2.SpeedyFox21
♥ Vos étoiles ici en commentaire ♥
J'ouvre les yeux, lentement, mais les referme aussitôt, à cause de l'intensité de la lumière. Je les rouvre plus lentement, pour apercevoir un ciel bleu. Un bleu sombre, envoûtant. Un bleu presque noir. Ce ciel est parsemé de points blancs, comme des milliers de petites étincelles. Des étoiles. C'est magnifique.
Je me redresse sur mes coudes et scrute les alentours. Je comprends que je suis dans une clairière, car je suis entourée d'arbres. Je me lève difficilement et commence à avancer. Dans quelle direction ? Aucune idée.
Je sens un courant d'air frais sur mes jambes, et dirige donc mon regard vers celles-ci. Je remarque que je suis vêtue d'une jolie robe rouge, cintrée en haut mais assez évasée quant à la jupe. Elle s'arrête un peu au dessus des genoux, laissant donc mes tibias à l'air libre. Je regarde mes bras et découvre que eux non plus ne sont pas couverts, et que j'ai des manches courtes. Soit.
Soudain, une petite lumière attire mon attention. Un scintillement plutôt. Je m'en rapproche donc, et une magnifique odeur emplit mes narines. Je sens une bonne odeur de gâteau, peut-être de gâteau au chocolat, avec une pointe de menthe. J'accélère le pas, pour me rapprocher de ce délice. Mes pas me mènent à quelques mètres, derrière un arbre.
Je découvre un plateau argenté, scintillant à la lumière de la lune qui s'infiltre à travers les feuilles des arbres.
Une petite assiette d'un blanc éclatant me présente une part de gâteau, au chocolat comme je l'avais prédit, saupoudré de sucre glace. À côté, un joli verre orné de dizaines d'arabesques, contenant un liquide, chaud d'après le vapeur qui s'en échappe. Avec elle, cette douce odeur mentholée. C'était donc ça !
Mon ventre grogne, et je me rends compte que la faim me tenaille le ventre. Alors, je prends le bout de gâteau, ne songeant en aucun cas à sa provenance. Je croque dedans, et savoure cette confiserie. Je n'ai jamais mangé quelque chose d'aussi bon. C'est incroyable, j'ai l'impression de goûter à une merveille. Je sens le goût du chocolat imprégner mes papilles, mais il me semble bien meilleur que tous les chocolats que j'ai pu goûter. C'est assez sucré, mais juste ce qu'il faut. Il croustille d'abord, mais devient très vite fondant. Un délice, tout simplement.
Je reprends quelques bouchées, avant de prendre le verre. Effectivement, c'est une boisson chaude, si j'en crois la chaleur qui prend mes doigts. Je porte le verre à mes lèvres et boit une gorgée. Encore une fois, je suis frappée par le goût divinement bon de la boisson. Je pense que c'est un thé à la menthe, mais à nouveau bien meilleur. C'est aussi sucré, mais malgré tout un rien amer, ce que je trouve délicieux. Je termine de manger tranquillement, quand une petite voix m'interpelle :
- On dirait que ça te plaît !
Je fais volte face, surprise. Je découvre un petit homme, qui se tient à quelques mètres de moi. Le problème, c'est qu'il est bleu. Tout bleu, et sa peau scintille. Je pose mes yeux sur ses petits bras potelés, et je distingue quelques écailles, bleues, elles aussi. Il est vêtu d'une sorte de toge blanche, bien évidemment ajustée à sa petite taille, disons un mètre. Celle-ci contraste fortement avec la couleur de sa peau. Une fine ceinture dorée retient cet habit, à la taille. Je remonte mes yeux vers son visage et croise un regard doré pétillant de joie de vivre. Il arbore un grand sourire, dévoilant deux petites cabines bien pointues. Tout comme ses oreilles. Des touffes de cheveux blancs constituent sa tignasse. Elle sont nombreuses. Malgré la couleur de ses cheveux, il ne semble pas vieux. Bizarrement, sa couleur de peau ne me fait pas peur, mais m'intrigue plus qu'autre chose.
- Vous êtes bleu, annoncé-je.
Le petit homme se met à rire, d'un rire franc qui résonne à mes oreilles. Je le vois s'esclaffer pendant plusieurs secondes. Je souris, touché par ce rire si pur. Il se calme peu à peu avant de reprendre son sérieux, mais gardant tout de même un sourire.
- En effet. Arvald, pour vous servir ! me dit-il en me tendant sa main.
Je la serre brièvement, avant de me poser une question qui me paraît maintenant évidente.
- Qui êtes vous ?
- Je suis le serviteur personnel de Dame Fraëlys, reine de Célestia. J'étais partie en quête de fleurs qui ne poussent que dans cette clairière là-bas, m'indique-t-il en me montrant de doigt une autre clairière, mais je reviens bredouille ! En rentrant, j'ai entendu du bruit par ici, je suis donc venu voir, et je tombe sur vous. Venez avec moi, je vais vous emmener au château, me propose-t-il en réaffirmant son sourire.
Vous allez me dire que c'est insensé, et effectivement ça l'est. Mais j'acquiesce d'un mouvement de tête et m'engage à la suite de ce dénommé Arvald. Il me mène à travers de gigantesques rangées d'arbres, laissant tout de même s'infiltrer quelques rayons de lumière.
Les feuilles me semblent tout de même anormalement vertes, pratiquement vert pomme. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne fait pas sombre du tout, alors même que nous sommes en pleine nuit. Je respire pleinement le bon air nocturne, et je suis frappée par la pureté de l'air. Je suis plutôt habituée à un air lourd et pollué, vivant en ville.
Soudain, j'entends un petit couinement provenant d'un buisson. Je m'approche instinctivement pour soulever les quelques feuilles qui me gênent. Je découvre alors une petit boule de poils blancs, de la taille de mon poing, absolument abordable. Elle relève la tête, et je peux apercevoir deux petites prunelles violettes très clairs, brillant d'une étincelle de peur. Elle a les oreilles pointues, un peu comme un chat, et sa bouche semble minuscule.
Prise d'un élan d'affection, je m'accroupis et approche lentement ma main, pour éviter de faire peur à cet individu. Il couine d'abord, en se reculant un petit peu, me laissant apercevoir quarte toutes petites pattes poilues. Je m'arrête, pour qu'il s'habitue à ma présence. Très vite, l'animal se calme et me laisse m'approcher. Je pose ma main sur son pelage, incroyablement doux. Je fais glisser mes doigts dans les poils mi-longs de l'animal. Ce dernier émet de petits bruits, que j'interprète comme de la satisfaction. Je reste ainsi pendant quelques secondes, caressant la petite boule de poils, avant de la prendre dans mes mains. L'animal se cache le museau entre ses pattes. Je pose délicatement ma tête sur son dos, comme pour le protéger.
Je peux sentir sa cage thoracique se soulever au gré de sa respiration, très régulière. Au bout de quelques minutes, pendant lesquelles mes yeux se sont fermés pour mieux apprécier le moment, je repose le plus délicatement possible le petit animal, le laissant s'échapper.
Je me remets debout, et me dirige vers Arvald, qui m'attend patiemment, adossé au tronc d'un arbre.
- Un Unimia ! C'est mignon, hein ? s'exclame Arvald.
- Très ! répondé-je.
Nous reprenons la route, et au bout de quelques dix minutes de marche, au cours desquelles Arvald m'a indiqué quelques réglementations basiques du royaume, il m'annonce que celui-ci se trouve derrière une rangée d'arbres qu'il me montre d'un vague geste de la main.
Nous avançons donc et nous arrivons enfin au château. Mes yeux s'agrandissement et ma mâchoire manque de se décrocher. C'est tout simplement à couper le souffle. Une légère pente d'herbe verte conduit à une grande arche en pierre d'un blanc immaculé, incrustée de milliers de diamants reflétant la lumière de la lune. Cette arche introduit un labyrinthe de rues dans des tons clairs, éclairées par l'activité nocturne, qui semble bien présente dans ce pays.
J'entends d'ici certaines clameurs. Ce labyrinthe de rues sinueuses, mais pas moins lumineuses et avenantes, mènent à un gigantesque château parfaitement blanc. Tellement blanc qu'il en devient éblouissant. Je peux voir quatre tourelles se dresser, reliées par de grands remparts blancs eux aussi, mais malgré tout parsemés de fenêtres.
Cette ville se trouve dans une plaine, au centre de nombreuses montagnes recouvertes de forêts denses. Arvald me sort de mes pensées.
- Allons y ! Passons par la ville, puis je te conduirai à Dame Fraëlys. Par ici ! s'exclame-t-il en prenant la tête de la marche.
Je m'exécute et suis mon guide, gardant mes yeux rivés sur le magnifique paysage qui s'offre à moi. Je n'arrive pas à m'en défaire, c'est la première fois que je vois un aussi beau pays. Nous nous approchons petit à petit de l'arche, et donc de la ville. Les sons s'amplifient, formant un brouhaha plutôt agréable selon moi, car plein de joie de vivre.
Nous arrivons alors au niveau de l'arche. Mes lèvres se décollent encore une fois, témoignant de mon admiration. En effet, l'arche me surplombe de plusieurs mètres, peut être quinze ou vingt. Je n'avais pas vu qu'elle était aussi gigantesque ! Les milliers de diamants incrustés dans la pierre sont vraiment magnifiques. Sur le flanc intérieur droit de l'arche, je distingue un symbole sculpté dans la pierre. Un croissant de lune, autour d'un œil. C'est très simple, mais intriguant.
Je reste quelques secondes sans bouger, mais Arvald me sort encore une fois de mes pensées en me hélant. Je détache mon regard du symbole, délaissant ce monument. Nous nous trouvons directement dans une ruelle très animée, mais qui me paraît anormalement lumineuse par rapport à la période de la journée. Le sol est pavé de dalles noires, me faisant penser aux dalles chics. Les différentes maisons se dressent le long du chemin, mais elles ressemblent plutôt à de petits appartements. Ils me semblent néanmoins très conviviaux. Des dizaines d'échoppes différentes sont ouvertes, laissant entrevoir fioles, bouteilles remplies de liquides tous plus bizarres les uns que les autres, chapeaux, vêtements, chaussures, plantes, viande, fruits et légumes, confiseries, et une foule d'autres choses. Mais le plus frappant n'est pas l'environnement. Le plus frappant, ce sont les gens. Certains sont majestueux, les cheveux parfaitement lisses, de magnifiques yeux clairs et les oreilles pointues, vêtus de robes ou de toges, d'autres sont plus monstrueux, avec une mâchoire inférieur proéminente laissant voir de gigantesques dents, une peau brunâtre et de petits yeux noirs, d'autres encore sont comme Arvald, de petits hommes bleus à l'allure fort sympathique. Je ne vous énumérerai pas toutes les espèces que j'ai pu voir, cela serait bien trop long !
Arvald me conduit à travers ces petites rues, me présentant les différents endroits clés : une fontaine à l'honneur de la déesse locale, Psolés, quelques places, les échoppes, et pleins d'autres choses. Puis, nous arrivons dans un coin plus calme de la ville, jusqu'à arriver dans un silence presque sacré. Arvald me chuchote que nous sommes arrivés au château de la reine. Bizarre, j'aurais pensé à une grande entrée flamboyante, mais non.
Je suis toujours Arvald, en contemplant les jardins dans lesquels nous sommes. Des milliers de fleurs en tous genres et de toutes les couleurs, en passant par le bleu et le noir, parsèment les espaces décoratifs. De nombreuses fontaines émettant un charmant bruit d'eau qui coule sont disposées ça et là, sans symétrie réelle mais avec une harmonie certaine. De grands arbres sont disposés en rangée, comme une haie d'honneur.
Tous ces jardins doivent s'étendre à perte de vue. Mais mon regard reste fixé sur la gigantesque porte qui me fait face. Elle ne semble pas réellement là. En effet, je distingue seulement ses contours, mais la porte en elle même est en fait une étendue de ciel étoilé.
J'ai l'impression de me perdre dedans.
- C'est beau, n'est-ce pas ?
- C'est magnifique.
Et très étrange. La porte semble créée dans une matière vaporeuse, exactement comme si nous étions réellement dans l'espace. Nous avançons, nous rapprochant de cette étrange mais magnifique porte. Deux gardes l'ouvrent à la vue d'Arvald, me jetant un bref regard. Effectivement, les gardes n'ont eu qu'à pousser les deux battants pour ouvrir la porte, ce qui prouve qu'elle existe bel et bien.
En entrant, je tombe tout de suite sur un jeune homme. Il doit avoir mon âge, mais semble hargneux. À l'ouverture de la porte, il relève vivement la tête, secouant sa tignasse de cheveux blonds, et ses yeux noirs me fixent pendant quelques secondes, avant de se diriger vers Arvald. Son visage est sans expression, ses lèvres n'ont pas bougées.
Je peux voir qu'il porte une très fine couronne, qui contraste avec ses habits. En effet, il porte un simple pantalon et un T-Shirt qui semble être plus vieux que lui. - Prince Kadéane, dit posément Arvald avant de s'incliner.
- Arrêtez de m'appeler Prince, ronchonne le blond. Kadéane ça suffit.
- Bien Monsieur, répond Arvald.
- Mais ça aussi ça sert à rien ! J'ai que dix sept ans, j'suis pas Monsieur. C'est qui ? demande-t-il en me pointant du doigt.
- Une jeune fille que j'ai trouvé dans la forêt.
- Mieux que celle de la dernière fois en tout cas, réplique ledit Kadéane. Bon, j'imagine que tu dois aller voir la Reine.
Il s'approche de moi, et une fois à ma hauteur, il me tend la main. Je reste sans bouger quelques secondes, puis découvre qu'il tient en réalité une clé. Qui me semble par ailleurs être en or.
- C'est une clé passe-partout. Elle marche dans n'importe quel serrure. Elle conduit à ce château. Garde là fermement dans ta main, tu comprendras dans quelques minutes. S'il te plaît garde là.
Je hoche la tête pour dire que j'ai compris. Il sourit faiblement avant de tourner les talons. Arvald s'approche doucement de moi, avant de me féliciter. Je le regarde surprise. Pourquoi me féliciter ?
- Cela fait des années que je n'avais pas vu le Prince sourire !
Je souris à Arvald qui reprend la route. Nous avançons dans le hall avant de prendre un gigantesque escalier, fait de verre. Arrivé en haut, Arvald me conduit pendant dix bonnes minutes à travers de multiples couloirs, constitués de marbre si je ne me trompe pas, avant d'arriver devant une gigantesque porte, de la même matière que la porte d'entrée.
Arvald parle brièvement aux gardes, qui annonce l'ouverture des portes, tout en poussant chacun un battant, me laissant apercevoir la salle du trône. Les murs ne sont autres que quartes gigantesques fenêtres, laissant apercevoir les jardins baignés de la lumière de la lune. Le plafond doit être à dix mètres de haut, et un lustre en cristal pend en son milieu. Je remarque alors que les dalles sont faites comme la porte, et que donc je marche dans le vide de l'espace. Je réprime un cri de stupeur, faisant sourire Arvald.
Je relève mes yeux vers le fond de la pièce, où se tient un grand trône. Un gigantesque trône. Blanc comme la neige, mais très épuré. Sur ce trône se trouve la Reine, qui se lève. Arvald pose ses deux poings sur son cœur, avant d'ouvrir ses bras comme une invitation à une accolade. Je fais de même, comprenant qu'il s'agit du salut.
La Reine se lève, et commence à briller. Littéralement. De longues boucles bleu nuit tombent en cascade sur ses épaules nues. Une longue robe noire près du corps l'habille, et je peux apercevoir une ceinture, comme une sorte de long collier de diamants. Ses cheveux sont relevés en une demi-queue, et un diadème des plus raffinés orne sa chevelure.
La Reine s'approche de moi, toujours scintillante, lentement. Un silence cérémonieux s'installe, laissant seulement le bruit des pas de la Reine. Arrivée à ma hauteur, je ne peux qu'admirer la beauté surnaturelle de cette femme. De magnifique yeux gris, très clairs, me transpercent comme des flèches. Ses traits sont parfaitement symétriques, et une magnifique odeur de fleurs embaume l'air. Elle approche sa main de mon cœur, et la pose sur ma poitrine.
- A bientôt. À présent, dors.
Mes yeux se ferment et je me sens tomber inconsciente. Je me réveille en sursaut, et mets quelques secondes à m'habituer à la lumière. Je suis dans mon lit. Tout ceci n'était qu'un simple rêve. Il semblait si réel ! Je reste quelques minutes dans mon lit, avant de me lever, entendant ma mère m'appeler pour prendre le petit déjeuner. Je me lève difficilement et sens quelques chose dans ma main. Je sens que mon poing est serré. Bizarre.
Je le mets donc devant moi et le retourne tout en ouvrant ma main, paume tournée vers moi. Et je découvre une clé, en or. La clé.
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