9.Larmes de la pluie
(NDA : Moi vous faire un résumé du chapitre précédant car mon rythme de publication est trop lent et que les lecteurs ont certainement oublié des détails ? Oui...)
Dans le chapitre précédent : Thomas doute de sa relation avec Ayato. Cela fait un moment que ces deux-ci n'ont plus eu l'occasion de se parler, pour clarifier le sujet. Le jour où Ayato va soudainement apprendre qu'il est voué à se marier à la fille du directeur de la Commission administrative, celui-ci n'aura pas d'autre choix en rentrant le soir même, chez lui, de prendre son courage à deux mains et d'expliquer la situation à Thomas...Comment cette soudaine nouvelle sera prise par celui-ci ? Comment nos deux protagonistes vont-ils réagir l'un à l'autre à l'annonce d'un tel problème chamboulant leur vie à tous les deux ? Bonne lecture !
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Pdv Ayato
Thomas : Je vois...
Nous étions installés tous les deux à la table à manger, face à face, et j'avais attendu de finir mon repas pour aborder le sujet. J'ai décidé de lui raconter ma discussion avec le directeur de la commission administrative dans les moindres détails, pour la simple et bonne raison qu'il méritait de savoir la vérité.
Cette histoire le concerne tout autant que moi, et j'estime qu'il fallait mieux que je lui annonce de moi-même qu'il ne l'apprenne par hasard d'une mauvaise façon...
À la fin de mon récit, sa réaction m'était déjà assez prévisible, mais me fit quand même beaucoup de peine, que je tentais de cacher vainement sur mon visage. Thomas gardait ses yeux baissés sur ses mains, avec lesquelles il agrippait le tissu de son pantalon nerveusement.
Je n'avais aucune idée de ce qui lui passait par la tête très exactement, mais après tout, je n'aurais pas supporté de le savoir, même si j'allais peut-être vite l'apprendre de ses mots...
C'est alors qu'un faible sourire, comme je n'en avais jamais vu de sa part, se dessina sur son visage, un sourire étrange qui démontrait tout le contraire de ce qu'un sourire doit signifier en temps normal. Il rompit alors le silence d'une faible voix.
Thomas : Tant mieux...Tu ne te donneras pas tout ce mal...
Ayato : Comment ça ?
Ne voyant pas où il voulait en venir, j'attendis qu'il reprenne pour espérer en comprendre davantage.
Thomas : Cela vaut peut-être mieux ainsi, en y réfléchissant, c'est allé tellement vite...J'étais tellement plongé dans mes beaux rêves que je ne me suis même pas demandé de ce qu'il en était de ton côté...
Je m'apprêtais à rétorquer à ses paroles, mais rien ne me vînt sur le moment. Nous rentrions dans un sujet de discussion auquel je n'avais même pas encore réfléchi de moi-même...
La culpabilité se lisait de plus en plus sur son visage, sentiment que je voulais lui faire disparaître car il n'était fautif de rien, mais que je n'arrivais pas à formuler.
Thomas : Alors je te le dis maintenant, je suis désolé. Tu sais...À force de vivre toutes ces années avec toi en tant qu'employé de maison, j'ai compris que tu es quelqu'un qui s'est toujours senti redevable envers les autres, alors...Je ne veux pas t'imposer de te donner tout ce mal pour moi si tes sentiments ne sont pas réciproques.
Ayato : Si, ils le sont...
Ma réponse était rapide et impensée, il s'agissait du genre de chose que l'on répondait par défense...C'était comme si les paroles de Thomas m'avaient affecté. C'est alors qu'en réfléchissant après avoir parlé, je l'entendis dire exactement ce qui me passait par la tête.
Thomas : Mais me l'as-tu seulement dit ? Ou même...L'as-tu déjà pensé ?
En tant que commissaire, j'en avais réglés, des problèmes. Et souvent, les mêmes revenaient, ce qui facilitait la chose. Mais ce fut une des rares fois où je me trouvais face à une situation inconnue, et une des rares fois où je ne savais plus quoi dire...
Un débat politique était si simple et monotone, mais celui de mes propres sentiments avait eu vite raison de moi.
Thomas : Pardon, j'ai été égoïste et irréfléchi. Ne t'en fais pas pour moi, j'aurais peut-être du mal, mais...Je saurais passer à autre chose. Et, à propos, j'ai déjà rencontré en personne la fille du directeur, et c'est une jeune femme formidable. Je pense que tu...
Il s'interrompit un instant, prenant un air grave et devenu imperceptible à mes yeux.
Thomas : ...Vous serez très heureux avec elle. Passez une bonne soirée.
Sur ce, il se leva, avant de se diriger vers les escaliers menant à l'étage, vers sa chambre. Il était parti sans me lancer un seul regard, tout comme pendant tout le reste de la discussion.
Je restai là, immobile, et ayant vécu pire que ce à quoi je m'attendais. Je ne prêtais même plus attention à ce qui se passait aux alentours, comme les bruits de pas à l'étage ou le son de la pluie tombant sur le toit.
Après être resté quelques secondes sur place, je me décide à me lever pour débarrasser la table des plateaux de repas de moi-même, avant d'aller me préparer à dormir. Mais malheureusement, arrivé au lit, même après avoir attendu quelques heures, le sommeil ne venait pas. Ou du moins, trop de choses me maintenaient éveillé.
Toutes ces questions qui trottaient dans ma tête, et auxquelles je ne pourrais pas répondre seul avec moi-même, me terrassaient plus lentement, mais tout autant que les mots de Thomas...
Je pense que je n'oublierais pas de sitôt ce vouvoiement glacial en fin de discussion, m'ayant donné l'impression d'avoir chuté de haut, pour revenir à la case départ de notre relation purement basée sur le travail...
C'en était trop pour moi. Il fallait que je sorte prendre l'air. Je me lève alors pour enfiler mes bottes et mon manteau blanc, avant de sortir par la porte arrière du bâtiment. Je commençais à m'avancer sur le sentier entre les arbres lorsque qu'un détail me revînt.
En sortant, j'avais pris mon arme avec moi, au cas où des personnes mal intentionnées passaient dans les parages. En revanche, ce qui aurait été certainement plus utile, était un parapluie...
Je décide d'abandonner l'idée de faire demi-tour pour en rechercher un, pour m'avancer sous les gouttes d'eau, trempant mes cheveux et mes vêtements par la même occasion. Après cinq bonnes minutes de marche, je parvins à un endroit que je connaissais désormais très bien.
La petite clairière en haut de la falaise, où je m'étais rendu à plusieurs reprises avec Thomas, comme lorsque le domaine s'était fait prendre en assaut, un de ces soirs...Mais ce soir-ci, par un temps pareil, le paysage était loin d'être le même...
À part la démarcation à peine visible entre la mer et le ciel, nous ne voyions plus rien du reste du continent de Teyvat, au loin, mais juste un écran sombre très mal distinctif. L'herbe était mouillée, et je faillis même glisser en marchant sur celle-ci...
En ignorant le sol trempé, je vins m'asseoir dessus en tailleur. Je choisis de m'installer sous un cerisier, qui empêchait déjà une majorité de la pluie de passer. Le froid se faisait déjà sentir dû à mes habits n'étant plus aussi secs qu'auparavant.
Malgré cela, je n'y prêtais pas fort attention, toujours perdu dans mes pensées. En restant un moment ainsi à continuer à penser sans trouver de réponses à mes questions, un bruit de pas se fit entendre non loin de moi.
C'est à ce moment que je ne regrettais plus d'avoir prit mon arme, qui s'avérait finalement utile. Les bruits des branches se brisant se rapprochait, tandis que je saisis le manche de l'épée en me relevant. Ne voulant pas que cette personne ne s'en prenne à moi par surprise, l'interpeller directement fut mon second choix.
Ayato : Qui êtes-vous ?
Curieusement, la personne semblait être surprise comme prévu, mais non pas comme je le pensais. Si ça se trouve, il s'agit peut-être simplement d'un passant...Lorsque l'inconnu arriva à ma hauteur, ma méfiance partit d'un coup, en réalisant qu'il s'agissait d'une bonne connaissance.
Je l'accueillis finalement par un sourire, mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, celui-ci vint déjà passer amicalement -et brutalement- son bras autour de mes épaules.
??? : Ayato ! Mon pote ! Comme on se retrouve ! La dernière fois qu'on s'est vus, c'était ici, en plus ! T'as pas l'air dérangé de finir trempé sous la pluie ! T'es un vrai bonhomme toi !
Ayato : Oh ? Bonsoir, Itto ! Je ne pensais pas que ce serait toi...J'ai eu peur pendant un moment...Et à vrai dire, j'ai simplement oublié mon parapluie en partant de chez moi...
Itto : Ah ouais ? Eh bien...Ouais, c'est mon cas aussi...En te voyant, j'aurais espéré que tu en aies un...Sinooon...Pourquoi t'es là, mon pote ?
Ayato : Eh bien...
Je réfléchis un instant, avant de me rasseoir au même endroit que précédemment. Devrais-je lui parler de ce qu'il s'est passé avec Thomas ? Itto est plutôt, voire très turbulent, mais c'est un ami de confiance, et avoir un autre point de vue venant de quelqu'un différent de moi pourrait être intéressant...Il finit alors par s'installer à côté de moi.
Ayato : J'ai quelques problèmes...Et je ne trouve pas vraiment de solution...
Itto : Wow ! Toi ? T'as des solutions à tout, normalement ! C'est même toi qui m'aides quand j'en ai besoin ! C'est des problèmes de quoi ?
Ayato :...D'amour...
Je sentis ses yeux écarquillés de surprise se poser sur moi, mais il effaça très vite ce petit silence en réagissant à voix haute.
Itto : Toi, t'es vraiment quelqu'un plein de surprises ! C'est...Hey ! Attends ! C'est pas ce dont on avait parlé la dernière fois, ici, au même endroit ?
J'acquiesçai dans un petit soupir, mon regard perdu dans le ciel complètement noir, au loin.
Itto : Au fait...J'étais là, j'ai compris que cette personne t'aimais, mais au final tu m'as pas dit qui c'est !
Ayato : Oh ? Ah oui...Est-ce que tu connais, Thomas ?
Itto : Hmm...C'est pas le blond, qui a failli se faire prendre son oeil divin, à la cérémonie de saisie ? Celui qui copie mon style, avec ses cornes ? Ce sont des fausses, en plus ! D'après ce que je sais, il travaille pour le clan Kamisato, ceux qui s'occupent de la Commission culturelle ! Je ne l'ai jamais rencontré, mais le directeur doit vraiment faire peur...
Je suppose que je devrais encore me taire sur le fait que ce fameux "directeur qui doit vraiment faire peur" n'est autre que moi-même...Mais bon, je préfère encore cacher mon identité auprès de lui pour un moment.
Itto : Et il s'est passé quoi, avec lui, exactement ? Allez, raconte ! Je suis sûr que je peux t'aider ! Tu sais, nombreux sont ceux qui me connaissent sous le nom de "Itto the lover" ! L'amour, ça me connait !
Ayato : Ah oui ? Tu as déjà eu, des relations amoureuses ?
Itto : Euh...Finalement, tu ne m'as pas dit, ce qu'il s'est passé, avec Thomas ! Raconte !
Ignorant le fait qu'il n'ait pas répondu à ma question, je décide d'uniquement mentionner le harcèlement que Thomas avait subi, et que l'on avait réglé l'affaire d'une façon quelconque sans lui préciser que je m'étais servi de mon statut de commissaire pour résoudre cela.
Je continuai mon récit en mentionnant notre "relation" cachée et assez confuse pour nous-mêmes, qui avait débutée assez instinctivement entre nous, et par manque de communication. Et c'est par cette histoire de mariage arrangé et notre discussion froide de ce soir qui m'a empêché de dormir et me fait passer le temps sous la pluie que je terminai toutes mes explications.
Curieusement, Itto n'avait pas dit un mot depuis un moment. Je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'il soit si attentif à ce que j'ai raconté, mais il me répondit sur un ton posé et réfléchi assez méconnu de sa part.
Itto : Ouaip...Il a pas dû aimer apprendre que tu vas te marier avec quelqu'un d'autre...Ce qui est sûr, c'est qu'il t'aime grave ! C'est un type bien, Thomas ! On s'est pas vus trop longtemps, mais c'est quelqu'un de sincère ! D'ailleurs, il n'a pas dû faire exprès de mettre des haricots dans ma boisson, le jour de la compétition...Mais passons ! C'est évident que dans une relation, l'amour doit être réciproque ! Si tu sors avec lui par compassion, je le plains !
Ces dernières paroles tournaient dans ma tête. À vrai dire, Itto n'avait pas tort, l'amour est quelque chose qui ne peut exister que par des sentiments, et rien d'autre. Jamais je ne pourrais partager une telle chose avec quelqu'un autrement. Si je ne ressens pas la même chose que ce que Thomas ressent envers moi, jamais cela ne pourra fonctionner entre nous...
Mais la question suivante que j'étais sur le point de me poser à moi-même fut devancée par Itto.
Itto : Mais toi Ayato, tu l'aimes ?
Ayato : Je...Je ne sais pas...Mais dis-moi, d'ailleurs...Ne te moque pas mais...Comment je suis censé le savoir ?
Itto : Hm ?
Ayato : Eh bien...Comment on le sait, lorsqu'on est amoureux ?
Suite à cette question qui me semblait toute aussi idiote qu'embarrassante, je vis le regard du oni me fixer un instant, avec un petit sourire niais me faisant comprendre qu'il se retenait de rire. Il ne s'empêcha tout de même pas de faire la remarque.
Itto : Eh bien Ayato...Tu es très doué pour résoudre toute sorte de problème, mais tu es vraiment une quiche quand il s'agit d'amour ! T'es vraiment un drôle de type, toi !
Il décida finalement de rire sans plus me prêter attention durant quelques secondes, me laissant toujours ahuri par ses propos. Jamais on ne m'avait parlé comme ça auparavant, pas même mes proches. Mais après tout, il s'agit tout de même d'Itto, surtout qu'il n'a aucune idée de mon rang social.
Loin d'être vexé par cela, je lui lançai un regard, attendant simplement qu'il arrête de rire pour répondre à ma question. Après un moment, il me remarqua enfin, et se reprit en toussotant.
Me préparant à ses propos, je sortis un petit carnet et un crayon à papier enfoui au fond de ma poche, me préparant à noter en détails chaque information qui pourrait m'être utile.
Itto : Alors...Oui !...Eh bien...L'amour...Pour t'expliquer simplement, c'est...Ouais...
Il hésita un moment, dans un silence de quelques secondes, où je regardais ma feuille blanche dénuée de choses pertinentes.
Itto : Perso...Je pense que quand on aime quelqu'un, tu veux tout le temps passer du temps avec ! Ouais, c'est quelqu'un pour qui tu pourrais tout interrompre dans ta vie si ça peut lui venir en aide !
Je griffonnais sur ma petite page quelques tirets peu ordonnés et assez brouillons, mais qui restaient quand même lisibles à mes yeux. J'assimilais par la même occasion ses mots dans ma tête.
Itto : Mais ne suis pas trop ce que je te dis...Là, je te parle de ma propre expérience ! Et plutôt de l'amitié qui nous unit, les gars du gang, entre nous...Mais d'après ce qu'on m'a dit une fois, et de ce que j'ai retenu, l'amour, tu peux pas savoir vraiment ce que c'est sans l'avoir ressenti !
Le ressentir...Il est vrai que moi, aimant particulièrement la logique, l'amour m'a toujours paru compliqué et incompréhensible...Pourtant, avec le nombre incalculable de mariages organisés par la Commission culturelle, j'ai compris depuis longtemps que beaucoup de personnes en avaient déjà saisi le concept.
Itto : Eh ouais mon vieux ! T'as des types qui ont essayé de comprendre pourquoi le soleil tourne autour de notre planète, ou l'inverse, je sais plus...Alors que les sentiments sont partout, et tout le monde a des définitions différentes sur ce que c'est ! C'est dingue, hein ?
J'acquiesçai lentement, pensif. J'en savais déjà plus, mais pas suffisamment pour répondre à ma propre question...Comment pourrais-je savoir ce que je ressens exactement envers Thomas ?
Si j'en suivais la théorie de mon ami ici présent, les seules personnes connaissant ce sentiment sont celles l'ayant vécu ? Dans ce cas, autant aller poser la question à quelqu'un dans cette situation !
Je finis par me relever, mes cheveux et mes habits dégoulinants d'eau de pluie, avant de saluer une dernière fois Itto d'un signe de tête reconnaissant.
Ayato : Je rentre. Merci pour tes conseils, je m'y retrouve déjà mieux dans ma situation.
Itto : Oh, tu pars ? D'accord ! Ça marche ! Et...J'ai fait ce que j'ai pu pour t'aider avec ce que je connais en relationnel, mais je pourrais pas faire grand chose pour cette histoire de mariage !
Le mariage...Je l'avais complètement oublié durant un moment...Mon véritable problème majeur, actuellement, c'était bel et bien celui-là...Si je ne trouve pas de solution avant ce jour-là, envisager une suite entre Thomas et moi serait tout bonnement inutile.
Itto : N'oublie pas, mon pote ! Si t'as encore besoin de conseils, le Grand et Fabuleux Itto est toujours là !
Je lui souris une dernière fois, avant de le quitter enfin. Les extrémités de mon pantalon blanc étaient déjà tachetées des gouttelettes de boue qui giclaient à chacun de mes pas, tandis que le froid de la pluie commençaient à me ronger les os.
Sur le trajet du retour, je ne pouvais toujours pas m'empêcher de repenser à tout se qui s'ajoutait à ma conscience au fil de cette soirée, qui me donnait l'impression de valoir une éternité.
Une fois arrivé devant la porte arrière de la résidence, je passai le seuil en refermant rapidement celle-ci derrière moi. J'aurais pu penser à changer mes habits trempés en premier, mais cela ne me traversa pas l'esprit à ce moment-là, une autre priorité occupait toute logique dans ma tête.
Il faisait sombre, et seules quelques petites lumières filtraient au travers des rideaux fermés, à l'intérieur. Voulant conserver le calme ambiant de l'endroit, je montai les marches quatre à quatre, et le plus silencieusement possible.
Enfin à l'étage, je m'apprêtais à passer la porte devant laquelle je m'étais arrêté. Je l'entrouvris légèrement, mais seule l'obscurité de la pièce me vînt. Je la referme alors derrière moi, pour me déplacer sur le parquet, en contournant le lit qui occupait le lieu.
La tête blonde qui y dormait semblait avoir eu plus de facilités à trouver le sommeil que moi...En m'approchant de la table de chevet, je m'accroupis à côté de celle-ci, pour arriver à hauteur de la personne en question.
Ayato : Thomas ?
Je commençais à l'appeler en chuchotant, en haussant légèrement le volume de ma voix petit à petit. Il finit par émettre un léger grognement de mécontentement lorsque j'allumai la lampe qui reposait sur la petite table.
Thomas se retourna vers moi, les yeux mi-clos. Ébloui par la lumière, il réussit quand même à me lancer un regard interrogatif, mélangeant une fatigue évidente et un questionnement sur ma présence ici. Il marmonna quelques mots qu'il parvînt à peine à articuler correctement.
Thomas : Que...Qu'est-ce qu'il y a...?
Ayato : Je suis venu te parler.
Thomas : Hm...Pourquoi maintenant ?...Tu sais quelle heure il est ? Et...Pourquoi es-tu trempé ?
Ayato : Si je te dis que j'ai passé trois longs quarts d'heure sous la pluie, tu vas me faire la morale ?
Toujours peu vif dans ses actions, il me regarda un instant sans commentaire, avant de me répondre.
Thomas : Oui...Mais demain...Et...Éteins la lumière aussi...Bonne nuit.
Il me tourna le dos, enroulant à nouveau la couette autour de lui. J'éteignis la petite lampe comme demandé, mais je continuai d'insister. C'était comme si j'avais le besoin de communiquer avec lui, de tout et de rien.
Ayato : Dis-moi, m'en veux-tu toujours, pour tout à l'heure ?
Ne recevant pas de réponse, je me décide à lui poser une seconde question pour tenter de confirmer s'il s'était rendormi ou s'il m'ignorait simplement.
Ayato : Explique-moi, comment est-ce que tu interprètes le principe de l'amour, toi ? C'est que j'ai eu une conversation avec un ami, tout à l'heure et...
Je m'interrompis lorsque Thomas se redressa, pour tendre le bras et allumer la lumière. Il sortit de son lit, et je l'observai se diriger vers l'armoire, pour y saisir quelque chose, qu'il ne tarda pas à me lancer violemment dessus.
Sous l'effet de surprise, je remarquai tout de même l'essuie que je venais de me prendre littéralement en pleine figure.
Mon regard se posa sur les traits endormis du visage de Thomas, qui avait une expression que je n'avais jamais vu chez lui. Une expression qui souhaitait simplement qu'on lui fiche la paix.
Je ne savais pas dire si cela était dû à l'ambiance de notre discussion telle qu'elle avait était laissée tout à l'heure, ou à son agacement causé par le fait que je sois venu le réveiller au beau milieu de la nuit, complètement trempé par la pluie pour lui poser des questions idiotes.
Ayant tout compris par son regard me semblant presque exaspéré étant souligné par des cernes, je me relève alors en essorant mes cheveux avec l'essuie, tout en me dirigeant vers la porte, ouverte par Thomas qui semblait m'encourager à quitter la pièce.
Je m'apprêtais à passer le pas de la porte, plutôt frustré de devoir attendre encore pour dire ce que j'avais sur le cœur en toute honnêteté, lorsque qu'il m'attrapa le bras pour me stopper.
Il me fit signe de lui passer la serviette qu'il m'avait donnée, me faisant obéir sans commentaire. Il pencha ensuite ma tête vers l'avant pour essuyer frénétiquement mes cheveux de lui-même, comme s'il perdit patience du temps que je prenais pour le faire de moi-même.
Thomas laissa l'essuie étendu sur ma tête, avant de tenter de replacer correctement et en vain les mèches qu'ils avaient ébouriffées. Il me parlait désormais d'un ton tout aussi ferme, mais plus calme qu'auparavant.
Thomas : J'ai mis de nouvelles serviettes propres en haut de l'armoire dans ta chambre. Va mettre d'autres habits secs, et surtout ne dors pas avec les cheveux mouillés. Je te ferais une tisane chaude demain matin.
Quand je repensais au fait qu'il y a à peine une trentaine de secondes, il voulait me mettre à la porte sans se préoccuper de moi, je me disais bien que ça ne lui ressemblait pas. Revoir son véritable lui soucieux et attentionné me fit sourire.
Ayato : Tu n'es pas crédible, quand tu t'énerves...
Sans l'envie de me contredire plus que ça, il maugréa un simple "bonne nuit", avant de refermer la porte. Je restai devant jusqu'à voir la lumière s'éteindre derrière celle-ci.
Je redescendis les marches de l'escalier, et atteignis ma chambre pour effectuer à la lettre ce que Thomas m'avait conseillé, pour ensuite m'endormir sans trop de difficultés dans la chaleur de mes draps.
***
En ouvrant les yeux, je me sentis à la fois reposé, mais non pas suffisamment pour être complètement en forme, certainement pour cause le peu d'heures de sommeil que j'ai eu. Je me redressai directement, pour constater que le drap qui reposait sur moi était plus lourd que la veille.
Je remarquai alors une grosse couverture rouge qui me recouvrait. Elle ne m'appartenait pas, mais je reconnu sans difficultés la personne à qui elle appartenait, et qui me l'a apportée durant mon sommeil pour me tenir chaud.
Après m'être levé et préparé, en ayant éternué quatre fois et avec le nez bouché, je me rendis vers la salle à manger où des voix se faisaient entendre. Je reconnus sans problème celle de Thomas, en passant le pas de la porte, qui semblait s'adresser à quelqu'un. Je ne compris que la fin de la conversation.
Thomas :...Après ça, je suis venu lui apporter une de mes couvertures, une suffisamment chaude ! Je ne pouvais pas lui mettre la sienne, elle se trouvait dans son armoire, qui grince à chaque fois qu'on l'ouvre, je voulais éviter de le réveiller en faisant du bruit...
Il s'affairait à faire bouillir de l'eau dans la petite cuisine, tandis que mon arrivée dans la pièce attira l'attention de ma sœur, qui elle devait sûrement se contenter d'écouter notre employé de maison se plaindre. Certainement à mon propos, lorsqu'elle confirma cette hypothèse en me questionnant, assise à la petite table.
Ayaka : Ah, te voilà ! Est-ce vrai, cette histoire, selon laquelle tu es sorti sous la pluie tard le soir ? Tu as mauvaise mine, à vrai dire...
Elle avait certainement remarqué mes cernes, où même tous les autres facteurs qui démontraient que j'avais attrapé au mieux, un simple rhume. Voyant plus cela comme une question rhétorique, je lui répondis uniquement par un petit soupir, pour ensuite lui souhaiter le bonjour, qu'elle me rendit également. Thomas fit de même lorsque je le saluai, mais sans se retourner vers moi pour autant.
Je vins alors m'installer à table avec Ayaka. Avec nos journées chargées, rares étaient les repas que nous pouvions partager ensemble. Comme je le pensais, Thomas ne nous rejoignit pas, et entama une autre tâche un peu plus loin.
Le repas se déroula calmement, où je reçu comme promis la tisane chaude évoquée la veille sans commentaire. Après avoir discuté des nouvelles en cours avec ma soeur, sans évoquer le fameux mariage, dont elle n'était pas au courant -ce qui valait sans doute mieux ainsi de mon point de vue-, elle s'en alla, me laissant ainsi seul, enfin presque...
Lui, il traînait toujours dans les parages, essayant d'effacer sa présence à sa façon. Il était vrai que quelqu'un d'aussi sociable qui avait toujours quelque chose à raconter paraissait étrange, lorsque qu'on ne l'entendait pas.
Dés qu'Ayaka fut partie, Thomas était à quelques mètres de moi, de l'autre côté de la pièce, toujours le dos tourné. Il ne perdit pas une seconde pour me questionner, d'un ton neutre qui, honnêtement, me parut très sec.
Thomas : Pourquoi ne pas lui en avoir parlé ?
Inconsciemment affecté par une telle attitude, je me mis à lui parler de la même façon, faisant peser cette ambiance froide entre nous.
Ayato : Mh ? Tu parles du mariage ? Elle a déjà beaucoup de choses à régler, je ne veux pas l'impliquer là-dedans.
Thomas : Je vois.
Ne voulant pas continuer cette discussion qui commençait presque à m'horrifier, je choisis de poser une question sans rapport, mais par simple but de passer à autre chose.
Ayato : Sinon...As-tu bien dormi ?
Thomas : Je te laisse deviner.
Je me rappelai soudain de mon intervention en beau milieu de son sommeil dans sa chambre, qui a très certainement gâché le reste de sa nuit. Voyant où il venait en venir, je me passai des étapes inutiles à propos de la question.
Ayato : Oui...Excuse-moi pour ça...Mais, justement...Est-ce que tu te rappelles que tu m'as dit que nous reporterions cette discussion à aujourd'hui ?
J'en étais venu droit au sujet. Ça devait se terminer. C'est pour cette raison que je devins plus ferme et insistant auprès de lui, qui continuait à garder la distance dans tous les sens du terme.
Thomas : Pas maintenant. Je suis occupé.
Ayato : Occupé ? Si tu étais réellement concentré sur ton travail, tu te serais bien rendu compte que c'est la quatrième fois que tu arroses cette plante.
À ces mots, il releva l'arrosoir de cette pauvre fleur presque noyée, se sentant certainement idiot de cette simple erreur d'inattention perpétuelle. Après cela, il resta immobile, comme cloué dans sa situation, sans autre choix possible que de regarder ce mur qu'il tentait de construire entre nous se briser.
Ayato : Thomas, regarde-moi.
Je sais que tu as construit ce mur entre nous pour tenter de cacher vainement ce que tu as ressenti, et ce que tu ressens toujours envers moi. Mais tu te blesseras plus qu'autre chose. De plus, tu t'es mépris à mon sujet. Car je suis incapable d'exprimer ou de comprendre mes sentiments. Mais ce mur que tu construis, me fait du mal, et j'aimerais te le dire, te le faire comprendre, comme je le peux.
Ayato : Regarde-moi.
En me répétant, il se retourna enfin, et je vis enfin son visage de toute cette matinée. Lui qui avait tant évité mon regard, voir ses yeux verts me transpercer, comme pour répondre à ma provocation, me laissa quelques secondes silencieux avant de parler.
Ayato : Je ne compte pas me marier.
Il continua de me regarder, sans dévoiler aucune émotion sur son visage.
Thomas : Et pourquoi ça ?
La raison qu'il interprétait à cela était, comme il me l'avait dit déjà, que je cherchais à répondre à ses sentiments par simple but de lui faire plaisir. Hors, j'avais enfin compris ce qui n'allait réellement pas chez moi.
Ayato : Car je ne comprends rien aux sentiments amoureux.
Il finit enfin par détourner les yeux vers un coin de la pièce, ce qui me relâcha un peu.
Thomas : Rien ? Vraiment rien ?
Ayato : Rien.
Je l'avouai désormais sans honte, même si je me rappelai bien de la veille où Itto s'est moqué de moi...Cette information fit lâcher également un léger sourire à Thomas, rictus qui me parut plus triste qu'autre chose, et très superficiel à la peine qu'il ressentait actuellement.
Thomas : Eh bien, tu apprendras ce que c'est avec ta nouvelle partenaire...
Ayato : Mais ce n'est pas avec elle, que je veux apprendre.
Son expression changea soudain, laissant ses yeux maussades s'écarquiller discrètement, mais de manière perceptible.
Ayato : Tu m'as dit hier soir, au repas, que je ne ressentais rien pour toi. Mais tu n'en sais rien. Et honnêtement, moi non plus. Mais tout ce dont j'ai besoin, c'est de temps. Laisse-moi apprendre à partager ce sentiment avec toi. J'ignore si cela durera longtemps, mais un jour je saurais expliquer ce que c'est. Et partager ce qu'était mon expérience d'apprentissage à tes côtés, et avec personne d'autre...
Il ne me répondit pas. Mais je n'avais pas besoin de mots, car à voir son visage redevenu si expressif, je compris que j'avais enfin fini de briser ce mur pour de bon. Je m'enthousiasmais à lire les changements de regards, ou de sourires qui s'exprimaient à la place des paroles.
Ses yeux croisèrent alors les miens, et ce dernier échange conclut donc toutes les émotions défilant dans sa tête. Et peut-être même dans la mienne...
Thomas : C'est d'accord. Je t'apprendrais !
Voyant ses yeux plissés et sa voix légèrement enrouée, je me levai enfin, pour m'approcher, et lui tendre les bras pour qu'il vienne s'y loger. Il vint alors s'accrocher à moi pour poser sa tête sur mon épaule. Un sourire se dessina alors sur mes lèvres.
Ayato : Tu aimes bien ça, n'est-ce pas ?
Thomas : Toi aussi. Tu le réclames même plus que moi.
Ayato : C'est vrai...Tu peux pleurer, si tu en as besoin.
Thomas : Ça ira, je ne veux pas mouiller ta veste...
Ayato : J'étais sous la pluie hier, ce ne sont pas des larmes qui vont faire la différence.
Nous restâmes ainsi quelques temps, jusqu'à relâcher notre étreinte, soulagés d'avoir pu dire ce que nous aurions dû partager plus tôt déjà.
Mais la réalité nous rattrapa vite, lorsque je me souvins et décida de révoquer notre actuel problème, qui pourrait bien ne pas faire durer cela bien longtemps.
Ayato : Nous devons annuler ce mariage.
Il acquiesça, l'air songeur.
Ayato : Je compte sur ton aide, je ne pense pas y arriver seul...
Thomas : Bien évidemment ! Je n'en suis pas certain, mais...Je pense savoir pour où nous pouvons commencer...
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Bonjour bonjour !
Comme on se retrouve ! J'avais hâte de vous retrouver, à vrai dire !
Avec la reprise des cours, j'ai eu moins de temps pour écrire, alors j'ai avancé lentement, mais j'ai avancé tout de même, pour espérer vous offrir du nouveau contenu qualitatif !
Ce que je trouve sympa, dans la conception d'un chapitre, c'est que je fais beaucoup de recherches Google. Mais non pas seulement pour de l'orthographe, de la conjugaison, ou des synonymes, mais aussi des :
"Images groupe quarante personnes", "Peut-on s'évanouir par hémorragie", "Barrages de castors" ou encore "Tomber malade sous la pluie"...
Bref, mon historique est rempli de toutes ces choses sans sens...Mais j'apprends des choses ! Et ça...Bah c'est cool !
J'ai beaucoup aimé écrire un paragraphe en particulier, car dans la narration (qui était du point de vue d'Ayato), Ayato ne parlait plus de Thomas à la troisième personne, mais comme si directement de ses pensées, il s'adressait à lui. J'ai pensé que ça pourrait peut-être ajouté quelque chose, à vous de me dire si vous n'avez pas trouvé ça trop perturbant !
J'espère que ce chapitre vous aura plu, et je vous dis,
Bye byyyyye !
Deidachat
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