Five / Chapitre 17.
Je frappe le sac, les coups s'enchaînent.
Gauche, droite, un direct, un uppercut...
La vitesse de mes attaques augmente et j'atteins mon maximum. Mes muscles chauffent, mes épaules se détendent. J'assouplis mes articulations et mes pas deviennent plus légers.
Sur la pointe des pieds, je fais de petits bonds et exécute des feintes tout en continuant à bombarder ma cible. Le sac de boxe est retenu par mon ami. Shane mâche un chewing-gum et encaisse sans broncher.
Ce moment me permet d'évacuer la pression et la frustration accumulées. Et m'éclaircir les idées.
Plus les endorphines se déversent dans mes veines, plus je laisse les images de la semaine se dérouler. Mes coups sont réguliers, mon corps se met à travailler en automatique.
Je me déconnecte de la réalité. Je me recentre sur mes pensées vagabondes et les attrape au bond. Je me coupe du monde extérieur. J'entends en sourdine les directives de Shane.
Elles passent en moi, je réagis mécaniquement. J'obéis et corrige mes fautes. Je n'y prête pas vraiment attention. C'est devenu instinctif et m'aide à réfléchir. Mes réflexes prennent le dessus, mes pensées se détachent. Ma respiration se fait plus ample. J'ai cette impression de m'envoler, de pouvoir continuer indéfiniment. Et la clarté se fait en moi.
Des images me parviennent. Désordonnées et entrecoupées, me permettant de faire des liens, des connexions entre les évènements. Cette technique me sert habituellement pour contrer les manigances de Lyons.
Je cogite mieux en boxant. Associant des faits et gestes pour mieux les décortiquer et prendre des décisions.
-Coup droit.
Mais aujourd'hui, ce sont des images d'elle qui passent en boucle devant mes yeux ouverts. Je suis aveugle à mon environnement. Sourd aux bruits de la salle, comme à tout autre commentaire, exception faite des instructions de Shane.
-Attention, ta garde est trop basse.
Ce baiser chaud comme une forge en plein travail. Ses reculs et ses hésitations. Sa peau douce et son parfum envoûtant.
L'obsession qui en découle me fait chier. Je n'ai pas besoin ni l'envie de m'enticher d'une femme en ce moment.
Evy à terre, aux pieds de Lyons, apeurée et tentant de résister. Lui, souriant, content de ses méfaits et de la terreur qu'il inspire. Le cigare entre ses doigts comme la signature de ses crimes. Un jour, il paiera pour ça.
-Reste souple. Concentre-toi un peu.
Evy qui me claque la porte au nez, de ma propre salle de bain, qui plus est J'aurais dû la rejoindre sous la douche. Mais les regrets ne servent à rien. À la prochaine occasion, il n'y aura aucune hésitation de ma part.
Elle, s'habillant de mon t-shirt, sa hanche découverte, ses jambes qui me supplient de les écarter. En entourer mon bassin, et y nicher ma queue.
-Plus haut.
Ses seins qui sont doux et pleins dans ma main. Mon regret de ne pas les avoir léchés, sucés, vénérés. Ma surprise quand elle a réussi à me faire lâcher prise et jouir comme un puceau dans mon froc. Juste par ses gémissements et sa réaction en succombant à l'orgasme.
Ses cris, ses pleurs, son appel dans la nuit et mon vrai prénom. Ses cauchemars qui l'ont poussée à me fuir.
-Appuie plus sur ton pied.
Et putain, mais pourquoi, je sens qu'elle cache encore mille secrets derrière son regard couleur de brume !
Elle est silencieuse, réservée. Je veux la connaître, cela devient une priorité. Plus, elle recule et se refuse, plus mon esprit est obnubilé par ces pensées.
Son corps me fait bander à tout moment de la journée. Dès le rappel infime d'un morceau de peau, de la texture de sa bouche, le goût de ses lèvres. Tout m'excite. Mais je ne peux, surtout, arrêter de réfléchir à son passé et à ses non-dits.
Et donc, je continue à martyriser ce sac.
-Tu vas le bousiller ce sac, si tu continues.
-Ferme-la, Shane.
Droite, droite, gauche, gauche, uppercut, coup direct. Encore un enchaînement.
-Allez, va courir un peu, pour te calmer.
La sueur coule entre mes omoplates, le long de mon dos. Les muscles chauffés par l'exercice commencent à être douloureux. Le sang coule vite dans mes veines.
Sa bouche, sa peau, ses pleurs, son regard droit qui me dit d'aller mourir.
-Que vas-tu faire ?
-À ton avis. Je vais faire ce que j'ai promis, en restant sur mes gardes. Je n'ai pas totalement confiance.
Je stoppe et attrape la serviette tendue par mon ami. Je m'essuie et l'enroule autour de mon cou. Je récupère une bouteille d'eau et la vide d'une traite en me dirigeant vers les tapis de course.
Je commence par un rythme doux. Juste une marche rapide pour reprendre mon souffle.
-Au pire, tu vas gagner du temps et faire diversion pendant que je cherche une piste avec la serveuse.
-Oui, tous les regards seront tournés vers Evy et moi.
-Il faut avancer. On n'a plus beaucoup de temps avant qu'il n'arrive malheur à ta sœur. Mon intuition me dit que ton père va finir par se douter de quelque chose.
Il a raison, il faut être plus rapide. On fera le show et dans l'ombre, il trouvera un moyen d'entrer dans le système.
-On commence ce soir. J'emmène ma nouvelle chérie danser. Ta source sera là ?
-Oui, elle sert en salle, me confirme-t-il pendant que j'augmente la cadence.
*****
J'envoie un message pour l'avertir de notre sortie.
« Ce soir, on se bouge. Tu t'habilles sexy. Je t'envoie une robe »
Comme je n'aime pas écrire sur mon téléphone, je fais toujours dans le court, voire le minimalisme. Vu sa réponse, elle apprécie moyen.
« A quelle heure et où ? »
« 23 h, au Paroxysm, je passe te chercher »
« OK »
C'est tout ? Franchement cette meuf n'est pas une bavarde. Pas que je m'en plaigne mais j'ai plutôt l'habitude du contraire.
*****
« Je viens de recevoir ce que tu appelles une tenue appropriée. Tu sais où tu peux te le mettre, ce bout de chiffon !!! »
Bon là, j'ai une réponse plus développée. Je ris en lui répondant.
« Faut être sexy ce soir, je te vois très bien dans cette robe. »
« Ce n'est pas une robe, un mouchoir géant plutôt ! »
« Tu la mets »
« Non, je ne suis pas ta pute ! Je mettrai ce que je veux »
« Si ce n'est pas à mon goût, je te la passerai moi-même»
« Sérieux ? J'ai peur, c'est fou ! Tu ne me forceras pas »
Je me marre devant sa dernière réplique. Elle pense que je ne serais pas assez dingue pour la foutre à poil et la forcer à passer cette foutue robe.
Et merde ! Les images qui me viennent sont classées X. Je ne suis pas certain d'être à l'heure, si je joue à la poupée avec elle. On va rester un bon bout de temps au lit.
Je fantasme depuis trop longtemps pour résister. Si je la déshabille, je ne saurais pas me retenir. Je lui sauterai dessus.
Il me tarde d'être à ce soir.
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