pour le mieux ! s'exclama-t-il à la place. J'imagine que cela doit vous faire étrange de revenir dans la société, après avoir été tenue à l'écart si longtemps. Je sais que votre séjour à Mactowel n'est que très bref, mais une fois votre voyage terminé, Cormag se fera une joie de vous rendre visite au palais. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, bien sûr.

La louve jeta un regard tendu au jeune loup, qui lui attrapa la main pour l'embrasser. Elle dut prendre sur elle pour ne pas la retirer trop vite et conserver un air cordial.

— Je vous remercie, je tâcherai d'y penser, articula-t-elle en faisant mine de regarder derrière eux. Oh, si vous voulez bien m'excuser, je crois que quelqu'un m'appelle là-bas !

Elle leur adressa un petit sourire contrit et se défila aussi vite que possible. Lorsqu'elle parcourut la salle du regard afin de trouver un endroit où se réfugier, elle nota que Marcus avait les yeux rivés sur elle. Comme de coutume, on aurait dit que quelqu'un lui avait volé son goûter. Faute de mieux, elle décida d'aller vers lui. D'autres fils à marier semblaient prêts à lui sauter dessus, alors peut-être que la présence du futur Grand Alpha les impressionnerait assez pour les tenir à distance.

— Je suis peut-être le parti le plus convoité de la Terre des Loups, mais vous êtes assurément la demoiselle la plus courtisée de la Terre de l'Émeraude, déclara-t-il dès qu'elle fut près de lui.

Elle le vit sortir une flasque de sa veste bleue et en prendre une gorgée. Cela lui rappela le roi des vampires, qui en sortait une similaire lors des bals.

— Ces gens ne sont intéressés que par mon titre, ils prendraient la fuite s'ils me connaissaient vraiment...

À peine eut-elle prononcé ces mots qu'elle les regretta. Se dénigrer devant quelqu'un qui la méprisait et qu'elle méprisait tout autant n'était peut-être pas la meilleure des idées.

— Le champagne n'est pas assez fort pour vous ? demanda-t-elle afin de changer de sujet.

Il était à peine midi et elle ne voyait pas comment on pouvait décemment vouloir de l'alcool à une heure pareille.

— C'est de l'eau, la détrompa-t-il. Je ne bois presque jamais ce qu'on m'offre lorsque je ne suis pas chez moi.

Il se serait parfaitement entendu avec Duncan et son obstination à voir le mal partout.

— Et vous devriez faire de même, ajouta-t-il en désignant son verre de jus de fruit.

Elle releva le menton vers lui et fronça légèrement les sourcils.

— Ah, parce que vous vous inquiétez de ce qui peut m'arriver ? Aux dernières nouvelles, je croyais que vous préfériez me voir morte.

Cette petite pique lui valut un regard réprobateur.

— Ce n'est pas ce que j'ai dit, marmonna-t-il en revissant sa flasque.

Elle ne se donna pas la peine de se lancer dans un débat inutile avec lui. Il lui servait simplement de bouclier à prétendants et comme il ne bougeait pas, elle devinait qu'il en allait de même pour lui.

— Votre frère a trouvé son lot d'admiratrices, commenta-t-elle en s'agitant pour mieux voir le fond de la pièce. Pauvre Lyssan...

Marcus poussa une brusque exclamation de douleur et elle s'interrompit. Quand elle se tourna vers lui, il se tenait le poignet en grimaçant.

— Que vous arrive-t-il ? s'enquit-elle, perplexe. Une crampe ?

Il se massa l'articulation, avant de reprendre un air stoïque. Cependant, elle constata que son teint se faisait diaphane.

— Non, je... J'ai juste eu l'impression que mon os craquait.

Comment son os aurait-il pu craquer alors qu'il ne faisait rien ? Elle fixa son poignet quelques secondes, avant de se détourner. Toutefois, moins d'une minute plus tard, elle le réentendit étouffer un grognement.

— Par la Lune, qu'est-ce qui vous arrive ? s'inquiéta-t-elle comme il se penchait vers sa cheville.

S'agissait-il d'une crise qu'une quelconque maladie ignorée de tous ? Au vu de la mine sombre de Marcus, cela semblait pourtant être la première fois qu'une chose pareille lui arrivait.

— Je n'en sais rien, marmonna-t-il en se massant le bas de la jambe. C'est comme si...

Une nouvelle exclamation vint couper court à ses explications. Il releva brièvement la tête pour repérer la sortie de la pièce, qui n'était heureusement pas très loin d'eux. Il marcha en boitillant jusqu'à la porte, sans dire un mot à Danila.

La louve en resta bouche bée. Devait-elle le suivre ? Les autres convives eurent l'air de croire qu'il ne faisait que s'éclipser temporairement, car aucun ne s'affola de son départ. Même si Marcus n'avait rien demandé à Danila, cela l'embêtait de l'abandonner à son sort alors qu'il semblait en bien mauvaise posture.

Elle décida donc de quitter la pièce à son tour, afin de gagner le couloir. Marcus était en train de tourner toutes les poignées de portes, sous l'oeil sceptique des gardes qui surveillaient les lieux. Le loup finit par réussir à entrer dans une pièce et claqua le battant derrière lui. Danila marcha d'un pas vif jusqu'à l'endroit où il avait disparu, puis entra à son tour, en prenant soin de refermer derrière elle.

— Vous... Vous voulez que j'aille chercher de l'aide ? demanda-t-elle en le voyant prendre appui sur un fauteuil pour se maintenir debout.

Ils se trouvaient dans un petit salon qui devait servir d'usage quotidien à la famille qui vivait ici.

— Non, je... Ça va aller, affirma-t-il en se redressant un peu. J'ai mal partout comme si j'allais me transformer, mais... Ça n'a pas de sens.

Pourtant, moins d'une seconde plus tard, un net craquement se fit entendre. Sous les yeux horrifiés de Danila, le bras du jeune homme se tordit en un angle improbable.

— Vous vous... transformez ? souffla-t-elle.

Il paraissait tout aussi éberlué qu'elle. Ce furent bientôt ses genoux qui lui arrachèrent d'affreux gémissements, puis son corps tout entier.

— Il ne... Il ne faut pas que vous restiez ici, haleta-t-il. Je ne...

Il n'eut pas le temps de terminer, puisque l'instant suivant, il s'effondra derrière un fauteuil, hors de la vue de Danila. Celle-ci entendit encore quelques grognements, jusqu'à ne plus percevoir qu'une respiration sifflante. Tétanisée, elle resta un moment près de la porte, avant de risquer un pas vers le siège.

— Marcus ? Tout va...

Elle contourna le fauteuil et sa phrase s'acheva dans un petit cri.

Un loup au pelage noir la fixait de ses grands yeux gris.

Et il semblait mourir d'envie de la dévorer.

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