15 - Giulian-
— Sarah? Tu as retrouvé notre Sarah ?
— Ma Sarah... oui.
— Comment t'as fait ? Elle avait genre disparue de la planète !
— Agathe ...
— Mais nan ! Tu l'as retrouvé elle aussi ?
— Ce n'était pas bien dur dans son cas...
—Attend... Sarah... Elle n'était pas mariée ? Rangée, des gosses et tout ?
— Si. Elle l'était.
— Et donc je suppose qu'elle ne l'est plus ? Du moins, plus casée...
Giulian hocha la tête.
— Je crois que je vais avoir besoin de quelques choses de plus fort, réalisa Giulian en reposant sa blonde.
— Vous vous êtes revues ? Et tu dis ça que maintenant ? Comme ça ?
— On ne s'est pas encore vu. Mais c'est pour demain soir. Si elle le veut bien... marmonna t'il
— Elle t'a dit quoi ? C'était quoi ses mots ? Balance tout.
—Elle m'a juste dit oui.
—Oui?
—Elle a dit "d'accord". "D'accord pour un verre demain soir car je pourrai avoir la baby sitter pour mes filles", très exactement.
— Ok... C'est un bon début. Et toi ?
—Personnellement je n'ai aucun doute. Je pense réellement tout ce que je lui ai dit.
— Mais encore ? Tu m'inquiète un peu là .
—Je suis prêt à la revoir. J'ai toujours été prêt. J'ai juste peur. Toujours aussi peur.
— Peur de Sarah ?
— Peur de tout faire foirer. De la blesser, de ruiner sa vie comme elle a dit.
— Elle vient de divorcer. Il y a plus rien à ruiner.
— Mais depuis c'est le silence radio. Plus rien. Est ce que je dois la relancer ? Ou bien j'attends que ce soit elle ?
— Attend, si je comprends bien, c'était genre il y a 3h mec. Détend toi. Vous aurez tout le temps de parler demain soir. Garde en mémoire tout ce que tu as envie de lui dire, et tu lui balancera en face à face.
Instinctivement, les doigts de Giulian glissèrent à la surface de son smartphone en direction du seul et unique message reçu de sa part. Il avait vu à plusieurs reprises les trois petits points sautiller en bas de l'écran, avait espéré et retenu son souffle jusqu'au néant.
Et la peur s'exprima de nouveau dans ses tripes.
— Mais si elle ne vient pas ?
— Elle t'a dit qu'elle viendrait.
Mais Giulian savait qu'elle était aussi instable et impétueuse que sa vie à lui.
Et que le jour comptait assez d'heures pour lui laisser le temps de changer d'avis au moins 24 fois.
De son répertoire, il associa alors une mélodie au contact de Sarah, une de celles qu'il avait conçue en son honneur il y a quelques années, puis il balança son téléphone sur la table basse sculptée à même le tech. Cette technique ne chasserai ni le doute, ni l'angoisse, mais il n'aurait ainsi plus à le surveiller dans l'espoir de voir apparaître un message de sa part.
Pour lui, depuis 7 ans, 4 mois et 4 jours, le monde entier n'est qu'une effrayante canopée qui lui rappelle qu'elle a existé et qu'il l'avait perdu, encore. Leurs âmes étaient pourtant pareilles, jumelles. Comment en étaient ils arrivés là ? Pourquoi avait-il échoué, encore ? Pourquoi il y a 7 ans, quelques mois seulement après leur rupture, elle avait acceptée la putain de demande en mariage de ce bobo de médecin avec qui elle travaillait ?
Giulian serra un point contre sa cuisse. Il l'avait alors détesté aussi fort qu'il l'avait aimé avant.
Malgré son récent divorce, était ce vraiment perdu d'avance ? Trop tard ? L'amour se ressuscite-t-il ? Peut-il bénéficier d'une seconde chance, voire d'une énième dans son cas ? Il y a-t-il un nombre maximal d'ailleurs ? Par quel miracle certains couples finissent unis jusqu'à la mort ? Pourquoi l'amour qui opérait si fort entre lui et Sarah ne cessait de tenter de se suicider avant l'heure, de s'autosaboter ? Était ce tout simplement une simple question de karma ?
Trop de question se déchainaient dans sa tête. Les même qu'il y a vingt ans...
« Sarah, qu'est-ce que je dois faire pour que tu me pardonne ? ».
Sur le papier et sur son téléphone, il avait écrit, écrasé ou supprimé cette phrase une bonne trentaine de fois par le passé et encore aujourd'hui. Mais il n'y arrive pas.
A lui dire, il n'y arrive pas, à demander pardon il n'y arrive pas, à avancer sans elle, il n'y arrive pas.
"Elle m'a mitraillé en plein cœur, gars. Boum, juste ici. ?" s'était il confié à Pedro à cette époque.
"C'est bon ça !"
"Comment ça c'est bon ? Tu te fou de ma gueule ou quoi ? Je suis en train de crever et toi tu penses qu'à gratter ?"
"Mec, les meilleurs sons sont ceux écrits avec les tripes. Et là, tu vois tes tripes elles sont là, à nues, en train de se vider. Alors vas-y. Etales les, ranges les biens. D'une, ça va t'aider. Et deux, je suis sûr que ça va cartonner. Des gars comme toi, qui se sont fait larguer, il y en a un paquet.
"Putain mais t'es qu'un enfoiré !"
"Allez vas-y sort tout, donne tout ce que t'as. T'as rien à lui dire à cette chienne ?"
"Cette chienne ? Arrêt tout de suite ou je vais tellement te cogner que ta mère te reconnaitra plus."
"C'est tout ce que tu as ?"
C'est comme ça qu'était né un de leur premier et plus gros sons, « Kami » qui démarre un peu comme il l'avait soumis à Pedro, avec son cœur agonisant, avec ses maux, à cause d'une sale histoire autour de Jessica, une histoire dans laquelle il n'avait eu aucun rôle, mais qui l'avait fait passer lui et leur histoire à eux, après le reste. Qui l'avait détruite elle, Sarah, tout autant que leur couple :
« Elle m'a mitraillé en plein cœur.
Boum gros coup de Kalash,
Juste ici ! Pendant des heures. Sans répit.
Elle est pire qu'un kami.
Pour la téci,
J'suis plus qu'une merde à sa merci ! »
Djéè
Giulian y intercalera aussi des couplets en italien, comme pour avouer tout bas ce qu'il aurait aimé lui dire tout haut. Et l'année de leur 18 ans, de la radio aux plateaux télé, la France entière reprendra ses paroles, leur histoire à eux. Le début du succès...
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