Petit bout de coton s'applique à soigner cœur.

J'ai cette image en tête. Un trou noir. Un espace noir qui n'a ni coin ni angle ni mur ni plafond. Un espace, un grand espace noir. Moi, au centre, assise sur le sol. Assisse près d'un énorme morceau de chair, qui me dépasse de cent fois ma taille. J'ai l'air d'être assisse près de la Tour Eiffel. Moi, seule, dans cet espace, face à ce morceau de chair. L'espace est vide, un écho le remplit. Un clapotis résonne dans ce vide. Coule, le long de ce morceau de chair, un sang, tombant au sol et formant une flaque rouge et visqueuse à mes pieds. À côté de moi, traine une mare de sang. Une odeur de cuivre et de sel imprègne les lieux. Mon nez se froisse, les effluves iodés attaquent mes narines sans vergogne ni patience. Je fais la moue. Loin de moi, jeté ainsi, laissé à l'abandon, un petit poignard. La lame et le manche sont inondés d'un sang noir séché. Là, sont cachés, recouvert par le liquide qui s'effrite, sur le manche du poignard, mes initiales. Le poignard m'appartient. Dans ma main, un bout de coton. Un bout de coton, imbibé d'alcool et de sang. D'un geste précieux, je m'applique à ma tâche. Je tamponne ce bout de coton contre ce morceau de chair, avec précaution et minutie, les doigts tremblants et la main hésitante. Petit bout de coton s'applique à soigner cœur. J'essuie le sang, comble les trous, arrête la saignée. Ce sang, c'est le mien. Ce morceau de chair, c'est mon cœur. Morceau de chair sanglant, meurtri, couvert de larges plaies et de grosses blessures d'où s'échappe un flot continu. Petit bout de coton s'applique à soigner cœur. Mon visage est imbibé de larmes, mes joues sont rouges d'avoir pleuré et mes yeux sont brillants de ma folle désespérance. Mes lèvres ; dans les coins, tombent des goûtes de mes larmes. Mes lèvres ; elles dessinent un sourire. Petit bout de coton s'applique à soigner cœur. Mes doigts tremblent ; je sens un remous. Un battement, minime. Mon cœur bat ! Il bat !


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