12.La beauté et l'ivresse de ces moments
(Résumé du chapitre précédent car je suis l'auteur le plus sympathique de l'univers qui vous évite de vous retaper quatre ou cinq chapitres précédents pour vous remettre dans le bain :
Ayato est confus de ses sentiments...Il peine toujours à comprendre ce qu'est l'amour. Le jour où le directeur de la Commission administrative lui affirme qu'il devra se marier avec sa fille pour renouer les liens entre les Commissions, Thomas l'acceptera à contrecoeur. Ayato lui avouera alors que bien qu'il ne comprenne pas encore les principes des sentiments amoureux, il finira par les apprendre ; et ce, aux côtés de Thomas. C'est alors qu'en consacrant de nombreux jours à mettre au point un plan pour annuler le mariage, ils réussiront, après s'être donné toute leur confiance, à déjouer les véritables intentions du directeur, qui s'avérait être dans l'illégalité dés le début. Après tout cela, les deux décidèrent de s'offrir un peu de repos pour les jours à venir...Le soir même après le mariage, Ayato proposera à Thomas de dormir à ses côtés...
(Oui, je précise la dernière chose pour que vous compreniez mieux la situation du début de chapitre mdr...)
Sur ce, bonne lecture !)
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Pdv Thomas
J'ouvre lentement les yeux, ébloui par la lumière du soleil ambiante de la pièce. J'ai du mal à discerner où est-ce que je me trouve, mais quelque chose cloche.
Je m'apprête à m'étirer lorsque je réalisai que quelque chose entourait ma taille. Quelque chose de chaud me collait.
Une fois ma vue devenue plus claire, je réalisai que je ne me trouvais pas dans ma chambre, ni dans mon lit. Et que, dans cet endroit que je peinais à discerner, je ne me trouvais pas seul...
Réalisant enfin où j'étais et avec qui, d'un geste vif et en étant moi-même enfin réveillé, je relève le drap qui me couvrait, avant de soupirer de soulagement. Je porte encore mes habits.
Après tout, pourquoi est-ce que ce ne serait pas le cas ? Il ne s'est rien passé, la veille, alors pourquoi faire des suppositions comme celle-là avant même d'essayer de s'en souvenir ?
Je suis gêné par mes propres idées malsaines et perverses. Pourquoi penser à ce genre de choses dés le réveil ? Il m'en faut si peu pour me perturber, parfois...
Je tente de penser à autre chose en cherchant l'horloge de l'oeil. Il est si tard que ça ? Comment cela se fait-il que j'ai dormi aussi longtemps ? Je nie complètement l'idée que c'est par le fait que j'ai dormi avec "lui", en partant sur l'hypothèse que les jours qui ont précédés étaient particulièrement fatigants et mouvementés. Je n'arrive presque pas à réaliser que cette histoire de mariage soit enfin résolue...
Toute mon agitation avait provoqué le réveil d'Ayato, que je sentis bouger, sans pour autant lâcher ma taille. Je ne le voyais pas de dos, mais je l'entendis marmonner d'une voix un peu enrouée par le réveil.
Ayato : Quelle heure est-il ?
Ne sachant pas très bien lire l'emplacement des aiguilles à l'autre bout de la pièce, je lui fis juste part de ma constatation vue de loin.
Thomas : Il est bien trop tard...
Ayato : Hm...Peu importe.
Sur ces mots, il me serra un peu plus fort, en posant sa tête plus près de la mienne. Il resta silencieux et immobile un moment, avant que je ne réalise qu'il s'était rendormi.
Je lui pris le bras qui me serrait encore, avant de le secouer un peu pour assister à son deuxième réveil.
Thomas : Tu ne dois pas travailler, toi ?
Ayato : Ah ? Non, pas aujourd'hui...Je prends congé...
Thomas : C'est une bonne idée, ça te ferait du bien, je suppose...Mais tu en as le droit ?
Il se tourna sur le dos, pour contempler le plafond avec des yeux semi-ouverts. Malgré ce changement de position, il ne me lâchait pas, le bras toujours occupé à me maintenir près de lui.
Ayato : Après toutes les accusations tournées vers le directeur de la Commission administrative, et de la grave erreur qu'ils ont commise envers moi, ils peuvent bien m'accorder un moment de repos...
Il luttait pour garder les yeux ouverts par la fatigue.
Thomas : Si tu le dis...Et que comptes-tu donc faire, de cette journée ?
Ayato : Rester ici à dormir. Au moins, je suis déjà prêt pour la nuit suivante !
Thomas : Mais bien sûr...
Ayato : Plus sérieusement, je n'en ai aucune idée...
Thomas : Eh bien, tu te décideras pendant le repas. Je vais préparer de quoi manger.
Je m'apprêtai à me lever, lorsqu'il me retînt encore une fois avec son bras. J'ai au moins la confirmation qu'il n'a aucune envie de me lâcher...Je répondis à ce geste par un sourire amusé.
Thomas : Hey, j'ai du travail, moi !
Ayato : Mais c'est une excellente idée...
Il regardait toujours le plafond, souriant pour lui même, avant de me regarder avec cet air malicieux qui ne m'inspirait pas toujours de bonnes choses...
Ayato : Je vais passer la journée à travailler avec toi !
Thomas : Tu veux dire...Faire "mon" travail avec moi ?
Ayato : Oui. Je le connais, mais je te vois rarement à l'oeuvre, ce sera une occasion !
Thomas : Tu as dit que tu ne voulais pas travailler, aujourd'hui...
Ayato : Dis-moi : entre ton travail et le mien, lequel trouves-tu le plus agréable à faire ?
Thomas : Cela dépend...Je dirais le mien, mais-...
Ayato : Eh bien, tu vois ?
Non, justement, je ne vois pas...Je cherchais la logique dans tout cela...
Mais bon, après tout, il vient de se réveiller, tout comme moi, alors se casser la tête avec des choses comme celles-là ne servait à rien.
Sur ce, il se leva avec une énergie qui ne correspondait plus à l'état dans lequel il était il y a quelques minutes à peine.
Ayato : Allons manger ! Je commence à avoir faim ! Rejoins-moi à la cuisine, quand tu seras prêt !
Je restai immobile un moment, avant de m'étirer. Je me demandais encore s'il s'agissait vraiment d'une bonne idée. Après tout, que peut-il arriver de pire ?
Je me lève alors, quitte la chambre, et monte les escaliers jusqu'à la mienne, pour m'habiller et me laver le visage dans la salle de bain. Lorsque j'arrivai à la cuisine, Ayato était déjà là. Coiffé et vêtu de sa tenue habituelle, il m'attendait le sourire aux lèvres.
Ayato : Bien ! Que préparons-nous ? Que proposes-tu ?
Thomas : Tu as réellement l'intention...De cuisiner avec moi ?
Il acquiesça, me laissant silencieux un moment, et soucieux par la même occasion...
Il arrivait parfois qu'Ayato cuisine, et disons qu'il a une façon de cuisiner...Assez spéciale. Je n'ai pas de problèmes avec la nourriture hors du commun, mais la sienne est d'un tout autre niveau...
Avec lui aux fourneaux, on s'attend toujours à une combinaison d'ingrédients que nous n'imaginions même pas dans un même plat. De plus, il ne mesure jamais les quantités, il suit toujours "son intuition", qui dans le cadre de la cuisine, est bien peu compétente...
Mais au moins, aujourd'hui, j'ai l'occasion de le surveiller un peu...
Thomas : Eh bien...Nous pouvons partir sur une soupe de radis.
Un plat frais pour le matin, et surtout, simple à cuisiner...Composé d'eau, de radis, de tomates, et d'autres petits accompagnements supplémentaires, je ne vois pas comment l'on pourrait le rater...
Mais par précaution, je pris mon livre de recettes que je gardais dans le tiroir de la cuisine, avant de retrouver la bonne page et la lui tendre.
Thomas : Tu peux suivre les étapes juste ici, je vais chercher les ingrédients !
Il consulta la page des yeux, tandis que je piochais déjà dans les armoires pour trouver ce dont nous allons avoir besoin.
Ayato : Je peux toujours ajouter une petite touche personnelle...
M'attendant à cette remarque, je lui répondis avec hâte.
Thomas : Non !
Ayato : Non ? Pourtant, tu cuisines toujours tes plats à ta façon ! Avec ta touche personnelle !
Thomas : Disons plutôt que...Ta "touche personnelle" à toi est...Justement, personnelle ! Oui, c'est ça ! Elle est si unique que rares sont ceux qui peuvent en comprendre la beauté et la saveur ! Et je pense bien ne pas avoir le goût assez fin pour faire partie de ces rares personnes ! Alors, il faut bien s'adapter !
Je ne mentais qu'à moitié. Après tout, j'avais hâte de voir par quel miracle Ayato trouvera un jour quelqu'un qui apprécie -ou du moins, supporte- sa cuisine...
Il me regarda, l'air sceptique, tandis que je lui souriais pour tenter de le convaincre de mes propos. Mais je crois bien l'avoir peut-être un peu vexé...Je culpabilise, tout d'un coup...
Il finit par me répondre.
Ayato : Très bien. Je vais suivre la recette.
Thomas : Vraiment ? Merci beaucoup ! Enfin, je veux dire...Cela vaut mieux pour ne pas se perdre dans la création d'une composition parfaite ! D'ailleurs, n'utilise que ce qui se trouve sur le comptoir, c'est là que j'ai déposé ce dont on avait besoin ! Je compte sur toi !
Ayato : Oui, ne t'en fais pas...
Thomas : Tu me promets bien de suivre la recette en son exactitude ?
Ayato : Tu te fais du soucis pour rien !
Pdv Ayato
"Tu te fais du soucis pour rien". C'est ce que j'ai répondu. Ce qui signifie que je n'ai rien promis ! Il doute de mes compétences culinaires ? Je vais lui en mettre plein la vue !
Très bien...Consultons tout de même les étapes écrites sur la recette, il faut bien commencer par quelque part.
"Coupez les radis en petits cubes".
Qu'est-ce que cela signifie ? C'est un langage courant en cuisine ou faut-il vraiment couper de vrais petits cubes ? Si ce sont de vrais cubes, il faut mesurer chacun des côtés pour vérifier s'ils sont bien égaux, c'est ça ? C'est purement mathématique ! Mais cela va prendre une éternité...
Je ramasse un radis dans l'emballage papier qui le contenait, pour en analyser la couleur blanche et la forme allongée. Si cela se trouve, nous pouvons faire la même chose qu'avec les carottes, comme les éplucher ? Cela fonctionne très bien dans les salades, je suppose qu'il n'y a pas grande différence dans une soupe ?
Je pris une casserole dans l'armoire, pour la déposer sur la plaque de cuisson. Comment est-ce que ça fonctionne, déjà ? Il faut tourner les boutons, il me semble...Oui, je pense qu'elle est allumée !
Revenons-en aux radis. J'en dépose un sur la planche à découper, qui s'avérera inutile car je pris la décision de l'éplucher en lamelle dans ma main. Première coupure accidentelle au doigt, j'étouffe un "aïe" pour éviter d'attirer l'attention de Thomas, qui ne semblait même plus se préoccuper de moi.
Je me soignerai après. Je remplis la casserole d'eau, et y dépose mes fines tranches de radis. Thomas a bien dit que je ne pouvais utiliser que ce qui se trouvait sur le comptoir, mais n'a pas précisé de me servir uniquement des ingrédients qu'il venait d'y mettre.
J'y vois du sel, je m'en sers donc et en verse une bonne quantité dans l'eau. Peut-être en ai-je mis trop ? Pas de soucis, je peux essayer de compenser avec la même portion de poivre.
Alors que je m'apprêtais à saisir les tomates pour les découper à leur tour en gros quartiers, je vis de la fumée passer devant mes yeux. Parfait, je crois que ma soupe est en train de chauffer. Mais étrangement, la vapeur qui passait sous mes narines n'avait pas très bonne odeur...Ai-je abusé d'un ingrédient ? Ça doit être le radis, sans doute.
Mais en me concentrant un peu, je réalisai que cette odeur était bien plus familière que prévu, et il ne s'agissait pas de l'odeur de nourriture...
En me tournant vers les plaques de cuissons, une lumière écarlate me sauta aux yeux, jaillissant de flammes qui s'étendaient peu à peu sur le comptoir...
***
Pdv Thomas
Un oeil divin hydro...Un formidable cadeau des dieux, accordant un pouvoir sans pareil à son détenteur, permettant de se défendre, rétablir la justice, traverser de nouveaux horizons, et pleins d'autres choses fantastiques...
Qui aurait pensé qu'un jour il serait utile pour éteindre le feu dans une cuisine, causé par un des plus catastrophique cuisinier de l'histoire de Teyvat ?
Nous observions le comptoir, ayant viré d'une belle couleur beige à un noir cendré. Tous les deux silencieux depuis un moment, je m'adressai à Ayato, les yeux toujours rivés sur le désastre.
Thomas : Rappelle-moi, depuis combien de temps est-ce que je me sers de cette cuisine ?
Ayato : Quelques années déjà...
Thomas : Très bien, et dis-moi, combien de temps t'a-t-il fallut pour causer cela ?
D'un regard de travers, je le vis contempler son massacre avec culpabilité.
Ayato : Six minutes...
Me retournant enfin vers lui, je m'exclame.
Thomas : Tout à fait ! Et tu trouves ça normal ?
Ayato : Excuse-moi...
En y repensant, j'étais bien moins énervé que je ne le faisais paraître. Après tout, ce n'est rien de trop grave, ça aurait pu être bien pire...C'est plutôt cet air abattu et coupable sur son visage qui me donnait envie de le taquiner.
Je laissai échapper un petit rire, laissant Ayato perplexe sur ce soudain changement d'humeur de ma part.
Thomas : On ne peut pas te quitter des yeux deux minutes !
Toujours dans l'incompréhension sur cette incohérence entre mon comportement et mes dires, il renchérit ses excuses par une explication.
Ayato : Je pense avoir allumé la mauvaise plaque...Et sur l'autre plaque allumée, il y avait le papier de l'emballage des radis, qui a ensuite brûlé...
C'en était trop pour moi. Entre la façon dont cela est arrivé, la solution pour régler le problème, et cet air de chien battu sur son visage, je ne pouvais plus résister. Quand je pensais que tout cela avait été réalisé par le "Grand Commissaire de la commission culturelle", qui se faisait désormais réprimander comme un enfant, mon sentiment d'amusement se transforma en véritable fou rire.
Ayato ne dit rien. Il se contentait de me regarder, toujours curieux de mon attitude, qu'il commençait à comprendre en me questionnant sur celle-ci dans le plus grand des calmes.
Ayato : Es-tu...En train de te moquer de moi ?
Reprenant mon souffle en m'interrompant dans mon rire avant de reprendre de plus bel, je lui répondis très honnêtement.
Thomas : Oui...
Il ne semblait pas vexé, mais il restait simplement planté là, sans rien dire, en me regardant continuer à m'amuser de la situation. Il désigna alors le comptoir brûlé.
Ayato : Je vais le réparer de moi-même, s'il le faut.
Je m'arrêtai enfin, les larmes aux yeux, pour répliquer.
Thomas : Ah non ! Certainement pas ! Tu n'es plus autorisé à t'approcher de cette cuisine avant un long moment !
Il me répondit par un sourire amusé.
Ayato : Très bien...Après tout, je le comprends tout à fait...
Nous venions de frôler deux catastrophes : un incendie, et par la même occasion, la dégustation de la cuisine d'Ayato...Mais il serait bien vexé si je le lui disais en face. Je décide alors de nous changer les idées.
Thomas : Nous nous occuperons de ça plus tard, allons plutôt manger en ville ! Je connais plusieurs endroits très sympathiques à cette heure-ci !
Il approuva mon idée, et aussitôt dit, aussitôt fait. Il ne nous fallut que peu de temps pour nous préparer et partir. Le trajet qui séparait le domaine et la petite cité était plutôt paisible, et une fois arrivés, l'animation se faisait déjà sentir.
Les gens déambulaient dans les rues, et les marchands venaient d'ouvrir leurs boutiques de bon matin.
Ayato marcha à mon niveau, en observant attentivement les passants.
Ayato : Il y en a, du monde...C'est toujours ainsi ?
Thomas : Oui, les rues sont toujours bondés, à cette heure-ci. Les produits des marchands sont bien plus frais dés le matin, alors les gens en profitent ! D'habitude, je viens un peu plus tôt, et là je peux te garantir qu'avancer dans une rue sans se faire bousculer est impossible !
Je le sens un peu nerveux...À vrai dire, je pourrais le comprendre. Il sort rarement de son bureau pour travailler, et les seules fois où cela arrive, il passe par des petits chemins pour ne pas se faire déranger.
De plus, sa présence ici ne passe pas inaperçue...Lorsque je suis seul, mes connaissances viennent souvent me saluer et demander de mes nouvelles pour parler de la pluie et du beau temps. Cette fois-ci, la plupart se contentent de me saluer d'un simple geste, sans plus.
La présence du commissaire les intimidait sûrement. La plupart du temps, c'est Ayaka qui sort le plus souvent pour les affaires à l'extérieur. Voir son frère s'avérait bien plus inhabituel pour la plupart des gens.
Remarquant mes brèves interactions avec les autres, Ayato me questionna.
Ayato : Tu connais beaucoup de monde ?
Thomas : Plutôt, oui. Ils sont gentils, ils n'ont juste pas l'habitude de te voir en ville à une telle heure !
Ayato : L'affaire du mariage interrompu à dû faire le tour également, la plupart des gens qui en ont entendu parler doivent se demander pourquoi tant d'acharnement pour l'annuler...
En effet, j'avais moi-même oublié ce détail. Je n'ai parlé à personne, depuis hier, mais je suppose également que dés qu'ils en auront l'occasion, beaucoup viendront me poser des questions sur le sujet...
Que pourrais-je leur dire ? Certainement pas la vérité, la nouvelle sur cet étrange début de relation ferait fureur...
Sortant de mes pensées, je m'arrête devant un stand de nourriture, que je désigne à Ayato.
Thomas : Prenons quelque chose à emporter, il serait préférable que nous allions manger dans un coin plus tranquille, n'est-ce pas ?
***
Pdv Ayato
Voilà qui était bien plus agréable...En deux ruelles seulement, nous venions de passer d'une rue bondée à un véritable coin de paradis. Les pétales des cerisiers recouvraient déjà le sol d'un rose pâle, et passaient par dessus nos têtes, ne laissant que peu d'espace pour voir le ciel sans nuages.
Un vent léger soufflait sur mon visage, ce qui n'était néanmoins pas désagréable, bien au contraire...
Assis tous deux sur un muret en pierre, nous finissions de manger les dernières bouchées de notre repas, enfin repus, et ayant déjà oublié l'incident de cuisine de ce matin...Je ne savais pas quoi dire, ni comment entamer la conversation...Ces jours-ci, nous avions fait tant de choses ensemble que l'on avait plus rien de nouveau à raconter.
Cela ne semblait pas déranger Thomas, qui regardait toujours les branches des arbres bouger sous le vent, un sourire aux lèvres. Je n'en prenais pas toujours conscience, mais il était toujours agréable de voir quelqu'un se contenter de si peu...
Thomas était une personne si simple, qu'il était difficile de le croire lorsqu'il répondait par un sourire aux aléas de la vie, alors que plus d'un seraient déjà tombés à sa place. Il gardait une impression d'air insouciant sur le visage, donnant l'impression qu'il l'est vraiment, mais pourtant...
Il a des valeurs. Des valeurs qu'il défend fermement, avec une conviction et une force qu'il ne réalisait peut-être même pas lui-même.
Thomas : Hey ! Te voilà ! Je pensais que tu ne viendrais pas !
Je sortis de ma rêverie, pour essayer de chercher du regard qui était celui ou celle qui venait d'arriver, lorsque je vis Thomas descendre du muret en un bond, et s'agenouiller au sol. Je compris alors qu'il essayait de se mettre à la même hauteur du nouvel arrivant.
Il s'agissait d'une petite bestiole noire et blanche, aux oreilles pointues et aux yeux verts presque brillants entre les poils sombres qui les entouraient.
Un chat, semblant assez jeune en apparence, s'avançait timidement vers Thomas qui lui tendait la main pour l'inciter à approcher.
Le félin s'arrêta, hésitant, avant de reprendre son avancée, lorsque la main vide qui lui était tendue tenait désormais un morceau de poulet de notre repas.
Une fois assez proche, le chat attrapa vivement la nourriture, avant de s'éloigner quelques mètres plus loin le plus vite possible. Il mangeait vivement, tout en regardant Thomas de travers, attentif au moindre mouvement suspect qu'il pouvait faire.
Thomas se tourna vers moi en riant.
Thomas : Il est un peu timide...Sa vie l'oblige à se méfier de presque tout !
Il resta près du sol, mais s'y assit en tailleur, regardant le jeune chat qui venait de finir le morceau de poulet s'approcher à nouveau de lui, pour cette fois-ci venir renifler sa main, et finir par accepter une petite caresse sur la tête.
Thomas : Mais finir par accorder sa confiance ne lui fait pas plus de mal qu'il ne le pensait, au contraire...
Il marqua un temps de silence, avant de me donner des explications d'un ton calme.
Thomas : Ce chat est un chat errant, mais les habitants du coin l'ont appelé Tanaka, car il est devenu assez connu dans ce quartier...Il ne s'approche que de certaines personnes, sachant que le danger pourrait se trouver à tout bout de champs chez quelques personnes mal intentionnées.
Le petit chat s'éloigna de quelques pas, pour entamer sa toilette dans un rayon de soleil qui passait à travers les arbres.
Thomas : Pourtant, toutes les nuits, dans l'ombre, et caché du regard de tous, il chasse les rats qui circulent autour des maisons, empêchant ainsi des invasions. Sans lui, nos vies seraient moins faciles...Il travaille dur pour nous soutenir, n'attendant qu'un peu de nourriture en retour...En résumé, c'est un chat qui répond admirablement à toutes ses responsabilités, dans le but de soutenir les autres sans jamais les décevoir...
Il se tourna vers moi avec un sourire doux.
Thomas : Tout comme toi. Tu es aussi exceptionnel que lui...
Je lui répondis par le même sourire, bien que mon regard peut-être un peu plus triste y contrastait. Je descendis du muret à mon tour pour m'approcher.
Ayato : Je ne suis pas aussi exceptionnel que tu ne le penses...
Je vins m'asseoir en tailleur à côté de lui, contemplant le petit chat, qui s'était allongé près des racines d'un cerisier.
Ayato : Tout ce que je sais faire, je l'ai appris. Et même parfois, contre mon gré, comme me méfier autant des autres...Tout le monde peut apprendre à tenir le rôle d'un commissaire. Sans ce rôle, je sais faire bien moins de choses qu'on ne le pense.
Thomas resta silencieux, tandis que mon regard se perdait lentement dans le vide.
Ayato : Remarque, je ne sais même pas comment t'aimer...Alors, tu ne peux pas non plus me dire que je ne déçois personne, tu peux toi-même en témoigner. Je pense donc très honnêtement, qu'il n'y a rien à tirer de ma personne...
Thomas : Détrompe-toi.
Je m'interrompis pour observer son expression, qui semblait avoir pris un ton froid que je connaissais mal chez lui.
Thomas : Tu as tant fait pour les autres que tu ne te vois plus toi-même. Mais je peux t'assurer que moi, je vois bel et bien quelqu'un, quand je te regarde. Je vois quelqu'un qui a des valeurs, et qui fait tout pour les défendre malgré son lourd quotidien. Et tu dis ne rien savoir faire d'autre que ton rôle de commissaire, mais personne ne t'a demandé d'en savoir faire plus.
Son visage s'était adouci.
Je restai muet à ses mots, ne sachant pas par où commencer à les assimiler.
Thomas : Et moi, tu ne m'as jamais déçu. Tu es comme tu l'as toujours été, et m'aimer de la même façon que je t'aime n'est pas ce que je te demande. Je ne te demande pas de faire comme moi, et de savoir vivre comme moi. Après tout, à quoi cela sert-il de vivre la vie de quelqu'un d'autre ? Il y a déjà quelqu'un pour vivre cette vie...
Mon estime de moi était restée bien modeste durant de nombreuses années. Mais ces simples mots enlevaient comme un poids de mes épaules, une inquiétude en plus que je gardais malgré toutes celles que j'ai déjà...
Ayato : Merci, Thomas.
Ma réponse était simple, mais j'estimais que c'était la plus sincère, la meilleure, et celle qui était la mieux placée pour répondre à ce que qu'il venait de me dire. J'espère donc qu'il la comprenne également comme je la vois.
Lorsqu'il me sourit, de la même façon que je l'avais fait, je compris que c'était le cas.
C'était rassurant.
Il me rassurait.
Nous restâmes dans cet endroit, au calme, jusqu'en début d'après-midi, avant de reprendre de quoi manger à un autre stand de nourriture. Nous nous sommes décidés à rentrer temporairement, pour éviter à nouveau la foule, mais également parce que Thomas devait s'occuper de beaucoup de choses encore dans le domaine ; ayant passé ces derniers jours à trouver un moyen de régler cette affaire de mariage, il n'avait pas eu l'occasion de s'affairer à son travail habituel.
Tandis qu'il taillait la haie, dépoussiérait chaque meuble, je m'installais non loin de lui, juste pour le regarder faire. Je lui proposai à chaque fois mon aide, qu'il refusait également à chaque fois, voulant certainement éviter une nouvelle catastrophe comme ce matin dans la cuisine.
Après avoir suffisamment insisté, il finit par me laisser essayer de recoudre une de mes anciennes vestes dont il devait s'occuper. Il s'avérait que je me débrouillais mieux que je ne le pensais -bien que j'eus utilisé un fil noir sur un tissu blanc, le faisant ainsi bien apparaître sur celle-ci-, et Thomas me laissa donc continuer à ses côtés.
Il remarqua tout de même ma blessure au doigt, que je m'étais fait en découpant le radis, et que j'avais oublié de soigner. Thomas s'en occupa en m'emmenant dans la pièce où se trouvait toujours la trousse de secours, pour m'y emmener une deuxième fois suite à une nouvelle blessure avec une aiguille...
Pdv Thomas
Le soir vînt très vite, et tandis que nous avions encore un peu de temps, nous décidâmes de retourner en ville, pour cette fois-ci, profiter des ruelles tandis qu'elles n'étaient plus du tout aussi bondées qu'avant. Il était même agréable de passer à travers celles-ci, n'étant plus aussi bruyantes et étouffantes que ce matin.
Un ciel bleu aux teintes orangées nous couvrait désormais, et un vent léger passait à travers les branches des arbres. Bien que nombreux étaient les curieux qui observaient Ayato encore de loin, cela ne semblait plus le déranger plus que cela, et de toutes manières, la plupart passaient leur chemin sans lui prêter attention trop longtemps...
Nous marchions à notre aise, sans forcément savoir où aller, juste pour profiter d'un moment supplémentaire à deux...Jusqu'au moment où Ayato m'attrapa l'épaule, avant de s'approcher de moi, pour me parler à voix basse.
Ayato : Tu es doué pour la négociation, n'est-ce pas ?
Je me contentai de hocher la tête, toujours perturbé par cette proximité si soudaine. Il me fit pivoter, menant mon regard vers une petite boutique, qu'il me désigna d'un mouvement de tête.
Ayato : Vois-tu le tapis brodé, en vitrine ?
Thomas : Le violet ?
Il acquiesça, avant de frôler ma main, me figeant sur place un moment par le geste, avant de la retirer, tandis que je regardai ce qu'il venait d'y déposer. Plusieurs billets se tenaient entre mes doigts.
Ayato : J'aimerais que tu me l'achètes pour cette exacte somme. Ou même moins, si tu es vraiment courageux !
Après avoir compté ce qu'il venait de me donner, je me retourne vers lui, les yeux écarquillés ; reculant d'un pas par la même occasion, après avoir réalisé à quel point son visage était proche du mien.
Thomas : Ce tapis coûte au moins trois fois le prix ! Je n'arriverais jamais à négocier autant !
Ayato : Je suis persuadé que si. Ce serait dommage, de ne même pas essayer, et de manquer la récompense supplémentaire !
Ces derniers mots retinrent mon attention, tandis que j'observai le sourire malicieux qui se dessinait sur ces lèvres, m'incitant à en demander plus ; ce que je fis bien vite.
Thomas : Quelle récompense ?
Ayato : Oh, rien de bien spécial. J'avais juste prévu de t'offrir quelque chose, si tu réussissais mon défi...
Thomas : Et quel est donc ce "quelque chose" ?
Ayato : Une surprise !
Thomas : Et tu penses sincèrement me convaincre avec ça ?
Ayato : Oui !
Il me regardait toujours de cet air malin, très sûr de chacun de ses propos. Me mettre au défi, tout en attisant ma curiosité sur ses intentions ? Oui.
Oui en effet, il avait bien raison. Cela suffisait à me convaincre...
Je glissai les billets dans ma poche, soutenant son regard sans un mot, avant de me diriger vers la boutique en question.
C'est quelques minutes plus tard que je ressortis de l'échoppe de broderie, un tapis violet enroulé soigneusement sous le bras. Ayato me regardait arriver au loin, m'attendant patiemment sur le banc qui entourait le cerisier de la place. Je le rejoignis en quelques pas, pour m'arrêter juste en face de lui, et lui tendre mon trophée.
Ayato : Alors ?
Même la preuve entre les mains, il me demande si j'ai bien réussi son épreuve...Et à vrai dire, qu'il l'ait demandé ou non, j'aurais été honnête avec lui.
Thomas : J'y étais presque. Tout s'est joué à quelques moras près...J'ai payé le reste avec mon argent à moi.
Il ricana légèrement, avant de me faire part d'une conclusion à laquelle je ne m'attendais pas.
Ayato : Tu auras quand même ta récompense. Dans tous les cas, je ne peux pas te l'offrir tout de suite...
Thomas : Donc, que je l'ai réussie ou non, ça n'aurait rien changé ?
Ayato : Ah si ! Comme je te l'ai dit, tu ne l'auras pas tout de suite. Si tu avais réussi mon défi, je t'aurais dit quelle allait être la récompense. Puisque tu as échoué, tu sauras ce que c'est au moment de la recevoir, et pas avant !
Il savait comment me narguer, cela se voyait à mon expression contrariée et son petit sourire taquin. J'allais bien devoir être patient...
Il prit un ton plus sérieux pour chercher quelque chose dans sa poche.
Ayato : Pour les moras supplémentaires, je te rembourserai, combien cela t'a t-il coûté ?
Avant que je ne puisse lui répondre, une voix familière nous interpella de loin. Ayaka venait d'arriver sur la place où nous nous trouvions, sans se faire remarquer.
Ayaka : Oh ? Vous voilà ! Je ne pensais pas vous trouver ici, j'ai envoyé quelqu'un pour aller vous chercher...
N'ayant lancé qu'un bref regard à sa soeur lorsqu'elle venait d'arriver, Ayato cherchait attentivement dans son porte-feuille.
Ayato : Dis-moi, Ayaka, n'aurais-tu pas un peu d'argent sur toi ? J'ai dépensé tout ce que j'avais pris avec moi pour aujourd'hui...Je te rembourserais lorsqu'on rentrera au domaine.
Elle me lança un regard interrogatif, auquel je répondis par un sourire amusé en haussant des épaules.
Ayaka : Tu en as besoin urgemment ? Car nous sommes déjà bien en retard...
Ayato fronça légèrement des sourcils, et leva le nez de son porte-feuille pour s'apprêter à interroger sa soeur, qui lui répondit avant lui.
Ayaka : Nous sommes invités à un dîner, tu ne l'as quand même pas oublié ? Par une famille, que la Commission culturelle a aidé quelques semaines plus tôt. Ils seront assez nombreux, bien que tu n'aimes pas vraiment ça...
Elle s'interrompit à la vue d'une expression hésitante chez son frère, avant de conclure, tentant de le convaincre malgré tout.
Ayaka : Ils tenaient à ce que tu viennent...
Ayato : Thomas est invité ?
Ayaka acquiesça, et il se tourna ensuite vers moi.
Ayato : Tu comptes y aller ?
Thomas : Je ne sais pas trop...Mais pourquoi pas ?
Ayato : Dans ce cas, c'est décidé.
Ayato se leva, avant de prendre de l'avance et se diriger vers notre destination.
Ayato : Si Thomas y va, j'y vais aussi.
Nous le regardions marcher, déjà à une bonne dizaine de mètres devant nous. Ne voulant pas nous faire distancer, Ayaka et moi prîmes la décision de le suivre. Je l'entendis rire discrètement, répétant à voix basse ses paroles.
Ayaka : "Si Thomas y va, j'y vais aussi..."
Je soupirai.
Thomas : Désolé, il est souvent comme ça, ces temps-ci...
Elle rit encore de bon coeur. Elle semblait de meilleure humeur que d'habitude, il s'agissait d'une chose qui me faisait toujours plaisir à voir.
Ayaka : Non, ce n'est rien...Ça me fait plaisir de voir que vous vous êtes rapprochés.
Elle avait raison. Bien que j'avais autant de mal à saisir les sentiments d'Ayato, que lui-même peinait à comprendre, un lien supplémentaire s'était tissé entre nous. Un lien tellement ineffable que nous avions prit tant de temps à réaliser sa présence, et qu'encore aujourd'hui, nous étions en train d'essayer de le décrire avec des mots.
C'est là que je me demandai...Les mots suffisent-ils à décrire de tels sentiments ?
La nuit était tombée, tandis que nous prenions déjà le chemin vers la maison de nos hôtes de la soirée...
***
Une fois arrivés, nous fûmes accueillis fort amicalement. À peine avions nous toqué à la porte que quatre personnes étaient venues nous ouvrir, le sourire aux lèvres et d'une voix forte, auquel Ayato et Ayaka répondirent plus timidement.
Il s'agissait juste de gens facile à vivre, des bons vivants habitant dans un milieu plus modeste. En entrant dans la maison, je connaissais presque tous les visages, exceptés certains qui m'étaient inconnus.
Les gens parlaient, riaient...Il s'agissait d'une ambiance que l'on pouvait fortement apprécier, comme détester et trouver cela fatiguant. Très vite, on nous attribua des places à la table, où les discussions vaquaient surtout au départ entre les remerciements pour le Commissaire, auxquels les Kamisato répondaient très poliment.
Je m'assurais de dériver furtivement le sujet lorsque les questions devenaient parfois plus personnelles, questions auxquelles ils -Ayato surtout- avaient du mal à répondre, étant le plus souvent habitués à des conversations dans un cadre professionnel.
On reçut de quoi manger, un repas plutôt simple, mais néanmoins très bon ; c'est même ce qu'Ayato confia par lui-même à nos hôtes. Après tout, l'événement de ce matin dans la cuisine l'empêchait bien d'en dire le contraire...
Après la nourriture, vînt la boisson. La boisson comme nous la pensons bien : l'alcool. Nous en acceptâmes tous un verre par politesse.
Ayato et Ayaka refusèrent un deuxième, et c'est bien ce que j'aurais fait aussi si ma distraction n'avait pas pris le dessus...
Tellement absorbé par la conversation dans laquelle j'étais, je finissais mon verre tout en parlant, sans penser à refuser que l'on remplisse mon verre à chaque fois qu'il était vide, et que je vidais à chaque fois qu'il était rempli...
L'effet de cette erreur ne me vînt pas tout de suite à la conscience, mais elle s'entendait bien dans mes mots qui se mélangeaient, que je bafouais, ou même inventais...
Bien évidemment, ce n'étaient pas les personnes qui avaient bu tout autant que moi qui allaient pouvoir me le faire remarquer...
Je commençais à avoir chaud, et à un moment, mes gestes devenaient douloureux, au point où même articuler une phrase correcte devenait impossible. Ma tête tournait, ma vision devînt flou...Et ma tête s'écrasa lourdement sur la table, me maintenant éveillé juste pour entendre l'appel inquiet de la voix à mes côtés.
Ayato : Thomas ?
......................................
Bonjour/bonsoir ?
Comment vous portez-vous ?
Je m'excuse pour l'attente entre le dernier chapitre sorti et celui-ci...Disons que je manquais de temps...Mais je reviens en force avec ce chapitre de plus de 5000 mots ! Merci d'avoir été courageux/courageuses pour l'attendre !
Après tous les événements précédents, je me suis dit que l'histoire pouvait faire une "pause", dans le sens où, après tous les bouleversements et l'intrigue lourde de certains chapitres, nous pouvions avoir des petits chapitres un peu plus doux, où nous voyons juste nos deux protagonistes passer du temps ensemble, à se détendre, dans des moments comiques parfois...Je pense que ce genre de choses est assez important dans n'importe quelle histoire !
J'espère que ce chapitre vous aura plu, et je vous dis :
Bye byyye !
Deidachat
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