Un parfum, rien.

Il portait un parfum, rien. Un parfum qui avait quelque chose de suave, de cuir et d'intense, d'abord, mais, ensuite, les arômes étaient boisés et son animalité, délicate, évoluait sur sa peau comme un nectar fruité, rond et doux, avec une délicieuse fraicheur. Il portait un parfum. Ce soir-là, il portait un parfum. Ce parfum n'était rien. Rien qu'une odeur sur sa peau.

Je fermais les yeux, en un soir brûlant, en un soir moite, en un soir sensuel, d'hiver. Je respirais l'odeur de son torse acidulé. Qu'éblouissait la lumière orange des réverbères de la rue. Les volets étaient levés et la lumière du dehors, la lumière chaude, la lumière de vieilles ampoules, comme les feux d'un soleil mélancolique, pleuvait sur nos corps. Je ferme les yeux, me souviens de ce parfum sur sa peau, qui flottait dans mes narines, qui se répandait sur ma langue, qui recouvrait mes lèvres, et je pense à lui. Je me dis que ce parfum n'était rien, ce soir-là. Rien qu'une odeur sur sa peau. Je me dis que nous n'étions rien, ce soir-là. L'expression folle d'une pulsion mauvaise qui se déchaîne, rien. Je me dis que je me sentais seule, ce soir-là. Un vide éminemment profond, grandissant et élargissant les bords de mon cœur, à combler, rien. Je me dis qu'il était perdu, ce soir-là. Un besoin de contrôle et d'avoir du sens terrifiant, foudroyant et dévorant son estomac, à nourrir, rien.

Comment, seulement ! Pitié, dites-moi comment ! rien peut-il faire tout bousculer ? Parce que j'ai eu raison. J'ai eu raison en écrivant, dans les pages d'un journal noirci, un matin, où le soleil n'était pas encore levé, où mes doigts tremblaient, où la fièvre me montait à la tête, où l'amour rongeait mon cœur que ! j'ai été bousculée et je ne crois plus qu'un jour je puisse redevenir celle que j'étais, ou oublier ce passage de ma vie. Aujourd'hui, je ne suis plus celle que j'étais et je n'oublie pas ce passage de ma vie. Je pense encore. Je pense encore, à ce soir ! à cet hiver ! à cette nuit ! à ce nous, et, la conscience des romantiques qui m'habite l'écrit. J'ai été bousculée et je ne crois plus qu'un jour je puisse redevenir celle que j'étais, ou oublier ce passage de ma vie. Je me souviens, ce soir-là. Il portait un parfum, rien. 

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