Chapitre 4 : Wings.
Je vais y retourner.
Je ne peux pas faire autrement, je vais y retourner.
Je vais le regarder.
L'arrêter, peut être.
Je ne sais pas.
*
J'ignore complétement mon itinéraire de patrouille et me rend directement à l'endroit où j'ai vu Dabi la dernière fois. Je vais l'arrêter, je me répète à moi-même. C'est un méchant. Un des méchants de l'histoire. C'est comme ça que ça marche : gentils, méchants.
Lui c'est un méchant, je suis un gentil. Point barre.
Quelle réflexion désastreuse.
Ça ne veut pas dire grand-chose..., j'essaie désespérément de me convaincre.
On dirait ces histoires qu'on raconte aux enfants avant de les endormir : vous inquiétez pas, les gentils sont là et ils vous protègent des méchants. Les Héros vous protègent des Vilains. Mais, ç'a beau être une version diluée, facilitée de la vérité, c'est la vérité tout de même.
C'est ça, je vais me référer au rassurant principe gentil/méchant.
C'est plus simple de penser ainsi. Plus confortable...
Je suis plutôt déçu de voir que Dabi n'est pas là.
Je suis sûrement en avance.
Je me planque derrière le mur de la dernière fois en soupirant.
Qu'est-ce-que je fais ? Touya, qu'est ce qui m'arrive ?
Je sursaute brusquement. J'ai entendu un bruit et- Des pas ! Des voix, aussi. D'abord une douce et basse :
- Il te dit de faire les choses que tu as à faire.
Puis une vois rauque et grave :
- Je sais... Merci, Kurogiri.
Un froissement et plus rien.
Je n'ose plus bouger, si on me voyait ?
Est-ce-qu'ils sont encore là ?
Est-ce-que Dabi est là ?
BAM !
Oh oui, il est là. Il ne crie pas, mais j'entends distinctement des coups contre le mur d'en face. Est ce que ça veut dire que Kurogiri est parti ?
Je lance un coup d'œil discret. Il n'y a que Dabi qui flambe les restes du mur.
Je dois l'arrêter...
Je pourrais l'arrêter...
Je dois... Je pourrais...
Aller lui parler ?
N'importe quoi. N'importe quoi, qu'est-ce-que je raconte... S'il me voit, qu'est-ce-qu'il va faire ?
M'attaquer, évidemment... Je dois le surprendre !
Mais évidemment! Je l'attaque, je le ramène à l'agence, finis les doutes, finis les ennuis, finis les vilains qui crient mon nom, le problème sera résolu. Je dois l'arrêter, faire mon boulot, redevenir ce pour quoi je me suis tant battu : un héros !
Je défroisse mes ailes, respire. Je n'ai pas peur, je n'ai jamais eu peur de me battre : je suis rapide, puissant, et je le sais. J'attrape une de mes plumes de façons à ce qu'elle s'adapte en une grande épée tranchante. C'est parti. Je déploie mes ailes et m'élève lentement, prenant soin de ne faire aucun bruit, ni même que le souffle de vent que déploient mes ailes n'atteigne Dabi. Il est essoufflé au vu de ses attaques incessantes au mur, tant mieux. Je dois me dépêcher avant qu'il ne lève la tête et m'aperçoive.
Je fonce en piquet vers lui dans un chuintement qu'on aurait pu identifier comme celui du vent, mais Dabi se redresse, aux aguets. Mince, tant pis je n'ai pas le choix. Mon épée s'enfonce à quelques centimètres de son dos, dans le mur crasseux et branlant. Je la dégage vivement, Dabi s'est esquivé quand j'ai attaqué et me regarde maintenant fixement, les mains tendues devant lui.
- Hawks ?
Sa voix est incertaine.
- Dabi.
La mienne est implacable. Dabi semble se ressaisir et m'envoie une bourrasque de son feu bleuté. Je saute en me propulsant de mes ailes, et s'ensuit un combat acharné. Quelques fois il attaque incessamment et je ne peux que parer de mes ailes, quelques fois c'est l'inverse et je l'accule tellement de mes plumes qu'il ne peut qu'esquiver. Ces échanges se poursuivent quelques temps, jusqu'à ce que, excédé, j'attaque bêtement de front en fonçant sur l'homme aux cicatrices. Il affiche un rictus vainqueur et n'a qu'à tendre les bras pour m'immobiliser, en me brûlant légèrement au passage. Je me crispe sous la douleur et il m'emprisonne dans ses bras en immobilisant mes ailes. Merde ! Qu'est-ce-que je fais, bordel ? Je dois agir. Je n'attends pas qu'il se décide à cramer mes ailes et j'envoie mes plumes se ficher dans son dos. Il grogne mais ne me lâche pas, et je réitère l'assaut, de plus en plus fort.
- Putain, Keigo !
Je me fige. Il profite de ma confusion pour m'aplatir au sol et écraser mes ailes sensibles contre le béton. Ses deux mains écrasent mes épaules tandis que ses jambes pèsent de tout leur poids sur les miennes, et j'halète tant j'ai mal et tant je me sens faible.
- Arrête ! je crie.
Il secoue la tête, une lueur mauvaise dans ses yeux bleus.
- Keigo, enfin, tu crois que je-
- Arrête, arrête avec ce nom !
Il se se fige, surpris.
- Comment tu- je grimace, mais il appuie de derechef sur mon buste de ses mains, et je ne peux parler tellement j'ai mal.
Je sens un liquide chaud couler de mon dos et j'espère ne pas avoir trop de dommages. Que vont-ils dire, à l'agence ? Si je rentre... Je suis pitoyable, pathétique. Même pas fichu de stopper un vilain...
- Ah ! je crie, Dabi ayant rappuyé sur mon torse. Arrête !
Il ne m'écoute pas et continue de frotter durement mes deux ailes contre l'asphalte. Je vois trouble, je pleure ?
- Arrête !
- Non, gronde-t-il. Tu n'auras pas de crédibilité si tu rentres à l'agence en parfaite santé, crétin.
- Mais que- Ah, arrête, arrête !
La douleur est insoutenable, je n'arrive même plus à réfléchir à ses paroles. Ma voix se brise tellement je m'époumone.
- Dégage ! Dégage, putain !
Quand les larmes coulent le long de mes joues et que mes ailes ne sont plus que deux amas de douleur à l'état pur, il se recule et essuie mes larmes de son pouce. Je ne comprends pas.
- Écoute moi bien, Keigo. Quand tu vas rentrer à l'agence, ne dis pas que c'est moi qui t'ai fait ça.
Il me laisse en vie ?
- Si tu veux savoir comment je connais ton nom, si tu veux qu'on se revoie Keigo, s'il te plait, dis qu'un vilain t'a attaqué. N'indique surtout pas cet endroit. Accuse qui tu veux, et reviens quand tu seras remis. Je viens souvent ici. Je t'expliquerai.
- J'ai mal, je souffle.
- Je sais, soupire-t-il. Pardon.
Je baisse mes paupières. J'ai l'impression de tomber, que la douleur s'efface doucement, juste cette sensation de chute. Je crois que je sens quelque chose frotter délicatement contre mes ailes meurtries et me soulever, après ça le noir complet.
*
J'ouvre les yeux. Je me redresse lentement, et je manque de crier de plus belle et m'apercevant de cette douleur dans mon dos. Je m'appuie sur une main et ajuste ma vision brouillée par la souffrance pour voir où je suis. Tout d'abord, du sang, mon sang tout autour de moi. Qu'est-ce-que- Dabi. Je me souviens de ses paroles étranges, je me souviens qu'on s'est battus, et que j'ai perdu. J'ai perdu... Qu'est-ce-que j'ai mal... Je repose dans une mare de sang, et je localise la zone dans laquelle je suis étendu comme étant à quelques kilomètres de là où je me suis fait battre à plate couture. La zone est tout de même dans mon périmètre de recherche, et est surtout très proche de la ville, donc de l'agence, donc d'une aide potentielle. Je me lève difficilement, grinçant des dents. Le plic-ploc de mon sang sur le sol me donne l'impression de me vider totalement. Je me mets en marche et finis par sortir de la zone désaffectée, et je me retrouve sur une place, quasiment vide de monde vu sa promiscuité avec les quartiers abandonnés. Je ne vois plus très bien, mais je continue d'avancer. Je vois les toits de l'agence maintenant, et plus je me rapproche de la ville plus j'aperçois des silhouettes d'habitants. J'aperçois au loin un groupe de jeunes qui rient en marchant. Ils ne me voient pas de suite et c'est seulement lorsqu'ils sont à quelques mètres de moi qu'un crie, et je me rends compte que ce sont des élèves de la classe avec qui j'ai enseigné le sauvetage plus tôt dans la journée. Cette ironie du sort me fait ricaner. Une jeune fille, Momo Yaorozuru il me semble, arrive vers moi et me soutiens. Je ne tiens plus, d'ailleurs je m'affaisse sur un genou. Ma respiration est sifflante et l'étudiante me soutient correctement pour éviter que je perde du sang. Des instructions retentissent, quelques bruits de pas qui s'éloignent, des élèves partent. Trois s'agenouillent à côté de moi, un garçon aux cheveux verts, une fille aux grands yeux marrons, et un autre garçon aux cheveux jaunes.
- Hawks, vous m'entendez ? me demande une vois féminine, sûrement celle qui me retient de m'étaler sur le sol.
J'acquiesce.
- Vous perdez beaucoup de sang, m'indique-t-elle clairement. Certains de mes camarades sont partis chercher des secours, mais vous devez rester éveillé. Parlez-moi s'il vous plaît.
- J'essaie, je siffle.
- Très bien, continuez, me dit-elle avec un professionnalisme impressionnant pour son âge.
Malgré ça je vois de plus en plus mal et je me sens partir, mais je dois rester conscient alors je chuchote :
- J'ai vraiment mal. Mes ailes... Est-ce-que...
Le garçon aux qui contrôle l'électricité, Denki si ma mémoire est bonne, esquisse une moue peinée :
- Elles ne sont pas en très bon état.
- Mmh...
Il fait tellement sombre...
- Hawks !
Je rouvre les yeux. J'essaie d'articuler quelque chose, n'importe quoi, mais les mots restent bloqués dans ma gorge. Je ne réussi qu'à gémir de douleur, mais un bruit plus fort que les autres me fait sursauter.
- Il saigne ! s'inquiète une voix féminine.
- J'avais remarqué.
Ça, c'est sûrement Endeavor-san...
- Hawks ? Hawks ?
Mais je n'entends plus.
*
Hey hey hey ! Je suis désolée du retard, mais bon on entre un peu plus dans l'action là non ?
J'espère que ça vous a plu, si oui la petite étoile fait toujours plaisir, et surtouuut hésitez pas à commenter, j'adore parler avec les lecteurs x)
Phopho ;)
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