~Journée~
Dès que je vis 6:00 sur mon cadran, je tombais sur mon oreiller et m'endormît. Cela ne prit même pas une seconde avant que je parte aux pays des rêves, cette fois-ci sans rêves, malheureusement. Je crois que je n'ai plus la capacité de le faire.
Je me réveille alors vers midi avec l'impression d'avoir à la fois couru un marathon et d'avoir dormi comme un bébé. Je tiens encore fermement ma lampe de poche dans ma main. Dans ma tête résonne des rires d'enfant. Mais ce n'est pas dans ma tête, c'est dans la réalité.
C'est Gabriel, mon petit-frère, qui rit dans le couloir. Il y a quelqu'un d'autre avec lui, probablement un autre enfant. Je me lève. Il est déjà temps de reprendre des anti-douleurs. Je tousse un peu et j'ouvre la fenêtre. Le soleil m'aveugle, mais je vois des nuages noirs à l'horizon. Je prends un grand coup d'air frais, malgré que l'atmosphère soit lourde. Il faudrait probablement que j'aille me chercher une pompe à la pharmacie. Mes poumons continuent de me faire souffrir.
Je sors de ma chambre et je vois Gabriel et son ami, je crois qu'il s'agit de Justin, s'amuser près de la salle de bain. En me voyant, les deux s'arrêtent.
-Salut, Reb'!, dit Gabriel en me faisant un grand salut. Bien dormi?
Absolument pas.
-Oui, je mens. C'était pas mal.
-Est-ce qu'on t'as réveillé?
-Désolés si on l'a fait, dit Justin.
-Non, vous en faites pas. Il faut juste que je passe à la salle de bain.
-Allez-y, votre Majesté.
Mon petit-frère fait une révérence. Ça me fait rire. Et ça me rend soudainement triste. Je ne me souviens pas vraiment la dernière fois où j'ai joué avec lui. Je fais une révérence trop exagérée pour rattraper le temps perdu.
-Ô merci, preux chevalier.
Les deux rigolent avant de retourner dans la chambre de Gabriel. J'entre dans la salle de bain et referme la porte. J'ouvre le cabinet et vois qu'il y a une bouteille de médicaments de plus. Tiens, je ne l'avais pas vu cette nuit.
Je la prends, étant trop curieuse, mais elle me glisse entre les doigts. Elle s'écrase sur le comptoir, fait une galipette avant de tomber au sol et rouler sous le meuble de l'évier.
-Merde.
Je me mets à quatre pattes pour voir où elle se trouve, mais aussi pour pouvoir éviter le plus possible la poussière. Ça doit faire une éternité qu'on a pas passé le balai là-dessous.
Le plancher est froid sous ma joue. Mes yeux s'ajustent pour finalement voir la bouteille orange de médicaments juste à côté d'un peu de poussière et quelque chose de vert. Avec un œil.
Je sursaute et me crispe à cette vue, mais en voyant que la chose ne bouge pas, je recommence à respirer. On dirait que la chose est coincée sous le meuble. Je peux voir un œil, un peu de dents, de grosses dents d'ailleurs, et un bras. Peut-être même une oreille de lapin. On dirait un mélange entre une peluche et un animatronic. Dans un sens, la chose ressemble beaucoup à mon oncle dans son costume de lapin jaune, mais cette fois-ci, tout est vert et juste sale en général.
J'approche ma main lentement et attrape doucement la bouteille, de peur de réveiller la chose. Est-ce que je devrais la laisser là ou la sortir?
Quelqu'un cogne à la porte. Je me redresse aussitôt.
-Une minute!
Je me penche à nouveau et voit aussitôt que le truc vert n'y est plus. Aussitôt, je m'imagine dans un film d'horreur: la chose est comme Chucky et elle va me sauter dessus à toute instant pour me trancher la gorge. Super. Je me relève rapidement et ouvre la porte. Derrière se trouve Elliot.
-Salut.
-T'as besoin d'aller pisser?, je lui demande en prenant mes anti-douleurs et en posant la bouteille orange fraîchement ramassée sur le comptoir.
Il secoue la tête et regarde la bouteille.
-C'est des somnifères, ça, non?
-Je sais pas.
Je regarde sur la bouteille et, en effet, ce sont des somnifères. Ils sont aussi à mon nom.
-On dirait que maman me les a pris.
-Sympa. Tu pourras faire des terreurs nocturnes plus longtemps.
Elliot s'accote contre la porte.
-Je voulais te parler à cause de ça, justement, ajoute-t-il.
-Pourquoi?
-Parce que uno t'as failli mourir dans un incendie dans un endroit un peu étrange avec notre oncle probablement un peu psychopathe, dos c'est probablement à cause de ça que tu dors mal et tres Evan est mort une semaine après en avoir fait. Donc disons que si je peux t'aider à pas mourir à la fin de la semaine, ce serait très pratique.
-Je ne vais pas mourir à la fin de la semaine, voyons.
Nous nous regardons un moment et, au fond de moi, je sens tout de même qu'il y a une chance que je ne vois pas la fin de la semaine. Cependant, je la refoule. Mon optimisme doit être plus grand.
-Fantastique, alors, dit Elliot. Si t'as besoin de quelque chose, n'hésite pas.
Il part. Je serre la bouteille dans ma main avant de la regarder à nouveau. Je crois qu'ils vont bien me servir. Je retourne à ma chambre pour les poser sur ma table de chevet avant de me décider à aller manger.
En sortant, je remarque que c'est plus sombre, comme si le soleil était caché par quelque chose. Je lève les yeux et voit, au bout du couloir, quelque chose qui n'a jamais été là. C'est une vieille horloge de grand-père. Faiblement, j'entends son tic tac. Je devine aussitôt que ça doit être une hallucination et c'est ce qui me fige sur place. Que va-t-il se passer maintenant? Qui va sortir d'une chambre pour m'effrayer? D'où cette hallucination est aussi forte pour cacher le soleil?
Elle sonne subitement. Une grosse cloche qui n'a pas l'air de venir du bout du couloir, mais plutôt de juste à côté de ma tête. Je fléchis et ferme les yeux avant de les ouvrir, fruit de mon adrénaline qui a monté en flèche. Il n'y a plus rien. La cloche résonne encore un peu dans mon oreille. Puis, un léger tic tac. Je descends rapidement les escaliers pour m'éloigner du bruit.
En arrivant dans la cuisine, il n'y a personne. Je me prépare des toasts et regarde par la fenêtre de la cuisine la cours arrière. Il y a la remise, une vieille table qu'on utilise souvent pour nos soupers à l'extérieur et un ballon qui traîne. Plus loin, la clôture en bois. Au dessus, les feuilles des arbres. Mes toasts sortent et je les beurre. Je vais m'asseoir à la table.
De la table, je peux voir l'avant de la maison. Il y a beaucoup plus d'action. Au loin, je vois une famille marcher, mais plusieurs enfants jouent un peu partout dans la chaleur du soleil. Le soleil brille, mais il y a tout de même un peu de nuages à l'horizon. Ce sera probablement humide dans les prochaines heures. À l'étage, j'entends encore Gabriel et son ami courir.
Puis, un enfant attire mon attention. C'est Evan. Je le reconnaitrai entre mille, je crois, même si cela doit bien faire dix ans que nous ne sommes pas vus. Il n'a jamais vraiment quitté mon esprit, même si je ne pensais pas souvent à lui. Il marche, l'air sanglotant. Il porte un chandail noir rayé gris et un short bleu. Il marche lentement, observant le sol. Je repense à notre interaction de cette nuit. Est-ce qu'il essaye de me dire quelque chose? De m'avertir d'un danger? Vais-je terminer comme lui?
J'ai l'impression d'être trop rationnelle. Voyons, voir mon cousin mort marcher dehors et l'entendre parler? Des animatronic possédés et qui m'attaquent pendant la nuit? Est-ce que travailler chez Freddy Fazbear m'a rendue folle ou bien ça m'a ouvert les yeux sur la réalité? Comment suis-je si calme alors qu'il y a des fantômes? La jeune moi aurait tellement flippé. Evan sort de mon champ de vision. Peut-être qu'on a encore un album photo qui pourrait contenir des photos de lui.
Mais avant de partir à la recherche de cet album, je vais à l'ordinateur familial pour écrire son nom dans la barre de recherche. Je ne me souviens pas avoir visité sa tombe. "Evan Afton". Je clique sur le premier article qui date d'il y a un bout. C'est pour annoncer sa mort. "Evan Afton, âgé de 8 ans, fils aimé et aimant, laisse dans le deuil son père William, sa mère Clara et son frère Michael en ce début de juillet. Les funérailles se tiendront..." Où est le nom d'Elisabeth? Plus bas, je lis un petit paragraphe poétique. Une tragédie a frappé la famille Afton, ayant déjà perdu leur fille Elisabeth, moins d'un an plus tôt." À leur place, je crois que j'aurais clairement appelé le service à l'aide à l'enfance. C'est bien trop louche cette famille.
Une photo est liée à l'article, montrant mon jeune cousin avec sa tête dépitée. Je reconnais en lui quelques traits de William, voire de mon père, mais il ressemble surtout à sa mère. Je ne sais même pas si Clara est en vie. Ou même si Michael est en vie. Est-ce que maman a autant coupé les ponts avec eux pour nous empêcher de savoir leur mort?
Je me rappelle nos Noëls et autres fêtes passés tous ensemble. J'étais encore jeune lorsqu'Elisabeth et Evan sont morts, environ 9 ans, mais Elliot, Gabriel et moi avions tant de plaisir avec eux. Et ma mère et Clara s'entendaient bien. Je crois qu'elles aimaient toutes les deux la danse. Et je crois aussi que malgré les différents de mon père et de William, ils réussissaient à faire fi de tout cela et à profiter.
Je quitte l'ordinateur pour me rendre à l'étagère où se trouve tous nos albums familiaux. Je prends le dernier encore rempli. C'était souvent mon père qui nous photographiait tous, mais depuis sa disparition, nous n'avons plus réellement utilisé la caméra. Elle doit traîner dans le grenier.
Je feuillette quelques pages avant de tomber sur une photo de mes parents, William, Clara et l'acolyte de William, Henri. Ils sont tous habillés chics. William porte une chemise violette qui se démarque de la chemise orange d'Henri. Dans leurs mains, ils ont tous un verre de vin. Ils ont tous un immense sourire collés au visage. La date n'est pas écrite, mais cela devait être quelques temps avant la naissance de Michael ou d'Elliot.
Je tourne la page. Mes parents se regardent amoureusement dans les mêmes habillements que la photo précédente. Leurs alliances scintillent dans la photo. Il est écrit: « 5e anniversaire de mariage de John Afton et Kate Anderson ». Ils ont l'air heureux.
La photo suivante est celle de William et de Clara. Plus réservés, ils regardent l'objectif, leurs épaules collés. Clara a l'air bien jeune, mais un air triste semble voilé ses yeux. Sa main est posée sur son ventre.
Je tourne plusieurs pages avant de trouver quelques photos de nous enfants et je remarque que nous sommes souvent associés par binômes. Elliot et Michael, Gabriel et Elisabeth. Evan et moi. Une photo retient mon attention.
Nous sommes assis et regardons l'objectif. Je suis à gauche avec de longs cheveux bruns et une frange. Mes taches de rousseur ressemblent à des éclaboussures de peinture que j'exagère en souriant avec mes joues. Je porte un col roulé jaune moutarde, un col roulé que je portais très souvent et qui m'avait apporté le surnom de canard de la part d'Evan. À droite, il se tient bien droit, ses courts cheveux bruns tombant sur son front, faisant éclater la pâleur de son visage. Il sourit de manière carrée, montrant ses dents croches. Il porte le chandail noir ligné gris que j'ai vu cette nuit. « Rebecca, 8 ans. Evan, 7 ans et demi. »
La date indique le mois d'avril. Evan n'était-il pas né fin juin? Je tourne quelques pages, mais Evan ne réapparaît pas. C'est la dernière fois que j'ai dû le voir avant sa mort. Il était si jeune. Et il avait l'air si bien.
Je sors la photo de l'album pour la ramener dans ma chambre. Je range le carnet et retourne à l'ordinateur. Je remarque alors la date qui est indiqué au bas de l'écran. Nous sommes le 16 juillet. Il y a peu de temps, c'était l'anniversaire de mort de mon cousin et je ne l'ai même pas honoré d'une quelconque manière. Je me sens pathétique.
Je recherche sur l'article si le cimetière dans lequel Evan a été enterré est spécifié, mais rien ne sort. Je ne crois pas non plus qu'il est enterré dans cette ville. Il n'y a pas de registre sur le web qui m'indique où il se trouve, même si j'écris sa ville d'origine. Je suis coupée de lui.
Je regarde notre photo et les larmes me montent aux yeux.
-Je suis désolée, Evan, je renifle. Je promets que je vais te trouver, d'une façon ou d'une autre.
Et ce même si je dois désobéir à ma mère et essayer de reprendre contact avec ce côté étrange de notre famille.
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