Chapitre 1

Mix Editions vous propose de découvrir gratuitement le premier chapitre de ce roman.

Nick n'était pas à l'aise avec les hétéros. Il ne l'avait jamais été. Ou peut-être était-ce le contraire ? Peut-être que les hétéros ne se sentaient pas à l'aise avec lui ? Ce n'était pas qu'il ne les appréciait pas. Vraiment. Nick n'était pas du genre à généraliser, à se dire que les amateurs de nanas n'étaient qu'une bande d'homophobes enragés. C'était même le genre de procès d'intention qui lui tapait sur le système. Il n'en demeurait pas moins un peu méfiant depuis qu'un certain nombre de séjours prolongés à l'hosto lui avaient laissé quelques mauvais souvenirs.

Du coup, Nick préférait vivre sa vie emmailloté dans le confort douillet de la communauté gay. Il était bien conscient de tout ce que cet entre-soi avait d'artificiel et de limité. Mais ça lui donnait une impression de sécurité. De l'eau avait pourtant coulé sous les ponts depuis les premières agressions, alors qu'il n'était encore qu'un ado mal dans ses baskets. Entre temps, il avait appris à se défendre. Ce qui ne lui semblait pourtant pas une raison suffisante pour tenter le diable.

Donc, s'il devait dresser le bilan : Nick achetait ses fringues dans des boutiques tenues par des vendeurs gays, fréquentait des salons de coiffure gays, des bars et des boîtes gays, s'adonnait à sa séance de muscu hebdomadaire dans une salle de sport gay... En bref, une petite vie placée sous le signe et la protection de l'arc-en-ciel.

Et à sa grande surprise, il semblait bien que Nick se soit dégoté le seul comptable gay à des bornes à la ronde. Il fallait pourtant y mettre du sien vu le coin paumé où il habitait depuis quelques années ! Dire qu'il ne l'avait même pas fait exprès...

Comment l'aurait-il pu d'ailleurs ? En fouillant le net ?

« Homme gay, 40 ans, cherche comptable, de préférence gay également, pour développer son activité de vente par correspondance. »

Pas sûr que Google aurait trouvé beaucoup de résultats pertinents. Enfin tout était possible sur Internet... Peut-être même qu'un esprit tordu avait eu l'idée de mettre en ligne un site de rencontre dans ce genre-là.

Adopte-ton-comptable.co.uk ?

Sexanalytics.com ?

Non, même lui n'était pas assez secoué pour ça...

Toujours est-il qu'en prenant rendez-vous par téléphone avec Nathaniel Charrington, deux semaines plus tôt, Nick ne s'était pas attendu à cet accueil. Il s'était imaginé un vieux hibou, bigleux et un peu chauve. Évidemment, sa taille épaisse serait moulée par l'inévitable chemise blanche. Et il y aurait le costume... Ce foutu costume bleu marine ou noir. Pire qu'un croque-mort.

Quoique ? Lequel des deux jobs était finalement le plus chiant ? Croque-mort ou comptable ? Le premier était peut-être plus fun, du moins à l'époque où les mecs croquaient encore. Ça devait faire un drôle d'effet au vrai-faux macchabée de se réveiller en sentant un type lui boulotter l'orteil !

Mais, à la grande surprise de Nick, Nathaniel Charrington ne ressemblait pas le moins du monde à un croque-mort. Le type face à lui devait avoir peu ou prou son âge. Donc plus jeune que ce que Nick avait escompté. A contrario, l'innommable costard de pingouin était là. Et bien là ! Mon Dieu, ces rayures...

Un petit ventre dépassait également de sous sa chemise. Bon, rien d'aussi dramatique que dans ses cauchemars, Nick devait bien l'admettre. C'était même plutôt mignon. Ça allait bien avec le visage poupin et les grands yeux doux cerclés de lunettes. Lesquels yeux s'étaient arrondis comme des soucoupes lorsque Nick avait fait son apparition. Il devait bien se l'avouer : c'était flatteur de faire encore autant d'effet à un type. Pas qu'il passât inaperçu en temps normal, mais tout de même...

Nick n'avait jamais froid, ce qui lui permettait d'exhiber en permanence les tatouages japonais qui recouvraient ses bras et tenaient souvent lieu de manches. Si on y ajoutait sa crête de cheveux rouges, il attirait naturellement les regards. La curiosité et la surprise, il s'y était donc attendu, voire préparé. Ce qu'il n'avait pas vu venir, c'était le rouge qui était monté aux joues de l'autre homme une fois la stupéfaction passée.

La bouche légèrement entrouverte, celui-ci avait détaillé son nouveau client de la tête aux pieds, incapable de s'en empêcher. Nick l'avait vu rater une déglutition et s'y reprendre à deux fois. Puis tout s'était arrêté. Nathaniel Charrington avait rougi comme une pucelle, détourné le regard et lui avait finalement bafouillé de s'asseoir.

Et Nick en était resté comme deux ronds de flan : il venait de surprendre son comptable en flagrant délit de matage. À le mater lui ! C'était certain puisqu'ils étaient seuls dans le cabinet. Nick s'était retourné pour vérifier...

Il se sentait un peu bête. Mal à l'aise aussi... Or si Nick avait horreur d'une chose, c'était bien de ne pas savoir comment réagir. Du coup son cerveau s'emballait et partait en vrille.

Exactement ce qui était en train de se produire...

Combien de temps avait-il plané ? Difficile à dire. Un petit moment à en juger par le regard bleu posé sur lui. Son vis-à-vis arborait désormais une expression interrogative. C'était toujours la même rengaine : les gens finissaient fatalement par regarder Nick de cette manière quand il laissait son cerveau l'entraîner n'importe où. Hyperactif. C'est le mot que les toubibs avaient balancé à ses vieux quand il était gosse. Maintenant, le terme politiquement correct était TDAH. Ces putains d'acronymes. La nouvelle mode... Nick, lui, n'aimait pas les acronymes. Ces saloperies pouvaient signifier tout et n'importe quoi. De toute façon, il existait toujours tout un tas de mots et de sigles permettant de pointer ce en quoi il n'était pas normal...

Il y avait eu « cancre » avec ses premiers instits. S'ensuivit « hyperactif » donc. Et finalement TDAH. Plus tard encore, il y avait eu « PD ». Son préféré... Et encore, ça, ça n'était pas une maladie, quoi que puissent en penser certains. Donc cette fois, si Nick n'était pas normal, c'était bien de sa faute. Le prétexte rêvé pour ses vieux qui avaient enfin pu se débarrasser du poids mort.

Nick réalisa qu'il devait vraiment faire un effort de concentration lorsque les sourcils de son comptable se froncèrent. L'homme se racla la gorge.

— Monsieur Holloway ?

— Hein ? Oh oui, j'suis là... J'adore la déco ! Très classe...

Nick se leva de son siège pour pointer une peinture accrochée au mur. Marcher l'aidait à se concentrer. OK, pas totalement. Mais au moins un peu. Il jeta tout de même un œil au tableau pour se donner une contenance. Sans doute une reproduction. Plutôt pas mauvaise pour être tout à fait honnête. Une jolie forêt aux teintes d'automne. Une femme en crinoline se baladait au milieu des feuilles mortes. Un artiste russe du XIXe à en juger par la technique et la signature à peine lisible dans le coin inférieur droit.

Nathaniel Charrington le fixait toujours, sans doute pour essayer de déterminer à quel point cet hurluberlu allait lui faire perdre son temps. Au bout d'un moment, il pencha la tête sur le côté, comme si ce simple geste avait le pouvoir de décrypter le mystère Nicholas Holloway. Et au grand étonnement de ce dernier, les yeux bleu tendre ne se teintèrent pas d'agacement, mais plutôt d'une pointe d'humour.

— Vous savez, en général, les gens sont nerveux avant de voir un psy ou un huissier. Rarement un comptable...

Le sourire en coin qui creusait une fossette sur sa joue était tout bonnement adorable. À croquer, en vérité. En d'autres circonstances, Nick aurait sans doute sauté sur l'occasion de le manger tout cru. Les gentils garçons n'étaient pas franchement son genre, mais il commençait à se prendre de l'âge. Il y avait bien longtemps que personne ne l'avait regardé comme ça...

Cependant, Nick avait appris à contrôler cette pulsion qui le poussait à remercier tous les hommes lui démontrant un peu d'intérêt. Donc hors de question de faire du gringue à monsieur le comptable ! Et puis il avait besoin de finir ce fichu bilan financier avant que les impôts ne lui tombent dessus. Cette pensée lui permit de se recentrer.

— En fait, vous devriez être beaucoup plus nerveux que moi ! dit-il.

— Ha oui ?

— Une fois que j'aurai tout déballé, vous n'aurez sans doute pas assez de la table pour vous occuper de mon cas...

Quand les yeux de l'autre homme s'écarquillèrent avant de devenir vagues, Nick réalisa le double sens involontaire de sa phrase. Il s'empressa alors de brandir la sacoche dans laquelle il avait entassé pêle-mêle tous les papiers liés à sa société, juste histoire de dissiper le malentendu. En guise d'excuse, il offrit un sourire penaud à son vis-à-vis.

— Bien, se reprit rapidement ce dernier. Expliquez-moi d'abord ce qui vous amène.

— En fait, je suis en train de lancer ma boîte. Je vends du matériel de tatouage aux professionnels. Sauf que les chiffres et moi, ça n'a jamais été une grande histoire d'amour. J'ai... hum... un peu de mal à me concentrer de manière générale, mais c'est encore pire avec ces saloperies de nombres. Tout ce qui implique quelque chose de plus complexe qu'une addition dépasse mes compétences.

— C'est le cas de beaucoup de monde, répondit Nathaniel.

Un sourire rassurant adoucit les courbes rondes de son visage. Maintenant qu'il se retrouvait en terrain familier, le comptable semblait avoir regagné son assurance. Son expression s'était faite encourageante. D'un geste de la main, il indiqua à Nick de se rasseoir. À sa propre surprise, ce dernier s'exécuta et réussit à tenir en place sur la chaise sans se tortiller.

— Bon, commençons par regarder ensemble ce que vous avez amené comme papiers...

Nick acquiesça et récupéra la sacoche abandonnée un peu plus tôt au pied de sa chaise. Le sourire de Nathaniel Charrington se fendilla quand il l'ouvrit et qu'un flot de documents en plus ou moins bon état en jaillit. Nick lui offrit une moue embarrassée.

— Il se pourrait que j'aie entassé tout ça un peu comme ça venait, expliqua-t-il. Et maintenant que les impôts arrivent, je ne comprends rien à ce qu'ils me demandent...

— Seigneur, souffla Nathaniel en avançant la main vers la sacoche. C'est...

— Le plus innommable foutoir que vous ayez jamais vu ? proposa Nick.

Personne ne pourrait dire qu'il n'était pas conscient de ses torts. Ni de ses défauts...

— Non, ça va juste demander un petit travail de tri. Rien de dramatique...

Nick scruta son comptable et comprit que le mec n'en pensait pas un mot. Sa manière de se mâchonner la lèvre inférieure montrait à quel point il redoutait déjà l'ampleur de la tâche. Pour se détourner du geste hypnotique qui attirait fatalement ses yeux vers la bouche de Nathaniel Charrington, Nick s'efforça de plaisanter.

— Je ne suis pas très doué avec les papiers non plus...

À sa grande surprise, ce fut un léger sarcasme qui échappa à l'autre homme.

— Au moins, vous avez le sens de l'euphémisme... Bon, voyons ça.

Sans plus attendre, Nathaniel se saisit de la sacoche dont il commença à extraire le contenu. Il entreprit de trier méthodiquement les documents pour établir quelques piles nettes sur son bureau. Qui ne tardèrent pas à grossir. Exponentiellement. Nick le regardait classer sans rien dire, s'efforçant du mieux qu'il pouvait de ne pas sauter sur ses pieds pour marcher de long en large.

Nathaniel s'interrompit soudain et remonta ses lunettes sur son nez.

— Dites-moi, vous avez bien démarré il y a six mois ?

Nick ne pouvait qu'acquiescer. Par contre, pour ce qui était de la date exacte... Ah si ! Il avait fêté ça en ajoutant un motif de plante grimpante sur son omoplate droite. Ça devait être un mardi alors. Jil, son tatoueur attitré, le prenait toujours le mardi. Les autres jours, Nick ne pouvait pas et, le mercredi, Jil allait voir son copain au parloir de la prison. Une rixe dans un bar, de ce que Nick en avait compris. Une histoire bien merdique. Dommage. Ce mec avait vraiment un beau cul. Qui pouvait dire tout ce qu'il allait subir en taule ?

Une main ferme s'agita face à ses yeux.

— Monsieur Holloway ? Vous êtes avec moi ?

— Oh oui... Je cherchais simplement à me rappeler de la date. Et puis j'ai pensé que j'avais été me faire tatouer ce jour-là, et... C'était bien il y a six mois, précisa-t-il avant de s'interrompre.

Nat, – Non ! Nathaniel Charrington. Qui donc abrégeait le prénom de son comptable à la première rencontre ? – n'avait pas l'air bouleversé par l'avalanche de détails qu'il s'apprêtait à donner. Alors Nick se tut. Putain, il devait vraiment se concentrer ! Mais ce type avait le don de lui embrouiller le cerveau. Comme si son abruti d'encéphale ne taillait pas déjà des 400 mètres haies tout seul !

— Donc... Vous avez démarré il y a six mois. Et quand avez-vous trié vos papiers pour la dernière fois ?

Dans le silence qui suivit, on n'entendit que le tic-tac de l'horloge pendue au mur.

— Il y a six mois ? proposa Nick en battant des cils.

OK, à entendre le soupir désespéré que poussa Nathaniel, ça n'était sans doute pas la bonne technique pour l'amadouer.

— Mais je peux apprendre !

Le comptable haussa un sourcil dubitatif. Celui-ci monta si haut qu'il déborda largement de la sobre monture noire de ses lunettes. Il se pencha à nouveau sur les papiers.

— Pour tout vous avouer, je ne sais même pas par où commencer... Hum, peut-être par vous demander si cette facture de chez... Sushi Palace passe dans vos frais professionnels ?

Ce disant, l'homme brandit une note de restaurant passablement gondolée. Nick la regarda sans comprendre pourquoi il avait pu la garder. Puis il se rappela que Mike, le serveur de l'endroit, avait griffonné à la hâte son numéro de téléphone après une rencontre plutôt sympathique dans les toilettes pour hommes. Apparemment Nathaniel n'avait pas non plus manqué le « appelle-moi, l'étalon » qui précédait les quelques chiffres.

Nick se surprit à rougir devant ce regard qui ne contenait pourtant pas le moindre jugement. Il se saisit précipitamment du papier et le froissa.

— On va oublier celle-ci, hein ?

Nathaniel soupira avant d'enlever ses lunettes pour se masser l'arête du nez entre le pouce et l'index.

— Monsieur Holloway, je m'en voudrais de me montrer désagréable, mais ne croyez-vous pas qu'il aurait été opportun de procéder à ce petit tri avant notre rendez-vous ?

Nick voulut répondre, mais tout ce qu'il put voir ce fut le bleu des yeux de Nat. Celui-ci n'était plus dissimulé derrière les verres un peu épais de ses lunettes. Il était très doux, ce bleu. Pour un peu Nick l'aurait comparé à ces pubs pour de l'assouplissant. « Senteur Marine », ou une connerie du genre. Ou à une layette. Mais ni l'un ni l'autre n'étaient très flatteurs. Alors il allait devoir se dire que le bleu tendre était sans doute une couleur, quoi qu'en disent les nuanciers.

C'était la première fois depuis bien longtemps que des yeux bleus ne lui rappelaient pas ceux de Buster. Nick ne ressentit même pas la pointe de douleur et de culpabilité qui ne manquait jamais de l'assaillir quand il pensait à son ex. À vrai dire, le bleu tendre de Nathaniel n'avait rien à voir avec un certain bleu glacier. Les yeux du comptable étaient calmes et posés, et ne contenaient aucune trace de cette colère qui rôdait toujours sous la surface dans ceux de Buster.

Au contraire, ce regard donnait envie à Nick d'y plonger pour s'en envelopper. De s'y blottir. Au calme. Ce qui était plus que surprenant. Nick n'était jamais calme. Ou alors quand il était malade. Ou stone. Mais jamais une telle paix ne l'avait envahi au simple contact de quelqu'un d'autre. Aussi son cerveau se permit-il encore une fois de le coller dans une merde noire. Pas de filtre, pas de barrage, rien... La vérité toute nue, sortie d'une partie primitive et incontrôlée de son foutu crâne.

— Montrez-moi... Je suis sûr que si vous me donniez quelques cours particuliers, en privé, juste vous et moi, j'arriverais à me concentrer !

Dès qu'il eut prononcé ces mots, Nick plaqua une main horrifiée devant sa bouche.

Et merde ! Mais qu'est-ce qui lui avait encore pris ?

Il n'en savait foutre rien. Pas plus que son vis-à-vis apparemment, puisque celui-ci en resta sans voix. Nick se sentit devenir écarlate et la brûlure de l'humiliation monta en lui. Et pourquoi Nathaniel s'occuperait-il de son cas, hein ? Outre le sous-entendu graveleux sur lequel Nick préférait faire l'impasse, sa proposition impliquait que Nathaniel perde des heures et des heures à former un abruti comme lui. Sans compter qu'il risquait sûrement d'énerver l'autre homme qui le verrait alors tel qu'il était et...

Non ! Oubliez ce que je viens de dire ! Oubliez tout. C'est une mauvaise idée. Vous savez quoi ? Je vais me débrouiller autrement ! Je vais regarder sur internet. Je vais trouver sur internet, non ? Enfin si Google arrête de me noyer de pubs pour des sites de cul... Oh, merde ! Je viens vraiment d'avouer que la pub ciblée me propose uniquement des trucs pornos ? À mon comptable ? Enfin ex-comptable, parce que dès que j'aurai réussi à fermer cette foutue sacoche, je vais vous laisser... Je me suis suffisamment humilié comme ça, non ? Je suis sûr que vous êtes d'accord avec ça.

— Monsieur Holloway, tenta de l'interrompre Nathaniel.

Mais Nick refusa de croiser son regard et se contenta d'un geste lâche de la main. Il continua de remballer ses affaires à toute vitesse, entassant pêle-mêle tout ce qui avait déjà été trié.

— Ouais, je sais, je suis un peu timbré. Faites pas gaffe. Bon, je vais vous laisser. Pour régler, je vois avec votre charmante réceptionniste ? Enfin si on excepte les socquettes blanches... Merci de m'avoir reçu.

Quand la fermeture de sa sacoche accepta enfin de lui obéir, Nick s'enfuit sans demander son reste. Il fit volontairement l'impasse sur la voix de Nathaniel qui ne cessait de l'interpeller et se jeta sur la porte du bureau pour le quitter telle une tornade. Passant en trombe devant le comptoir de la secrétaire, il ralentit à peine pour y déposer deux billets de cinquante livres.

Pourvu que ça soit assez...

— Gardez la monnaie ! dit-il avant de s'enfuir comme s'il avait le diable aux trousses.

Il traversa le parking en un temps record. Son entraîneur serait fier de lui. Il allait devoir lui en parler la prochaine fois qu'il irait à la salle de gym.

Oh putain ! Oh putain ! Oh putain !

Pour couronner ce fiasco, la fermeture de la sacoche bondée venait de le lâcher. Pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ? Nick voyait sa voiture, bordel ! La portière du vieux pick-up était presque à portée de main.

Il eut soudain envie de tout planter là. Mais la pensée des impôts, que son esprit matérialisait sous la forme d'un vautour particulièrement agressif et déplumé, l'en empêcha. Qui savait quel genre de papier vital pour ces charognards se trouvait dans la corolle de feuilles en train de prendre la flotte à ses pieds ? S'il les abandonnait là, il voyait déjà taxe-raptor fondre sur lui, becs et griffes en avant. Pas que Nick ait déjà eu affaire à une attaque de vautour. Il ne pouvait donc qu'extrapoler. Mais dans ce genre de situation, son imagination était toujours prompte à lui fournir tout un tas de détails dérangeants.

Il se pencha et commença à rassembler les feuilles le plus vite possible, les entassa encore plus en vrac que la première fois. Froissées. Bouchonnées. Déchirées... Nick aurait de la chance si c'était encore lisible.

— Attendez, laissez-moi vous aider, dit une voix très douce juste au-dessus de son épaule.

Avec l'histoire des papiers fugitifs, Nick en avait presque oublié qu'il était poursuivi. L'interruption le fit sursauter et il dut se retenir au bas de pantalon du nouvel arrivant pour ne pas tomber. Comme s'il ne s'était pas déjà suffisamment donné en spectacle...

Il se confondit en excuses.

— Oh, damned, je suis désolé !

— Il n'y a pas de mal...

Comme promis, Nathaniel Charrington s'accroupit et commença à aider Nick à rassembler les papiers. Il ne fit aucun commentaire sur son comportement ridicule. Ridicule ? Encore un euphémisme, oui... En cherchant à éviter une humiliation, Nick s'était creusé une tombe deux fois plus large et au moins trois fois plus profonde.

Que quelqu'un vienne la reboucher et qu'on en finisse, nom de Dieu !

Il n'en pouvait déjà plus de ce silence et du crissement aigrelet des feuillets.

— Vous devez penser que je suis timbré, finit-il par dire. Et vous avez raison. Je suis désolé, je...

— Je ne pense pas que vous soyez timbré, le coupa gentiment Nathaniel.

Il souriait par-dessus ses lunettes et Nick eut envie de fixer indéfiniment cette moue amusée sur son visage.

— Toqué alors ?

— Non plus.

— Frappadingue ?

— Toujours pas...

— Complètement baisé de la caisse ?

— Je vais être à court de négations avant que vous le soyez de synonymes si on doit continuer longtemps comme ça.

Nick le regarda, surpris, avant de se mettre à glousser.

— Vous êtes marrant... Pour un comptable, je veux dire.

La moue de Nathaniel se fit taquine et un petit rayon de soleil vint jouer avec ses mèches brunes. Ainsi éclairées, elles n'avaient plus l'air aussi ternes et ennuyeuses qu'à l'intérieur, piégées par les lumières artificielles.

— Je ne sais pas comment je dois le prendre...

— Non, je ne voulais pas... Et merde ! Vous voyez ? Je ne suis même pas capable de faire un compliment correctement !

— C'est ce qui vous rend plus drôle que 100 % de ma clientèle.

— Sérieux ? Tu dois vraiment t'emmerder alors ! s'exclama Nick sans même avoir conscience de la familiarité du ton.

— Ça m'arrive, répliqua très doucement Nat, un fin sourire étirant le coin de sa bouche. Mais pas aujourd'hui...

— Je te promets que j'ai un mot du médecin, plaisanta Nick. Je ne suis pas dangereux.

— Ça, ça reste à prouver, articula Nathaniel après un petit moment de silence.

Nick déglutit péniblement. Et voilà qu'il recommençait ! Nat était encore en train de le mater. Ça le mettait un peu mal à l'aise sans qu'il sache trop pourquoi. Nick aimait être regardé. Adoré, quand l'occasion se présentait. Il n'était juste pas habitué à ce qu'un intérêt sincère se mêle au désir.

Quand sa main rencontra celle de Nat sur la dernière feuille restée au sol, il n'essaya pas de dégager ses doigts. Très doucement, un index curieux remonta le long du sien. De la pulpe de son doigt, Nat s'attarda sur le dos de sa main et fit rouler les veines saillantes. Plus haut, il trouva le creux flexible du poignet, là où démarraient les tatouages de Nick.

Le doigt inquisiteur traça les contours d'une carpe koï dont la nageoire caudale constituait un bracelet tracé à même la peau. Nick retourna obligeamment son bras pour que l'autre homme puisse continuer à redessiner l'encre de son épiderme. Quand celui-ci s'attarda au creux de son coude, Nick soupira et battit des paupières pour s'efforcer de les garder ouvertes.

Cela sembla ramener Nat à la raison. Il rompit le charme en retirant précipitamment sa main. L'homme assuré qui semait ses caresses avec sensualité s'envola. Ne demeura qu'un comptable rougissant. Dépité, Nick aurait voulu secouer son compagnon pour qu'il libère à nouveau son alter ego, celui qui n'avait pas peur de le toucher. Celui dont le regard bleu venait de hurler à Nick qu'il était magnifique et désirable tel qu'il était.

— Je suis désolé, bafouilla cependant Nathaniel.

Il ramassa la dernière feuille et la rangea dans la sacoche. Nick se rendit alors compte que Nat avait profité de sa distraction pour remettre un semblant d'ordre dans celle-ci, défroissant et alignant le tas de papiers. Nick fixa un moment la liasse aux contours nets. Non, ce type était décidément trop bien pour lui... Même pas en rêve. Même pas pour cinq minutes.

Le gentil comptable était à dix mille lieues de tous les bad boys que Nick avait l'habitude de fréquenter. Il allait lui faire du mal. Il allait le décevoir. Son putain de cerveau allait encore foutre la merde.

Instable. Il était juste instable...

Un putain de patchwork. Des bouts de Nick. Des bouts de vies. La sienne et celle des autres. Le tout balancé en vrac pour former un ensemble dénué de toute cohérence. Tout l'inverse de ce gaillard aux courbes douces et aux yeux simples qui le regardait avec une tendresse inédite.

Nick avait envie de rester. Il avait envie de se vautrer dans cette douceur. Il avait envie de s'enfuir. De baiser un, deux ou trois gars dans des backrooms bien moites pour oublier. Ou pour se rappeler que les mecs comme lui ne devraient jamais rêver de ramener les petits comptables trop mignons dans leurs cottages.

Visiblement, Nick avait envie de tout et son contraire.

— Je vais y aller, dit-il en se redressant. Merci pour tout.

Nat se releva à son tour, précipitamment, comme s'il avait peur de voir ce beau papillon s'envoler loin de lui dans son tourbillon de couleurs.

— Ma proposition tient toujours si tu veux. Je peux t'expliquer comment te débrouiller avec tout tes papiers...

Nick jeta un drôle de regard à la sacoche et la balança dans sa voiture qu'il venait de déverrouiller. Le sac heurta le bord de la banquette et pendouilla quelques interminables secondes avant de se stabiliser sur le cuir écorné. Nick contempla cet équilibre précaire avec ironie. Pour tout dire, il ne se sentait pas beaucoup plus vaillant.

Mieux valait garder le dos tourné pour balancer sa triste vérité.

— Laisse tomber. Je suis un bon coup, mais un mauvais plan...

Une exclamation outragée s'éleva de la bouche de Nathaniel. Nick s'attendait à ce que le mec recule et s'en aille en secouant la tête, déçu mais sauf. Pourtant, quelques secondes plus tard, Nathaniel lui saisissait le bras pour l'inciter à se retourner. Le geste était étonnamment doux, contrairement au regard bleu qui se ficha dans celui de Nick.

Nathaniel avait l'air en colère. Peut-être vexé, blessé même. Le mieux serait une pointe de jalousie... Nick aurait vraiment adoré voir ce type trembler de rage à la pensée de tous ceux qui avaient posé la main sur lui.

Et voilà qu'il partait encore en cacahuètes... Qu'est-ce que Nathaniel Charrington pouvait bien en avoir à secouer de ce que Nick faisait de son cul ? Pourtant...

— Tu proposes une partie de jambes en l'air à tous les mecs qui te rendent service ?

Nick avait envie de boire la raucité de cette voix. De se baigner dans la pointe de rage qui faisait briller les yeux bleus. Il décida de la nourrir.

— De moins en moins. Faut dire que je vieillis aussi...

Pour seule réponse, Nat grogna et plaqua un peu plus fort le corps de Nick contre la portière. La sensation de la poignée s'enfonçant dans ses côtes attisa la colère de celui-ci.

— T'es en train de me faire la morale, là ? Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ?

— Et si c'était le cas ? Et si je te faisais la morale ? gronda Nat. Et si je te disais que je n'aime pas ce genre de mecs ?

Pour une fois dans sa vie, Nick retint un instant les mots qui lui brûlaient les lèvres. Il devait peser le pour et le contre avant de... Et puis merde... Avec son foutu cerveau, ça finirait par sortir de toute façon. Il était qui il était. Si Nathaniel qui ne le connaissait pas depuis plus d'une heure ne pouvait pas encaisser cela, il n'avait qu'à courir après quelqu'un d'autre. Un confrère comptable peut-être. Un gay bien sous tous rapports. Le gendre idéal...

Nick décida de pousser l'autre homme dans ses retranchements. Après tout, celui-ci ne s'était pas privé pour envahir son espace. Et même sa tête...

Il savait exactement comment s'y prendre pour faire fuir ce gentil comptable bien trop parfait pour s'enquiquiner avec un type dans son genre. Nick n'était jamais à court de coups bas. Et puis ça n'était pas comme si Nat n'était pas de mauvaise foi, après tout...

Se penchant vers l'avant, il enfouit son nez juste sous l'oreille de Nat et y passa la langue. La saveur salée de la peau douce le frappa juste avant que sa victime recule un peu, pas suffisamment pour le lâcher mais juste assez pour échapper à la provocation. Nick le retint pour murmurer ces mots directement contre sa peau :

— Si tu faisais ça, je te dirais déjà que ce ne sont pas tes oignons. Mais aussi que tu es un hypocrite, monsieur le comptable. Tu me sers ton beau discours avec ta queue dure contre ma cuisse...

— Ce n'est pas ce que...

Nick rugit férocement et agrippa le sexe tendu. Sous le pantalon de toile, il pulsa dans sa main, long et tiède. Nat battit des paupières tandis qu'un gémissement lui échappait. Ce son suffit à réveiller l'excitation de son tourmenteur. Nick ignora cette brusque pulsion. Mieux, il la repoussa. Il n'avait pas fait ça pour satisfaire son désir, juste pour démontrer qu'il n'avait aucun scrupule.

— Ce n'est pas ce que je crois ? gronda Nick. C'est ce que tu allais dire ? Tu me proposes toujours de m'aider ?

D'une main ferme, Nathaniel chassa les doigts de Nick de son sexe. Puis il rassembla ses esprits avant de parler.

— Oui. Je veux toujours t'aider.

— Et tu n'as pas envie de moi ? susurra Nick en plaquant étroitement leurs deux corps l'un contre l'autre, déterminé à mettre son compagnon face à ses propres contradictions.

— Tu sais bien que si...

— Alors tu te contredis, mon tout beau. Je croyais que je n'étais pas censé m'envoyer en l'air avec tous les mecs qui me filent un coup de main ? Ou bien ça ne vaut pas pour toi ? Tu es fourbe, monsieur le comptable...

— C'est l'un ou l'autre, répondit fermement Nathaniel qui s'empara alors des hanches de son compagnon pour l'immobiliser.

Nick resta interdit avant d'éclater d'un rire aigu.

— Tu me demandes de choisir ? Soit tu m'aides, soit tu me baises ?

Le mot cru – à moins que ça ne soit l'image – fit rosir Nat. Il hocha pourtant fermement la tête. Nick sentit son excitation et sa rage décroître de concert, comme une baudruche trop gonflée dont on relâche soudain la fermeture. Il pencha la tête sur le côté – un geste qu'il venait d'emprunter à Nat – et passa délicatement son pouce sur la lèvre inférieure, décidément trop mâchonnée, de son compagnon.

— Tu es un drôle de type, Nat.

— Et c'est toi qui me dis ça ? répondit-il presque tendrement.

Nick fut distrait un instant quand Nat déposa un petit baiser mouillé sur le bout de son doigt. Il devait pourtant revenir à la question qui le tourmentait déjà.

— Et si je veux les deux ?

Nat fronça les sourcils tout le temps qu'il étudia l'expression de Nick.

— Tu veux les deux ? Ou tu te sens obligé de me remercier ?

La subtilité était-elle vraiment importante ? À en juger par l'expression orageuse de Nat, oui... Importante. Vitale même. Si Nick se gourait dans la réponse, son gentil comptable allait se tirer. Le planter là. C'était évident. Alors Nick se concentra comme jamais. Ou en tout cas comme il ne l'avait plus fait depuis le jour où ses parents l'avaient foutu dehors et qu'il avait dû décider seul quoi faire de sa vie.

Est-ce qu'il avait l'impression de devoir quelque chose à Nat ? Non. Enfin, du moins pas encore. Qui pouvait dire de quoi il en retournerait quand le mec se serait farci toute sa paperasse ? Et est-ce que Nick avait assez envie de ce type pour l'entraîner chez lui, même si Nat décidait qu'il ne voulait plus s'emmerder avec son foutoir ? Définitivement oui.

Parce que des comptables, gays ou pas, il pourrait sans problème en dégoter d'autres. Il paierait ce qu'il faudrait. Mais des yeux bleu tendre « parfum fraîcheur marine » ? Nan, décidément, ça ne se trouvait pas à tous les coins de rue. Alors il pouvait au moins lui proposer d'aller dîner, non ? Ça n'engageait à rien un dîner ? Même pas à une petite gâterie de remerciement, du moins pas selon le dernier manuel de séduction que Nick avait parcouru à la gare, pour se distraire entre deux trains.

Ouais, il allait faire ça... Demander à Nat de le retrouver dans un lieu civilisé où ils pourraient envisager d'échanger un peu sur leurs parcours, leurs âges, leurs hobbies et toutes les conneries dont on parle à un premier rancard. Le genre de truc qui vous évite de sauter tout de suite – et à pieds joints s'il vous plaît – dans le lit d'un type qu'on connaît depuis vingt minutes à tout casser.

Mais avant ça, Nick crevait d'envie de céder à une de ses légendaires impulsions. Parce qu'il y avait le velouté de cette joue un peu ronde qui le tentait depuis que Nat était venu se glisser à portée de main. Nick ne rêvait plus que d'y laisser courir ses doigts. Juste histoire de voir si elle était aussi douce qu'il l'imaginait. De toute façon, il n'avait jamais été très doué pour se retenir de tripoter tout ce qui passait à sa portée. Peut-être que pour une fois, cela n'entraînerait pas de sanction. Peut-être même que c'était une bonne idée. La meilleure de la journée. Avec le dîner bien entendu...

Alors Nick se laissa aller et traça les traits de Nat, très doucement, reproduisant les gestes d'un aveugle. Et ce fut là que le miracle se produisit. Quand Nat se pencha pour frôler très timidement et très brièvement ses lèvres, le cerveau de Nick se mit en veilleuse. Pour la première fois de sa vie. Pas d'explosion dans tous les sens. Pas de considérations sur la technique de Nat. Sur son corps pressé contre le sien. Nada. Rien. Que dalle...

Juste la bouche tendre et câline qui effleurait la sienne avec une révérence que Nick était loin de mériter. Comme s'il était un objet précieux et très fragile. Quand son compagnon s'écarta, un peu rouge et adorablement embarrassé par son propre geste, Nick retrouva toute son énergie d'un coup. Il savait exactement ce qu'il voulait. Ce dont il avait besoin. Et comment l'obtenir.

Pas pour satisfaire quelqu'un d'autre ou pour essayer de se faire accepter. Non, juste pour lui. Rien que pour lui. Et si les impôts se mettaient en travers de son chemin, il se pourrait bien que le vautour rôti se retrouve au menu du dîner.

— Laisse tomber les papiers, c'est un mauvais plan. Par contre, je suis un très bon coup, fanfaronna-t-il en attirant Nat contre lui.

Ce dernier commença par froncer les sourcils avant de comprendre que Nick plaisantait. Un petit sourire moqueur plissa le coin de sa bouche et ranima l'adorable fossette sur sa joue. Nick eut envie d'y passer la langue, mais se retint pour laisser parler son compagnon.

— Tu es sûr ? Je ne voudrais pas que tu me voles sur la marchandise.

— On pourrait commencer par aller dîner alors ? J'ai bien deux ou trois idées...

Nat sourit et resserra son étreinte autour du corps ferme de Nick.

— Ça me semble parfait, répondit-il très doucement. Tu penses à quoi ?

La moue la plus machiavélique que Nat ait pu voir de sa vie apparut sur le visage de Nick.

— Tu as déjà plumé du vautour ?

Nat éclata de rire sans vraiment chercher à comprendre. Mais n'était-ce pas là tout son charme ? De sourire aux pitreries de Nick comme s'ils se connaissaient depuis toujours ? Comme si ses bouffonneries avaient un sens...

Il relâcha finalement Nick pour lui ouvrir la portière, un geste d'une galanterie un peu désuète qui semblait pourtant si naturelle chez lui.

— Non, jamais. Mais je serais très heureux que tu me renseignes sur ta méthode, répondit-il de sa voix douce alors que Nick s'installait au volant. Ce soir, dix-neuf heures, au pub sur Lexington ?

— Juste pour dîner, précisa Nick sans grande conviction.

Mais il ne pouvait pas non plus laisser Nat se faire des idées. Et si ça ne collait pas ? Et si, au lieu d'amuser Nat, Nick commençait à lui taper sur le système au bout d'une heure. Et si... Et si...

Et si c'était lui qui risquait d'y laisser des plumes ? Qui s'emballait pour rien ?

— Ce soir, juste pour dîner, répondit fermement Nat. Pour le reste, on aura tout le temps d'aviser demain soir. Comme ça, je pourrai te dire ce que j'ai pensé du vautour rôti.

— Demain soir ? souffla Nick sans trop y croire.

Nat hocha la tête en souriant tendrement.

— Hum, oui demain soir. Et quelques autres si tu veux bien. Je doute de réussir à élucider le mystère Nicholas Holloway en une seule soirée.

Ce fut une sensation très douce et très calme – étonnamment calme – qui envahit Nick en entendant ces mots. Pleine d'un espoir qu'il ne s'était plus autorisé à ressentir depuis... au moins des lustres. Et un lustre durait une sacrée éternité. De toute façon, Nick n'avait jamais été très bon non plus avec les unités de mesure. Ça restait des chiffres.

— Tu es décidément un type bizarre, monsieur le comptable.

— Tu me l'as déjà dit, souffla Nat.

— Je pense que tu n'as pas fini de l'entendre.

— C'est la meilleure nouvelle de ma journée, répondit Nat avec la plus grande douceur.

Nick rougit un peu en comprenant le sous-entendu qui s'était une fois de plus glissé dans sa phrase sans même qu'il le remarque. Mais après tout, cela avait l'air de ravir Nat.

— À ce soir, alors.

Retrouvez l'intégralité du roman sur http://boutique.mix-editions.fr/ (format numérique et broché) ou sur Amazon, Kobo... Ainsi qu'en commande dans toutes les librairies.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top