Le miroir.
Hier, je me suis regardée dans le miroir. Plusieurs fois, je me suis regardée dans le miroir. Plusieurs fois, j'ai souri. Mes joues hautes et roses, mes lèvres rouges qui dessinent comme une forme de cœur, mes grosses boucles brunes qui tombaient avec délicatesse sur mon front et le pareil comme de la plus élégante des dentelles, mes yeux, cachés derrière ces boucles, tirés en amandes et brillants d'un éclat obscur. Plusieurs fois, je me suis regardée dans la glace. Plusieurs fois, j'ai souri. Plusieurs fois, je me suis trouvée belle.
Aujourd'hui, je me suis regardée dans le miroir. Une fois, je me suis regardée dans le miroir. Une fois, j'ai grimacé. J'ai regardé mon corps, longuement, une fois. J'ai laissé mes yeux bondir sur mon reflet. De larges bleus qui jaunissent s'étalent sur ma poitrine. De petites griffures marquent mon épaule : la peau est égratignée, les cicatrises apparaissent et les mignonnes blessures se referment doucement. Mon doigt redessine patiemment les traces qu'ont laissés le sang séché. Soudain ! je sentis comme un liquide coulait sur mon visage. Un liquide visqueux et opaque, d'une odeur fade et salée, coulait sur mon visage. Mon front et son visage était trempés de sang. Un peu en tomba au bord de ma bouche. Je déglutis : une saveur métallique comme des regrets éternels. Une brûlure saignait mon front ! une empreinte était inscrite en lettres de feu sur ma peau, était marquée au fer rouge dans ma chair ! Son regard sur mon corps comme un laser sur le métal avait gravé son empreinte. J'avais la désagréable impression de ne plus m'appartenir complètement. Donner son corps, voilà ce que l'expression voulait dire ! que nous ne nous appartenons plus. Plus complétement. Que mon corps ne soit plus le mien, que mon corps est le sien et le mien, que mon corps est le nôtre. Il semblait qu'une partie de moi-même m'avait été arraché, il semblait que désormais, je devais vivre avec une moi mutilée. Une moi trouée, saignée.
Je me suis regardée dans le miroir et j'ai demandé à mon reflet : - qui es-tu ? Il ne m'a pas répondu. Il est resté silencieux, alors j'ai voulu le punir. Ma main ; elle, guidée, ni par la raison des plus grands hommes, ni par l'instinct des plus bas animaux, s'est levée. C'était quelque chose de flou, c'était la même chose qui flottait dans mon esprit. Elle s'est levée, et, est allé frapper ma joue. Mon reflet parut presque abasourdi. Je souris. La prochaine fois, il répondra à mes questions.
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