Fausses notes.
Il ne n'aimait pas assez et je l'aimais trop.
Nos cœurs allant battant un rythme différent. Nos cœurs allant accordant un rythme différent. Nos cœurs allant arrêtant un rythme différent. Mon cœur faisait boum ! son cœur sonnait dong ! Mon cœur faisait boum ! son cœur sonnait dong ! Mon cœur faisait boum ! son cœur sonnait dong ! Ne servait plus à rien d'harmoniser mélodies difformes et informes. Fausses notes !
Ô bruit affreux ! Ce son ! ah ! ce son ! Il irrite mes tympans, me monte au crâne, perfore mon cerveau.Bruit affreux ! Tourne inlassablement dans ma tête. Bruit affreux ! Comme l'impression qu'un pivert sadique tambourine, un grand nombre de fois, successives ! obsessives ! excessives ! contre les parois de mon crâne qu'il prendrait pour une branche de bois sec. Bruit affreux ! quel atroce battement ! Je clos mes yeux qui serrent une ligne tellement fripées et tellement ridées. Je me concentre sur la douleur cuisante derrière mon sourcil. Je déforme ma figure en une grimace douloureuse. Bruit affreux ! Mon crâne se réduit de moitié, compresse mon cerveau, comme aplati entre deux plaques de fers. Bruit affreux ! Le tempo s'intensifie quelque part, le rythme décélère autre part, le son augmente quelque part, l'allégro redescend autre part. Bruit affreux ! Non, non ! Ma tête est sur le point d'éclater. Je pose mes mains sur mon visage, effleure la brûlure sur mes joues, sent les coups de mon sang frappés mes tempes. Mes yeux sécrètent, en secret, quelques chastes larmes.
Harmonie disgracieuse que rien n'arrange et je pleure ! Accord qui se désaccorde et je pleure ! Des doigts pincent mes nerfs. Mes nerfs sont surexcités. Comme si les ongles d'un mauvais guitariste se baladent sur ses filaments. Les restes, tellement tendus, finissent par ressembler à de la corde à boyaux, si flasques, si ramollis.
Ritournelle venue des ténèbres ! Ritournelle qui se lève et qui monte des entrailles d'un trou ténébreux. Nouvelle ennemie, rogue mélodie, qui offre à l'âme le regret de bonheurs vieillis. Dur refrain qui emporte une nostalgie étourdissante, qui, elle-même, sur cet air irritant, s'amuse et danse avec la mélancolie. J'entends les battements, je mesure les pulsations, je tremble à chaque remous. Mauvais ! De trop ou de peu. Mauvais, mauvais compte ! Rien ne va et le décompte est mauvais. Le rythme de nos cœurs est mauvais.
- Merde ! Laisse-je échapper, dans un sursaut, dans un vent, dans un chaos.
Merde, Orphée ! Orphée, reviens. Orphée, je pense à toi. Maître Orphée, reviens et je pense à toi. Reprend ta lyre et joue de ces harmonies qui font pleurer les pierres et qui enragent le Mont. Reprend ta lyre et joue de ces harmonies qui font pleurer dans mon cœur et qui enragent dans ma tête. Orphée, chante ! Ces chants que jalousent ma langue de poète. Ces chants qui séduisent mes mœurs de romantiques. Mes mœurs, qu'il a enragé.
Ainsi voilà que les choses se terminent. La fin et je n'ai pas mal. La fin et je suis dégoûtée. Vient dans ma bouche un goût de cuivre et d'alliage de fer.
Pourquoi a-t-il fallu qu'il m'aime trop pour se taire et pas assez pour agir ?
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