Flashback 2 ~ Le vieil homme dans la cabane
Hello ! On se retrouve pour une partie un peu plus longue cette fois et surtout je tenais à poser un AVERTISSEMENT : il y aura des scènes à caractères un peu crues (la musique en média m'a inspiré cette histoire là alors je vous invite à aller écouter les paroles avant de lire si vous n'êtes pas sûrs, afin de vous faire une idée de ce que j'entends par "scènes un peu crues") alors ne vous forcez pas à lire si vous ne supportez pas ça !
Sur ce, bonne lecture ! ;)
Mai 2811
Une cabane perdue dans les bois, en plein cœur d'une forêt anglaise. L'endroit paraissait abandonné. Quelques jouets pour enfants vieillis par le temps reposaient encore dans les délimitations floues de ce qu'on devinait être un ancien jardin.
Le cadre paraissait tranquille et idéal, mais une profonde tristesse régnait sur les lieux, comme une coupe de verre qui empêchait la joie de passer, comme si les derniers propriétaires avaient laissé une marque indélébile sur l'endroit en le quittant.
Pourtant, le lieu n'était pas vraiment désert. On racontait qu'un vieil homme y vivait, seul, depuis la mort de sa femme.
De temps à autres, sa silhouette se découpait dans le cadre d'une fenêtre et fixait les branches des arbres au-dehors, terrifiantes formes inhumaines qui bruissaient dans le vent. Elles lui paraissaient tantôt familières et rassurantes, tantôt hostiles et menaçantes.
Soudain, ce qui ressemblait à une vieille souche tordue parmi d'autres se redressa lentement. Une enfant.
Le vieil homme aimait les enfants. Bien qu'il n'en ait jamais eu, il adorait les voir jouer au dehors. Quand sa femme était encore en vie, ils installaient des jouets aux saisons douces et préparaient des gâteaux et du chocolat pour les gamins qui venaient jouer dans le coin. Ils étaient si gentils, si mignons. Aujourd'hui, plus personne ne venait le voir et il n'avait plus la force de rénover le plastique qui avait fini par se dégrader au fil des saisons, rendant petits toboggans et poupées complètement inutilisables.
Il n'aurait jamais cru revoir le visage d'un gosse avant de mourir. Tout ce qui lui restait, la seule chose qui le maintenait en vie demeurait son album de photos souvenirs, des photos des années bonheurs. Quelques clichés de sa femme et lui jouant avec les enfants qui venaient. Ses meilleurs souvenirs de vie sur terre. L'enfance demeurait vraiment le plus bel âge, cette insouciance si éphémère...
Pourtant, avant même de voir le visage de cet enfant là, il comprit qu'elle était différente. Il savait qu'elle ne posséderait pas cette innocence.
Pétrifié derrière la mince couche de verre les séparant, il vit la fillette s'approcher inéluctablement. Vêtue du rose le plus sombre et malsain qu'il ait jamais vu sur une petite fille, elle avançait d'une démarche qui n'avait rien d'enfantine.
Pourtant, ce qui le terrifiait le plus, ce n'était ni sa démarche branlante, ni les deux couettes d'une couleur indéfinissable qui tombaient des deux côtés de son visage comme des rideaux mortuaires, mais l'expression de plaisir satanique qui fendait son visage d'un sourire démoniaque.
Le vieillard s'était toujours représenté la mort sous la forme d'une faucheuse vêtue d'une grande cape noire et d'une faucille brillante. Cette faucheuse là n'était ni grande, ni noire, et l'objet lourd quelle traînait derrière elle ne ressemblait pas à une faux.
Tremblant de peur, il voyait la scène arriver au ralenti. La fillette qui s'avançait lentement, ses yeux d'un bleu hypnotique rivés sur lui pétillaient de plaisir.
Il ne parvenait pas à bouger, ses vieux membres rouillés refusaient de lui obéir.
Soudain, sans qu'il sache comment, le visage de l'enfant se retrouva collé contre la vitre derrière laquelle il se tenait. Plus que quelques millimètres les séparaient désormais. La vision le fit hurler de terreur et lui redonna l'impulsion nécessaire pour s'enfuir à toutes jambes. Vue de près, son visage méphistophélique reflétait véritablement la mort.
Qui était cette créature ? Allait-il réellement mourir de ce qu'il avait le plus aimé dans sa misérable vie ?
Quelques coups glaçants se firent entendre contre la porte de bois. Elle n'avait jamais fermée à clés. Haletants, le vieillard courut comme il put avant que ses pas à elle ne franchissent le seuil de sa maison. Au rez-de-chaussée, un effroyable rire cristallin lui parvint.
Dans l'entrée, la petite fille prenait son temps. Quelle sensation douce et agréable ! Elle percevait le bruit de ses pas sur le plancher, entendait le souffle haletant de sa victime qui tentait désespérément de la fuir, ce qui lui arracha un petit rire amusé. Il fallait qu'elle prenne son temps, sinon elle n'aurait même pas le temps d'en profiter.
Alors elle commença à compter à voix haute en chantonnant.
- Un, deux, trois, quatre... jouons à cache-cache... cinq, six, sept, huit... ne t'acharne pas sur les issues, je les ai condamnées... neuf, dix, onze, douze... si tu persistes tu vas perdre trop vite... treize, quatorze, quinze, seize... cours, cours te cacher !
Elle entendit avec une immense satisfaction sa proie abandonner l'idée de s'enfuir par la fenêtre pour courir se cacher, comme elle le lui avait dit.
Arrivée en haut des marches d'un vieil escalier grinçant, elle fit mine d'hésiter entre les différentes portes poussiéreuses. Mais elle ne parvint pas à réfréner ses pulsions et le risque de perdre sa proie comme elle l'entendait fut plus puissant. Elle toqua donc à ce qui devait être sa chambre.
- Toc toc, tu es là ? La partie est bientôt terminée... chantonna-t-elle.
Derrière le pan de bois qui le séparait du reste de la pièce, l'homme tremblait de peur en retenant son souffle, dans l'espoir fou qu'elle ne l'entendrait pas.
À travers une fente, il vit la porte s'ouvrir en grinçant et la forme de l'invitée se découper dans la pénombre de la pièce. Il nota qu'elle posait l'objet lourd contre la porte et frissonna lorsque un rai de lumière accrocha le tranchant de la lame. Une hache.
Plus le choix, il savait que cette créature ne le laisserait jamais repartir s'il restait sans rien faire. Profitant du fait qu'elle se baisse pour regarder sous son lit, il s'extirpa de sa cachette, s'empara de la hache en un éclair et l'abattu sur l'enfant dans un hurlement libérateur.
Un court instant, il se cru libéré, l'arme ayant tranché. Puis il vit son lit en morceaux, sans une goutte de sang.
Le sien se figea dans ses veines tandis qu'il sentait un souffle chaud dans sa nuque.
- Tu as perdu... susurra-t-elle.
Où ? Quand ? Comment ? Ses déplacements n'étaient pas humains, même pour une gamine en pleine force de l'âge. Elle semblait tout entendre, tout voir et le transperçait de son regard saphir. Ses forces dépassaient de loin les siennes et il ne put lutter quand elle récupéra son arme.
Celle-ci s'abattit violemment sur ses pieds, sectionnant d'un coup sec les nerfs de ses tendons.
Il s'effondra, hurlant de douleur. La fillette ne lui laissa même pas le temps de ramper et le lacéra lentement d'un couteau de cuisine récupéré en bas. Elle semblait fasciné par le liquide rouge qui se déversait de ses veines, suintant par toutes les entailles qu'elle creusait avec minutie et une attention extrême. Puis elle commença à fredonner une célèbre comptine.
- Au clair de la lune, mon ami Pierrot...
Le plaisir visible qu'elle ressentait en dessinant sur le corps en fin de vie de sa proie se trouvait décuplé par les cris perçants de sa victime. Les taches de vieillesses et les rides sur ce corps fatigué rendait son travail plus compliqué encore et elle devait parfois y aller un peu plus violemment pour entailler cette chair molle comme elle l'entendait. Rien ne valait une peau lisse et irriguée par un sang neuf pour lui faciliter la tâche... tant pis.
- Prête-moi ta plume, mon ami Pierrot...
Dans un ultime spasme, le malheureux tourna son regard déjà vitreux vers elle et tendit une main aussi tremblante que désespérée dans sa direction.
Elle n'aimait pas ce regard, elle passa donc la lame devant ses deux yeux pour les cacher, puis appuya de ses deux mains jusqu'à l'os. Le vieillard poussa une plainte lugubre, le visage barbouillé de son propre sang.
- Ma chandelle est morte, je n'ai plus de feu...
Elle s'interrompit brusquement et juste avant qu'il ne trépasse, se pencha vers lui, et prononça ces derniers mots dans un anglais parfait :
- I feel the pleasure of hearing your grief...
* * *
Des dizaines de voitures de polices et ambulances stationnaient devant la vieille cabane. Quelques heures après la mort du vieux solitaire, une personne avait anonymement contacté les forces de l'ordre pour les prévenir qu'un cadavre avait été trouvé dans une ancienne maison en ruine.
En quelques heures, la police avait bouclé le périmètre pour empêcher les badauds et les journalistes de s'approcher de la scène de crime.
Personne n'avait la moindre idée de l'identité du témoin qui avait appelé et s'était tout simplement évaporé dans la nature, et encore moins du mystérieux meurtrier, bien que les suppositions aillent déjà bon train. Dans les petits villages avoisinants, les commérages se répandaient comme une traînée de poudre.
Un jeune flic sortit de la maison, le visage livide, accompagné d'un collègue plus vieux. Ce dernier jurait sans cesse dans sa barbe.
- Nom d'un pipe, quel carnage. En vingt-cinq ans de carrière, je n'ai jamais vu ça... marmonnait-il.
Puis, comme le jeune homme ne répondait pas, il se retourna vers lui.
- Ça va le bleu ? Tu tiens le choc ? Qu'est-ce que tu as dans les mains.
- Je l'ai trouvé dans le salon, juste avant, murmura-t-il.
Il tenait dans ses mains un album photo vieilli par les années. D'une main tremblante, il l'ouvrit et ce qu'ils découvrirent leur arracha un cri de surprise.
- Bordel de Dieu, mais qu'est ce que c'est que cette saloperie ?
Le jeune homme tourna les pages, tremblant, manquant de faire tomber la pièce à conviction à plusieurs reprises...
- Chef ! Hurla une policière depuis l'intérieur de la maison, j'ai trouvé des vidéos enregistrées, vous devez voir ça !
Le vieux policier fit signe à son collègue de le suivre et tous deux entrèrent à contre-coeur dans cette maison maudite. La vision de la vidéo ne les surprit pas, mais aucun d'eux ne purent la regarder en entier du premier coup...
- Alors comme ça notre victime est un pédophile... constata la jeune femme avec amertume.
- Qui aimait prendre des photos des enfants qu'il violait...
- En leur chantant une comptine française au double sens plus que malsain...
Un silence lourd accueillit ces constatations. Plus personne n'osait bouger. A la perspective de tous les cadavres d'enfants qu'ils allaient certainement trouver aux alentours, les forces leurs manquaient. Dans ces moments-là, ils faisaient le pire boulot au monde.
* * *
- Qu'est-ce que tu fais encore là, Fleur ? Tu vas te faire repérer.
Un homme mince à l'allure atypique, vêtu d'un costume crème, fixait la fillette cachée dans les cimes d'un arbre de ses étranges yeux dorés.
- Je ne risque rien, ils ne sont que de faibles humains.
- Ton travail ne consiste pas à rester admirer ton œuvre. Tu as torturé et tué un pédophile qui avait réussi à échapper aux flics, maintenant rentrons.
- Laisse-moi encore une minute, le supplia-t-elle, j'y ai prit tellement de plaisir, je ne veux pas que ça finisse...
- Tu auras malheureusement bien d'autres occasions de prendre du plaisir dans d'autres situations, soupira-t-il, dépêche toi avant qu'ils nous repèrent. Les gens comme nous ne sont pas appréciés ici-bas.
La petite fille fit mine de protester puis se ravisa. À la place, elle lui offrir son plus joli sourire et ramassa la hache qu'elle avait posé à ses côtés.
- Tu as raison, rentrons ! J'ai hâte de revoir les jumelles !
Aussitôt, les deux silhouettes disparurent si vite qu'elles s'étaient presque évaporées, laissant derrière eux une scène mortuaire et des centaines de corps qui n'attendaient qu'à être exhumées, pour enfin pouvoir reposer en paix.
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