Chapitre 2


Protecteur

~ Mia ~

— Ça te dérange si on fait un détour par la plage ? me demande Mason.

— Il est déjà tard. Le temps de rentrer, je dois ranger les courses que j'ai faites et préparer le dîner.

— Oh ! Allez, Mia ! Un petit tour à la plage... On mange une glace et on rentre.

Il me supplie, avec son regard de chien battu, j'abandonne. Je suis faible, je ne peux pas résister. On est donc là, chacun une glace dans une main et nos chaussures dans l'autre, à marcher sur le sable chaud.

— Alors ? C'est quoi ton histoire avec ton ex ?

— Pourquoi cette question ?

— Pour faire la conversation ! répond-il en haussant les épaules.

— Je l'ai rencontré peu de temps après avoir emménagé ici. Je m'étais arrêtée installée à la terrasse d'un café, après une longue matinée à la recherche d'un boulot, et il m'a accostée.

— Et depuis ce jour-là, vous êtes sortis ensemble ?

— Pas tout de suite. On s'est fréquentés quelques mois avant de se mettre ensemble quand même... Tout le monde n'est pas comme toi Mason ! finis-je par dire en riant.

— Je n'ai pas toujours fait que coucher avec les filles sans avoir de vraies relations Mia... Rassure-toi !

— Tu vas me dire qu'avant qu'une fille te brise le cœur, tu étais un gentil garçon aimant et attentionné ?

— T'es trop forte, comment t'as deviné ? dit-il en se moquant de moi.

— Parce que vous les mecs, c'est souvent ce qui vous arrive après qu'une fille vous brise le cœur. Vous vous servez de nous pour le sexe.

— Et toi ? Pourquoi as-tu tout quitté pour venir vivre avec ton cousin dans une ville que tu ne connaissais même pas ?

— Trop longue et douloureuse histoire. Je t'en parlerai dans un prochain épisode de « Mia et Mason se racontent leurs passés » ! Réponds-je pour éviter le sujet.

— Ça marche, au prochain épisode alors !

On marche sur la plage jusqu'à avoir fini de manger notre glace. On se balade le long de l'eau et je me rapproche de lui chaque fois que les vagues menace de toucher mes pieds. Mason se marre, je le vois préparer un coup en regardant la petite vague s'approcher de nous. Au lieu de me rapprocher de lui comme les fois précédentes je recule. Il rit à gorge déployée et essaye de m'attraper pour que mes pieds soient mouillés par la prochaine vague. Je cours pour éviter qu'il me saisit, mais il est bien trop rapide et trop fort pour que je lui échappe. Au final on finit tous les deux mouillés jusqu'aux genoux.

Une fois rentrée, je dépose les achats dans la cuisine. Je commence à ranger quand Kyle fait irruption dans la pièce, me faisant sursauter.

— Alors, cousine je t'ai fait peur ?

— Je pensais être seule à vrai dire.

Je le détaille avant de le questionner.

— Déjà en boxer à cette heure-ci ?

Il évite mon regard et se dirige vers le frigo pour en sortir une petite bouteille d'eau. Une personne fait soudainement son entrée dans la cuisine. Miss greluche, enfin je veux dire Tina. Vêtue du t-shirt que portait Kyle, ce matin même... Elle n'a pas du tout l'air gênée de se retrouver dans cette tenue face à moi, et me regarde.

— Tu dois être Mia ! dit-elle en souriant et en tendant une main manucurée vers moi.

Je confirme d'un hochement de tête et pose ma main dans la sienne.

— Enchantée ! Moi c'est...

— Tina, la sœur de Mason. Je sais oui, rétorquer-je en lançant un regard assassin à mon stupide de cousin.

— Viens Tina. On ne va pas ennuyer Mia plus longtemps. Elle a sûrement mieux à faire ! dit Kyle en faisant un signe de tête à Tina pour qu'elle le suive.

— À plus Mia ! Ravie d'avoir fait ta connaissance.

Je lui fais un signe de main et lui souris. À quoi joue mon abruti de cousin ? Mason va réellement le tuer cette fois s'il l'apprend. Avec moi qui ne suis pas bonne menteuse... Génial !

Je devrais peut-être l'éviter un moment pour m'empêcher de gaffer, et provoquer la mort de Kyle trop tôt.

Je continue le rangement de mes emplettes et entends, Kyle et Tina qui font beaucoup trop de bruit et je n'ai pas envie de rester enfermée ce soir. Je vais prendre une douche, manger et me préparer pour sortir m'amuser au bar. Après tout, je suis célibataire... Autant que j'en profite !

Après presque une heure de marche, j'arrive enfin au bar, et comme à son habitude, il est plein à craquer. J'avance jusqu'au comptoir et fais, un petit coucou à Raphaël, notre beau barman et à Cloé, la serveuse.

— Mia ! Tu ne bosses pas ce soir... Qu'est-ce que tu fais là ? me demande Raphaël, visiblement surpris.

— Ce soir, je profite de mon célibat, je viens m'amuser ! lui dis-je en souriant.

— Pince-moi, je rêve ! Tu sais t'amuser, toi ? reprend-il en se moquant de moi.

— Je vais apprendre ! Ne te moque pas de moi non, mais !

Raphaël est vraiment beau mec. Grand, brun, pas mal baraqué et un sourire à vous éblouir. Le genre d'homme qu'on voit pour la première fois et qui nous attire tellement, qu'on lui donnerait le Bon Dieu sans confession...

Malheureusement pour nous les filles, il préfère les hommes ! Cloé s'approche et pose un verre devant moi. Je la questionne du regard.

— Le mec au bout du bar, il t'offre ce verre. Profite, il est beau garçon !

— Je pense que tu as trouvé avec qui t'amuser ce soir ma belle ! me lance Raphaël en regardant au bout du bar où se trouve le fameux « beau garçon ».

Ça fait bizarre de se faire offrir un verre de la part d'un client quand je ne suis pas en service.

Profite ma belle, profite !

Je prends le verre, regarde le mec en question et souris en lui faisant un signe, avant de boire une gorgée. Il me sourit à son tour et imite mon geste. Vodka orange. Très bon choix. Je jette un œil dans la salle, où il y a énormément de monde ce soir. Je regarde de nouveau l'endroit où se trouve le mec qui m'a offert un verre, mais il a disparu. Je regarde dans la foule une seconde fois, à sa recherche, mais sans succès. Est-il déjà parti ?

Dommage.

— Ce siège est-il libre ? demande une voix derrière moi.

Je me retourne... C'est lui ! Il est encore plus beau de près. Grand, brun, aux yeux bleus, légèrement musclé, un piercing à l'arcade...

— Oui, ce siège est libre ! dis-je avec un sourire.

— Je m'appelle Conor et toi ?

— Mia, enchantée !

— Tu viens souvent ici ? demande-t-il en s'asseyant près de moi.

— Assez oui, j'y travaille, mais pas ce soir.

— Première fois que je te croise ! Tu ne bosses pas les week-ends ?

— Non, seulement la semaine.

Il m'offre un autre verre et l'on fait connaissance durant un long moment. Les verres se vident aussi vite qu'ils se remplissent. Raphaël me sourit chaque fois qu'il nous sert.

— Je reviens, je vais aux toilettes ! me dit-il en se levant.

— Je t'en prie !

Je lui souris, puis m'accoude dos au comptoir du bar pour regarder les gens danser sur la piste, en attendant le retour de Conor. La vodka orange commence à me monter à la tête, mais je passe une bonne soirée.

Jusqu'à ce que mes yeux se posent sur Mason. Il vient d'entrer dans le bar, accompagné de la bande habituelle et des greluches qui les suivent partout.

Je me tourne vers le bar, en espérant qu'il ne me remarque pas. Quelques minutes plus tard, manque de chance ! Un homme entoure ma taille de ses bras et je reconnais tout de suite l'odeur et le torse collé à mon dos.

— Tu sors sans moi ma puce ! chuchote Mason à mon oreille.

— Lâche-moi ! Arrête tes conneries Mason ! répliqué-je en me trémoussant pour qu'il me lâche.

Il prend le verre qui est posé devant moi, le porte à ses lèvres et en boit une gorgée.

— Je t'en prie ! Ne te gêne pas, fait comme chez toi !

— Vodka orange, boisson de gonzesse. Tu n'aimes plus la bière ? demande-t-il avec un sourire plein de sous-entendus.

Je suis sur le point de lui répondre quand Conor me tend une main, que je saisis sans réfléchir.

— Excuse-moi Mason ! lancé-je en descendant du tabouret.

Je lui passe devant alors qu'il me regarde d'un air contrarié. Conor m'emmène sur la piste de danse et je sens dans mon dos, le regard de Mason qui continue de nous suivre. On danse ensemble sur plusieurs musiques et avec le monde sur la piste, j'ai très vite chaud et soif.

— On fait une pause, un verre ? propose Conor.

— Oui, je vais aux toilettes, je te rejoins au bar.

— Pas de souci.

Vodka orange c'est bon, mais ça me donne envie d'aller aux w.c. Une fois fini, je sors des toilettes et me dirige vers le bar en me faufilant entre les gens qui dansent un slow. Mason me barre la route en se positionnant devant moi, les bras ouverts.

Je lui souris en passant mes bras autour de son cou, tandis qu'il pose ses mains sur le haut de mes hanches et approche sa bouche de mon oreille.

— Méfie-toi de ton pote...

— Excuse-moi ? dis-je en un léger mouvement de recul.

— Conor, ce n'est pas un mec pour toi !

— Je ne sors pas avec lui !

Je ne sais pas pourquoi je me justifie auprès de lui. Je ne lui dois rien que je sache.

— Je n'aimerais pas qu'il t'arrive quelque chose Mia, c'est tout ! ajoute-t-il.

— Conor m'attend !

Je le lâche et le contourne pour rejoindre Conor au bar, mais il me rattrape par le bras. Il me tire contre lui et me maintient collée contre son torse.

— Fais attention, je suis sérieux Mia ! murmure-t-il à mon oreille. Son ton est si sérieux qu'un frisson me parcourt la colonne vertébrale.

Il me lâche et s'éloigne. Je reste plantée là, sans comprendre ce qui se passe dans la tête de Mason Terence, le play-boy de ces dames.

— Désolé ! C'est qu'on a beaucoup de mal à circuler avec cette foule ! dis-je à Conor quand je le rejoins enfin près du comptoir.

— Oui, j'imagine ! Tiens, un autre verre pour te rafraîchir ! en poussant un verre devant moi.

Je le prends et le bois d'une traite. Je suis un peu saoule et il vaudrait mieux que j'arrête si je ne veux pas être malade demain.

— Un autre ? me propose Conor.

— Non, je pense que j'ai atteint ma limite, merci.

— On va prendre l'air si tu veux ?

Je me lève et il passe devant moi, m'attrape une main pour que l'on sorte rapidement. L'air frais me fait beaucoup de bien. Conor se dirige vers ce qui semble être sa voiture, pour prendre ses cigarettes. Je le suis pour ne pas rester seule comme une idiote à l'attendre. Il attrape son paquet sur son siège passager et me propose une cigarette quand il referme sa portière.

— Non, merci, je ne fume pas.

Il me sourit et referme le paquet sans même en prendre une pour lui. Il se met en face de moi, me colle contre sa voiture, avance ses lèvres vers les miennes, mais ne m'embrasse pas. C'est moi qui prends l'initiative de poser ma bouche contre la sienne. Le baiser est fougueux et enivrant au goût de vodka orange. Il ouvre la portière de sa voiture et me pousse pour m'allonger sur la banquette arrière. Il commence à passer ses mains sous mon top, mais je l'arrête immédiatement. Il se dégage de mon geste et recommence avec plus de fermeté.

— Conor... Stop arrête ! S'il te plaît !

Il se recule, mais pour fermer la porte de la voiture et revient à la charge.

— Non, Conor, je t'en prie, arrête ! crié-je en essayant de le repousser.

Je me débats comme je peux. C'est qu'il est musclé cet enfoiré, et il me bloque les bras. J'essaye tant bien que mal de me dégager, sans succès. Je me mets alors à hurler en espérant que quelqu'un m'entende. Redoutable, il pose une main sur ma bouche et de son autre main libre, me colle une droite.

Légèrement sonnée, je continue malgré tout à me débattre comme je peux. Il se recule pour essayer de baisser mon jean et j'en profite pour lui mettre un coup de genou bien placé.

— Ô putain ! Espèce de garce ! jure-t-il, toujours allongé sur moi.

— À l'aide, au secours ! Au viol ! continué-je d'hurler.

J'entends le bruit d'une portière s'ouvrir. Je vois le corps de Conor se soulever violemment et disparaître à l'extérieur de la voiture. La portière se referme aussi vite que Conor a disparu. Je sursaute quand j'aperçois son corps s'écraser sur le pare-brise de la voiture. Je pourrais en profiter pour m'enfuir, mais mon corps reste comme paralysé. Je sursaute à nouveau quand la portière arrière s'ouvre et vois Mason y passer sa tête.

— Mia, viens ! dit-il en me tendant sa main.

J'aimerais lui sauter au cou, me réfugier dans ses bras puissants, mais mon corps ne réagit pas. Je suis tétanisée. Il attrape alors mes jambes et me glisse à l'extérieur de la voiture.

Une fois sortie, il me soulève dans ses bras et je m'agrippe à son cou.

— Mia, parle-moi ! Est-ce que ça va ? Est-ce qu'il t'a fait du mal ?

Je resserre mon étreinte, alors qu'il me pose sur le capot de son pick-up et prend mon visage entre ses mains. Ce qui m'oblige à me décrocher de son cou.

— Mia ? insiste-t-il pour que je lui réponde.

Il m'a sauvée. J'allais me faire violer et il m'avait prévenue de faire attention. Je ne l'ai pas écouté comme une idiote. Je me jette à nouveau dans ses bras, tandis que les larmes coulent sur mes joues. Je le sens me serrer fort contre lui tout en me frottant le dos pour me rassurer.

— Je te ramène chez toi ! finit-il par dire.

— Non ! Pas chez moi ! m'exclamé-je prise de panique.

Il me regarde sans comprendre.

— Je ne veux pas rentrer. Je ne veux pas que Kyle me voie comme ça ! Regarde ma tête...

— OK. Pas chez toi, où alors ?

Je le regarde, priant intérieurement pour qu'il trouve une solution.

— Chez moi ? propose-t-il quelques secondes plus tard.

— Je ne veux pas te déranger, tu en as fait assez comme ça pour moi ce soir.

— Arrête de dire des conneries.

Il m'aide à descendre du capot où j'étais assise, une fois mes pieds à terre, puis je le serre fort. Ses bras m'enlacent comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

— Pardon, de ne pas t'avoir écouté et merci d'avoir été là.

— Pardon ne pas être intervenu bien avant que ça arrive.

— Ne dis pas n'importe quoi. Tu es là maintenant.

— Allez, on rentre. Tu as besoin de te reposer.

— Et pour lui ?

Je lui montre Conor, qui est toujours inconscient face contre terre, devant sa voiture.

— Il se démerdera ! Qu'il soit heureux de ne pas être mort.

Il m'installe côté passager avant de s'installer côté conducteur. Je me rapproche de lui et pose ma tête sur son épaule en lui agrippant le bras.

— Merci Mason.

— À votre service ma puce ! dit-il en tournant sa tête vers moi et en m'offrant un clin d'œil.

Même dans ce genre de situation, il arrive à me faire sourire. Je lutte contre le sommeil, mais celui-ci gagne la partie et mes paupières se ferment doucement. Je me réveille en sursaut. Je ne sais plus où je suis...

— Mason? crié-je en regardant autour de moi.

— Je suis là Mia ! répond-il en se redressant.

Je suis dans sa chambre et dans son lit. Lui est couché au pied, à même le sol sur une simple couverture. Je me sens tout à coup rassurée. Je lui souris, il m'a laissé son lit...

— J'aime bien quand tu souris ! dit-il sans me quitter des yeux.

— Pourquoi es-tu par terre ?

— J'ai préféré te laisser le lit, j'aurais pu dormir sur le canapé, mais je ne voulais pas être trop loin, au cas où tu te réveillerais.

Je le regarde, attendrie par ses mots et l'attention qu'il me porte. Je tapote la place près de moi pour qu'il vienne s'installer.

— Sérieux ?

— Allez, viens.

— Tu es sérieuse. Non, parce que le sol n'est pas vraiment inconfortable ! dit-il en se levant pour venir s'installer près de moi dans le lit.

— Tu ne m'as pas déshabillée ? demandé-je, en tirant sur mon haut déchiré.

— Après ce que tu as vécu, je n'ai pas préféré.

Il n'a pas tort...

— Je t'ai perdue de vue quand tu as quitté le bar. Je pensais que vous étiez retournés danser, et quand je t'ai cherchée pour te proposer de te raccompagner chez toi, t'étais introuvable.

— Pourquoi autant de bonnes intentions envers moi, Mason ?

— Par simple politesse, je pense. Tu es la cousine de mon plus vieux et meilleur pote. Pour moi, c'est normal de faire attention à la famille ! finit-il par dire en me poussant légèrement avec son épaule.

— Ah Kyle ! dis-je en fixant mes pieds.

Je sens son regard sur moi, intrigué.

— Je pensais que c'était par ce que l'on avait... Tu sais... dis-je en espérant qu'il devine de quoi je veux parler.

— Non ! Non, pas pour ça. Tu es la seule fille avec qui je suis serviable après avoir partagé une nuit de dingue.

— Une nuit de dingue ? répété-je en riant.

— Ne fais pas semblant de ne pas t'en souvenir Mia, allez !

— J'aime bien mes flashbacks ! avoué-je à voix basse sans même le regarder.

Je sens qu'il me fixe, je tourne mon visage vers lui et vois qu'il a un grand sourire dessiné sur les lèvres.

— Tu peux aller prendre une douche si tu veux ! me dit-il en montrant du doigt une porte qui doit être la salle de bain.

— Oui, bonne idée, mais je n'ai pas de vêtements de rechange...

J'hésite une seconde et attrape le bas de son t-shirt avant de lui retirer, découvrant son torse parfait et ses abdos sublimement dessinés.

— Je t'emprunte ton t-shirt, tu ne m'en veux pas ?

— Euh ! Non, ouais vas-y ! bafouille-t-il surpris.

Je le regarde perdu dans ses pensées et je devine qu'il est en plein flashback.

— Flashback?

Il me sourit.

— La première fois, c'était plus violent.

Je cache mon visage avec son t-shirt et me lève pour aller prendre une douche. J'hésite à sortir une fois que j'ai terminé, je n'ai pas de sous-vêtement de rechange du coup, j'ai remis le mien à l'envers. Ce n'est pas très propre, mais quand on n'a pas le choix, on fait avec.

Quand j'ouvre la porte, je trouve un caleçon au pied de celle-ci. Je le prends avant de la refermer pour enfiler le vêtement propre à la place de ma culotte. Je me sens tout de suite plus soignée comme ça.

— Sexy ! dit Mason en sifflant quand il me voit sortir.

Je ris et fais une révérence. Il rigole et je le rejoins sur le lit.

— Tu t'es lavé. Tu sens bon... Comment as-tu fait ? le questionné-je.

— J'ai une autre salle de bains.

— Oui, logique.

— Dodo ?

— Oui, bonne idée.

On s'allonge côte à côte sous la couette. Lui sur le dos les bras pliés derrière sa tête et moi sur le côté, tournée de façon à ce que je puisse le voir. Il éteint la grande lumière et allume la lampe de chevet. Grâce à elle, je peux voir son visage, serein, détendu. D'un coup, je sens monter en moi une culpabilité. Alors qu'il a été si gentil avec moi, il ne sait toujours pas la vérité entre Kyle et Tina. Je me mords la lèvre inférieure et décide de lui dire, ne sachant pas tenir ma langue.

— Ils couchent ensemble !

J'ai lancé ça, de but en blanc, sans même le regarder. Il tourne la tête vers moi et me regarde sans comprendre.

— Kyle et Tina ?

Il ne répond rien et se met à regarder le plafond.

— C'était inévitable, ils ont grandi ensemble ! dit-il au bout de quelques minutes silencieuses.

— Kyle est un mec bien, tu le sais ! dis-je en essayant de le rassurer.

— Je sais Mia, c'est juste que c'est ma petite sœur et mon meilleur pote. S'ils viennent à vivre un truc ensemble et que ça se passe mal, je n'ai pas envie d'être obligé de prendre parti.

— Tu n'es pas obligé de le faire, c'est leur histoire.

Il reste silencieux et je ne peux m'empêcher de poser une main sur l'un de ses bras pliés derrière sa nuque.

— Arrête de t'en faire pour eux, ils sont majeurs.

— Je perds ! dit-il soudainement.

— Tu perds ? demandé-je sans comprendre.

— Il compte les points et il gagne.

Je retire ma main de son bras et me tourne dans le sens opposé à lui lorsque je comprends à quoi il fait allusion.

— Vous êtes de vrais gamins ! lançé-je d'un air énervé et offusqué.

Il se met à rire et je pouffe de l'entendre. Je le sens bouger derrière moi et son corps, vient se coller au mien. Son odeur est si agréable... Il passe un de ses bras musclés sur mon ventre et l'autre par-dessus ma tête. J'adore cette position. C'est tellement intime et agréable de le sentir contre moi.

— Tu es la seule fille qui porte mes vêtements.

Je pouffe de rire à nouveau et mets sa main posée sur mon ventre dans la mienne et entrelace nos doigts.

— Il y a une première à tout mon cher Mason.

— Tu portais déjà l'un de mes t-shirts après que l'on ait couché ensemble.

Un frisson me parcourt de la tête aux pieds à l'écoute de ses paroles. Il resserre son étreinte et je laisse nos doigts entrelacer.

— Bonne nuit Mason.

— Bonne nuit Mia... chuchote-t-il avant de poser un baiser sur mon épaule.

Je me réveille en sursaut par le cauchemar de la nuit dernière. Je suis en sueur... Ce n'était pas un mauvais rêve. Ça s'est réellement passé. Et sans Mason, cela aurait pu être pire qu'un cauchemar. Je regarde le lit, il n'est plus là. Au même moment, il sort de la salle de bain vêtu d'un simple boxer. J'en ai le souffle coupé. Il est si parfait... Je détaille chaque partie de son corps et me surprends à m'en mordre la lèvre. J'ai les mains moites et un flash de notre nuit me revient...

J'ai les jambes enroulées autour de sa taille et il me colle contre une porte. Ses mains soutiennent mes fesses, tandis que l'on s'embrasse sensuellement...

Je secoue vivement la tête pour mettre fin à ce souvenir. Il faut que j'aille aux toilettes.

— Tu pensais à quoi ? me demande-t-il.

Je lève la tête pour le regarder et vois qu'il est déjà habillé. Quel dommage ! Enfin, ça m'évitera de le reluquer et de me mettre à baver.

— Je vais prendre une douche ! lui dis-je en évitant de répondre à sa question.

Je me lève, passe près de lui, mais il me coupe soudainement le chemin en se postant devant moi.

— Tu vas bien ? demande-t-il en plantant ses yeux bleus dans les miens, comme s'il essayait de lire en moi.

— J'irais mieux après une bonne douche et un bon café ! réponds-je en souriant.

Il me sourit et sort de la chambre.

La douche me fait le plus grand bien. Je m'habille, mais je garde sur moi son boxer.

Installés face à face dans la cuisine, nous buvons silencieusement notre café jusqu'à ce qu'il propose de me raccompagner. Arrivés devant la maison, il se gare et coupe le moteur.

— Merci, d'avoir été là pour moi hier.

— Il n'y a pas de quoi Mia.

— Tu pourrais... garder cette histoire pour toi ? Je préfère éviter que Kyle ne l'apprenne ou que ça s'ébruite au bar.

— Si tu veux, mais si tu as besoin de parler ou autre, sache que je serais là pour toi. D'accord ?

— C'est gentil, j'y penserai.

— Qu'est-ce que tu vas dire à Kyle ? me questionne-t-il tout en montrant mon visage.

— Je trouverai bien un truc, ne t'en fais pas !

Je lui dépose un bref baiser sur la joue et rentre à la maison. Kyle est assis dans la cuisine avec Tina. Heureusement que Mason n'est pas rentré avec moi. Je file directement vers l'escalier et monte dans ma chambre pour me changer. J'essaye tant bien que mal de dissimuler la bosse et le léger bleu sur mon arcade, avant de redescendre les saluer.

— Eh, bonjour Mia !

— Salut Tina.

— Tu as passé la nuit dehors ? me demande mon cousin.

— Oui, je suis sortie avec des copines ! mens-je.

— Ça a mal tourné, on dirait ! dit-il en s'approchant de moi pour mieux examiner mon visage.

— C'est bon Kyle, je me suis pris une porte ! en le repoussant gentiment.

Tina se met à rire, vite rejointe par Kyle.

— Arrêtez de vous moquer ! Ça arrive à tout le monde de se prendre une porte.

— Tu es sortie avec des copines, tu dis ? me questionne Kyle.

— Oui, elles étaient toutes en ville, de passage. On en a profité pour passer la soirée ensemble et s'amuser.

— Dans ce cas, comment ça se fait que tu rentres avec Mason ?

Oups grillée ! Il aurait mieux fait de me déposer au coin de la rue.

— Il était au bar et il a fini la soirée avec nous. Du coup, il nous a proposé de toutes nous raccompagner.

— Il s'en est au moins chopé une ? me demande mon cousin.

— Non, pourquoi dis-tu ça ?

— Il a sûrement dû s'amuser avant de vous rencontrer, j'imagine !

Une fois Tina partie, Kyle retourne se coucher. Je me retrouve donc seule, allongée sur le canapé. Le silence règne dans la maison. Je repense à la soirée d'hier en imaginant ce qui aurait pu se passer si Mason n'était pas intervenu. Les larmes coulent et je ne peux les retenir. Je finis par m'assoupir, fatiguée d'avoir versé une rivière de sanglots.

Je suis réveillée par une porte qui claque. Mason, Tina et Kyle viennent d'entrer comme des tornades et se disputent dans la cuisine. Je pense qu'ils ne m'ont pas vue. Je reste donc allongée. J'écoute le sujet de leur dispute qui n'est autre que Tina et Kyle. À ce que je comprends, Mason aurait mis en garde Tina au sujet de Kyle et celui-ci estime qu'il n'a rien à dire concernant la vie de sa sœur.

— Tu ne t'es pas gêné quand tu as appris pour moi et Mia ! crie Mason.

— Ça n'a rien à voir, je n'ai pas ta réputation ! lui rétorque Kyle.

— Il n'a pas tordu sur ce point ! ajoute Tina.

— Je vous emmerde avec ma réputation ! hurle Mason, hors de lui.

Je me lève énervée, me dirige dans la cuisine avec l'intention de rectifier la situation. Ça va trop loin.

— À vrai dire, si on a couché ensemble Mason et moi, c'est parce que je le voulais bien ! C'est moi qui lui ai sauté dessus ! dis-je en arrivant dans la cuisine.

— Mia ? dit Mason en me regardant surpris de mon intervention.

— Non, éclaircissons les choses comme elles se sont déroulées. Je venais de me faire larguer par Logan et Mason m'a proposé de m'amuser, d'arrêter de pleurer. J'ai donc écouté ses conseils. Après quelques bières, je me sentais bien et j'ai eu soudain envie de l'embrasser, sûrement pour m'aider à oublier ma rupture et il ne m'a pas repoussée.

— J'ai pourtant essayé au début ! ajoute-t-il.

— Mais je ne t'ai pas beaucoup laissé le choix !

— Viens-en au fait Mia ! me gronde Kyle.

— Bref. Ça n'est arrivé qu'une seule fois et c'est moi qui l'ai provoqué, contrairement à vous deux. Que ça te plaise ou non Kyle, ça ne changera rien. Moi je ne te juge pas, alors fais-en de même tu veux ? Je suis assez grande pour me débrouiller toute seule et choisir avec qui je veux coucher, non ? répliqué-je énervée, avant de les planter tous les trois dans la cuisine et de sortir dans le jardin, m'installer sur un transat.

La porte coulissante s'ouvre et Mason fait son apparition.

— Eh ! Je ne te dérange pas ? demande-t-il hésitant.

Je lui souris et il s'assoit sur le transat près du mien.

— Tu n'étais pas obligée.

— Ça m'a énervé qu'ils te fassent passer pour l'enfoiré de service. Il fallait éclaircir la situation et il n'y a que moi qui pouvais le faire.

Mason ne répond rien, s'allonge et ferme les yeux.

— Je me suis littéralement jetée sur toi ce soir-là, pas vrai ?

— Oui, tu peux le dire.

— Les flashs deviennent plus clairs au fil des jours.

— Moi, j'ai les souvenirs de toutes ces fois.

— Tu veux dire qu'on ne l'a pas fait qu'une seule fois ? demandé-je, surprise.

— Deux fois pour être précis ! dit-il en levant deux doigts vers moi.

— Sérieux ? crié-je par cette révélation dont je n'ai aucun souvenir.

— Dans mon pick-up et dans ta chambre.

D'un coup, l'épisode du pick-up me revient. Entre deux baisers, on rigole tellement qu'on s'en mord les lèvres. On met une éternité à se déshabiller et on rit beaucoup jusqu'à ce qu'il me retire mon haut et me complimente de sa voix sensuelle.

« Tu es si belle Mia ».

— Mia à la Terre, la Terre appelle Mia ! dit Mason.

Je le regarde et lui souris, je dois être rouge, toute gênée.

— Pardon... Flashback

— Je le savais ! C'était quoi cette fois ?

— Le pick-up. On a beaucoup ri.

— Ah oui ! Ça ne m'était jamais arrivé dans ce genre de situation.

— Moi non plus, je dois bien l'avouer.

On est interrompu par la sonnerie de mon téléphone. Logan. Génial ! J'hésite un instant avant de lui répondre.

— Logan ?

Mason me regarde et lève les yeux au ciel.

— Salut Mia, je ne te dérange pas ?

— Euh... Non pas vraiment, qu'est-ce que tu veux ?

Je vois Mason sourire les yeux fermés.

— J'aurais voulu savoir si l'on pouvait se voir. Tu sais pour que l'on discute, car l'autre jour, on a été interrompu par ton ami.

— Mon ami ? Ah ! Tu veux parler de Mason !

Le concerné entend son prénom et me regarde intrigué.

— Alors, tu es d'accord ?

— Pourquoi ne passes-tu pas à la maison ? On sera tranquille.

— Ouais, OK ! Je peux passer quand ?

— Maintenant si tu peux.

— OK, je me prépare et j'arrive.

Je raccroche, fixe le téléphone. À quoi je joue au juste ? Je ne devrais pas le laisser revenir ici et même ne pas lui laisser le temps de s'expliquer.

— Tu invites ton ex petit-ami chez toi alors que ton ami est présent ! dit Mason visiblement amusé.

— Ce sont ses mots, pas les miens.

— Et qu'est-ce qu'il te voulait ?

— Explication post-rupture, que tu as interrompue l'autre jour, au centre commercial.

— Je rêve ! Le mec est sacrément culotté. Il te largue et veux prendre le temps de t'expliquer les raisons.

— Je veux savoir les raisons qui l'ont poussé à rompre, même si ça ne changera rien à la situation.

— Il t'a jetée. Ignore-le c'est tout ce qu'il mérite. Si ça se trouve, il en a déjà baissé une paire depuis.

Qu'est-ce que ça peut lui faire ? Ses paroles me blessent. Il m'énerve.

— Tu comptes rester là ? demandé-je agacé.

— Je suis bien moi ici, avec toi ! me dit-il en souriant.

On sonne à la porte. Je me lève pour aller ouvrir. Logan dans toute sa splendeur. Il faut dire qu'il a un vrai charme de séducteur. Grand, blond aux yeux bleus. Un corps musclé... Il me fait encore craquer ce salaud ! On ne peut pas oublier du jour au lendemain, un homme que l'on a aimé même s'il vous a brisé le cœur.

— Je t'en prie, tu connais le chemin jusqu'au jardin ! dis-je en m'écartant pour le laisser entrer.

Il s'arrête en passant devant moi et prend mon visage entre ses mains.

— Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? me demande-t-il inquiet.

— Rien de grave. Une porte m'a agressée.

Il me lâche et avance vers le jardin. Je le suis tête baissée sur mes doigts que j'entortille. Il s'arrête net et je lui rentre dedans. Je passe ma tête sur le côté et je comprends mieux pourquoi il s'est arrêté. Le spectacle est tout simplement ma–gni–fique...

Pour moi en tout cas ! Mason, torse nu, en train de faire des pompes dans le jardin. Il fait beaucoup plus chaud que tout à l'heure on dirait...

Logan se retourne et me lance un regard mécontent.

— Je pensais que l'on serait seul !

Au même moment Mason tape sur l'épaule de Logan, un grand sourire aux lèvres.

— Salut, tu es l'ex, Logan, c'est bien ça ?

— Oui, c'est bien ça. Désolé j'ai oublié ton prénom.

— Aucune importance ! lui répond Mason toujours avec le sourire.

Il passe devant Logan, se cale entre nous et me dépose un baiser sur le front.

— On se voit plus tard ma puce.

À quoi il joue ? Je le regarde s'éloigner et sortir de la maison, son t-shirt à la main.

— Il ne te lâche pas d'une semelle ! ajoute Logan agacé.

Je ne réponds pas, lui passe devant et m'installe sur le transat où était installé Mason. Logan s'installe devant moi.

— Alors, tu voulais me parler ? lui dis-je, sans perdre de temps.

En gros, il commence par m'expliquer que pour lui, notre relation battait de l'aile, qu'il avait rencontré une autre fille avec qui il avait très vite sympathisé. Qu'il ne voyait aucun avenir à notre couple. Plutôt que de me blesser en me trompant, il avait préféré rompre avant. J'ai le droit à deux trois reproches, comme quoi je ne savais pas m'amuser et profiter de la vie.

— Une relation de presque deux ans, balayée d'un revers de main du jour au lendemain. Simplement parce que tu as rencontré une fille peut-être mieux que moi qui sait s'amuser et profiter de la vie ? Je comprends pourquoi tu t'es senti obligé de me briser le cœur avant de coucher avec... Une logique sans nom.

— J'aimerais que l'on garde une relation amicale toi et moi, et si je peux me permettre, tu devrais éviter ce genre de mec.

Je le fixe, choquée par ces derniers mots.

— Qu'est-ce que tu reproches à Mason ?

— Ce n'est pas un mec pour toi ça se voit. Tout le monde connaît sa réputation, il te rendra malheureuse.

La colère s'empare de moi. Je n'en reviens pas ! Mais quel culot ce type.

— Excuse-moi, mais Mason est la meilleure chose qui me soit arrivé.

— Tu n'es pas sérieuse Mia ou alors tu veux dire depuis moi ?

Je le regarde avec une envie de le gifler, mais sans réfléchir, je l'attaque avec les mots qui blessent comme il a pu le faire quelques minutes auparavant.

— Non, il est bien meilleur que toi et pour différentes raisons. Avec lui, je prends réellement mon pied au lit.

Il est vexé. Bingo ! Il se lève et s'en va sans m'adresser la parole. Je ne le retiens pas et prends ma tête entre mes mains.

— Mais quel con ce type, je n'en reviens pas ! dis-je tout haut.

Je monte dans ma chambre et m'installe sur mon lit. Ce soir, je passe la soirée avec Monsieur Christian Grey.

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