Chapitre 2

Les jours suivants s'étaient un peu mieux passés. Mingyu faisait des efforts pour que tout se passe bien, il essayait de participer aux exercices et de faire ce qu'on attendait de lui. Wonwoo était content de voir qu'il faisait des efforts et même Yoo Kihyun avait reconnu que ce changement d'attitude apportait du bon à la caserne.

Pendant une pause, il avait vu Mingyu interagir avec Jihoon, et c'était pour lui demander des conseils, ce qui toucha particulièrement Wonwoo. L'attitude un peu hésitante de Mingyu était attendrissante et ceux qui leur jetait des regards furtifs pensaient de toute évidence la même chose.

Mingyu mangeait désormais avec tout le monde, et bien qu'il restait distant, c'était plus simple qu'avant de lui faire la conversation. Junhui semblait être celui de qui Mingyu s'était le plus rapproché. Il n'était pas rare de les voir discuter entre deux exercices ou deux interventions. Même s'il restait distant et en révélait peu sur lui, Mingyu était plus ouvert, plus amical, moins sur ses gardes. Et c'était déjà du progrès.

Si ça continuait d'évoluer comme ça, Mingyu serait bientôt prêt à réaliser sa première intervention. Et en attendant, les exercices et entraînements s'enchaînaient.

Ce matin-là, Kihyun avait décidé de reprendre toutes les bases et de faire passer à Mingyu le même test qu'il faisait passer à tous les pompiers avant de les envoyer en intervention pour la première fois.

C'était un test qui évaluait à la fois les compétences apprises pendant les entraînements - on allait pas envoyer en intervention un pompier qui n'a pas les bases des premiers soins- et la condition physique, qui pouvait être déterminante dans certaines interventions.

Wonwoo avait eu pour ordre de briefer Mingyu et de lui expliquer comment les choses allaient se passer.

— Bon, aujourd'hui, comme tu l'as compris, c'est un jour important pour toi en tant que pompier. Tu vas passer les tests qui décident de la possibilité pour toi de participer aux interventions. Je pense que tu vas bien t'en sortir, mais tu sais qu'ici on veut des résultats concrets, une preuve que tu sais faire avant de te mettre en situation réelle.

Mingyu l'écoutait attentivement, et s'était contenté d'hocher la tête en guise de réponse. Wonwoo avait alors continué à expliquer.

– Le test va se faire en deux parties. On va d'abord t'évaluer en terme de condition physique, histoire de savoir si tu as ou non les capacités physiques requises dans ce métier. Et après ça on évaluera tes compétences à proprement parler dans différentes situations que tu devras traiter et dans lesquelles tu devras agir comme si c'était une situation réelle.

— On va avoir des collègues qui vont agir comme des blessés ou ce sera juste des mannequins?

Mingyu semblait craindre la réponse de Wonwoo. Il avait peur d'avoir l'impression de revivre le drame de l'année précédente.

— Pour certaines situations on aura de vraies personnes qui agiront comme des blessés. De toute manière tu risques d'y être confronté rapidement, si tu passes le test et que tu le réussis, tu viendras en intervention avec nous.

— Et si je réussis pas les tests?

— On continuera de t'entraîner jusqu'à ce que tu sois prêt à partir en mission.

Mingyu détourna le regard. Il sentait la pression monter en lui et aurait honte de perdre ses moyens. Il voulait réussir et prouver à son père qu'il n'était pas un incapable parce qu'il avait choisi des voies et des centres d'intérêts différents. Il devait réussir. Wonwoo posa une main sur son épaule, lui adressant un sourire confiant.

— Je crois en toi. Je suis sûr que tu vas assurer. Tu t'es entraîné comme tout le monde, je vois pas pourquoi tu n'y arriverais pas.

La gorge de Mingyu était nouée par le stress et il se contenta d'hocher la tête en guise de réponse. Il n'avait aucune envie de parler. Wonwoo allait dire autre chose, mais Kihyun appela Mingyu pour le début des tests avant qu'il n'ait le temps d'ouvrir la bouche. Il se contenta alors de lui adresser un sourire encourageant avant d'aller rejoindre le reste du groupe.

Il était confiant quant aux résultats du test, quasiment certain que Mingyu obtiendrait le droit de partir avec eux en intervention. Il l'observa alors qu'il réalisait le test physique, impressionné par le niveau athlétique qu'il montrait. Il devait admettre qu'il ne s'attendait pas à ce que Mingyu soit aussi sportif et qu'il entretienne autant son corps, quand il s'était mis torse nu parce qu'il avait trop chaud, beaucoup l'avaient regardé avec les yeux ronds comme des soucoupes.

Au premier abord, Mingyu était le cliché du gosse de riche, de celui qui n'est pas habitué au refus et qui se croit un peu tout permis. Mais Wonwoo avait vite réalisé que son attitude n'avait rien à voir avec ça. D'ailleurs, rien ne laissait entendre qu'il était plus riche qu'eux. Il était toujours venu habillé simplement et n'avait pas une manière particulière de parler.

Wonwoo garda les yeux rivés sur lui alors qu'il enchaînait les tests les uns après les autres. Mingyu s'en sortait plutôt bien, pour ne pas dire très bien.

S'il s'en sortait aussi bien pendant les autres tests de compétences, il n'allait pas tarder à faire son baptême du feu.

C'était un moment que toute l'équipe attendait avec impatience à chaque fois qu'une nouvelle recrue arrivait à la caserne. Quand il n'y avait pas d'autres interventions ensuite, une fête était donnée dans la caserne. Officiellement, c'était juste un petit verre entre collègues, mais il y avait en fait toujours un petit bizutage. Certains pourraient trouver ça cruel, mais pas Wonwoo, tant que ça restait raisonnable et que ça ne mettait personne en danger.

Ce genre de rites de passage était courant, et Mingyu y était déjà préparé. Il savait que ça se passait comme ça à peu près partout et redoutait ce que ses collègues avaient préparé. C'était une des raisons pour lesquelles il n'avait pas voulu travailler, au départ, mais son père ne lui avait pas laissé le choix. Il lui avait dit que ce n'était pas une bonne chose pour lui de rester enfermé chez lui. Mais qui était-il pour prétendre le connaître et savoir ce qui était bon ou pas pour lui, quand tout ce qu'il avait fait était le corriger avec violence à la moindre incartade?

Depuis qu'il avait eu cette conversation avec Wonwoo, il s'était décidé à réussir. Pas pour plaire à son père. Non. Pour lui. Pour mener sa propre vie, indépendamment des désirs de ses parents. Wonwoo avait raison, le reste du groupe pouvait être sa famille s'il décidait de leur laisser une chance.

Et puis il valait mieux se trouver ici, à agir pour sauver des vies plutôt qu'être comme son père à toujours prendre des décisions en fonction de l'argent et de la richesse. Il était une meilleure personne que lui. Et plus il passait de temps à la caserne, plus il se rendait compte que c'était un métier fait pour lui.

Wonwoo avait tenu sa promesse implicite de le guider, et plus il s'habituait à la vie dans la caserne, moins il voulait la quitter. Il se sentait bien plus à l'aise et à sa place ici que dans le luxueux penthouse de ses parents. Et au moins, il pouvait se rendre utile à autre chose plutôt qu'à servir de décoration à ses parents.

Il commençait à s'attacher à ses collègues, en particulier à Junhui, avec qui il avait beaucoup en commun. Wonwoo avait remarqué leur proximité, et ça lui faisait plaisir de voir que les choses semblaient être en train de s'arranger.

La suite de la journée ne fit que confirmer ce que Wonwoo pensait: Mingyu était prêt à rejoindre l'équipe à proprement parler, à faire autre chose que se tourner les pouces dans la caserne. Les évaluations avaient confirmé son intuition et il était temps d'accueillir Mingyu comme il se devait.

Un simple échange de regards avec Junhui lui avait fait comprendre comment la soirée se terminerait – à quatre pattes au sol après avoir bu une quantité un peu excessive de soju - et avec un Mingyu qui ferait enfin partie de l'équipe à proprement parler.

Kihyun l'annonça formellement à Mingyu, mais il était évident qu'il n'avait pas eu besoin de cette annonce pour comprendre ce qui était en train de se passer. Il était en train d'officiellement devenir sapeur-pompier. Il allait partir en intervention avec eux. Il allait sauver des vies. Il allait montrer sa valeur à son père qui le prenait pour un incapable parce qu'il avait passé des mois à combattre le deuil et la dépression au lieu de travailler comme une machine.

Wonwoo était fier des progrès qu'il avait fait. Mingyu avait encore un long chemin à parcourir, mais il avait la volonté de changer, et ça, ça faisait déjà beaucoup. Tout allait s'arranger pour Mingyu, maintenant. Il était entre de bonnes mains. Wonwoo avait bien l'intention de le sortir de la situation inconfortable dans laquelle il se trouvait avec ses parents.

Il était hors de question que Mingyu se laisse traiter comme de la merde par son propre père alors qu'il tenait tête à tout le monde ici. Ce problème que Mingyu avait avec l'autorité, il devenait nécessaire de le résoudre. Et ça commençait par l'aider à équilibrer sa relation avec sa famille. Il n'interviendrait que si Mingyu lui demandait explicitement, mais il voulait l'aider à réaliser que personne n'avait le droit de le traiter de cette façon, qu'il méritait mieux. Il comprenait bien que le père de Mingyu n'était pas des plus sympathiques avec son fils et ça ne lui plaisait pas.

Wonwoo était bien placé pour avoir conscience de l'importance de la famille dans l'éducation d'un jeune homme. Il avait dû élever seul son frère Bohyuk après que sa mère soit morte et son père tombé dans l'alcoolisme alors qu'il n'avait que dix-sept ans. Bohyuk avait quatorze ans. Et il était parti en vrille après tout ça.

La même chose aurait pu arriver à Mingyu, avoir des parents trop stricts n'était en rien mieux que de ne pas en avoir vraiment. Tout ce qu'il avait vu dans le comportement de Mingyu lui criait qu'il avait besoin d'aide, même si le concerné n'était pas forcément prêt à l'admettre.

Il l'aiderait comme il pourrait, tout en restant professionnel. C'était quand il était confronté à ce genre de personne qu'il ne regrettait pas d'avoir poursuivi ses études de psychologie malgré qu'il avait toujours voulu devenir pompier. Il avait compris des choses que Mingyu ne lui aurait sûrement jamais dit de vive voix.


La soirée battait désormais son plein, et l'alcool coulait à flots pour ceux qui n'étaient plus d'astreinte. Mingyu ne s'était pas privé d'arroser ça, célébrant son entrée officielle dans la section. Il avait hâte d'enfin attaquer le vrai travail. Si on lui avait dit un mois plus tôt qu'il se passionnerait pour le métier de pompier, il aurait ri au nez de la personne. Mais il devait bien l'admettre maintenant, il avait trouvé sa voie.

Dès le lendemain, il prendrait ses fonctions en tant que sapeur-pompier. Et il avait hâte de l'annoncer à sa famille, bien qu'il savait déjà comment ça se passerait. Son père se montrerait dédaigneux alors même qu'il était celui qui l'avait envoyé ici, et sa mère continuerait de le comparer à son demi-frère. Chan avait déjà bien avancé dans sa vie malgré qu'il était de deux ans son cadet. À peine bachelier, Chan comptait intégrer une université prestigieuse et poursuivre des études de marketing dans l'intention de lancer sa propre entreprise.

Il avait reçu les compliments de toute la famille pour ça, tandis que Mingyu était relégué au second plan. Pendant longtemps, ça l'avait blessé, mais désormais, il suivait les conseils de Wonwoo et se concentrait sur lui-même. Après tout, il était le personnage principal de sa vie. 

Il ne pensait même pas à sa famille alors qu'il s'amusait avec ses collègues, faisant connaissance avec tout le monde. Sa proximité avec Junhui s'était renforcée, et il semblait plus ouvert avec les gradés qui assistaient à la soirée. Même Kihyun avait pu lui parler en récoltant autre chose qu'un hochement de tête ou une réponse monosyllabique.

Wonwoo l'avait approché un peu plus tard dans la soirée, alors qu'ils commençaient tous les deux à être un peu éméchés. Mingyu avait été beaucoup plus tactile qu'à l'accoutumée, et si Wonwoo était peu habitué à ce genre de démonstrations d'affection, ça ne voulait pas pour autant dire qu'il n'aimait pas ça.

Il appréciait les câlins de Mingyu autant que ceux de Junhui, et ça le touchait que le plus jeune se sente suffisamment à l'aise avec lui pour agir de cette façon. D'autant plus qu'il était alcoolisé. Il avait vu suffisamment de gens alcoolisés pour savoir que certains d'entre eux se tournaient vers des personnes en qui ils avaient confiance.

Wonwoo ne dit rien, se contentant de le serrer contre lui un moment à chaque fois que Mingyu venait se coller à lui. Seungcheol lança un regard furtif vers lui, un sourire entendu aux lèvres.

Merde, il va se faire des idées...

Wonwoo secoua la tête, comme pour lui faire comprendre - ou plutôt essayer de lui faire comprendre- qu'il n'y avait rien entre eux. Mais le sourire de ce dernier ne s'effaça pas alors qu'il se penchait vers sa femme, lui faisant part de la situation.

Cette dernière lâcha un petit rire amusé. Décidément, le lieu de travail de son mari ressemblait parfois plus aux feux de l'amour qu'à une caserne qui préparait des hommes et des femmes à sauver des vies. C'était toujours amusant - mais parfois embarrassant- d'entendre les ragots sur les collègues de Seungcheol, qu'elle connaissait pour la plupart personnellement.

Et cette potentielle amourette naissante allait apporter un peu de fraîcheur à la discipline stricte de la caserne. Seungcheol était venu parler à Wonwoo un peu plus tard, quand un Mingyu ivre mort eut trouvé quelqu'un d'autre à prendre pour sa peluche, en l'occurrence, Soonyoung, un autre des nouveaux arrivants.

— Alors, on a quelqu'un dans le viseur, Wonwoo-ya?

Son ton doucereux et taquin ne présageait rien de bon. Seungcheol allait sans doute le taquiner longtemps à ce sujet, voire même pire, jouer les entremetteurs. Wonwoo n'avait aucune envie de ça, là maintenant, tout ce qu'il voulait c'était aider Mingyu, pas le sauter! Mais le sourire idiot que Seungcheol arborait laissait clairement entendre qu'il allait beaucoup le charrier par rapport à leur proximité.

— Non, Cheol. Je suis pas intéressé par plus que de l'amitié avec lui. Il est mignon mais entre lui et moi ça peut pas marcher.

— Yah bien sûr que si, les opposés s'attirent. Et je voudrais pas trop m'avancer, mais il a l'air d'être plutôt intéressé. Et je sais qu'au fond tu l'aimes plus que ce que tu devrais.

— Je veux pas m'attacher à lui et tu sais pourquoi.

Le ton sec de Wonwoo fit disparaître le sourire taquin qu'il y avait sur le visage de Seungcheol à peine quelques secondes auparavant. Ses sourcils se froncèrent alors qu'il croisait le regard de son ami.

— Wonwoo, tu sais bien ce que j'en pense. Tu t'empêches de vivre et tu te fais du mal pour rien. Il n'aurait pas voulu ça.

Le regard de Wonwoo était glacial, et il serra le poing, la mâchoire crispée pour éviter de dire quelque chose qu'il pourrait regretter. Il ne voulait pas blesser Seungcheol, d'autant plus qu'au fond, il savait qu'il avait raison. Il devrait tourner la page et aimer quelqu'un d'autre. Mais il n'y arrivait pas. Il ne pouvait pas oublier Jinki, qui avait été la seule personne qu'il avait vraiment aimé, et qui l'avait aimé en retour. Le seul qui avait su briser ses barrières et qui l'avait vu pour ce qu'il était, pas pour ce qu'il prétendait être.

Aimer Mingyu? Impossible. Surtout si c'était pour le perdre comme il avait perdu Jinki. Et ça ne ferait que lui attirer des ennuis et le détourner de son objectif de vie. Il était là pour sauver des vies, pas pour s'enticher d'un jeune homme qui avait d'autres chats à fouetter. Et il ne trahirait pas la mémoire de Jinki pour une potentielle relation dont il connaissait déjà la fin.

— Je ne veux plus aimer, Cheol. Je ne veux plus m'attacher. Je ne veux plus ressentir.

— Tu devrais te laisser une chance. Et lui laisser une chance de te prouver que ça en vaut la peine. L'amour fait souffrir mais ça reste le plus beau sentiment de ce bas monde.

— Lui laisser une chance? Et trahir la mémoire de Jinki? Non. Certainement pas.

— C'est en t'obstinant à rester seul que tu trahis sa mémoire. Il aurait pas voulu que tu finisses seul. Il aurait voulu que tu vives. Et je te parle de vivre, pas de juste exister. Jinki serait en train de t'engueuler et de se foutre de toi s'il te voyait comme ça. Personne te demande d'être le même qu'avant, mais il voudrait que tu te reconstruises et c'est ce que je veux aussi. 

Les mots de Seungcheol faisaient mal, et l'alcool que Wonwoo avait bu au cours de la soirée n'en diminuait pas l'impact. Mais alcoolisé ou pas, Wonwoo savait qu'il avait raison. Il ne savait juste pas comment faire. Il ne savait plus aimer.

En même temps, comment aurait-il pu prévoir qu'un rayon de soleil nommé Kim Mingyu débarquerait dans sa vie du jour au lendemain, sans prévenir et en bouleversant tout sur son passage?

Seungcheol comprit la peine que Wonwoo dissimulait malgré le temps qui s'était écoulé depuis le drame, et ne poussa pas plus loin sa parole, même s'il en mourrait d'envie, qu'il voulait juste que Wonwoo soit enfin heureux. Tout ce dont son ami avait besoin, c'était d'une étreinte. Et il la lui accorda, restant désormais silencieux. Il ne savait pas quoi dire de plus sans risquer de faire un faux pas.

Et il y avait un autre détail qui le perturbait: les regards de Soonyoung et de Mingyu étaient rivés sur eux. Ils avaient de toute évidence compris qu'il se passait quelque chose, mais aucun d'eux n'osa dire ou faire quoi que ce soit.


De toute façon, ce n'était ni le moment de régler ses comptes, ni de se confesser. Ça attendrait que tout le monde soit sobre. La soirée se termina rapidement après ça, sur ordre de Seungcheol qui avait bien vu que plus personne n'était lucide.

Mingyu était allé se coucher, toujours ivre et collé à un Soonyoung qui ne savait pas trop comment réagir, mais les mots de Wonwoo l'avaient hanté toute la nuit et il avait à peine fermé l'oeil.

Wonwoo n'avait que peu dormi lui aussi, troublé par sa conversation de la veille avec Seungcheol. Il savait que son ami n'avait pas tort, qu'il faisait ça pour l'aider quitte à le pousser un peu. Il ne lui en voulait pas. C'était à lui-même qu'il en voulait. Il n'arrivait pas à oublier Jinki.

Ce dernier aurait voulu qu'il soit heureux, qu'il refasse sa vie. Wonwoo avait promis qu'il le ferait, mais quatre ans après, il luttait toujours contre la peine qui menaçait de le submerger. Il s'en voulait de ne pas réussir à tourner la page.

Mais la culpabilité n'arrangeait pas les choses et il le savait. Il devait se ressaisir, se faire aider si nécessaire, mais les choses ne pouvaient pas continuer ainsi. Seungcheol avait raison, il devait apprendre à se laisser une chance de vivre à nouveau.

Mingyu avait probablement entendu ses paroles, et il était mortifié à l'idée que ce soit le cas. L'ambiance serait sans doute étrange entre eux quand ils se reverraient. Mais il n'avait pas d'autre choix que d'affronter la situation. Il devait assumer ses paroles de la veille maintenant.

Il devrait aborder un sujet qui lui était encore très douloureux, mais s'il voulait garder la confiance de Mingyu, il n'aurait pas le choix. Il ne voulait pas que Mingyu le prenne pour un menteur. Et puis de toute façon, depuis qu'il était arrivé, il avait entendu parler de Jinki plus d'une fois, et Wonwoo préférait s'infliger la douleur de parler de lui plutôt que laisser quelqu'un d'autre parler à Mingyu du drame qui avait secoué la caserne quatre ans plus tôt.

Tout le monde en avait porté le poids, mais personne plus que Wonwoo. Il avait tout vu s'effondrer autour de lui ce jour-là et avait failli tout perdre, y compris sa propre vie.

Et il vivait avec ce poids désormais. Un poids qu'il pourrait sans doute partager avec Mingyu, un jour, quand il se sentirait prêt. Il apprendrait à se confier, à être honnête envers lui-même et envers les autres concernant de tels drames. 

Mais pour l'instant, si Mingyu lui posait la question, il se contenterait d'expliquer brièvement l'incident qui avait conduit à la mort de Jinki, sans rentrer dans les détails. Il n'arriverait pas à faire plus. 

Et l'appréhension lui nouait le ventre à la pensée qu'il allait devoir parler de tout ça à Mingyu, tandis qu'il rejoignait la caserne à pied, comme à son habitude. Lui parler de son passé serait sans doute la chose la plus difficile qu'il avait fait depuis qu'il avait perdu Jinki.

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