#3- Enfant gâté

« Capitaine des chevaliers-mages ? ça sonne comme un truc bien chiant.
Meleoleona Vermillion »

Quartier général du Lion Flamboyant.

Dès l’apparition des premiers rayons du soleil, c’est la même routine. Lorsque Fuegoleon n'est pas en mission, il entraîne Leo de très bon matin et je dois les regarder faire.

Ils ne sont pas les seuls à s’entraîner aussi tôt dans la compagnie. C’est juste que le domaine aux alentours du QG est énorme et tout le monde s’y met dans son coin.

Nous sommes actuellement dans la cours principale, mais personne ne viendra nous déranger. Pourquoi ? Parce que les membres du Lion Flamboyant ont une haute estime de la famille Vermillion et ils n’osent pas déranger Fuegoleon et Leo. Ils les respectent trop pour ça.

Leo a un très grand potentiel et Fuegoleon est bien déterminé à l’aider à le développer. Moi, je ne fais que les regarder depuis la terrasse, juste après les escaliers principaux.

Je m’ennuie.

— Tu ne t’entraînes pas avec tes frères ?

C’est bien la première fois que quelqu’un vient regarder leur entraînement. Et cette personne c’est :

— Eliot-senpai.

— Bonjour Fleon. Tu es bien matinale.

— Bonjour.

Il vient se mettre à côté de moi et regarde lui aussi Fuegoleon et Leo. Me souvenant de sa question, je me décide à lui répondre.

— Je ne fais que les regarder.

— Tous les matins, je te vois te diriger vers la cours avec eux. Tu ne fais toujours que les regarder ? Pourquoi ?

Ce qu’il peut être envahissant avec ses questions. Pourquoi devrai-je lui répondre ? Bon. La journée vient à peine de commencer, je n’ai pas envie de m’énerver si tôt le matin.

— Fuego-… Le capitaine s’est toujours occupé de l’entraînement de Leo et ce depuis qu’on vivait encore au château. Même s’il était déjà chevalier-mage, Fuego-… Le capitaine nous rendait souvent visite à l’époque et prenait le temps d’apprendre de nouvelles choses à Leo.

— Tu sais, tu peux appeler le capitaine par son prénom comme tu as l’habitude de le faire. Rit-il. Je ne dirai rien. Même Leo l’appelle tout le temps grand-frère.

Et pourtant c’est le même Leo qui m’a demandé de l’appeler capitaine…

— Et toi, tu les regardais toujours comme ça depuis tout ce temps ?

— Oui.

— Pourquoi ?

J’en avais pris l’habitude, mais je pense qu’il y avait une autre raison.

Ah, ça me revient.

C'est Fuegoleon qui m'a demandé de toujours les regarder s'entraîner.

Parce qu'il sait que je ne veux pas m'entraîner avec eux, et il ne veut pas m'y obliger.

Ça remonte à l’époque de mes sept ans. J’étais exactement comme Leo à l’époque. On admirait tous les deux Fuegoleon. Avec à peine un an de différence, on a pratiquement grandis ensemble. Lorsque Fuegoleon a commencé à entraîner Leo, il m’a également prise sous son aile et on s’entraînait tous les trois ensembles.

Un sourire nostalgique me vient lorsque je repense à cette époque.

Un sourire qui se dissipe très vite, lorsque je sens mon bras et ma main droite picoter sous mes vêtements.

Ma main gauche vient, par réflexe, se poser sur celle de droite. Ma main droite que je garde toujours sous un gant, qu’il fasse chaud ou froid. Tout le monde a sûrement dû le remarquer, que je ne porte toujours qu’un gant, sur ma main droite.

— Un souvenir douloureux ? Me questionne Eliot. Désolé de t’avoir fait rappeler de mauvais souvenirs.

— Non. Tu ne pouvais pas savoir.

— Fleon !

Fuegoleon nous interrompt et me demande de descendre vers eux. Je m’excuse un instant devant Eliot et je descends dans la cours. Leo est extrêmement épuisé et Fuegoleon n’a même pas l’air de s’être échauffé.

— Qu’y-a-t-il grand-frère ?

— Leo doit se reposer un instant, tu ne voudrais pas me servir de partenaire en attendant ?

La réponse ne me vient pas facilement. Ma main gauche s’accroche rapidement au gant que je portais sur l’autre main qui commençait à me démanger. Geste qui n’échappe pas du tout à Fuegoleon. Je baisse honteusement mon regard.

Je n’ai vraiment rien à faire dans cette famille ni dans cette compagnie.

— Tu t’es servi de ta magie sans aucune hésitation lorsque vous étiez à Sossi. M’explique Fuegoleon. Leo m’a également dit que  tu t’es servi du sort que tu avais appris en le regardant.

— Pardon.

Un violent coup sur mon crâne me force à détacher mon regard du sol pour affronter le sien. Je déteste les coups de Fuegoleon… Encore quand j’étais petite il se retenait, mais maintenant… Je ne peux retenir une goutte de larme glisser sur ma joue.

— Pourquoi tu t’excuses ? Me hurle-t-il presque. Je ne te réprimandais pas, au contraire. Tu as su faire abstraction de tes problèmes personnels sur le terrain afin de protéger les villageois et tes camarades chevaliers-mages. Tu n’as aucune raison de t’excuser !

— Oui, grand-frère.

— Bien, maintenant, lance-moi ton sort le plus puissant !

Ah… Je ne peux plus lui dire que je n’ai pas envie de m’entraîner maintenant.

Il prend une certaine distance de moi et me lance un regard de défis. Je ne peux pas refuser. Mon grimoire s’ouvre devant moi et s’arrête à une page. Quand je pense que je n’en suis encore qu’aux premières pages, et pourtant mon grimoire est si épais… Ça va me prendre une éternité pour le remplir de sorts.

— Magie de création de flammes, Sol Linéa !

Un rayon de feu fonce tout droit vers Fuegoleon. Rayon qu’il bloque facilement avec un bouclier de flammes.

Je n’aime pas du tout l’expression de colère qui se dessine sur son visage.

— Fleon ! Tu appelles ça ton sort le plus puissant ? Concentres-toi au maximum lorsque tu lances un sort !

— Oui grand-frère !

— Allez, recommence !

J’ai dû recommencer plusieurs fois, jusqu’à ce que Leo ne se soit suffisamment reposé pour revenir vers nous. Lorsqu’il se rapproche et aborde Fuegoleon, je décide de m’éclipser discrètement. Chose que Fuegoleon remarque… Toujours…

— Fleon, nous n’en avons pas encore terminé ! Si tu as encore du mana en réserve, nous poursuivrons ! Tu n’as pas de mission aujourd’hui, alors donne tout ce que tu as maintenant.

Finalement, j’ai fini par m’entraîner avec mes frères durant toute la matinée.

Ah…

Cette famille sérieux…

***

Ayant perdu du temps pour reprendre une douche, lorsque je me dirige vers la cafétéria, presque tout le monde a déjà terminé de manger. Mon appétit disparaît aussitôt dès que mon regard tombe sur de la viande… Trop de viande… Si tôt dès le matin…

Ça m’a coupé l’appétit.

Je sursaute quand je sens une main se poser sur mon épaule venant de derrière moi.

— Fleon, je te cherchais.

— Fuegoleon… Qu’est-ce qui se passe grand-frère ?

— Viens, suis-moi.

Je le suis jusqu’à son bureau. De quoi veut-il me parler ? Est-ce que j’ai fait quelque chose de travers ? Non. Je pense m’être tenue bien à carreau ces derniers jours. Alors, quoi ?

Il ouvre la porte de son bureau et m’invite à entrer la première. J’entre et je remarque qu’un petit déjeuner pour deux était déjà préparé sur le petit séjour près de sa bibliothèque.

Je lui jette un regard interrogateur et il m’invite à prendre place.

— Tu n’as pas encore pris ton petit déjeuner me semble-t-il.

— Oui.

En plus il avait fait en sorte qu’il n’y ait que les plats que j’aime. De la pâtisserie et du thé avec du miel. Quel jour sommes-nous ? Serait-ce mon anniversaire et j’ai oublié ? Non. Je viens de le fêter il n’y pas si longtemps donc c’est autre chose.

Mon appétit revient sur le coup et je m’étonne d’apprécier ce que mange, pour une fois.

Ça va être une bonne journée aujourd’hui !

— Fleon.

Sa voix n’est plus aussi sévère que d’habitude. Preuve qu’il s’adresse à moi en tant que frère et non en tant que capitaine.

— Je te présente mes excuses pour t’avoir forcé à t’entrainer tout à l’heure.

— Non, ça va ne t’excuses pas pour ça.

— Je t’avais pourtant promis de ne pas t’y obliger. Que j’attendrai que tu me redemandes de t’aider à t’entraîner à nouveau.

Il s’arrête un instant pour boire son thé. Il reprend aussitôt.

— Mais Fleon, tu dois faire un effort à partir de maintenant. Je sais que c’est encore difficile, mais tu dois savoir que tu es un chevalier-mage désormais. Tu devras affronter le danger un jour ou l’autre, comme tu as d’ailleurs pu le constater lors de ta première mission.

— Je sais.

— Nous ne sommes que tous les deux ici. Tu peux ôter ton gant s’il te gêne.

Après une seconde d’hésitation, je le retire tout doucement. Faisant apparaître une vilaine cicatrice de brûlure sur toute la surface de ma main droite. En vérité, cette cicatrice recouvre également tout mon bras et remonte jusqu’à mon épaule droite.

Tout le monde pensait que j’étais gauchère de naissance. Ce qu’ils ne savaient pas, c’était que j’étais obligée de le devenir. Ils n'avaient pas remarqué que jusqu'à l'âge de sept ans j'étais droitière.

Suite à un accident survenu lors de mon enfance, mon bras droit en entier s’est retrouvé brûlé au troisième degré, voire pire d'après ce que m'ont raconté mes parents. Il paraît qu'on a  faillit m'amputer le bras parce que personne n'était parvenu à éteindre les flammes. C'est Fuegoleon qui est parvenu à le faire et m'a sauvé.

J'ai mis énormément de temps pour guérir et réutiliser mon bras droit à nouveau.

— Tu te tiens souvent la main droite. Elle te fait encore mal de temps en temps ?

— Ça picote légèrement lorsque je me rappelle de cet incident.

Oui.

La personne qui m’a fait cette blessure, n’est autre que moi-même.

Durant un entraînement habituel avec mes frères, j’ai subitement perdu le contrôle et mes flammes se sont retournées contre moi. C’était horrible. Je ne ressentais pas encore la douleur, mais la vue de ma peau qui partait presque en lambeaux et sentir l’odeur… J’ai perdu connaissance ce jour-là et je ne me suis réveillée que quelques jours après cet incident.

J’ai commencé à changer ensuite.

J’ai arrêté de m’entraîner et j’ai commencé à agir comme une fille de bonne famille ordinaire. J’ai commencé à porter des robes, à m’intéresser la mode, j’essayais de ne plus penser au monde des chevaliers-mages.

Pourquoi ?

Parce que je ne voulais plus en devenir une.

Pourquoi ?

Parce que je hais mes pouvoirs.

Malheureusement, en tant que membre de la famille Vermillion, je devais intégrer une compagnie de chevaliers-mages à l’âge où j’obtiendrai mon grimoire. C’est pourquoi je voulais choisir une compagnie où j’aurai pu me tourner les pouces, mais au final je suis ici.

— Je n’ai pas envie de t’obliger à t’entraîner en te donnant des ordres. C’est en tant que frère aîné que je te le demande : Fleon, tu dois commencer à t’entraîner avec les Lions Flamboyants, pour mieux maîtriser tes pouvoirs et devenir plus forte.

Aah…

Moi qui pensais que cette journée allait bien se dérouler.

Je ne sais pas ce qui me prend aujourd'hui. Moi qui suis incapable d’aller à l’encontre les décisions de Fuegoleon… Voilà que je suis en train d’ôter ma cape de chevalier-mage, sous ses yeux, pour le jeter sur le sol.

— Tu m’as toujours dis que tu attendrais. Que tu veillerais sur moi jusqu’à ce que j’ai surmonté cette épreuve…

Ce doit être de la colère. Ou alors une grosse crise d’adolescence. Quoiqu’il en soit, je savais que Fuegoleon me le demandait pour mon propre bien. Et pourtant...

— Si c’est comme ça je quitte le Lion Flamboyant ! Je te faisais confiance ! Je te déteste !

Ce que je peux être têtue et égoïste. Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. En vérité je ne pourrai jamais détester Fuegoleon. Jamais.

C’est comme ça que je me suis ruée hors du QG, sans adresser la parole à qui que ce soit. Je quitte le QG sans me retourner.

Sans avoir de destination.

Ce que je peux être stupide parfois. Je me suis mise moi-même dans le pétrin.

Bon...

Que dois-je faire maintenant ?

NDA:

Et hop, c'est le moment où je perds tous mes lecteurs parce que l'héroïne est chiante XD

Ne partez surtout pas. Fleon a encore beaucoup de choses à apprendre et c'est maintenant que tout va réellement commencer.

Mes abonnés sur Instagram l'ont déjà vue, mais voilà à peu près à quoi ressemble Fleon dans ma tête :

Elle a les yeux violets comme Fuegoleon. Et c'est la seule à avoir les cheveux courts. J'ai fait un dessin en entier aussi, mais c'est encore trop tôt pour le mettre ici ☆~(ゝ。∂)

🌟Hoshi_steph🌟

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top