Il y a encore cette lumière. Ne pas ! ne pas penser ! ne pas penser à elle ! Pourtant, me voilà, je pense à elle. Il y a encore cette lumière. Aujourd'hui, je pense encore à elle. Une chose ! je ne voudrais qu'une unique chose ! un message de sa part. Pourquoi est-il si long  ? J'ai l'impression de devenir folle.

Mes doigts prennent mon téléphone portable, ils pressent le bouton du milieu et déverrouillent l'appareil. Leur dextérité m'impressionne. Ils parcourent un chemin hasardeux sur l'écran tactile, mon index s'en va taper sur l'icône. Je fais défiler verticalement le contenu de mes messages sur l'écran tactile de mon téléphone, à l'aide de mon pouce. Un cercle, en haut, plein de lumière, tourne et tourne et je sais que je vais devenir folle. Il y encore cette lumière et je sais que je vais devenir folle. Puis ! d'un seul ! d'un coup ! tout s'arrête. Il y a un message et mon cœur bondit dans sa poitrine. Je regarde. Ce n'est pas lui. Un tel a quelque chose à me raconter, mais je m'en fiche. Je n'attendais que lui, il n'est pas. Je ne peux m'empêcher de penser que lui aussi est comme moi, que lui aussi est en train de devenir fou, que lui aussi lance ses doigts à la poursuite de nouveaux messages.

Je ne peux m'empêcher de penser. Seulement, je refuse. Je refuse d'engager la conversation. J'ai donné tout ce que j'avais là-dedans. J'ai donné tout ce qu'il me restait à donner. Je n'ai plus rien. Il me doit cela, il me doit le premier message. Pourquoi ne le comprend-il pas ? J'avais plusieurs fois, à de nombreuses reprises, ressenti le besoin de lui dire que je l'aimais, sans savoir si c'était vrai ou pas, mais je n'avais jamais cédé et ne lui avait jamais dit. Lui dire ces trois mots aurait été comme me jeter du haut d'un précipice vers une mort certaine. J'étais au bord de la falaise et je ne pouvais pas faire le premier pas. Je ne pouvais pas, alors je me taisais. Je ne veux pas mourir. Je deviens folle, c'est tout.