Chapitre 4 - Le chien
Trois jours plus tard, en début de matinée, Jérôme ouvrit la porte de la petite serre, démonta le second battant et entra avec le petit tracteur muni de sa fourche devant, afin de soulever le pot et de sortir la plante à l'extérieur.
Une odeur fétide avait envahi la serre. Il coupa le moteur et descendit de l'engin pour essayer de trouver d'où venait cette odeur de décomposition. Un rat avait dû crever là-dedans, c'était pestilentiel !
Mais il ne trouva rien de suspect.
Cependant, il vit immédiatement que les alentours de la plante étaient désormais parsemés de multiples pousses inconnues.
Il crut rêver : les aigrettes qui s'étaient envolées avant qu'il ne récolte tout ce qui restait sur la fleur montée en graines avaient semé des graines un peu partout et celles-ci avaient germé en trois jours !
Lui qui était anxieux de savoir si les graines récoltées germeraient ! C'était inespéré, cette facilité avec laquelle se ressemait cette plante ! Et les pousses étaient déjà de belle taille !
Surexcité, il appela Aline.
- Regarde, lui dit-il hilare, ça se ressème tout seul !
- Mais, qu'est-ce qui pue comme ça ici, il y a un rat crevé quelque part !
- Je sais oui, j'ai cherché, mais il n'y a rien.
- Attends, ça vient de la plante, dit-elle d'une voix blanche en fronçant les narines.
Elle prit une espèce de perche en bois qui traînait là et commença à essayer d'ouvrir une des mâchoires de la plante qui se trouvait à plus de deux mètres de haut.
- Mais, qu'est-ce-qui te prend, tu es folle ! cria Jérôme. Que fais-tu avec cette canne, tu vas l'abîmer !
- L'abîmer, sûrement pas ! Cette saloperie a bouffé Moka ! hurla-t-elle comme une hystérique. Tu ne vois pas que c'est un monstre ? Rends-moi mon chien, salope ! cria-t-elle en bourrant la plante de coups de perche.
- Arrête ! cria-t-il en se jetant sur elle. Tu disjonctes complètement !
Il lui arracha la perche et la jeta au fond de la petite serre.
Aline était en pleurs. Il la prit par les épaules et lui dit :
- Calme-toi, Linou. Qu'est-ce que tu vas t'imaginer ?
- Cette plante est un monstre, je te dis. Tu sens cette odeur infecte comme moi ! Elle a dévoré le chien, j'en suis sûre, et elle est en train de le digérer, c'est pour ça que ça pue tellement ! Mais tu es aveuglé, tu refuses de voir les choses en face. Demain c'est toi qu'elle bouffera, et moi aussi, et Sophie, elle nous bouffera tous !
Jérôme leva les yeux au ciel et dit :
- Le voisin m'a appelé ce matin pendant que tu te douchais. Il était consterné : il a retrouvé Moka pris dans un piège à renard sur sa propriété. Il était mort depuis deux jours. Je ne sais pas ce que le chien est allé foutre là-bas. Enfin si, plus exactement je m'en doute : le voisin possède je ne sais combien de chiens, tu comprends, il chasse, et l'une des chiennes est en chaleur, c'est ce qui a dû attirer ce pauvre Moka... J'ai voulu attendre que Sophie parte à l'école pour t'en parler, je n'ai guère envie de lui dire la vérité.
Aline semblait hébétée.
- J'ai cru que...
- Ah oui, ça j'ai bien vu que tu avais cru ! Réfléchis, Linou, c'est une plante. Ca ne bouffe pas les chiens, dit-il avec un soupir. Allez, donne-moi un coup de main à la sortir de la serre. Et puis pour Sophie, je crois qu'on va lui dire qu'on n'a pas retrouvé Moka, qu'il s'est sauvé. Le voisin propose de nous donner un jeune chiot Jack Russell Terrier, ce serait bien, non ?
- Si, souffla Aline.
- Regarde ! dit-il, en lui montrant d'un geste emphatique les petites plantes qui sortaient de terre !
La plante avait encore grandi et il était plus que temps de la sortir.
Il fut même obligé de la coucher car elle n'aurait pas passé la porte. Le pot s'était déjà fendu de nouveau sous la pression des racines.
Ils l'installèrent près de la serre.
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