#5 Les choux à la crème




x Chapitre 5 x



Waltraud



J'ouvre brusquement les yeux au carillon des cloches. Douze coups... Si tard ? Emmitouflée dans une couverture dans un coin de la pièce, l'inconfort du parquet ajouté au froid de ma nudité me décide. Je grogne contre ma bêtise de n'avoir pris la peine de profiter plus du lit de la chambre, le mien en occurrence. Comment me suis-je retrouvée par terre ? Le cadavre de la bouteille dans lequel mon pied bute me met la puce à l'oreille. Il y a du relâchement, Wal.

Dans la semi-pénombre, je tire les rideaux qui baignent la pièce de lumière. Un après-midi radieux s'annonce pour une ville qui affectionne les purées de pois des cheminées de l'industrie. Au même moment d'un sifflement d'un train, la porte s'ouvre à la volée.

— Voyez dans quel état vous êtes à cette heure, Votre Grâce !

— Bonjour à vous aussi, Margerete.

Sous ses airs courroucés, les pincements sur son front m'indiquent une inquiétude patente. Parmi la dizaine de servants sous ce toit, elle est nul doute ma préférée. Malgré son chignon serré et sa tenue soignée, tout l'inverse de sa maîtresse débraillée à son dur réveil, elle n'hésite pas à partager ses pensées. Chez elle et Gerhardt, j'ai encouragé ce que je conçois là comme être une qualité.

La bonne femme rouspète en me pressant de m'asseoir à ma coiffeuse. Je plonge mon visage dans la seconde qui suit l'arrivée d'une bassine dans l'eau glacée pour décuver. Elle continue son sermon en s'agitant autour de moi, tandis que je m'essuie avec la serviette qu'elle me jette à la tête.

— Riez ! Riez ! Que diraient les bonnes gens en vous voyant ainsi ? Vous êtes notre illustre bienfaitrice ! Si cette crapule avait été surprise à sortir au bon matin de chez vous, je n'ose imaginer les répercussions qu'un tel scandale aurait pu avoir.

Elle prend un grand plaisir à recouvrir d'une couche généreuse de fond de teint la tâche violacée au creux de mon cou. Un hoquet tord ses traits outrés quand elle s'attaque au deuxième qui orne le haut de ma poitrine.

— Trouvez-vous un mari convenable, et non un chien des rues.

Plus amusée que contrariée, je ris doucement. Ma réaction ne doit guère lui sied, car mon sourire se transforme en grimace quelques minutes plus tard, lorsqu'elle serre mon corset. J'étouffe un juron, me promets d'engager l'aide des autres filles. Elles sont trop intimidées et respectueuses envers mon titre pour me tenir tête.

— Voilà. Regardez quelle belle femme vous êtes !

Je toise mon reflet dans le miroir. Si j'accorde à la personne qui s'affiche d'avoir une apparence élégante dans cette petite robe couleur pêche qui flatte ses courbes harmonieuses, je ne la trouve pas particulièrement jolie. Ses yeux dénotent certes par leur étrange lueur, mais sous ses traits charmeurs et ces épaisses couches de vêtements, je sais ce qu'elle cache.

Cette femme me donne un goût de pourriture en bouche.



Confortablement installée dans un fauteuil du salon, je sirote un thé devant le journal.

— Votre Altesse ? Une femme s'est présentée à la porte et désire vous voir.

Je pose ma tasse sur la table basse, à côté de ce torchon. Cela attise ma curiosité. Pour que Gerhardt ne la congédie pas, son identité doit être importante.

— Qui ?

— Lara Teyber.

— Soit... Dites-lui que je vais la recevoir.

Je me lève trop vite et me masse la tempe. Il faut croire que ta tempérance en alcool ne vole pas haut, Wal... Lara Teyber. Au fond, je doute que cette visite soit de courtoisie. Nous n'avons pour ainsi dire jamais échangé en privé, au contraire de son frère Willy, l'ancienne tête de l'empire avant que celle-ci tombe lors de cette nuit tragique.

En empruntant un détour par mon bureau, je décroche un poignard qui décore le mur. Ce dernier a l'avantage de passer pour un coupe-papier. Cependant, sa lame a été aiguisée par mes soins. N'est-on jamais assez prudent ? La détentrice du Titan marteau vient après tout de franchir le seuil de mon territoire...

J'inspire profondément en passant le pas de la porte du grand salon. Ma potentielle ennemie se tient là, debout devant moi. Sa silhouette svelte dénote avec son aura discrète. Malgré le statut privilégié de son clan eldien auprès des mahrs, elle revêtit toujours des robes à la conception modeste. Si elle affectionne le blanc, depuis le drame qui a frappé de plein fouet ses proches, le noir d'encre est devenu sa parure. Sa coiffure est elle aussi simple, sans étalage de la fortune dont elle est l'unique héritière. Au milieu de son fin visage aux traits tirés se plantent deux puits sans fond, froids et inexpressifs.

— Dame Rosen. Je n'ai pas eu l'opportunité de vous saluer à la soirée d'hier, je me permets donc de réparer ce tord aujourd'hui.

Discrètes, deux servantes apparaissent pour déposer furtivement boissons et biscuits. Je profite de cet instant pour sonder cette femme qui, à peine assise, ne cache pas son absence de sympathie. Après le retour des descendants d'Helos, la place de son clan a bien évolué. La faute revient à la gourmandise de mon cher grand-père à vouloir jouir des mêmes privilèges abandonnés sur l'île du Paradis. Les Rosen sont sans conteste la famille légitime qui gouverne cet empire. Cela me rappelle une autre histoire... Aussi, je soupire, guère étonnée de l'aigreur que la noble déchue nourrit envers lui et à mon égard. Que puis-je y faire ? Ce vieux renard ne s'est pas privé d'exposer notre filiation.

— Vous n'aviez pas à vous déranger. J'essaye de me tenir éloignée de ce genre de mondanité inutile.

Une lueur anime son regard sombre, comme si elle a décelé une chose dans ma réponse qui la satisfait.

— Comptiez-vous sortir cet après-midi ? demande-t-elle en remarquant mes paquets.

— Après l'heure du thé, en effet.

Avant que cette femme te menace. Me menacer ? Je n'en suis pas si sûre... Que veut-elle ? Car c'est bien pour obtenir quelque chose de moi, l'Altesse Impériale, qu'elle s'est présentée seule en ces murs. La curiosité aura ta peau. Je croise les jambes et mon coude en appui sur ma cuisse, je pose mon menton dans ma paume pour mieux la disséquer.

— Qu'attendez-vous de moi, Lara Teyber ?

Ses lèvres sèches se descellent sur deux mots.

— La justice.

Mes sourcils se haussent avant que mon masque neutre étouffe ma surprise. Mes craintes se confirment lorsqu'elle exprime clairement ses intentions.

— Je veux que vous rendiez justice aux miens en mon nom. Je veux que vous révéliez les actes perfides de l'empereur, Albrecht Rosen, et des crimes dont il est l'auteur. Je veux que vous preniez sa place sur le trône et éradiquiez la menace que représente l'île du Paradis pour le monde.

Un éclat de rire finit par troubler le silence soudain. Je mets un temps à reconnaître ma voix.

— Rien que ça ? pouffé-je.

Durant vingt bonnes secondes, elle reste stoïque tandis que mon corps se tord. Mon sang calmé, j'essuie les larmes qui ont perlé au coin de mes yeux.

— Pardonnez-moi mon hilarité, Dame Teyber, mais j'ai un instant cru que vous me demandiez de commettre un acte de haute trahison, en plus de... comment dit-on ? Parricide ? Grand-parricide ?

— Oui.

Décidément, cette femme est dangereuse.

— Il est clair que ma volonté à fuir les contacts avec Sa Majesté ne vous a pas échappé ni mon animosité. Notre relation est certes complexe, manque d'attaches, mais gouverner ne m'intéresse pas. Et en toute franchise... Je pense que nous aurions plus à perdre à nous relancer dans une guerre que de bâtir une paix mondiale, peut-être fébrile, mais qui pourra se consolider à l'aide de la diplomatie et d'échanges commerciaux.

Cette fois, je sens dans les vibrations de l'air que ma réponse ne lui convient pas. Adopte une autre stratégie, idiote. Ni plus ni moins, je me lève et affiche un sourire conciliant.

— Si vous le souhaitez, Dame Teyber, j'aimerais vous confier un secret.

Les émotions se basculent avec violence dans des yeux profonds. À une vitesse surprenante, ils expriment tour à tour colère, haine, frustration, puis étonnement et curiosité. L'appât fait mouche !

— Comme vous l'avez deviné, je voulais me rendre quelque part cet après-midi. Il nous reste du temps, je vous propose donc de m'accompagner.

Sur ses gardes, sa voix hésite.

— Où se situe ce « quelque part » ?

— Au camp Revelio.

Son intérêt vif suscité, mes lèvres s'étirent d'un sourire victorieux. Je me presse sans tarder d'ordonner à Margerete d'apporter nos manteaux et à Gerhardt de sortir la voiture.



Bien que Lara soit d'origine Eldienne, je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit aussi tendue. En arpentant les rues de Revelio, elle me rappelle une proie qui se sait prise en chasse. Oui, elle me donne l'image d'un animal apeuré. Les Teyber ont-ils donc coupé tout lien avec leurs semblables ? Craint-elle que sa liberté exclusive attire le ressentiment ? Nos visages masqués par des voiles, elle n'a pourtant aucune chance d'être reconnue.

D'un geste naturel, je passe mon bras sous le sien pour la guider. Si elle se raidit tout d'abord à mon contact soudain, elle se détend un peu en comprenant mon intention.

Une heure durant, nous parcourons les établis. À l'approche de la nuit du Nouvel An, l'animation bat son plein. Confiseries en tout genre, accessoires et autres petits présents à offrir pour l'occasion, c'est un accueil joyeux dont nous bénéficions. La grosse fête qui se prépare rassemblera les dignitaires des différents pays du monde. Une opportunité sans pareil pour fondre la glace et bâtir les premières fondations de cette paix que les vivants comme les morts méritent tous.

Lara s'est arrêtée devant un stand qui présente des jouets pour enfant. Ses doigts effleurent un moulin à vent.

— Fienne aimait ce genre de chose.

— Votre nièce ?

Elle redéposa l'objet, son geste en suspend.

— Après la naissance de ses frères et sœurs, elle est très vite devenue responsable pour aider ses parents. Pourtant, elle méritait elle aussi de s'amuser... de profiter. Elle avait ce droit, et on le lui a arraché.

Sa voix se brise sur un murmure. Comment ne pas vouloir venir en aide à cette femme qui a perdu tous ceux qu'elle chérissait ? Si j'étais en mesure de revenir en arrière, aurais-je pu empêcher la tragédie de se produire ? Ce goût de pourriture est vraiment infâme.

Nous finissons par nous échouer à l'objectif initial. Le bâtiment se dresse au milieu d'une cour où des enfants tapent dans un ballon, sculptent des histoires de leurs doigts ou s'élèvent haut pour atteindre les nuages, leurs balançoires pour ailes. Derrière la grille, leurs cris et leurs rires s'entendent comme le chant des sirènes, irrésistibles.

— Je vous ai promis un secret, non ?

Les yeux ronds de Lara glissent de la plaque « Orphelinat Benedikta » à mon visage démasqué. Reconnue, mes jambes ne tardent pas à être assaillies par un troupeau de garnements. D'une façon peu élégante, je parviens à rester debout avant de tomber sur les fesses. La directrice accourt pour venir à mon secours. Des cadeaux et des cochonneries sucrées plein les bras, elle m'allège de ma charge et nous invite pour le troisième thé de la journée.

Dans la salle commune, nous profitons de la sieste des plus jeunes pour nous reposer. Assise sur une chaise, un des petits a grippé sur mes jambes avant de s'endormir. Sur ma droite, Lara a aussi ôté son voile. Elle me dévisage maintenant avec une persistance qui ne me dérange pas. Cela m'aurait au contraire étonnée qu'elle n'ait pas de questions.

— Pour quoi m'avoir fait venir ici, Dame Rosen ?

Un sourire imperceptible fend mes lèvres. Ma main caresse tendrement les cheveux de l'enfant que je porte. Évasive, je choisis de broder des semi-vérités.

— Je rêve... du jour où nous pourrions enfin former une famille. Voyez-vous, je verse une pension mensuelle pour qu'il ne soit pas présenté à l'adoption. Égoïstement, je le prive de la sécurité en défiant la convention. Alors, éclairez-moi. Quel intérêt aurais-je de m'opposer à mon grand-père pour déclencher une guerre ? Ce serait aller à l'encontre de mon but... Je comprends votre colère, votre peine... Je suis moi-même une victime de ses machinations au nom de la grandeur Mahr. Et comme vous, je voudrais le voir ramper à mes pieds, frisonne d'excitation à cette idée. Mais ce n'est pas le bon moment.

Je marque une pause. Lara ne me contredit pas, prête à me croire, même une semi-vérité. Je poursuis donc.

— C'est avec les années que j'ai compris ce que j'ai toujours ardemment désiré, et désire encore aujourd'hui... Une famille. Un lieu paisible où nous pourrions vivre ensemble et que je pourrai appeler « maison ».

Je pince mes lèvres pour réprimer une amertume.

— Admettons que la guerre soit déclarée. Les ressources eldiennes ne sont pas infinies... Vers qui croyez-vous que les autorités se tourneront une fois les prisons vides ?

Son regard découle sur le petit être blotti dans mes bras. Elle détourne les yeux, fuit la vision lugubre de l'avenir que je lui décris.

— Savez-vous comment les Eldiens vous surnomment ?

Je penche la tête sur le côté pour lui confirmer mon ignorance d'une chose que je connais déjà.

— « L'impératrice des anges ».

Le dos droit, ses mains triturent nerveusement ses boutons de manchette.

— Je ne vous aime pas. Vous êtes l'une de ces personnes hypocrites qui manipule avec les mots pour arriver à leur fin. Mais... Je reconnais vos considérations.

Elle relève la tête pour plonger son regard éclairci dans le mien.

— Je suis au courant pour votre accident lors de votre première année de service dans l'armée.

D'un geste ostensible, ma main se pose sur mon bas ventre, là où se dissimule la plaie refermée. Pourtant, je ressens encore parfois une douleur fantôme, celle qui déchire les chairs et vous laisse gisant sur le sol en nage.

— Est-ce pour cela que vous refusez la perspective d'une union ?

Songeuse, je réfléchis à une réponse qui me conviendrait, mais aucune ne m'accorde ce vœu. Alors, je choisis celle qui me paraît la moins dure à avaler.

— Les médecins disent que je ne pourrai probablement plus enfanter.



La nuit est rapidement tombée, et j'ai raccompagné Lara à l'entrée du camp. Après un instant d'hésitation à se fixer, elle m'a adressé un subtil sourire en exprimant le souhait de profiter une fois encore de l'heure du thé en ma compagnie. Ce à quoi j'ai opiné d'un hochement de tête avant que Gerhardt la reconduise chez elle. Nous avons convenu qu'il reviendra me chercher plus tard.

Au clair de lune, les lanternes suspendues éclairent la rue où des embruns iodés rappellent la présence de la mer à quelques centaines de mètres seulement plus bas. Mon attention est captivée par une étable d'animaux en peluche. Cousus dans un tissu doux au toucher, des boutons à la place des yeux figent leurs visages dans une expression des plus pures. J'en choisis une et paye le montant correspondant au commerçant qui me remercie chaudement. Je traîne un peu des pieds, le regard perdu dans les lumières colorées qui rayonnent de mille splendeurs. Ici, je suis qu'une inconnue dans la foule ivre de leur bonheur éphémère.

Une petite heure plus tard, je décide de disparaître dans une allée sombre. Déserte, je vérifie deux fois avant de prendre mon élan. J'use de toutes les irrégularités qu'offre le pan pour grimper sur le toit. Ma course débute alors sur les tuiles. De maison en maison, je la stoppe sur celle qui m'intéresse. De la gouttière, je me suspends à la force des bras et m'y engouffre par la fenêtre sans verrou.

Je pénètre dans la chambre plongée dans la pénombre. Mes yeux habitués à l'obscurité, je m'approche à pas feutrés du lit et m'y allonge avec précaution. Pas assez, puisque dérangé dans son sommeil, le corps remue et ne tarde pas à ronchonner.

— M'man ! T'es grosse, pousse-toi !

— C'est comme ça que tu m'accueilles ? relevé-je faussement outrée. Très bien.

Prête à repartir, il se retourne aussitôt, bien réveillé, pour me retenir par le bras.

— T'es fâchée ? Pardon ! C'est bon, regarde, y'a la place !

Je m'installe et mon cœur se refuge contre ma poitrine. J'embrasse le haut de son crâne avant de le serrer un peu plus fort contre moi.

— T'étais où ?

Il relève ses deux perles de miel sur moi, l'air courroucé et en même temps heureux. Elles s'illuminent quand, pour me faire pardonner, la peluche d'un petit chien lui lèche le bout du nez. Il s'amuse à papillonner ses grandes oreilles. Il l'adore.

— Désolée, Mose. De t'avoir laissé seul ici.

— Je suis pas seul ! proteste-t-il. Y'a mamie et on va visiter papi. Et puis, j'ai l'habitude...

— « Rendre visite à papi », le corrigé-je en pouffant.

Sa joue se gonfle, lui prodiguant une bouille adorable. Il rit à gorge déployée quand il gesticule sous mes chatouilles, puis des lumières s'allument et ce petit bout d'homme me réprimande d'avoir réveillé la maison. Ses résidents connaissent déjà l'auteur de ce crime odieux, mais j'abdique en le serrant à nouveau contre moi. Le nez plongé dans ses cheveux d'ébène, je profite de l'instant présent.

— Je suis rentrée...





🕊 N.D.A.


J'ai l'impression d'écrire des chapitres plus longs avec ce tome 2... Je ne sais pas combien il y en aura à son issu, mais selon mes estimations, l'aventure durera un bon moment. C'est pour dire, le Bataillon d'exploration n'est pas encore entré en action ! Ce qui, entre nous, ne devrait plus tarder. 😁

ET OUI ! L'un des thèmes principaux abordé dans ce second tome sera la famille, et plus précisément la parentalité. Il y avait très peu d'indices, alors c'est la révélation de ce chapitre, Waltraud a un fils ! Quant à l'identité du père, si j'ai longtemps hésité sur les caractéristiques physiques de l'enfant, j'ai décidé pour la suite de l'intrigue de ne laisser planer aucun doute.

AH ! ATTENDEZ !! Mon petit doigt me dit que Livaï va avoir du mal à tout digérer ! 👻


Prochainement, dans Five Years :

Séquelles et avertissement.

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