Je ne sais pas.
Il y a cette lumière qui brille, et je pense à toi. Je ne devrais pas, sans doute. Seulement, le voilà ! il est là ! C'est un sentiment, et je ne peux le contrôler. Il est de ceux qui vous prennent à la gorge et vous torturent l'estomac. Il est là, sans que vous ne puissiez faire grand-chose. Mes forces diminuent, et je ferme les yeux. Qui est-il ? Quel est ce sentiment qui s'attache à votre cœur, qui entache vos pensées, et serre encore et encore ? L'amour, me souffle-t-on. Non ! Il n'est pas l'amour. Des soupirs et de belles paroles en abondance, il n'y avait eu que cela. Rien de l'un, ni de l'autre ne peut susciter les passions crues et mordantes qui chauffent et surchauffent, qui vous brûlent le cœur. Ils ne le peuvent pas. Un tel ton de voix ou de telles expressions ne peuvent exprimer l'amour véritable. Pourtant, et pourtant, mon esprit n'a jamais été aussi troublé. Le lien avait été rompu, et des choses, et d'autres flottent encore dans l'air, en suspens, à la manière du soleil qui comme une grosse boule dorée se tient dans le ciel, là où les heures les plus chaudes l'appellent. Il y avait cette lumière qui brillait.
A cette époque, qui n'est pas si lointaine, et qui me paraît être à des années-lumière, j'ai essayé de paraître attentive et enjouée. J'avais essayé de nier. Ma mère m'avait demandé, d'un timbre faible et chevrotant, dans lequel j'avais perçu un caractère nouveau, un tremolo sincère, dans lequel j'avais perçu l'inquiétude, la réelle. Elle m'avait demandé si tout allait bien, et j'avais répondu ceci. J'avais répondu que j'avais le droit d'être triste ou d'être fatigué, que j'avais le droit de ne pas tout dire. Je lui avais demandé de me laisser garder cela pour moi. Alors, je l'ai gardé. J'ai attendu ces moments. Ces moments solitaires et singuliers, qui étaient devenus habituels, et durant lesquels je me laissais aller à toutes mes réflexions. Avant, j'avais un ami avec qui partager ces moments. Maintenant, plus. Il est parti, et, lors de ces moments, je me demande : - qu'est-ce ? qu'est- ce s'il ne s'agissait pas d'amour ? Aucune réponse ne me semble correcte. Sans doute existe-t-il des centaines de réponses possibles.
Si ce sentiment reste alors inconnu, un se tient sûr et confiant. Je l'avais reconnu, immédiatement. Des années à le côtoyer, j'en reconnais chaque sensation. Cette ritournelle fredonne quelques mêmes mélodies. Je tends l'oreille, et reconnais chaque note. J'entends les battements, je mesure les pulsations, je tremble à chaque remous. Il est là, et je ne peux le nier plus longtemps. J'ouvre les yeux. Mes paupières se plissent, mon regard s'allonge. Je le vois. Le doute, je le vois. Il s'est mêlé à mes pensées comme un poison peut s'allier à mon sang. Le monde tremble. Il y a cette impression étrange que la réalité est différente. Une main se pose sur mon cœur, une main qui retient un sursaut. J'essaye de me souvenir. Il y a comme une règle générale. Une règle que les jeunes femmes doivent s'interdire d'occulter. Il est impossible de nouer de telles relations si nos sentiments sont hésitants. Si on hésite à dire oui, il faut dire non. Je croyais être d'accord. Je le suis, d'une certaine manière. Pourtant, je ne parviens pas à dire totalement non. Pourquoi ? Parce qu'il est là. Ce sentiment étrange, singulier, est là. Il n'est pas l'amour, mais il est bien quelque chose.
Ou peut-être n'est-ce rien. Peut-être n'est-ce que le café qui tourne dans mes creuses viscères. Peut-être n'est-ce qu'une angoisse coutumière qui s'accumule dans mes veines. Peut-être n'est-ce que la nuit blanche et les rayons d'une lune qui rend fou le plus saints des hommes ou la musique qui cogne dans mes oreilles. Je ne sais pas.
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