Chapitre Dix

/!\ Ce chapitre contient un passage de violence. Il sera mis en italique. 

10.

Point de vue de Scarlett

Je suis en attente du psychiatre que je dois consulter. Encore une fois, je suis assise à côté de mon frère. Et ça m'énerve, tout ça. J'en ai marre des salles d'attente. Je n'aime pas le fait que ce soit pratiquement une routine. 

Même si Austin est avec moi, je me sens terriblement seule. Il essaie d'être là pour moi, mais il ne comprend pas ce que je traverse. Il essaie, mais je sais qu'il ne comprend pas. Et maintenant qu'Isabella est partie au Brésil, je suis même seule physiquement. J'aurais voulu qu'elle reste, mais je n'ai pas le droit de me montrer égoïste auprès d'elle. Je m'en serais voulue toute ma vie si elle n'y serait pas allée. 

-Austin? Tu n'as vraiment rien de mieux à faire que rester ici? 

-Non, Chat. Tu es ma sœur et je veux que tu ailles mieux. 

-Je sais... Mais c'est quand même nul de passer des heures dans une salle d'attente alors que tu pourrais être avec Hailey ou même au travail. 

-Chat... Tu fais aussi partie de ma famille, ça ne me dérange pas du tout. Je veux simplement te retrouver. 

-Tu ne m'as jamais perdue, Austin... C'est toujours moi. J'ai juste changé.

Il soupire et passe une main dans ses cheveux.

-Alors explique-moi pourquoi j'ai l'impression que ce n'est pas ça? 

Je ne réponds pas, et la porte du bureau s'ouvre.

-Scarlett Hyland? 

Je me lève et suis l'homme. Une fois dans le bureau, il referme la porte et s'installe derrière son bureau pendant que je prends la chaise juste devant.

-Donc, donc... Votre médecin m'a envoyé votre dossier et je l'ai consulté avant cette consultation. Mis à par votre état de fatigue qui ne semble plus aussi important depuis que vous prenez vos somnifères, vous êtes en bonne santé. Il n'y a vraiment rien d'anormal, chez vous?

-Euh... À vrai dire... Ça fait trois mois que je n'ai pas eu mes règles. Et juste avant que vous me posiez la question, je n'ai pas eu de relations sexuelles avec qui que ce soit. 

-D'accord.

Il prend ça en note.

-Alors, si j'ai bien compris, vous souffrez de problèmes de sommeil. Vous n'avez réellement aucune piste?

Je secoue la tête de droite à gauche. 

-OK... À présent, je vais vous poser quelques questions qui peuvent sembler délicates. Vous n'êtes pas obligée de me répondre si vous ne voulez pas, mais faites-le moi savoir. Vous comprenez?

-Oui.

-Déjà, votre médecin m'a parlé de vos marques, sur les bras. 

-Vous n'y allez pas de main molle... Marmonnais-je.

-Non, en effet, je suis désolé. Pourrais-je les voir, s'il vous plaît?

-En quoi ça a un lien avec mon problème de sommeil?

-Tout comportement anormal dans ce genre peut constituer un élément de réponse. 

Je soupire puis retire ma veste. Je révèle ainsi mes marques fraîchement exécutées hier soir. Il se contente de les fixer. 

-Est-ce que vous vous mutilez ailleurs? 

-Les cuisses... Parfois...

-Quelqu'un dans votre entourage est-il au courant? 

-Non. 

-Je vais être direct: pourquoi faites-vous ça? 

-Ça me permet de me sentir mieux à propos de moi-même. Je ne perds rien du tout à me faire ça et ça me soulage, d'une certaine façon. 

-Vous avez des insécurités à propos de votre corps?

-Comment ne pas en avoir quand une marque affreuse vous traverse le visage? Demandais-je en essayant de ne pas craquer. 

-En parlant de cette cicatrice, justement... Pouvez-vous me dire comment vous l'avez eue? 

-Vous ne pouvez vraiment pas le déduire par vous-même? 

-Oui, mais je peux fournir une hypothèse plus exacte concernant votre situation si je sais un peu plus ce qui vous constitue. 

-Je ne me sens pas prête pour en parler. 

-D'accord... C'est correct. 

Je passe une autre heure dans son bureau à répondre à ses questions. Vu que j'ai un peu froid, je remets ma veste au bout d'un moment. 

-Bien. Maintenant, on va procéder à un petit exercice. L'hypnose.

Je pouffe.

-L'hypnose? Vous plaisantez? J'y crois pas, à ces trucs.

-L'hypnose, ce n'est pas ce qu'on voit avec une personne qui nous fait faire la poule. C'est complètement autre chose. Ça a pour le but de vous apaiser ou... de remonter dans vos souvenirs. Est-ce que vous voulez essayer? On ferait la deuxième option, aujourd'hui. 

-Au point où j'en suis, pourquoi pas?

-Très bien, allez vous allonger là.

Je me lève et m'étend sur ce canapé. Il tire une chaise et se place à une petite distance de moi. Il a quelque chose à la main. J'imagine que c'est le truc que je vais devoir suivre des yeux. Je pouffe, n'arrivant pas à prendre cette activité au sérieux. 

-Vous allez à présent vous concentrez que sur ma voix. Ma voix et rien d'autre. Fermez les yeux. 

Je souffle, puis ferme les yeux. Il parle en me disant de me détendre et j'essaie de le faire. Il me dit de faire le vide dans mon esprit et de me concentrer. 

Et puis, je me revois. Dans un miroir. Mon visage est intact, mais la peur et la nervosité le traversent, je distingue les cernes. Mes cheveux sont ébouriffés. Mes bras sont couverts d'hématomes. Je tremble. Je descends mon regard sur mon bras qui est pratiquement violet. Il y a une corde attachée que je serre au maximum pour faire ressortir une veine. Je plonge une seringue dedans en inspirant et injecte le contenu dans mon corps. J'expire. Je jette la seringue et détache la corde. Ensuite, je me lève en tremblant et fouille dans les tiroirs pour trouver un joint. Je m'empresse de l'allumer et d'inspirer avant de recracher la fumée en toussant. D'habitude, ça me détend, mais en ce moment, j'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie.

Je sursaute et je sens mon regard dériver sur la porte qui vole en éclats.

-Sale pute! T'as encore touché à mes affaires! 

Il se dirige vers moi et je sais que je crie. Il me tire le joint des doigts et le presse contre ma peau. Je crie fort. Ça brûle. Je ne m'habituerais jamais à tout ça. Il finit par jeter le joint et commence à me frapper, partout. Il me jette au sol et me rue de coups de pieds, mon souffle est coupé. 

-Je vais te montrer, moi! 

Il me tire les cheveux pour me relever et je me plains. Je suis complètement à sa merci. Il me balance sur le lit où je commence à tousser pour reprendre mon souffle. Je ferme les yeux tellement fort. Je ne veux pas pleurer. Ça ne donne absolument rien. Personne ne me voit et personne ne m'entend.

-Regarde-moi. 

J'essaie de me relever, mais je n'ai plus de force.

-Regarde-moi, j'ai dit! 

Je sanglote. Je sais que je le supplie de me laisser. 

-Tu l'as cherché, salope! 

Il se jette sur moi et je vois qu'il tient quelque chose dans sa main droite. Un couteau. 

-Non. Non. Pitié! Pitié! 

Il passe la lame dans mon chandail pour l'ouvrir et entaille mon jean, faisant ainsi glisser la lame sur ma peau, ce qui me fait crier. 

-Ta gueule! 

Il me colle une gifle et m'enfonce la lame dans le ventre. Mon souffle se coupe. Ça y est, je vais mourir. 

Il retire la lame d'un seul coup et la brandit devant mon visage. Son visage est déformé par la colère. 

Il s'apprête à me frapper de nouveau avec la lame quand je reviens à la réalité. Je suis assise, je reprends mon souffle, une main sur ma poitrine. Mes joues sont toutes mouillées. 

-Détendez-vous, c'est fini, c'est fini. Inspirez profondément. 

C'est ce que je fais. Je ne pensais jamais avoir à revivre cette soirée. Cette soirée qui a changé le reste de ma vie. 

-Ne... Ne me faites plus jamais ça... Murmurais-je. 

-Je n'ai pas le contrôle sur les souvenirs que vous allez voir, malheureusement. Ça aurait pu être un souvenir heureux comme celui que vous venez de revoir. J'en suis profondément désolé. Par contre, il y a un positif.

-C'est quoi?

-D'après ce que je viens de voir, vous avez subi un traumatisme. Plutôt violent. Je ne sais pas ce que c'est, mais il doit y avoir une corrélation avec votre problème de sommeil.

-Non... Ça ne peut pas être ça. Je ne fais pas de cauchemar à ce sujet. Et ça fait partie de mon passé, je m'en suis remise.

-Être dans le déni ne vous aidera pas. Écoutez, nous allons prendre rendez-vous deux fois par mois. Et pour la prochaine année, je vais continuer à vous prescrire des somnifères. Seulement, vous devez les prendre qu'en cas de besoin. Si vous arrivez à vous endormir sans en avoir pris, arrêtez d'en prendre. OK?

-OK...

Il me fait ma prescription et me la tend. 

-Vous allez prendre rendez-vous avec ma secrétaire, à l'entrée.

-Parfait.

-Et passez une bonne fin de journée.

-Oui, vous aussi. 

Je quitte le bureau et retourne voir Austin. On se dirige à l'entrée et je prends à nouveau rendez-vous. Une fois que c'est fait, nous passons par la pharmacie prendre ma nouvelle prescription et Austin vient chez moi.

-Allez, raconte-moi. Qu'est-ce qu'il t'a dit? Me dit-il quand nous sommes placés à table.

Je hausse les épaules.

-Chat... 

-Il a déduit que si j'ai des problèmes de sommeil, c'est à cause de ce qui s'est passé il y a trois ans. Donc un rendez-vous toutes les deux semaines et encore des somnifères le temps que je réussisse à m'endormir par moi-même. T'es content, là? 

-En vérité, non. Si c'est vraiment ça, je suis vraiment fâché que cet abruti ait encore autant d'influence sur toi. 

-Austin... Il est en prison, désormais. Il ne pourra plus jamais me faire quoi que ce soit. 

-Tu veux savoir? J'aurais préféré le savoir mort pour tout ce qu'il t'a fait. 

-La mort n'est pas la solution... Ce qui est arrivé est arrivé, c'est tout.

-Ça aurait pu être évité. Je vais m'en vouloir toute ma vie de pas t'avoir protégé de ce type. 

-Écoute... Ce qui est arrivé n'est pas de ta faute. Tu n'y es pour absolument rien. C'est moi qui étais trop naïve...

-Tu étais amoureuse, Chat. Rien de tout ça n'était de ta faute. 

Il attrape ma main et je la serre. Je me sens pleurer. 

-Austin... 

-Tu veux que je dorme ici cette nuit?

-S'il te plaît. J'ai besoin de mon grand frère. 

-Je reste, dans ce cas. Par contre, je te préviens, je dois partir tôt demain matin pour aller travailler. 

-Je comprends. On regardera des films toute la soirée.

-Laisse-moi deviner: Garfield?

Je hoche la tête vivement en riant. Austin connaît mon amour pour les chats et il sait que Garfield est mon film préféré. 

-Prépare le film, je me charge du pop-corn.

Je vais dans la cuisine nous préparer du pop-corn. Quand c'est fait, je retourne dans le salon et le vois avec mon portable dans la main.

-Qu'est-ce que tu fais? Lui demandais-je en m'asseyant à côté de lui.

-C'est qui ce River? 

-Oh. C'est un collègue. Pourquoi? 

-Il vient de t'envoyer un message.

-Oh, c'est vrai? Fais voir.

Il me redonne mon portable et je lis son message. Il m'invite à passer chez lui quand il le sent: notamment, vendredi dans deux semaines, parce qu'il organise une soirée jeux de société avec ses colocs. 

-Il t'a dit quoi?

-Il organise une soirée jeux de société dans deux semaines. Je suis invitée.

-OK, ON va y aller.

-Comment ça "on"?

-Si tu y vas, je viens aussi.

-Austin... Tu vas pas encore me faire le coup du grand frère surprotecteur, là? 

-Un garçon t'a invitée chez lui. Je vais m'assurer qu'il soit correct avec toi. 

-C'est qu'un collègue! Il veut devenir ami avec tout le monde, au boulot, alors fais-toi pas une arrière-idée. Il nous a sans doute tous invités. 

-Mouais, j'suis pas convaincu. Je viens et c'est tout.

-Comme tu voudras. Dis-je, complètement découragée. 

On lance finalement le film et je me concentre sur Garfield qui n'apprécie pas Odie. 


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Comme ça fait un bon moment que je n'ai pas publié ici, j'ai pensé que ça vous ferait plaisir d'avoir pas un, mais deux chapitres, aujourd'hui! 

J'espère donc qu'ils vous ont tous les deux plu! :) 

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