Discussion Nocturne

Il était une nuit. J'étais allongé sur mon lit. Posé contre la fenêtre, ainsi, le soir venant, je n'avais qu'à lever le menton et ouvrir les yeux : pour admirer les étoiles. Ouverte, l'air du dehors était frais, les étoiles étaient belles. J'avais jeté mon téléphone sur mon matelas, lui ! caché dans les plis et recoins de mes couvertures. Une lumière ! un son ! une vibration ! Mon écran de téléphone qui soudain s'illumine. Sur mon lit. Dans l'obscurité de ma chambre d'adolescente. Des batônnets luminescents écrivent, ensemble, un nom somptueux. Un glissement de doigt et une voix ! une voix frémit dans le combiné.

Soudain ! langueur habituelle. Une langueur qui pénétrait mon cœur, qui avait mon âge et qui détenait mon cœur. Une langueur qui se posait, comme un papillon, avec douceur et délicatesse, mais, qui, ensuite, saisissait ! capturait ! emprisonnait ! de toutes ses pattes, comme une araignée, avec force et férocité. Cette langueur était un insecte ignoble, doté de pattes se refermant, une à une, autour de mon muscle déjà et encore fragile. Des pattes velues qui s'enroulaient avec les plus grosses artères et les plus petites veines. La bête semblait planter ses crocs ! puissants et acérés ! crocs ! armes utiles et futés ! qui déversait un poison mortel circulant, avec mon sang, dans mes organes, autour de mes os ! circulant dans mon corps entier. La plupart du temps, le venin de cette bête, cette langueur, me paralysait le cœur. Sous une voix ! langueur habituelle. Disparu.

Ô Soupirs d'amour, la sonnerie de mon téléphone réveille mon cœur endormant. La nuit fait tendrement éclore mes veines. Mon regard étincelle, mon sang gronde. Ma bouche cachée sous un couette, mon souffle retenu dans les couvertures, mes lèvres murmurant un air moite, chaud, qui me dévore et m'assomme. Rien entendre ! il ne fallait rien entendre ! Mes parents étaient dans la chambre d'à côté. Rien entendre ! il ne fallait rien entendre ! Il fit une blague : je ris et me mordis la lèvre. Rien entendre ! il ne fallait rien entendre !

Nous parlions. De rien, de tout. De tout, de rien. Rien à dire, besoin de parler. De lui parler. Lune dans le ciel, tâche grise sur fond noir, tâche qui semble dessiner les traits d'un visage dans le ciel. Je te vois, toi et toi seul. Ta bouche ! mâche comme du sucre dans mon oreille des mots qui ont le goût d'un cœur. Ta voix ! dans le combiné ! caresse ta langue ! est-ce à cause d'elle que je ne peux dormir. Elle m'ensorcèle, m'envoute, m'enjôle. Tes paroles ! légère incantation tombée au bord de tes lèvres ! terrible incantation qui grimpe dans mon cœur ! Fatiguée, cette nuit couleur de charbon. Ô nuit couleur de nickel ! demeure éternelle ! Ô jour part, part ! ne reviens jamais. Jour revient. J'émerge des ténèbres avec toi. Je prie pour que la lumière des nouveaux jours éclaire un chemin qui me guide jusqu'à toi.

A l'aube, à ce moment où le ciel est encore d'un bleu sombre, où les étoiles sont encore brillantes, où les réverbères des allées crachent encore leur affreuse lumière orange dont l'horizon semble être maculé, je me souviens. Qu'est-ce que je représente pour toi, lui avais-je demandé. Beaucoup, beaucoup, m'a-t-il doucement répondu. Je pouvais entendre son sourire taquin, habile, coquin et tranquille, son sourire qui se dessine sur ses lèvres avec tous les traits de l'innocence d'un coupable, d'un vieux loup, d'un pécheur, son sourire qui m'avait prise et dont j'étais éprise, dans sa voix. Tu m'as sauvé, m'a-t-il dit, tu m'as sauvé et fait renaître. Je pouvais sentir mon cœur passionné, étourdi, fasciné et abasourdi, mon cœur qui cogne avec toutes les douceurs d'un Hercule, d'un bœuf, d'une massue, mon cœur qu'il avait pris et que je n'avais jamais repris, partir loin de ma poitrine. Je l'ai sauvé et il m'a faite renaître.

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